#81 : Bobby Dandridge

Pour comprendre la façon dont les joueurs ont été classés, merci de consulter cet article.

Le portrait de chaque joueur se divise en trois parties : le C.V. (qui résume le palmarès et les accomplissements du joueur), le côté pile (ses qualités) et le côté face (ses défauts).

Bob_Dandridge

BOBBY DANDRIDGE

13 ans de carrière dont 9 de qualité.
4 fois All-Star.
Parmi les 10 meilleurs joueurs de la NBA en 1979.
Pic de forme de 5 ans en saison régulière : 20 points, 7 rebonds et 3 passes décisives de moyenne.
Pic de forme de 2 ans en play-offs : 22 points, 7 rebonds et 5 passes décisives de moyenne (38 matchs).
Deuxième meilleur joueur d’une équipe championne (Washington Bullets, 1978), de deux équipes vice-championnes (Milwaukee Bucks, 1974, Washington Bullets, 1979), et troisième meilleur joueur d’une équipe championne (Milwaukee Bucks, 1971).
Moyenne en play-offs : 21 points, 8 rebonds et 4 passes décisives (98 matchs).

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Côté pile :

Bobby Dandridge était un ailier dont le jeu faisait oublier la taille et qui n’avait aucun défaut. En 1979, il a eu droit au compliment suivant dans Sports Illustrated : « Dandridge est tout simplement (et, depuis quelques années, tous les joueurs le savent) le joueur le plus complet à son poste. » Dandridge était un croisement entre Caron Butler et Robert Horry : il faisait tous les petits travaux ingrats, jouait alternativement à trois postes, défendait tous les types d’ailier (on parle encore de la fois où il a surclassé Julius Erving au cours des play-offs de 1978) et rentrait régulièrement des paniers monstrueux (comme le tir gagnant malgré une prise à trois dans le Match 7 de la série de 1979 contre les Spurs, qui eut lieu après qu’on l’eut chargé de défendre sur George Gervin, qui montait de plus en plus en régime ; et il a littéralement étouffé « Ice » durant les dernières minutes).

Dandridge était sans conteste le quatrième meilleur ailier des années 70 derrière Erving, Rick Barry et John Havlicek, ainsi qu’une légende de son université (une université entièrement afro-américaine qui réussissait extrêmement bien chez les pros). Le regretté Ralph Wiley a écrit que Hayes et Unseld étaient les joueurs que l’on désigne généralement comme responsables du titre de Washington en 1978, mais que « c’était le jeu poli de Sweet Bobby D. dont les vrais aficionados se rappellent », le comparant à un « soliste de jazz taciturne à la barbe et aux cheveux grisonnants » et ajoutant que Bobby D. « et son jeu poli était à ranger auprès des Sam Jones, Dave Bing, Lou Hudson, Jerry West et Joe Dumars. »

Côté face :

Alors, pourquoi Dandridge n’est-il classé qu’à la 81ème place ? Parce qu’il n’a jamais été le meilleur joueur de son équipe et qu’avec la concurrence qui se bouscule, être l’un des meilleurs role players de l’histoire de la NBA est insuffisant pour le mettre plus haut. Dommage, tout de même. Dandridge mérite mieux que son statut de légende oubliée des années 70. Il n’est toujours pas entré au Hall of Fame, alors qu’il le mérite cent fois. Quelle tristesse.

#82 : Dave Bing

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Le portrait de chaque joueur se divise en trois parties : le C.V. (qui résume le palmarès et les accomplissements du joueur), le côté pile (ses qualités) et le côté face (ses défauts).

Dave_Bing

DAVE BING

12 ans de carrière dont 8 de qualité.
7 fois All-Star.
« Rookie de l’Année » en 1967.
Parmi les 5 meilleurs joueurs de la NBA en 1968 et 1971, top 10 en 1974.
Pic de forme de 4 ans en saison régulière : 25 points, 5 rebonds et 6 passes décisives de moyenne.
Un titre de meilleur marqueur de la saison.

*****

Côté pile :

Les qualités de Bing : il a été sélectionné parmi les 50 meilleurs joueurs de l’histoire de la NBA en 1996, a aligné des chiffres impressionnants au cours de son pic offensif (de 1967 à 1973) et a été sélectionné deux fois dans le premier cinq majeur de la NBA. En plus de cela, Bing avait une bonne hygiène de vie, d’excellentes relations avec les médias et était très impliqué dans des actions caritatives. Après sa retraite, il est devenu l’un des hommes d’affaires Noirs les plus importants du pays, a fondé l’Association des Joueurs Retraités de la NBA et la ville de Détroit lui a décerné son trophée « Humanitarian of the Year » en 1985.

Au cours de sa carrière, Bing a aussi été touché par des problèmes de vue, au point de devenir aveugle d’un œil. Le fait d’avoir réussi à faire une carrière complète et brillante malgré cette défaillance force l’admiration. Spike Lee affirme dans son mémoire consacré à la NBA que Bing calculait l’élan à prendre sur ses tirs en suspension non pas en regardant le panier, mais vers le sol pour regarder sa position sur le terrain parce qu’il ne pouvait pas voir le cercle. Ça paraît plus farfelu que la fin de He Got Game.

Côté pile :

Ceci dit, il y a quand même beaucoup de réserves à émettre concernant Bing. D’abord, il a profité du bond des statistiques à la période de l’ABA et de l’expansion pour gonfler ses chiffres au cours de son pic offensif. Ses deux sélections dans le premier cinq majeur de la NBA sont largement en sa faveur, mais elles sont discutables dans les deux cas : en 1968, Bing s’est retrouvé là parce que Jerry West avait raté 31 matchs ; en 1971, Bing a été choisi à la place de Walt Frazier qui, en plus d’être le meilleur arrière défensif de la ligue, avait aligné une moyenne de 21 points, 7 rebonds et 7 passes décisives de moyenne au sein d’une équipe des Knicks à 52 victoires. Entre un Bing au sommet de son art (évoluant dans une équipe cinquième tête de série à l’Ouest) et Clyde au sommet de son art (évoluant dans une équipe tête de série numéro un à l’Est), les électeurs ont choisi Bing. Absurde.

