All the Kings’ Men (4/8)

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Copyright Notice: Copyright 2002 NBAE (Photo by Catherine Steenkeste/NBAE/Getty Images)

Du « Hack-a-Shaq », des arbitres lunatiques, un empoisonnement alimentaire, et le dernier « three-peat » à ce jour : une histoire orale des Finales de la Conférence Ouest 2002 entre les Los Angeles Lakers et les Sacramento Kings, le dernier chapitre de l’une des plus grandes rivalités de l’histoire du basket-ball

par Jonathan Abrams, le 7 Mai 2014

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I. Avant la bataille (1/8)
II. La trilogie en marche (2/8)
III. L’affaire du bœuf de Kobe (3/8)

IV. « Big Shot Rob » sauve son équipe

MATCH 4, 26 MAI 2002

Dans le Match 4, Sacramento a pris une avance de 24 points, réduisant au silence la foule du Staples Center. Un panier à trois points désespéré de Samaki Walker en fin de première mi-temps a réduit l’écart à 14 points, redonnant de l’espoir aux Lakers. Les arbitres ont accordé le panier, à la grande frustration de Sacramento. La vidéo – qui n’était pas utilisée par les arbitres à l’époque – prouvera que le tir avait été pris après la sirène.

Voisin : Tout laissait penser que les Kings allaient prendre les devants dans cette série. Ce qui signifiait, en gros, qu’ils allaient aller en finale.

Christie : On avait vingt points d’avance en première mi-temps.

Napear : Je commentais le match à la radio. À un moment, j’ai dit : « On a l’impression d’être à la bibliothèque publique de Los Angeles. » C’est dire à quel point l’ambiance était calme.

Albert : Je me souviens avoir affirmé que [le panier de Samaki Walker] avait été trop tardif, mais ils l’ont accordé pour une raison quelconque.

Walker : Je n’avais aucune intention de tirer. J’ai dû prendre deux tirs à trois points en tout et pour tout dans ma carrière. Et je crois les avoir réussis tous les deux ! C’était un coup de chance.

Phil Jackson : Nous avions besoin de quelque chose qui nous redonnerait confiance.

Walker : Techniquement, le ballon était peut-être encore dans ma main. En fait, je [n’ai] revu l’action qu’environ trois ans plus tard. Je n’ai jamais vraiment compris pourquoi on en faisait toute une histoire. Une fois que j’ai eu la chance de le voir, j’ai compris. Un peu.

Christie : Le panier n’aurait pas dû être accordé. Ça les a complètement remis en selle. Ils allaient rentrer au vestiaire sur une action positive, alors que nous étions en train de les écraser.

Walker : Je pense qu’il a tout à fait raison. Dans un match comme celui-là, lorsqu’on est en retard au score et que les choses ne se passent pas comme on veut, on s’accroche à tout ce qui peut desserrer le nœud autour de son cou.

Adande : Et s’il ne met pas ce panier, bien entendu, celui de Robert Horry ne compte plus.

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Les Lakers ont continué à se rapprocher en seconde période pendant que Sacramento perdait en adresse, avec seulement 34 points marqués après la mi-temps. Kobe et Shaq avaient marqué 52 points à eux deux dans le Match 4, mais Horry (qui a terminé avec 18 points, 14 rebonds et 5 passes décisives) était le joueur le plus complet des Lakers. À ce stade de sa carrière, personne ne l’appelait encore « Big Shot Rob ». Tout cela allait changer sur la dernière possession, alors que les Lakers avaient deux points de retard.

Heisler : Ils avaient réussi à revenir dans le match et ils se rapprochaient de plus en plus.

Mitch Richmond (arrière des Lakers) : J’ai beaucoup appris avec Phil. Quand il ne restait plus que quatre secondes à jouer, il disait que tout allait bien, qu’on avait le temps. Pendant treize ans, j’avais pensé que quatre secondes, ce n’était pas beaucoup. Tout le monde était calme quand nous avions le ballon avec seulement quatre, cinq ou six secondes à jouer. C’était une éternité pour notre équipe. Tout se déroulait au ralenti. Phil nous donnait confiance.

