#96 : Bob Lanier

Pour comprendre la façon dont les joueurs ont été classés, merci de consulter cet article.

Le portrait de chaque joueur se divise en trois parties : le C.V. (qui résume le palmarès et les accomplissements du joueur), le côté pile (ses qualités) et le côté face (ses défauts).

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BOB LANIER

14 ans de carrière dont 8 de qualité,
8 fois All-Star.
Pic de forme de 4 ans en saison régulière : 24 points, 13 rebonds et 4 passes décisives de moyenne.
Play-offs : 19 points, 9 rebonds et 4 passes décisives de moyenne (67 matchs).
Deux séries remportées en play-offs au cours de son pic de forme.
Plus de 20 000 points en carrière.

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Côté face :

Le choix était vaste pour le poste de pivot représentant la limite à ne pas dépasser pour entrer dans le Top 100. Autant dire que le joueur qui s’y trouve (par rapport à d’autres) n’aura pas été plus flamboyant que ça. Bill Laimbeer aurait pu être celui-là, mais il n’a fait que sept saisons en double-double, et ne savait ni passer, ni courir, ni sauter, ni dribbler. En fait, deux concurrents se détachent pour le poste : Bob Lanier et ses baskets géantes pointure 57, et Jack Sikma et sa magistrale coupe afro blonde et permanentée. Le CV de Lanier est visible plus haut. Celui de Sikma ? 14 ans dont 10 de qualité, 7 fois All-Star ; titulaire dans une équipe (les Sonics) championne (en 1979) et vice-championne (1978) ; pic de forme de 5 ans en saison régulière : 19 points, 11 rebonds et 4 passes décisives de moyenne ; play-offs 1979 : 15 points, 12 rebonds et 3 passes décisives de moyenne (17 matchs).

Pas mal non plus, hein ? Alors, pourquoi donner la priorité à Lanier ? Simplement parce que Sikma a eu la chance de jouer avec des équipiers talentueux à Seattle et Milwaukee, tandis que le pauvre Lanier était coincé dans les bas-fonds de la NBA (à Detroit) pendant toutes les années 70. L’opposition Lanier-Sikma se résume à ceci : tous deux sont arrivés à Milwaukee suite à un échange juste après leurs meilleures années. Le prix à payer pour obtenir Lanier était Kent Benson (numéro un de la draft de 1977) et un choix de premier tour à la draft de 1980 ; le prix à payer pour Sikma était Alton Lister et deux choix de premier tour en 1987 et 1989. En d’autres termes, Lanier valait davantage, mais pas beaucoup. Il était suffisamment bon pour passer Sikma et figurer au 96ème rang de ce classement, mais n’avait aucune chance d’être plus haut.

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Côté pile :

Il n’y pas grand-chose d’autre à dire. Le meilleur de la carrière de Lanier se résume à son CV. On se contentera donc de faire une liste de ses meilleures qualités : un solide bras roulé de gaucher, un redoutable fall-away, et une énorme solidité. Il avait pris la succession de Willis Reed en tant que pivot qui démolissait en public celui qui essayait de le passer, ce qui était assez étonnant, car il avait l’air sympathique et pas intimidant du tout. Il est aussi cité par Kareem Abdul-Jabbar dans le film Y a-t-il un pilote dans l’avion ? comme l’un de ses plus redoutables adversaires directs (« Essayez de vous coltiner Bill Walton et Lanier sur tout le terrain durant 48 minutes ! »). Ça compte pour quelque chose, ça, non ?

#97 : Kevin Johnson

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Le portrait de chaque joueur se divise en trois parties : le C.V. (qui résume le palmarès et les accomplissements du joueur), le côté pile (ses qualités) et le côté face (ses défauts).

