#71 : Sidney Moncrief

Pour comprendre la façon dont les joueurs ont été classés, merci de consulter cet article.

Le portrait de chaque joueur se divise en trois parties : le C.V. (qui résume le palmarès et les accomplissements du joueur), le côté pile (ses qualités) et le côté face (ses défauts).

Sidney_Moncrief

SIDNEY MONCRIEF

11 ans de carrière dont 5 de qualité.
5 fois All-Star.
Parmi les 5 meilleurs joueurs de la NBA en 1983, top 10 en 1982, 1984, 1985 et 1986.
Cinq fois dans le meilleur cinq défensif de la NBA.
Défenseur de l’année en 1983 et 1984.
Pic de forme de 4 ans en saison régulière : 21 points, 6 rebonds et 5 passes décisives de moyenne à 51 % de réussite au tir et 83 % de réussite aux lancers-francs.
Pic de forme de 3 ans en play-offs : 21 points, 6 rebonds et 5 passes décisives de moyenne (33 matchs).

*****

Côté pile :

Avec Paul Westphal, David Thompson et Billy Cunningham, Sidney Moncrief est l’un des grands joueurs injustement oubliés de l’histoire de la NBA. Pour vous donner une idée de sa valeur, voici une anecdote édifiante : le premier choix de la draft 1979, à laquelle se présentait Magic Johnson, se jouait entre deux des trois plus grands marchés de la ligue (les Lakers et Chicago). Les Lakers ont remporté le tirage au sort. Ils se sont naturellement positionnés sur Magic, mais Jerry West voulait échanger ce dernier contre Moncrief car ils avaient déjà Norm Nixon comme meneur. Jerry Buss, qui était en train d’acheter l’équipe, l’en a empêché parce que la réputation de Magic attirait davantage les foules. Le fait qu’un dirigeant aussi avisé que Jerry West ait été prêt à échanger l’un des joueurs les plus prometteurs de l’histoire contre Moncrief montre bien à quel point celui-ci était bon. Les Bulls ont d’ailleurs fait la bêtise de l’ignorer et ont pris en deuxième choix de draft le pivot David Greenwood. Ça doit encore leur faire mal. Ils se sont enfoncés jusqu’à l’arrivée de Michael Jordan qui les sauvera cinq ans plus tard.

Moncrief, dont le principal fait d’armes avec l’Université de l’Arkansas aura été de fracasser un tomahawk dunk complètement dingue qui a fini en couverture de Sports Illustrated, a été drafté par les Bucks en cinquième position à la draft. Avec eux, il s’est épanoui et il est devenu l’arrière le plus complet des années 80 : excellent défenseur, grande force offensive, il aurait sans doute eu plus de succès s’il avait évolué dans une autre équipe et ou avait secondé un joueur capable de porter une franchise. Toutefois, s’il avait fallu faire un cinq majeur des meilleurs joueurs du milieu des années 80, il aurait été composé d’Abdul-Jabbar, Bird, Erving, Magic et Moncrief. Vous voyez à quel point Moncrief était bon.

Côté face :

Alors, pourquoi le classer seulement à cette soixante-et-onzième place ? Parce que malheureusement, Moncrief a souffert de problèmes chroniques au genou qui ont fini par ruiner sa carrière. La chirurgie arthroscopique et les greffes de ligaments n’existaient pas, et un joueur n’était tout simplement plus jamais le même après une rupture du ligament croisé antérieur. Moncrief a été excellent pendant cinq ans, mais arrivé aux play-offs de 1987, il boitait sur une jambe comme un vétéran de guerre. Un Moncrief en bonne santé aurait été une version plus économique et raffinée de Dennis Johnson. Et ce n’est pas peu dire. Dommage pour lui ; s’il ne s’était pas blessé, il aurait sans aucun doute fait partie des cinquante meilleurs joueurs de l’histoire. Au lieu de ça, il va falloir se contenter d’une modeste place au Niveau 6 de notre classement.

#72 : Chris Webber

Pour comprendre la façon dont les joueurs ont été classés, merci de consulter cet article.

Le portrait de chaque joueur se divise en trois parties : le C.V. (qui résume le palmarès et les accomplissements du joueur), le côté pile (ses qualités) et le côté face (ses défauts).