Et pourquoi Bing fait-il partie des 50 meilleurs joueurs de l’histoire de la NBA choisis en 1996, contrairement à Bernard King, Jerry Lucas, Alex English ou Tommy Heinsohn ? L’explication est simple : parce qu’il était sympathique. Si un joueur est aimé et respecté en tant que personne par les joueurs et les médias, son talent véritable correspond rarement à la façon dont il est évalué. Bing a eu pour équipiers des joueurs comme Dave DeBusschere et Bob Lanier, et n’est arrivé qu’une seule fois en play-offs. Après sa huitième saison (19,0 points et 7,7 passes décisives par match en 1975), Detroit l’a échangé à Washington avec un futur choix de premier tour contre Kevin Porter. Sérieusement ? Kevin Porter ?

Quelle était la vraie valeur de Bing ? Bing était-il seulement meilleur que « Sweet Lou » Hudson ? Ils ont tous deux atteint leur pic de forme entre 1967 et 1976, et ont terminé avec des statistiques en carrière similaires (20 points, 4 rebonds et 3 passes décisives par match à 49 % de réussite au tir pour Hudson ; 20 points, 4 rebonds et 6 passes décisives par match à 44 % de réussite au tir pour Bing), mais Hudson a joué sept années consécutives au sein d’une équipe parvenue en play-offs (de 1967 à 1973) et Bing n’est arrivé en play-offs qu’une seule fois dans le même temps. Lequel était le plus efficace ? Je ne peux pas vous le dire parce que je n’y étais pas. Je sais juste que Bing n’aurait pas dû faire partie du top cinquante. Et c’est la raison pour laquelle ici, il n’est que 82ème.

#83 : Vince Carter

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Le portrait de chaque joueur se divise en trois parties : le C.V. (qui résume le palmarès et les accomplissements du joueur), le côté pile (ses qualités) et le côté face (ses défauts).

Vince_Carter

VINCE CARTER

21 ans de carrière dont 9 de qualité, 8 fois All-Star.
Rookie de l’Année en 1999.
Parmi les 10 meilleurs joueurs de la NBA en 2001, top 15 en 2000.
Pic de forme de 3 ans en saison régulière : 26 points, 6 rebonds et 4 passes décisives de moyenne.
Dix saisons consécutives à plus de vingt points de moyenne.
Play-offs : 26 points, 7 rebonds et 6 passes décisives de moyenne (42 matchs).

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Côté pile :

Ceux qui ont vu évoluer Carter au temps de sa splendeur se souviennent sans doute de sa capacité à jouer comme une tornade. Son instant de gloire ? La fois où il a sauté par-dessus Frédéric Weis pour un dunk monstrueux aux Jeux Olympiques de Sydney en 2000. Son héritage ? Sa performance au concours de dunks de 2001, qu’il a aussi bien écrasé que révolutionné. Sa meilleure performance en play-offs ? La spectaculaire épreuve de force de 2001 contre Allen Iverson, quand ils ont marqué tour à tour 50 points dans les Matchs 3 et 4 et que la série s’est terminée quand Vince a raté un trois points au buzzer lors du Match 7.

Pour une raison quelconque, Carter n’était jamais aussi bon que dans l’adversité. Elle faisait ressortir le meilleur de lui-même : il jouait avec passion et fierté, et enquillait même parfois quelques tirs gagnants. Vince était énormément respecté par ses pairs, pas pour ce qu’il donnait mais pour ses dons eux-mêmes. Les joueurs qu’il a côtoyés au cours des vingt dernières années pensaient tous qu’il était capable de tout faire sur un terrain. À part s’impliquer de façon durable.

Côté face :

Parce que le problème de Carter – et la raison pour laquelle il est scotché à cette misérable 83ème place au classement – est bien celui-là. Sa carrière est terriblement frustrante pour tout un tas de raisons. Carter est le joueur hyper-talentueux de sa génération qui aurait dû être meilleur. Une star douée offensivement, mais incapable de défendre. Il jouait la comédie sur chaque collision et exagérait ses blessures comme personne auparavant ; à chaque fois, on aurait cru qu’on venait de lui tirer dessus. Aucun autre joueur dans l’histoire de la NBA n’aura autant entendu les fans lui crier : « Debout, chochotte ! ». Aucun.

Revenons un peu sur les points précédents. Carter pouvait jouer comme une tornade, mais seulement quand il le voulait ;  il ne pouvait être inspiré que par des fans qui le détestaient cordialement (un épitaphe parfait pour sa carrière). Quand il jouait à fond, cela se remarquait, ce qui indique systématiquement pour un joueur qu’il n’a pas atteint son potentiel. Le dunk sur Fred Weis ? Lorsque le point culminant de la carrière d’un joueur implique Fred Weis, franchement, croyez-vous que cela signifie quelque chose ? Le concours de dunks ? Quel intérêt d’être meilleur au concours de dunks qu’en play-offs ? Avec son équipe, Carter n’a jamais passé le deuxième tour ; ce n’est sûrement pas une coïncidence. (Plus étrange encore, son cousin Tracy McGrady n’a jamais dépassé le premier tour.) Sa performance contre les Sixers ? Juste avant le Match 7, Vince a affrété un avion pour assister en personne à sa remise de diplôme à l’Université de Caroline du Nord avant de retourner à Philadelphie, ce qui a fait grand bruit. Cette anecdote résume parfaitement Vince Carter : il passe avant son équipe. Et les Raptors ont perdu.