Kevin_Johnson

KEVIN JOHNSON

12 ans de carrière, dont 7 de qualité.
3 fois All-Star.
Parmi les 10 meilleurs joueurs de la NBA en 1989, 1990, 1991 et 1994, top 15 en 1992.
Pic de forme de 4 ans en saison régulière : 22 points, 4 rebonds et 11 passes décisives de moyenne à 50 % de réussite au tir et 85 % de réussite aux lancers-francs.
Pic de forme de 2 ans en play-offs : 22 points, 4 rebonds et 11 passes décisives de moyenne (28 matchs).
Deuxième meilleur joueur d’une équipe vice-championne NBA (Phoenix Suns, 1993).
Cinquième meilleur passeur de l’histoire en play-offs (8,9 passes décisives de moyenne en 115 matchs).

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Côté pile :

Lorsqu’il a débuté en NBA en tant que rookie, Kevin Johnson ressemblait à un collégien terrifié qui aurait subitement atterri à l’université. Comme il avait été choisi en septième position à la draft, il était stupéfiant de voir la faiblesse dont il semblait faire preuve en comparaison avec son coéquipier Mark Price (qui figure un peu plus haut dans ce classement). Quelques mois plus tard, tout le monde s’est dit que Cleveland avait bien roulé Phoenix en échangeant Johnson contre Larry Nance au cours d’une méga-transaction. Comment un avorton comme Kevin Johnson aurait-il pu remplir le vide laissé par Larry Nance ?

La même année, « KJ » a transformé Phoenix en une équipe susceptible de gagner en play-offs, en les amenant en demi-finale de la Conférence Ouest de 1989 et en finale de la Conférence Ouest de 1990. Il jouait avec classe, contrôlait le tempo de chaque action et se déplaçait où il voulait. Et il montra pourquoi il ne faut jamais juger trop rapidement les jeunes meneurs (ce que l’entraîneur des Celtics Rick Pitino aurait du savoir quand il a échangé le rookie Chauncey Billups après seulement cinquante matchs).

Aucun meneur n’a attaqué le panier aussi effrontément, autant dunké sur des joueurs plus grands et détruit ses adversaires sur un dribble que Kevin Johnson au sommet de son art ; il n’était pas impossible à marquer, mais ses adversaires reculaient instinctivement chaque fois qu’il amorçait un mouvement. Si « KJ » avait atteint son apogée après 2004 (quand on a commencé à siffler l’utilisation illicite des mains et cessé de siffler les écrans en mouvement, ce qui a permis aux meneurs de rentrer dans la peinture comme dans du beurre), il aurait eu 30 points et 15 passes décisives de moyenne par match, et outrepassé Steve Nash pour obtenir deux titres de MVP consécutifs.

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Côté face :

Enfin, si ses cuisses avaient tenu. Car deux choses ont plombé la carrière de KJ. D’abord, il était tout le temps blessé : il avait des cuisses en papier mâché et il a manqué cinq fois plus de quinze matchs en onze saisons pour des problèmes musculaires. S’il y avait un Hall of Fame des joueurs les plus frustrants, il serait meneur titulaire. Et ensuite, il a plus que contribué à la défaite des Suns en finale de 1993, en perdant ses moyens de façon si mémorable lors des deux premiers matchs à domicile de Phoenix que l’entraîneur des Suns, Paul Westphal, a dû le remplacer par Frankie Johnson dans les instants décisifs du Match 2. Le temps que KJ se remette les idées en place dans le Match 3, les Suns avaient dilapidé leur avantage de terrain et n’avaient aucune chance réelle de pouvoir revenir. Sur une série de cinq matchs, personne ne battait quatre fois Jordan lorsqu’il était à son apogée.

Bien sûr, beaucoup de joueurs ont perdu leurs moyens en finale (John Starks en 1994, Nick Anderson en 1995, Magic en 1984, Elvin Hayes en 1975, Nowitzki en 2006, etc.), mais personne ne s’est jamais liquéfié à ce point. On aurait dit que « KJ » faisait exprès de jouer mal. C’est dire à quel point il avait été affreux. Comme la chose s’est passée durant l’une des ces instants qui définissent un joueur, il doit être pénalisé. Et voilà pourquoi il se retrouve à notre point de « cut » pour les meneurs.

