#99 : Jo Jo White

Pour comprendre la façon dont les joueurs ont été classés, merci de consulter cet article.

Le portrait de chaque joueur se divise en trois parties : le C.V. (qui résume le palmarès et les accomplissements du joueur), le côté pile (ses qualités) et le côté face (ses défauts).

Jojo_White

JO JO WHITE

12 ans de carrière, dont 7 de qualité.
7 fois All-Star.
MVP des Finales en 1976.
Parmi les 10 meilleurs joueurs de la NBA en 1975 et 1977.
Pic de forme de 3 ans en saison régulière : 22 points, 5 rebonds et 5 passes décisives de moyenne.
Play-offs : 22 points, 5 rebonds et 6 passes décisives de moyenne, 83 % de réussite aux lancers-francs, 42,9 minutes de moyenne par match (80 matchs).
2 titres remportés avec les Boston Celtics (1974, 1976) en tant que troisième meilleur joueur de son équipe.

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Côté face :

Il n’y a pas grand-chose de négatif à dire sur Jo Jo White. En fin de compte, son plus gros problème est qu’il est difficile de penser sérieusement qu’un homme adulte prénommé Jo Jo était l’un des plus grands joueurs de son époque. Cela dit, même si ses statistiques montrent qu’il était un excellent joueur, on peut se demander ce qu’il avait de plus que certains de ses contemporains, ou de ceux qui sont venus après lui. S’il figure dans ce classement, c’est pour une raison simple : White possédait une qualité extrêmement rare, et peut-être la plus importante pour un grand joueur de basket : il n’y avait pas meilleur que lui dans les moments importants.

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Côté pile :

C’est après la saison régulière que White resplendissait. Avec une moyenne de carrière en play-offs outrepassant ses trois meilleures années en saison régulière, Jo Jo a été le meilleur arrière d’une équipe qui a obtenu deux titres et 68 victoires lors d’une autre saison. En dehors de ses exploits en play-offs, deux choses se démarquent à son sujet :

  • D’abord, il a joué plus de 3 200 minutes en sept saisons régulières et a une moyenne de 600 minutes en play-offs entre 1972 et 1976. Aucun arrière n’a joué plus de 30 matchs de play-offs avec une moyenne supérieure à celle des 42,9 minutes de Jo Jo, à l’exception d’Allen Iverson, dont la moyenne dépasse 45 mais qui n’a joué que par deux fois plus de dix matchs de play-offs. Entre 1972 et 1977, Jo Jo a joué en moyenne 43 minutes en 90, 95, 100, 93, 100 et 91 matchs. Pas étonnant que ses jambes l’aient abandonné après 1977 et l’empêchent de consolider ses statistiques pendant ses deux ou trois ans de déclin.
  • Ensuite, Jo Jo a joué 60 minutes (!) et a terminé avec 33 points et 9 passes décisives dans le légendaire Match 5 des Finales 1976 à trois prolongations qui a opposé Boston à Phoenix. Sans compter qu’il a marqué l’un des lancers francs les plus cruciaux et les plus courageux de l’histoire.

Ce dernier point mérite quelques précisions. Après les quatre premiers matchs des Finales NBA 1976, Boston et Phoenix étaient à égalité, 2 victoires partout. Lors du cinquième match, décisif à plus d’un titre, qui avait lieu à Boston, les Celtics dominaient lorsque Phoenix a réalisé un incroyable retour dans le quatrième quart-temps pour emmener le match en prolongation, puis en double prolongation. À sept secondes de la fin de la deuxième prolongation, les Celtics étaient menés d’un point lorsque John Havlicek marqua au buzzer avec la planche. Les spectateurs se ruèrent aussitôt sur le terrain et les Celtics rejoignirent leur vestiaire en sautant de joie.

Alors que la fête (ou plutôt l’émeute) générale se déroulait autour d’eux, coup de théâtre : les arbitres décidèrent qu’il restait encore une seconde à jouer. À cet instant, White avait déjà enlevé son maillot ainsi que les bandages autour de ses chevilles. Lorsque tout le monde fut revenu sur le terrain, l’entraîneur des Suns Paul Westphal eut la brillante idée de demander un temps mort illégal, ce qui lui valut une faute technique, mais redonnait à son équipe la remise en jeu au milieu du terrain. Ce qui signifie qu’un Jo Jo refroidi a dû marquer le lancer franc pénalisant la faute technique après un délai de quinze minutes où tout le monde pensait que le match était gagné, sur un terrain désert, avec une foule d’ivrognes délirants entassés tout autour.

S’il avait manqué l’occasion, les Celtics auraient perdu sur l’action suivante et le tir en pivot miraculeux de Gar Heard à la sirène, qui envoya le match en triple prolongation. Mais non. White a marqué ce lancer, ainsi que d’autres lancers francs cruciaux de la troisième période de prolongation (même s’il était tellement épuisé à ce moment-là qu’il s’asseyait par terre lorsque Phoenix était sur la ligne de pénalité), et les Celtics ont fini par remporter le match, puis le titre à Phoenix deux jours plus tard. Deux ans plus tôt, dans le sixième match d’une série à Buffalo, White avait déjà fait le même coup : il avait été victime d’une faute à la sirène lors d’un match où les deux équipes étaient à égalité. Il a calmement marqué le lancer-franc gagnant (et l’autre pour faire bonne mesure) pour gagner la série. Si votre vie avait été en jeu, vous auriez voulu Jo Jo pour vous sauver. Point barre.