Mais peu importe. Voici le pire du pire. Pendant la saison 2005, un Vince désenchanté a arrêté de jouer de façon si hallucinante à Toronto (ce qui a fait plonger sa valeur d’échange pour des raisons qui demeurent obscures) que les Raptors ont été contraints d’accepter l’offre de New Jersey, qui proposait Alonzo Mourning (qui devait être racheté), Eric Williams, Aaron Williams et deux choix de loterie non tirés. En faisant cela, Toronto compromettait clairement son avenir en ne dégageant pas d’espace salarial et en n’obtenant en retour ni des jeunes de qualité, ni des choix quelconques (le directeur général Rob Babcock a été congédié peu de temps après). Mais ils en étaient à ce point-là. Rarement un athlète professionnel n’aura autant manqué de respect envers ses fans et à toute une ville. Voici un compte-rendu d’un match entre les Raptors et les Clippers quelques semaines avant le trade, durant lequel Vince avait joué n’importe comment :

Au cours du rituel d’avant-match consistant à se mettre en cercle et à sauter sur place, Chris Bosh a accidentellement heurté la tête de Vince, qui a fait trois grands pas en arrière pour s’assurer qu’il allait bien, avant de rejoindre le cercle avec un froncement de sourcils sarcastique. Il a marqué ses cinq premiers tirs en suspension, s’est cogné la main qu’il utilise pour tirer lors d’une collision avec Maggette, puis a passé le reste de la partie à la toucher, en l’examinant et en marmonnant… Mais, coïncidence ou non, il oubliait de le faire chaque fois qu’il mettait un panier. Quand il s’est mis en colère pour n’avoir pas eu le ballon avant un temps mort, il s’est rué vers le banc et a superbement ignoré la main tendue de Donyell Marshall. Et ainsi de suite.

Vince ne joue pas en défense, ne prend pas la peine de protéger les rebonds, tire à peu près à chaque fois qu’il reçoit la balle (23 tirs en 26 minutes contre les Clips) et évite les contacts quand il part vers le panier. Mais tout cela est secondaire. C’est son attitude qui affecte son équipe. Il fait clairement tout ce qu’il peut pour être échangé, en jouant juste assez bien pour que personne ne pense que le jeu l’indiffère, mais en faisant juste assez de comédie pour que tout le monde se rende compte qu’il n’est pas heureux. À un moment donné, je pensais sincèrement que Rafer Alston allait le frapper.

Trois mois plus tard, Vince est redevenu lui-même à New Jersey et a admis qu’il ne s’était pas donné à fond à Toronto (il l’a vraiment admis !), sans doute pour forcer un échange, ce qui est peut-être l’une des révélations les plus déprimantes de l’histoire récente du sport. On sait qu’il y avait un problème lorsque son ancien coéquipier Keon Clark a qualifié Vince de « surcoté » et a souligné que les Raptors de 2002 jouaient mieux sans lui (ce qui était vrai). Il y a une fin heureuse à cette histoire : chaque fois que Vince joue à Toronto, il se fait huer comme si Bernard Madoff revenait sonner la cloche de la Bourse de New York. Il se fait huer tout le match. Ça ne s’arrête jamais, même si aujourd’hui, les fans des Raptors l’ont un peu pardonné.

Tout ça pour dire que Vince Carter, malgré ses qualités, était tout, sauf une star du basket-ball respectueuse. Tu regretteras tout ça un jour, Vince. Tu verras.

#84 : Gail Goodrich

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Gail_Goodrich

GAIL GOODRICH

14 ans de carrière dont 8 de qualité.
5 fois All-Star.
Parmi les 5 meilleurs joueurs de la NBA en 1974.
Pic de forme de 3 ans en saison régulière : 25 points, 3 rebonds et 5 passes décisives de moyenne.
Pic de forme de 2 ans en play-offs : 25 points, 3 rebonds et 5 passes décisives de moyenne (27 matchs).
Une fois leader au nombre de lancers-francs tentés en une saison.
Troisième meilleur joueur d’une équipe championne (Los Angeles Lakers, 1972) et d’une équipe vice-championne (Los Angeles Lakers, 1973).
Laissé sans protection pour la draft d’expansion de 1968.

*****

Côté pile :

Meneur gaucher et rusé, Goodrich faisait partie des meilleurs arrières scoreurs de l’ère un peu folle durant laquelle l’ABA a côtoyé la NBA. Il avait un jeu au poste bas peu orthodoxe qui lui permettait de dominer dans la raquette les arrières de petite taille, et attaquait la jante comme un Manu Ginobili en plus dingue (il a tenté plus de 550 lancers-francs en une saison à quatre reprises). On mettra à son crédit deux faits d’armes principaux : il a été l’un des trois meilleurs joueurs d’une équipe des Lakers à 69 victoires, et il a littéralement écrasé Earl Monroe au cours des Finales de 1972. S’il fallait un jour monter une équipe des meilleurs gauchers de tous les temps, il passe tout juste Ginobili au poste d’arrière titulaire.

Côté face :

Historiquement parlant, Goodrich n’a jamais été vraiment pris au sérieux (peut-être parce que son nom ressemblait à celui d’une joueuse de golf). Au crépuscule de ses meilleurs années, il avait tout de même pris suffisamment de valeur pour que Utah abandonne des choix de premier tour en 1977 et 1979 et l’associe à Pete Maravich. Goodrich a joué 27 matchs, puis s’est blessé au genou et n’a jamais vraiment récupéré. Comme les Lakers ont obtenu Magic avec l’un des choix laissés par Utah, Goodrich est, en fin de compte, responsable de six titres des Lakers, ainsi que l’incroyable odyssée de Moses Malone (à lire en détail dans l’article suivant). Il y a eu plusieurs douzaines de contrats et de recrutements d’agents libres horribles dans l’histoire de la NBA, mais curieusement, aucune n’a surpassé celle consistant à laisser tomber Moses pour faire signer un Goodrich âgé et abandonner deux choix dont l’un d’eux permettra de choisir Magic.

Si Goodrich avait pu faire une carrière plus complète et avait été un meilleur défenseur, il aurait grimpé de plusieurs places au classement. Malheureusement, il n’a connu que cinq très bonnes années avec les Lakers (qui n’ont pas hésité à le laisser sans protection à la draft d’expansion de 1968, même s’ils lui ont rendu service, car c’est sous le maillot de Suns que Goodrich a réellement explosé) et on ne peut légitimement pas le mettre plus haut. C’est dommage. Mais c’est ainsi.