#98 : Jack Twyman

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Le portrait de chaque joueur se divise en trois parties : le C.V. (qui résume le palmarès et les accomplissements du joueur), le côté pile (ses qualités) et le côté face (ses défauts).

TWYMAN

JACK TWYMAN

11 ans de carrière, dont 7 de qualité.
6 fois All-Star.
Parmi les 10 meilleurs joueurs de la NBA en 1960 et 1962.
Meilleurs pourcentage de réussite au tir de la NBA en 1958 (saison régulière), meilleur pourcentage de réussite au lancer-franc en play-offs en 1965 (play-offs).
Pic de forme de 3 ans en saison régulière : 29 points, 9 rebonds et 3 passes décisives de moyenne.
Pic de forme de 3 ans en play-offs : 20 points, 8 rebonds et 2 passes décisives de moyenne (26 matchs).

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Côté face :

Aussi bon qu’il ait été, personne ne se rappelle réellement des prouesses de Jack Twyman sur le terrain. Dans ce classement, il marque la limite des « ailiers blancs des années 50 et 60 » ; c’est un peu l’équivalent de Cliff Hagan, sauf que Hagan a gagné un titre NBA et est entré au Hall of Fame en 1978, cinq ans avant Twyman (même s’il a pris sa retraite quatre ans après lui). Hagan a donc mérité (de peu) de figurer plus haut dans ce classement. Twyman est également la première vieille gloire de la ligue à devenir un analyste TV inférieur à la moyenne, même s’il a été assez chanceux pour interviewer Russell juste après les finales de 1969, lorsque Russell n’a pas pu répondre à la question : « Comment vous sentez-vous ? » avant de finalement craquer, et de commenter la sortie de Willis Reed lors du Match 7 des Finales 1970. Ça n’a pas grand-chose à voir avec sa carrière sportive, d’accord, mais il fallait quand même le dire.

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Côté pile :

En fin de compte, c’est en dehors du terrain que Twyman s’est le mieux illustré : lorsque son coéquipier Maurice Stokes a été brutalement touché par une maladie qui a mis fin à sa carrière, Twyman et sa famille ont pris Stokes sous leur tutelle, se sont occupés de lui et ont recueilli de l’argent pour payer les frais d’hôpitaux. Compte tenu du contexte racial (Twyman était blanc, Stokes était noir) et du climat social de l’époque, il doit sans doute s’agir de l’une des plus belles histoires du sport (que vous pouvez découvrir ici dans son intégralité). Ce qu’a fait Twyman en tant qu’homme est bien plus important que ce qu’il a pu réaliser en tant que joueur, et pourtant, il a été l’un des meilleurs arrières des années 60 (regardez son CV). On peut lui tirer un grand coup de chapeau.

#99 : Jo Jo White

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Le portrait de chaque joueur se divise en trois parties : le C.V. (qui résume le palmarès et les accomplissements du joueur), le côté pile (ses qualités) et le côté face (ses défauts).

Jojo_White

JO JO WHITE

12 ans de carrière, dont 7 de qualité.
7 fois All-Star.
MVP des Finales en 1976.
Parmi les 10 meilleurs joueurs de la NBA en 1975 et 1977.
Pic de forme de 3 ans en saison régulière : 22 points, 5 rebonds et 5 passes décisives de moyenne.
Play-offs : 22 points, 5 rebonds et 6 passes décisives de moyenne, 83 % de réussite aux lancers-francs, 42,9 minutes de moyenne par match (80 matchs).
2 titres remportés avec les Boston Celtics (1974, 1976) en tant que troisième meilleur joueur de son équipe.

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Côté face :

Il n’y a pas grand-chose de négatif à dire sur Jo Jo White. En fin de compte, son plus gros problème est qu’il est difficile de penser sérieusement qu’un homme adulte prénommé Jo Jo était l’un des plus grands joueurs de son époque. Cela dit, même si ses statistiques montrent qu’il était un excellent joueur, on peut se demander ce qu’il avait de plus que certains de ses contemporains, ou de ceux qui sont venus après lui. S’il figure dans ce classement, c’est pour une raison simple : White possédait une qualité extrêmement rare, et peut-être la plus importante pour un grand joueur de basket : il n’y avait pas meilleur que lui dans les moments importants.