Horry : Je suis du genre à prendre le tir à trois points gagnant, quelles que soient les circonstances. Mais la tactique était de mettre Kobe en isolation contre Doug Christie.

Christie : Quand nous jouions contre les Lakers, je disais généralement à mes coéquipiers : « Je me charge de lui. » Je n’allais pas arrêter [Kobe] par la seule force de mon imagination, mais je ne voulais pas de prise à deux. Shaq était inarrêtable sous le panier. Kobe ratait un tir sur deux à l’extérieur, et c’était suffisant pour moi. J’essayais juste de le coller et de lui faire rater son tir. J’ai réussi, mais Vlade s’est souvenu de ce qu’avait fait Magic Johnson contre Portland, et il a essayé d’envoyer la balle à l’autre bout du terrain.

Divac : En 1991, je jouais les finales de la Conférence Ouest avec les Lakers. C’était ma deuxième année en NBA. Nous avions un point d’avance et [Terry] Porter a tenté un tir. Magic a attrapé le rebond, et il a simplement balancé le ballon à l’autre bout du terrain, le temps que le chronomètre s’écoule.

O’Neal : J’avais le ballon de l’égalisation. J’ai essayé de marquer rapidement pour que Vlade ne fasse pas faute sur moi – ce qu’il a fait, soit dit en passant – et j’ai raté mon coup.

Divac : Avec Shaq sur le dos et Kobe qui partait en double-pas, j’ai bloqué le tir, mais le ballon m’avait échappé. Je ne pouvais pas l’atteindre. J’ai essayé de le balancer au loin pour que le temps s’écoule.

Bobby Jackson (arrière des Sacramento Kings) : Je pensais : « Attrapez ce putain de rebond. Ne paniquez pas. Prenez le rebond. Il est à votre portée. Prenez la faute. La seule chose qui peut nous battre est un tir à trois points. Shaq ne peut qu’égaliser. »

Pollard : Sur un tir à la dernière seconde, il faut éloigner le ballon du cercle. Ne pas laisser l’adversaire gagner sur une claquette au rebond. Avec Shaq, Vlade luttait contre le pire adversaire possible. On ne peut pas laisser Shaquille O’Neal prendre le ballon dans cette situation, ou on va probablement se prendre un dunk et une faute en prime. Il faut sortir le ballon.

O’Neal : Il a essayé de l’éloigner et l’a envoyé directement à Robert.

Divac : En gros, j’ai fait une bonne passe à Robert Horry.

Reynolds : Je continue à croire que c’était très mal joué de la part de Horry. Les Lakers avaient deux points de retard, et leur ailier fort se trouvait à huit mètres du panier. Il aurait dû garer ses fesses sous le panier. Que voulait-il faire ? Protéger la zone arrière ?

Horry : Je voulais être là-bas parce que je recherche toujours le trois points gagnant. Je déteste ces conneries de match nul et de prolongations.

Phil Jackson : Il traînait toujours autour de la ligne à trois points dans des situations comme celle-là. On lui avait demandé de rester dans les coins et face au panier. Et il était là. Son tir a sauvé la série. Nous avions besoin de ce rush d’énergie pour notre équipe.

Turner : C’est comme si Horry avait eu un aimant. Le ballon est venu directement vers lui. S’il avait été 1,50 m plus loin, un de nos joueurs l’aurait récupéré.

Horry : Le ballon est arrivé jusqu’à moi de manière parfaite.

George : C’était la plus belle des passes. Je ne pense pas qu’une passe à deux mains aurait été meilleure.

Heisler : Neuf joueurs sous le panier et Rob était derrière l’arc, comme si Dieu allait lui donner le ballon.