#85 : Robert Horry

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Le portrait de chaque joueur se divise en trois parties : le C.V. (qui résume le palmarès et les accomplissements du joueur), le côté pile (ses qualités) et le côté face (ses défauts).

Robert_Horry

ROBERT HORRY

16 ans de carrière dont aucune de qualité.
Jamais All-Star.
Pic de forme de 4 ans en saison régulière : 10 points, 5 rebonds et 3 passes décisives de moyenne.
Pic de forme de 2 ans en play-offs : 13 points, 7 rebonds et 3 passes décisives de moyenne, 40 % de réussite à 3 points, 78 tirs à trois points marqués (45 matchs).
Sept titres de champion (1994 et 1995 avec les Rockets, 2000, 2001 et 2002 avec les Lakers, 2005 et 2007 avec les Spurs).
Troisième au classement des joueurs ayant disputé le plus grand nombre de matchs en play-offs de l’histoire (244).
A joué pour dix équipes à 55 victoires en une saison et huit équipes avec un pourcentage de victoires supérieur à 70 %.
A joué pour une équipe ayant remporté moins de 47 victoires en une saison (Phoenix Suns, 1993, 40 victoires pour 42 défaites).

*****

Côté face :

Celle-là, peu de gens devaient s’y attendre. Et pourtant, Robert Horry est bien l’un des cent meilleurs joueurs de l’Histoire du basket. Pourquoi ? Eh bien, en fait, c’est très simple. La carrière de Horry constitue un excellent un test de compréhension du basket-ball. Presque tous ses points forts ne sont pas des choses que les fans occasionnels remarquent, et il serait inutile parmi les « And1 ». Il n’a jamais fait de grosse saison. Il n’a jamais été le deuxième, ni même le troisième meilleur joueur de son équipe. Il a souvent démarré sur le banc, parfois en septième ou huitième homme. Ses statistiques lors de son pic de forme (voir plus haut) sont très moyennes. Il a gagné sept titres, mais il est très loin du niveau de Charles Barkley ou Karl Malone. Et même là, on peut mettre en avant le facteur chance : durant sa carrière, Horry a avancé sans faire de bruit, mais a toujours fini dans de bonnes situations (il a eu la chance de tomber trois fois dans la bonne équipe au bon moment).

(On peut presque faire une analogie entre Horry et Rasheed Wallace : si Wallace n’avait pas atterri aux Pistons, il serait resté dans les mémoires pour sa saison à 41 fautes techniques, pour avoir été le symbole des « Jail Blazers », et un autre des ces joueurs « qui aurait dû être meilleur ». Et si les Pistons n’avaient pas gagné en 2004, il serait resté dans les mémoires pour avoir laissé Horry tout seul – mais on y reviendra.)

Côté pile :

Sauf qu’on ne peut pas laisser Horry en dehors de ce top 100. Ce n’est pas possible. Et voici pourquoi. Robert Horry est comme un jambon-beurre : personne n’en parle jamais, mais il est toujours là quand on en a besoin. Il faudrait que quelqu’un passe en revue tous les matchs de play-offs de Horry, en retire toutes les actions et tirs importants qu’il a réussi, puis les mette à la suite pour en faire un montage de dix minutes. Au fil des ans, Horry a rentré entre vingt et vingt-cinq tirs faramineux. Si ce n’est pas plus. Il y en a trop pour les citer, aussi nous contenterons-nous de revenir sur ce qui a été le chef-d’œuvre de « Big Shot Rob » (ou « Bob ») : le Match 5 de la finale de 2005 avec les Spurs contre les Pistons.

Même avant qu’il ne décide de sortir de sa boîte, tout le monde se serait rappelé de « Big Shot Bob » (ou « Rob »). Mais la façon dont il a porté à bout de bras une équipe des Spurs chahutée à Detroit en rentrant, comme dire ? « D’énormes tirs à trois points » ou « un nombre incroyable d’actions cruciales » ? Ce serait presque rabaisser ce qui est arrivé. Lorsque l’on voit la situation (un effondrement imminent des Spurs qui semblait étrangement rappeler la série de 2004 contre les Lakers), les circonstances (aucun de ses coéquipiers n’osait prendre les choses en main) et l’adversaire (une équipe à la défense formidable qui jouait à domicile), le Match 5 de Horry se classe au même niveau que le Match 6 de Jordan en 1998, le Match 7 de Frazier en 1970 et toutes les autres performances décisives en finale. Si Horry n’avait pas marqué 21 des 35 derniers points de son équipe, les Spurs seraient rentrés comme des zombies à San Antonio. Au lieu de ça, ils ont remporté le match, puis ont remporté le titre.

Voici comment le match s’est terminé : les Spurs paraissaient sans cesse à une erreur de tout perdre, puis Horry les maintenait à flot, encore et encore. Il a planté un tir à trois points pour donner l’avantage à son équipe à la fin du troisième quart-temps. Puis, lorsqu’il a écrasé un incroyable dunk de la main gauche en prolongation, tout le monde savait que Horry allait en quelque sorte avoir le sort du match en main. Tout le monde, sauf Rasheed Wallace. La décision de Wallace de laisser tout seul un Horry à la main chaude pour faire une prise à deux sur Ginobili dans les neuf dernières secondes de la prolongation a été la décision la plus stupide de l’histoire des finales NBA. On ne laisse pas Robert Horry seul dans un grand match. On ne peut pas. Horry a rentré son tir et a donné un point d’avance aux Spurs, suffisant pour leur permettre de remporter le match.

Non content d’avoir sauvé la saison des Spurs, Horry a également modifié le destin de Tim Duncan. Il n’y a que dans les finales de 2005 que le meilleur joueur de l’équipe gagnante (Duncan) a joué très moyennement, même si la défense de Detroit (et les Wallace) avaient quelque chose à y voir. Si les Spurs avaient laissé échapper ce match, ils auraient perdu la série et tout le monde en aurait fait le reproche à Duncan tout l’été, principalement à cause d’un horrible tir facile manqué à un moment décisif, qui rappelait Karl Malone et Elvin Hayes. Aujourd’hui, ce n’est qu’un autre grand joueur qui a joué un match atroce au mauvais moment. C’est dire la puissance de « Big Shot Brob » (voilà, comme ça, tout le monde est content).