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Côté pile :

C’est après la saison régulière que White resplendissait. Avec une moyenne de carrière en play-offs outrepassant ses trois meilleures années en saison régulière, Jo Jo a été le meilleur arrière d’une équipe qui a obtenu deux titres et 68 victoires lors d’une autre saison. En dehors de ses exploits en play-offs, deux choses se démarquent à son sujet :

  • D’abord, il a joué plus de 3 200 minutes en sept saisons régulières et a une moyenne de 600 minutes en play-offs entre 1972 et 1976. Aucun arrière n’a joué plus de 30 matchs de play-offs avec une moyenne supérieure à celle des 42,9 minutes de Jo Jo, à l’exception d’Allen Iverson, dont la moyenne dépasse 45 mais qui n’a joué que par deux fois plus de dix matchs de play-offs. Entre 1972 et 1977, Jo Jo a joué en moyenne 43 minutes en 90, 95, 100, 93, 100 et 91 matchs. Pas étonnant que ses jambes l’aient abandonné après 1977 et l’empêchent de consolider ses statistiques pendant ses deux ou trois ans de déclin.
  • Ensuite, Jo Jo a joué 60 minutes (!) et a terminé avec 33 points et 9 passes décisives dans le légendaire Match 5 des Finales 1976 à trois prolongations qui a opposé Boston à Phoenix. Sans compter qu’il a marqué l’un des lancers francs les plus cruciaux et les plus courageux de l’histoire.

Ce dernier point mérite quelques précisions. Après les quatre premiers matchs des Finales NBA 1976, Boston et Phoenix étaient à égalité, 2 victoires partout. Lors du cinquième match, décisif à plus d’un titre, qui avait lieu à Boston, les Celtics dominaient lorsque Phoenix a réalisé un incroyable retour dans le quatrième quart-temps pour emmener le match en prolongation, puis en double prolongation. À sept secondes de la fin de la deuxième prolongation, les Celtics étaient menés d’un point lorsque John Havlicek marqua au buzzer avec la planche. Les spectateurs se ruèrent aussitôt sur le terrain et les Celtics rejoignirent leur vestiaire en sautant de joie.

Alors que la fête (ou plutôt l’émeute) générale se déroulait autour d’eux, coup de théâtre : les arbitres décidèrent qu’il restait encore une seconde à jouer. À cet instant, White avait déjà enlevé son maillot ainsi que les bandages autour de ses chevilles. Lorsque tout le monde fut revenu sur le terrain, l’entraîneur des Suns Paul Westphal eut la brillante idée de demander un temps mort illégal, ce qui lui valut une faute technique, mais redonnait à son équipe la remise en jeu au milieu du terrain. Ce qui signifie qu’un Jo Jo refroidi a dû marquer le lancer franc pénalisant la faute technique après un délai de quinze minutes où tout le monde pensait que le match était gagné, sur un terrain désert, avec une foule d’ivrognes délirants entassés tout autour.

S’il avait manqué l’occasion, les Celtics auraient perdu sur l’action suivante et le tir en pivot miraculeux de Gar Heard à la sirène, qui envoya le match en triple prolongation. Mais non. White a marqué ce lancer, ainsi que d’autres lancers francs cruciaux de la troisième période de prolongation (même s’il était tellement épuisé à ce moment-là qu’il s’asseyait par terre lorsque Phoenix était sur la ligne de pénalité), et les Celtics ont fini par remporter le match, puis le titre à Phoenix deux jours plus tard. Deux ans plus tôt, dans le sixième match d’une série à Buffalo, White avait déjà fait le même coup : il avait été victime d’une faute à la sirène lors d’un match où les deux équipes étaient à égalité. Il a calmement marqué le lancer-franc gagnant (et l’autre pour faire bonne mesure) pour gagner la série. Si votre vie avait été en jeu, vous auriez voulu Jo Jo pour vous sauver. Point barre.