Christie : Vlade pourrait tenter de refaire cette passe cent fois qu’il n’y arriverait pas.

Pollard : Il n’a pas eu à se pencher ni à tendre la main. Le ballon était directement sur lui, et tout ce qu’il avait à faire était de tirer. C’était la passe parfaite.

Christie : J’aurais probablement dû courir vers lui, mais j’ai vu « Webb » et je me suis dit qu’il avait plus de chances parce qu’il était plus proche que moi.

Reynolds : Il faut le reconnaître : Webber a réagi au quart de tour une fois que le ballon est sorti de la raquette. Il a vraiment contesté le tir.

Christie : Quand on court vers un joueur, si on sent qu’on ne pourra pas contester le tir en levant la main, il vaut mieux s’abstenir et simplement passer devant lui. Cela va le perturber un peu plus. Lorsqu’on lève la main, cela lui donne un peu le temps de se régler.

Richmond : Dès que le tir est parti, on pouvait voir qu’il était réussi.

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Gerald Wallace (ailier des Kings) : Le ballon a mis une éternité à atteindre le cercle.

Fox : Le ballon est rentré, et là… On avait la tête sous l’eau, et c’était comme si on avait trouvé une bouteille d’oxygène.

Reynolds : J’ai eu l’impression que mon fils aîné avait eu un accident de voiture ou quelque chose comme ça.

Richmond : Je pense que j’ai été le premier à rejoindre Horry. Je me précipité du banc pour sauter dans ses bras.

George : Ils nous ont offert le match. S’ils l’avaient gagné, ça aurait été terminé. Il n’y aurait pas eu de Match 7 sans ce tir.

Divac : Après coup, j’ai essayé leur mettre la pression, à lui et aux Lakers, en disant qu’ils avaient eu de la chance. Mais il est clair que Robert est un grand shooteur.

Steve « Snapper » Jones (analyste sur NBC) : Les Kings ont fait tout ce qu’il fallait faire. Ils se sont massés sous le panier, le ballon a rebondi, ils l’ont repoussé et les Kings vont battre les Lakers, et ils vont aller en finale, et le ballon va à Horry et il est en rythme parfait et le ballon rentre. Voilà comment il a obtenu le surnom de « Big Shot Rob ».

Christie : Mon fils est un grand fan de Kobe. Il y a des trucs sur lui et sur les Lakers partout dans ma maison. Je lui ai acheté la photo de Robert Horry en train de tirer par-dessus Chris – elle est signée et elle est sur son mur. Je regarde cette photo tous les jours dans la chambre de mon fils. Webb lève son bras et sa main le plus haut possible, il essaie de toucher le ballon, mais la passe de Vlade était trop parfaite.

Cleamons : Pour gagner, il faut être bon et avoir de la chance. Et si on a un peu de malchance ou de déveine, on peut perdre. À ce niveau-là, la différence entre un titre et une finale perdue est minime.

Jones : La chance fait partie du monde des sports. Il faut avoir un minimum de chance pour remporter un titre… Les Kings ont tout fait à la perfection, et ça s’est mal terminé. À cause de la malchance.

Bibby : Quand le panier est rentré, on a pris un bon coup sur la tête. Cela dit, on retournait chez nous, dans la meilleure salle de la ligue à ce moment-là. Je pensais que nous allions gagner la finale à domicile.

Divac : Dans une série éliminatoire, tout ce qui compte, c’est d’avancer. Quand un match est perdu, on ne peut plus rien y faire.

Reynolds : Un jour, j’ai dit à Horry : « Tu m’as fait perdre un sacré paquet de fric. » Il a répondu : « Qu’est-ce tu veux que ça me fasse ? » Il avait raison.

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V. Avantage psychologique ? (5/8)
VI. Quand le vent siffle dans l’autre sens (6/8)
VII. Le quinzième round (7/8)
VIII. Epilogue : « Il n’y aura pas de revanche » (8/8)

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