De manière générale, Horry était un excellent auxiliaire en défense, qui couvrait en permanence ses coéquipiers. Il était assez grand pour marquer efficacement des ailiers forts et assez rapide pour défendre sur des ailiers. Il ne faisait que ce qu’il savait faire et n’élevait son jeu que dans les situations importantes, quand son équipe avait vraiment besoin de lui. Les statistiques n’avaient pour lui aucune importance. Aucune. Comme peut-être 2 % des joueurs de la ligue. Et il devenait meilleur quand il le fallait. Qu’attendre de plus d’un joueur dont le rôle est d’aider ses coéquipiers ?

Dans une ligue chargée de joueurs qui se croient meilleurs qu’ils le sont, Horry connaissait ses points forts et ses limites mieux que personne. C’est pour cela qu’il est un grand. C’est celui qui est assis à une table de poker avec une grosse pile de jetons, qui ne suit jamais une mauvaise main, qui vous prend aux tripes quand il vous regarde. Un bon joueur qui joue petit bras pendant une heure, puis met d’un seul coup une pile de jetons au milieu. Vous voyez le coup venir. Vous ne vous rappelez jamais des mains qu’il a perdues, mais toujours de celles qu’il a gagné. Et quand il prend ses gains et se lève de la table, vous espérez ne jamais le revoir.

Posez-vous la question : préféreriez-vous avoir la carrière de Horry (beaucoup d’argent et sept bagues) ou la carrière de Barkley ou Malone (énormément d’argent et aucune bague) ? Jouer dans sept équipes championnes, avoir un joli surnom, se faire 50 millions de dollars, et gagner le respect éternel de tous ceux qui ont joué un jour avec ou contre vous sans avoir à faire face à ce statut de superstar à la con ! Faites un grand match, on vous remarque. Faites-en un mauvais, tout le monde s’en fiche. Une vie de rêve. La concordance ultime. Même lessivé, Horry pouvait changer le cours d’une série : il a fait basculer la série de 2007 entre les Suns et les Spurs pour avoir balancé Nash dans la table de presse à la fin du Match 4, ce qui a conduit aux suspensions de Amar’e Stoudemire et de Boris Diaw (pour s’être levés du banc).

Horry entrera-t-il un jour au Hall of Fame ? Impossible à dire. Mais si une chaîne rediffuse le Match 5 de la finale de 2005 et que vous en parlerez à un connaisseur en disant : « Ce soir, ils montrent le match où Robert Horry a été décisif », il est presque certain qu’il va vous répondre : « Lequel ? »

#86 : Cliff Hagan

Pour comprendre la façon dont les joueurs ont été classés, merci de consulter cet article.

Le portrait de chaque joueur se divise en trois parties : le C.V. (qui résume le palmarès et les accomplissements du joueur), le côté pile (ses qualités) et le côté face (ses défauts).

Cliff_Hagan

CLIFF HAGAN

13 ans de carrière dont 7 de qualité.
6 fois All-Star (5 en NBA, 1 en ABA).
Parmi les 10 meilleurs joueurs de la NBA en 1958 et 1959.
Pic de forme de 4 ans en saison régulière : 23 points, 10 rebonds et 4 passes décisives de moyenne.
Deuxième meilleur joueur d’une équipe championne (St. Louis Hawks, 1958) et deux fois vice-championne (1960, 1961).
Play-offs 1958 : 28 points et 11 rebonds de moyenne à 50 % de réussite au tir (11 matchs).
Pic de forme de 5 ans en saison play-offs : 23 points, 10 rebonds et 3 passes décisives de moyenne.

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Côté pile :

Dans les années 50 et 60, Hagan a été un élément précieux d’une équipe de St. Louis alors à son pinacle. Il a démontré sa valeur en play-offs à plusieurs reprises, comme en témoignent les chiffres ci-dessus. Si vous avez joué dix ans dans les années 50 et 60, que vous avez été au top pendant cinq ans, et que vous avez été champion et plusieurs fois finaliste, vous avez vraiment fait une bonne carrière.

Hagan mérite également le respect pour ceci : les Hawks de St. Louis étaient l’une des équipes les plus racistes de l’histoire du sport. Lors de la saison 1961-62, Bob Pettit et Clyde Lovellette, originaires du Sud, ont fait preuve de tellement de mépris à l’égard de Cleo Hill, une légende afro-américaine du basket-ball universitaire, que l’entraîneur Paul Seymour s’est fait remercier pour leur avoir tenu tête. Et Hill a été blackboulé de la ligue. Un autre joueur Noir des Hawks, Lenny Wilkens, était traité de la même manière par ses coéquipiers, sauf par Hagan : d’après les témoignages de l’époque, il était le seul à serrer la main de Wilkens et à le considérer comme un égal. Bien joué, Cliff ! S’il y avait une équipe imaginaire des joueurs blancs que vous auriez aimé avoir comme équipier si vous étiez Noir dans les années 60, Hagan serait sans aucun doute ailier titulaire avec Jack Twyman.

Côté face :

Hagan peut malheureusement pas prétendre à une place supérieure dans notre classement. Outre le fait d’avoir été membre d’une équipe qui a fait un parcours en play-offs injustement ignoré (un titre et trois finales en cinq ans), ce qui l’empêche d’être considéré à sa juste valeur, on ne peut ignorer que Hagan a joué à une époque où tout le monde voyageait en seconde classe, partageait sa chambre avec un colocataire, fumait des cigarettes, buvait du café, se faisait plâtrer après les matchs, ne faisait pas de musculation, mangeait n’importe comment, ne prenait pas soin de soi et se cognait en match comme au rugby. Du coup, il est difficile de le placer plus haut que la 86ème place. Mais avec ses qualités, il méritait sans conteste de figurer dans le top 100. Belle carrière, Cliff !

#87 : Mark Price

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Le portrait de chaque joueur se divise en trois parties : le C.V. (qui résume le palmarès et les accomplissements du joueur), le côté pile (ses qualités) et le côté face (ses défauts).

Mark_Price

MARK PRICE

12 ans de carrière dont 6 de qualité.
4 fois All-Star.
Parmi les 5 meilleurs joueurs de la NBA en 1993, top 15 en 1989, 1992 et 1994.
Pic de forme de 4 ans en saison régulière : 18 points, 3 rebonds et 8 passes décisives de moyenne, 48 % de réussite au tir, 40 % de réussite à 3 points, 93 % de réussite au lancer-franc.
Pic de forme de 2 ans en play-offs : 16 points, 2 rebonds et 7 passes décisives de moyenne, 47 % de réussite au tir, 34 % de réussite à 3 points, 93 % de réussite au lancer-franc.
Une saison à au moins 40 % à 3 points, 50 % aux tirs et 90 % aux lancers-francs.
Meilleur pourcentage de réussite au lancer-franc de l’histoire de la NBA (90,4 %).

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Côté pile :

Avant Stephen Curry, il y eut Mark Price. Il est assez étonnant de voir à quel point les trajectoires des deux joueurs sont similaires. Ils ont tous les deux été jugés trop petits (1,83 m pour Price, 1,91 m pour Curry) et physiquement trop faibles pour jouer en NBA. Ils ont tous les deux surmonté les obstacles (des chevilles fragiles pour Curry, un manque d’intensité pour Price) et démontré qu’ils avaient leur place au plus haut niveau. Ils ont  tous les deux porté leurs équipes respectives à des sommets inattendus. Peu de joueurs ont été plus efficaces qu’eux en matière de réussite au tir (47 % de réussite au tir en carrière pour Price, l’un des meilleurs pourcentages pour un meneur de jeu « moderne »). En fait, la seule différence – et qui donne peut-être encore du mérite supplémentaire à Price – réside que dans le fait que Curry s’était présenté à la draft avec un certain potentiel, alors que personne ne croyait en Price (il a été drafté en 25ème position par Dallas et transféré à Cleveland dans la foulée).

En dehors des chiffres exceptionnels alignés par Price au cours de ses meilleures années, la première chose à mettre en avant quand on parle de lui est ce qu’il est parvenu à faire avec les Cavaliers. Il a contribué à faire d’eux une puissance à l’Est, au milieu des Bulls de Jordan et des « Bad Boys » de Detroit, et les a amenés à deux matchs de la finale en 1992, en échouant seulement face aux Bulls avec un duo Jordan-Pippen au sommet de sa forme. Price a aussi révolutionné la façon d’attaquer le panier sur pick-and-roll, en se faufilant entre les défenseurs qui montaient rapidement sur le meneur lors de la pose d’écran, rendant leurs tentatives d’interception inefficaces. Il méritait donc bien une place dans ce classement.

Côté face :

Quoique. Aussi bon qu’ait été Price, il y avait vraiment de quoi hésiter avant de le faire entrer dans ce top 100. Le gros problème le concernant, c’est que Price, un peu à l’image les trois joueurs précédents, n’a pas réussi à faire de carrière complète. Il s’est blessé au genou au milieu des années 90, juste après son pic de forme, et n’a finalement jamais récupéré. Les Cavaliers se sont d’ailleurs empressés de le refiler au Bullets, en les entubant au passage (un premier choix de draft contre un joueur lessivé : une véritable affaire !) et Price a tristement quitté la NBA moins de quatre ans plus tard, sans tambours ni trompettes. C’est bien dommage. Il mérite quand même le titre de joueur le plus sous-coté des années 90.

#88 : Connie Hawkins

Pour comprendre la façon dont les joueurs ont été classés, merci de consulter cet article.

Le portrait de chaque joueur se divise en trois parties : le C.V. (qui résume le palmarès et les accomplissements du joueur), le côté pile (ses qualités) et le côté face (ses défauts).

Connie_Hawkins

CONNIE HAWKINS

9 ans de carrière dont 4 de qualité.
5 fois All-Star (4 en NBA, 1 en ABA).
MVP de l’ABA en 1968.
Parmi les 5 meilleurs joueurs de la NBA en 1970.
Pic de forme de 3 ans en saison régulière : 23 points, 9 rebonds et 4 passes décisives de moyenne.
Meilleur joueur d’une équipe championne ABA (Cleveland Pipers, 1968), play-offs : 30 points, 12 rebonds et 5 passes décisives de moyenne (14 matchs).

*****

Côté face :

Éligible pour la draft de 1963, Hawkins n’a pas rejoint la NBA avant la saison 1969-1970. Lors de sa première année à l’université de l’Iowa, il avait été mêlé à un scandale de matchs arrangés qui a conduit la NBA à blackbouler de manière assez injuste toutes les personnes impliquées, en raison de la règle « d’exemplarité » (même les innocents comme Hawkins, qui n’avait, en fait, jamais arrangé un seul match). Hawkins a passé les quelques années ont suivi à se dépatouiller dans des ligues professionnelles de bas niveau, des ligues mineures et dans des matchs de playground avant de devenir la première superstar de l’ABA et de poursuivre la NBA pour son bannissement.

Lorsque Hawkins a finalement rejoint la NBA, il était déjà trop tard. Ses lacunes tactiques (il avait été exclu de son université après le scandale) et son corps maigre (il pesait au mieux entre 90 et 93 kilos) l’empêchaient de jouer avec intensité et d’assurer en défense. Sa seule chance de réussir quelque chose en play-offs aurait été de jouer avec un gros contreur comme Bill Russell ou Nate Thurmond. S’il avait fait toute sa carrière en NBA, Hawkins aurait probablement ressemblé à Adrian Dantley ou Alex English : de grosses statistiques offensives et des éliminations au premier tour plus nombreuses qu’autre chose.

Côté pile :

Lorsque l’écrivain David Wolf  a fait son portrait pour le magazine Life en 1969, l’opinion publique s’est rangée derrière Hawkins. Il faut dire que le commissionnaire de l’époque, Walter Kennedy, avait géré la situation de manière épouvantable ; il n’avait pas enquêté sur le degré « d’implication » de Connie dans le scandale (on lui avait donné 200 $ de dessous-de-table qu’il avait aussitôt rendus) et aveuglément supposé qu’il était un escroc. La ligue s’est finalement arrangée avec Hawkins pour la surprenante somme d’un million de dollars, puis l’a envoyé à Phoenix, où il a atteint son pic en faisant partie du cinq majeur de la NBA en 1970.

Bien que nous ne saurons jamais le niveau que Hawkins aurait pu atteindre, on peut le définir comme le premier ailier fort moderne, avec de la taille et du physique (et sept à dix bonnes années d’avance sur Gus Johnson et Spencer Haywood). Un précurseur des Kemp et Garnett, qui jouait au-dessus de la jante avant que ses genoux ne commencent à l’abandonner. Ses mains anormalement grandes lui permettaient de mettre dans sa paume le ballon de basket comme des balles de tennis ; il tenait la balle au-dessus de sa tête et trouvait les joueurs qui coupaient dans la raquette avec des passes laser, et quand il attaquait le panier, personne ne pouvait l’intercepter car le ballon collait à sa patte géante. Malgré cela, la carrière de Hawkins reste incomplète, et a un côté tragique. S’il avait pu avoir une trajectoire normale, il aurait figuré à coup sûr bien plus haut dans ce classement.

#89 : Arvydas Sabonis

Pour comprendre la façon dont les joueurs ont été classés, merci de consulter cet article.

Le portrait de chaque joueur se divise en trois parties : le C.V. (qui résume le palmarès et les accomplissements du joueur), le côté pile (ses qualités) et le côté face (ses défauts).

Arvydas_Sabonis

ARVYDAS SABONIS

7 ans de carrière dont 1 de qualité.
Jamais All-Star.
Pic de forme d’un an en saison régulière : 16 points, 10 rebonds et 3 passes décisives de moyenne.
Pic de forme de 2 ans en play-offs : 11 points, 8 rebonds et 2 passes décisives de moyenne (29 matchs).
33 % de réussite à 3 points en carrière (135 tirs réussis sur 415 tentés).
Meilleur joueur d’une équipe championne olympique (URSS, 1988).
4 fois Joueur Européen de l’Année.

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Côté face :

Arvydas Sabonis est né dix ans trop tôt. Et au mauvais endroit. S’il avait rejoint la NBA plus jeune et si ses jambes ne l’avaient pas trahi, il serait certainement devenu l’un des plus grands pivots de l’histoire. À condition de rester en bonne santé suffisamment longtemps (les joueurs de plus de 2,20 m qui disputent 82 matchs par an depuis leurs vingt-deux ans sans compter les play-offs finissent toujours par être rattrapés par les blessures). Pour Sabonis, les chances de devenir une star de la NBA étaient compromises dès le départ : Portland a pris une option sur lui au premier tour de la draft en 1986, puis a passé une éternité à essayer de l’attirer en NBA. Mais comme les autorités soviétiques lui interdisaient de quitter le pays, Sabonis ne put rien faire d’autre que de poursuivre sa carrière dans son club de Kaunas, et laisser les médecins soviétiques flinguer davantage ses genoux et ses pieds par des soins mal adaptés.

Lorsque l’URSS fut fragmentée en 1989 et qu’il eut finalement l’autorisation de quitter le pays, Sabonis surprit tout le monde en signant en Espagne au lieu de rejoindre les Blazers. Quand Portland parvint enfin à l’obtenir en 1995, le physique vieillissant de Sabonis et ses blessures mal soignées avaient complètement sapé sa rapidité, et le pauvre « Saba » se déplaçait sur le terrain comme un zombie. En Amérique, les fans occasionnels de NBA se rappellent de lui pour deux choses : sa tête énorme qui le faisait ressembler à un catcheur professionnel, et les deux arrestations de sa femme pour conduite en état d’ivresse pendant l’ère des « Jail Blazers », ce qui a permis à tout le monde de faire la blague : « Dans cette équipe, même les épouses des joueurs ont des problèmes ! »

Côté pile :

Dieu merci, grâce à YouTube, nous pouvons voir un « Saba » jeune et en bonne santé fracasser allègrement les panneaux, enquiller des tirs à trois points et faire des passes aveugles ; ce n’est pas pour rien que tout le monde le comparait à Bill Walton avec une envergure de 7,50 m. Vous vous souvenez peut-être d’un Sabonis de vingt-trois ans conduire les Soviétiques jusqu’à l’or olympique en 1988 (même s’il se remettait d’une rupture du tendon d’Achille), dominer David Robinson en demi-finale, contrôler le jeu aux deux extrémités et amener tout le monde à réaliser à quel point les rumeurs sur son compte étaient sérieuses. Dino Radja témoignait en 1995 : « Sans ses blessures, [Saba] aurait été meilleur que David Robinson. J’en suis sûr. Il avait le talent pour. En 1985, il était énorme. Il remontait le terrain comme Ralph Sampson, il savait tirer à trois points, dunker… Il aurait été All-Star dix années de suite. »

Même en boitant sur le terrain comme s’il portait des Nike en béton, Sabonis a joué un rôle clé dans une équipe des Blazers de 2000 qui aurait pu gagner un titre s’ils n’avaient pas craqué en route. Comme il ne pouvait ni courir ou sauter mais restait efficace, imaginez ce qu’il aurait pu être à son apogée. Rappelez-vous, Portland est arrivé en finale en 1990 et 1992, et l’équipe de 1991 a remporté 63 matchs avec Kevin Duckworth en pivot titulaire. Imaginez ce qui se serait passé si, à la place de « Duck », Portland avait eu l’un des meilleurs pivots de l’époque. S’il faut intégrer dans ce classement de grands joueurs en fonction de ce qui aurait pu arriver, Sabonis doit y figurer. Sa carrière raccourcie l’empêche d’être plus haut, mais tout de même.

#90 : Shawn Kemp

Pour comprendre la façon dont les joueurs ont été classés, merci de consulter cet article.

Le portrait de chaque joueur se divise en trois parties : le C.V. (qui résume le palmarès et les accomplissements du joueur), le côté pile (ses qualités) et le côté face (ses défauts).

shawn_kemp

SHAWN KEMP

14 ans de carrière dont 8 de qualité.
6 fois All-Star.
Parmi les 10 meilleurs joueurs de la NBA en 1994, 1995 et 1996.
Pic de forme de 3 ans en saison régulière : 19 points, 11 rebonds, 2 passes décisives et 2 contres de moyenne.
Play-offs 1996 : 21 points, 10 rebonds, 2 passes décisives et 2 contres de moyenne à 57 % de réussite au tir.
Finales NBA 1996 : 23 points et 10 rebonds de moyenne à 55 % de réussite au tir.
Meilleur joueur d’une équipe vice-championne NBA (Seattle SuperSonics, 1996).

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Côté pile :

Si vous mentionnez le nom de Kemp à la plupart des fans de la NBA de ces trente dernières années, ils se souviendront de la manière dont il dunkait dans le trafic, de ses problèmes personnels (drogues, alcool et cures de désintoxication) qui l’ont privé d’une carrière digne d’un « Hall of Famer », et du fait qu’il avait eu sept enfants de six femmes différentes avant d’avoir 30 ans (une révélation qui à l’époque avait eu l’effet d’une bombe, et qui a donné et donne encore lieu à des milliers de blagues). Voici ce dont ils ne se souviennent pas :

  1. Après Moses Malone, il a fallu attendre quatorze ans avant qu’un autre lycéen n’ayant pas joué à l’université ne réussisse en NBA. Moses a passé une année en ABA ; Kemp s’est inscrit en premier cycle d’études universitaires, mais trop tard pour être éligible dans l’équipe de basket. On pourrait dire que Kemp a ouvert la voie à Garnett, Bryant, LeBron James et les autres.
  2. À l’exception de Dwight Howard et du jeune Shaquille O’Neal, il n’y a jamais eu de force de la nature comme le jeune Kemp : il remontait le terrain comme aucun big man ne l’avait jamais fait, réussissait des alley-oops de tous les angles possibles et imaginables (et d’autres que personne n’avait jamais tentés) et dunkait sur tout ce qui bougeait (ses dunks sur Alton Lister et Chris Gatling au cours des play-offs de 1992 sont parmi les meilleurs de l’Histoire). Il n’y a eu personne comme lui avant, et il n’y en a pas eu depuis.
  3. Kemp était l’homme fort des Sonics lorsque ceux-ci alignaient en moyenne 58 victoires par an entre 1993 et 1997. En 1993, Seattle a perdu le Match 7 de la Finale de Conférence (dans lequel Phoenix a obtenu un nombre suspect de… 68 lancers francs !), et l’équipe de 1996 a remporté 64 matchs pour perdre en finale face à Chicago. Au cours des play-offs de 1996, Kemp a surpassé Hakeem pour un sweep contre Houston, a battu le Jazz et Karl Malone, et a été supérieur en finale à Dennis Rodman.
  4. Regardez un match des Finales de 1996. Pendant la période de titres de Michael Jordan (1991-1993 puis 1996-1998), Kemp a gagné de l’importance à mesure que les séries avançaient (rappelez-vous, en 1996, Seattle avait remporté les Matchs 4 et 5), ce qui fit dire plus tard à l’entraîneur des Sonics, George Karl : « C’était le meilleur joueur sur le terrain. Personne ne peut dire le contraire. »

Côté face :

À ce stade, donc, tout le monde pensait que la carrière de Kemp allait être marquée par une trentaine de posters. Puis Seattle a fait signer un pivot à moitié raide du nom de Jim McIlvaine, pour la somme aussi indécente qu’incompréhensible de 33 millions de dollars. Kemp avait un contrat minable et il avait littéralement explosé au cours des play-offs ; au lieu d’utiliser le plafond salarial restant pour faire une meilleure offre à Kemp, Seattle a donné à un pivot remplaçant le double de son salaire. Kemp, amer, s’est mis à défoncer jour après jour à l’entraînement un McIlvaine pourtant mieux payé, pour finalement tomber dans une spirale de drogue, de prise de poids et d’attitude négative qui a incité Seattle à l’échanger à Cleveland contre Vin Baker. Une véritable catastrophe qui se poursuivra à Portland trois ans plus tard, où Kemp finira de s’enfoncer, se montrant complètement perdu sur le terrain.

Le contrat de McIlvaine n’est probablement pas la seule cause de la dégringolade de Kemp, mais il est certain que ça n’a pas aidé. Kemp est devenu le symbole d’une époque à oublier, définie par des superstars noires surpayées et surcotées, qui attrapaient leur entrejambe après les dunks, ricanaient après les contres, imposaient leur loi aux entraîneurs, laissaient tomber leurs équipes, avaient plusieurs enfants de plusieurs femmes différentes et n’avaient pas l’air d’en avoir quelque chose à foutre. (Attention : nous parlons ici de la perception générale, qui était injuste, et pas de la réalité. Même si la génération de Kemp a vraiment eu le chic pour faire fuir les fans occasionnels.)

Mais bon ! Si nous accordons aux joueurs comme Bill Walton le bénéfice du doute quant à « ce qui aurait pu se passer », le « Reign Man » (l’un des meilleurs surnoms de ces trente dernières années) mérite les mêmes honneurs, même s’il était sans doute prédisposé à perdre le Nord. Les Sonics de la fin des années 90 auraient dû contrôler la Conférence Ouest tout comme les Rockets de Sampson et Hakeem auraient dû contrôler la fin des années 80. Puis le contrat de McIlvaine a fait tomber Kemp en chute libre, les équipes de Houston avec Barkley et Olajuwon ne se sont jamais totalement soudées, les Lakers de Shaq n’étaient pas encore au point… et d’un coup, l’équipe de Stockton et Malone est devenue prétendante au titre. Franchement, Kemp et Payton auraient dû jouer ensemble quatre ou cinq Finales de suite. Ils ne l’ont pas fait. C’est la triste réalité, pour eux comme pour leur équipe et leurs coéquipiers.