Chris_Webber

CHRIS WEBBER

14 ans de carrière dont 6 de qualité.
5 fois All-Star.
Rookie de l’année en 1994.
Parmi les 5 meilleurs joueurs de la NBA en 2001, top 10 en 1999, 2002 et 2003.
Pic de forme de 3 ans en saison régulière : 25 points, 11 rebonds et 5 passes décisives de moyenne.
Un titre de meilleur rebondeur de la saison.
Play-offs 2002 : 24 points, 11 rebonds et 5 passes décisives de moyenne (16 matchs).
A joué 70 matchs ou moins pendant 9 saisons (294 matchs manqués au total).

*****

Côté pile :

Sur le papier, Chris Webber avait tout ce que l’on peut souhaiter chez un ailier fort : des qualités athlétiques supérieures à la normale, un excellent placement en-dessous du panier, de bonnes mains, un instinct naturel au rebond, et même un instinct de passeur. En dehors du terrain, son environnement était favorable : il venait d’une famille de classe moyenne, vivait avec son père et sa mère, avait fréquenté une école préparatoire respectable de Detroit, et a rapidement appris à cultiver son image de célébrité tout en étant bien plus simple dans l’intimité. À l’université du Michigan, Webber a eu la carrière la plus brillante que l’on puisse espérer, et a contribué à créer l’emblématique équipe du « Fab Five », dont les joueurs sont devenus de véritables figures de mode avec leur habitude de se frapper la poitrine, leurs cris, leurs shorts « baggy » et tout le reste. Tout ce qui s’est passé durant les vingt premières années de la vie de Webber laissait entrevoir une carrière professionnelle influente et pleine de succès, une valeur sûre dans la lignée des O’Neal, Ewing et Robinson.

Alors, que lui est-il arrivé ? On ne peut pas dire que Webber a eu une carrière lamentable ou mauvaise. Il a été cinq fois All-Star, a fait une fois partie du premier cinq majeur de la NBA et a été trois fois dans le deuxième cinq. Il a remporté le titre de Rookie de l’Année et un titre de meilleur rebondeur de la saison en 1999. Avec la formidable équipe de Sacramento du début des années 2000 dont le jeu restera dans les mémoires, il était le deuxième meilleur ailier fort de la ligue et a eu un pic de forme de trois ans à 25 points, 11 rebonds et 5 passes décisives de moyenne. Il a également gagné une quantité d’argent phénoménale ; ensemble, les Warriors, les Bullets, les Kings et les Sixers lui ont donné plus de 185 000 000 dollars, un total dépassé seulement par Jordan, O’Neal et Kevin Garnett. Mais on se demandera toujours pourquoi sa carrière n’a pas été différente.

Côté face :

Car, parmi tous les grands talents n’ayant jamais tenu leurs promesses, Webber est le seul joueur NBA sans excuse légitime. Bien sûr, son manque de réussite s’explique : durant ses meilleures années de carrière (de 1994 à 2004), il n’a joué qu’une fois plus de 70 matchs en saison régulière, a raté 283 matchs sur 850 et a dû combattre une longue série de blessures, la pire étant une déchirure du genou survenue à Sacramento qui lui a volé son explosivité et l’a forcé à changer de style (tout en restant relativement efficace). Ensuite, Webber a intégré la NBA juste au moment où elle commençait à laisser bêtement aux jeunes joueurs trop de champ libre pour négocier, avant que les pouvoirs en place ne se réveillent et ne mettent en place une échelle de salaire pour les rookies. De nombreuses carrières prometteuses en furent affectées, mais Webber reste la plus grande victime et celle pour qui on peut nourrir le plus de regrets. Lorsque Webber, mécontent de son entraîneur, a menacé de casser son contrat avec Golden State et de signer ailleurs, les Warriors l’ont échangé en panique contre Tom Gugliotta et trois choix de premier tour. Au lieu d’être le leader d’une équipe candidate au titre pendant pour plusieurs années, qui mettait ses talents en valeur, Webber s’est retrouvé en train de mener une équipe des Bullets trop jeune, s’est renfrogné et a développé de mauvaises habitudes, s’est blessé au genou, a raté 116 matchs en quatre ans et a été gentiment envoyé à Sacramento contre Mitch Richmond et Otis Thorpe. Quand il a finalement trouvé une autre équipe qui jouait l’offensive en roue libre, il était âgé de vingt-six ans.

En fin de compte, une grande partie de la carrière de Webber s’est jouée sur un mauvais timing : sept ans plus tôt ou plus tard, un contrat de rookie classique l’aurait contraint de rester aux Warriors (à qui il n’avait jamais cessé d’appartenir). On peut aussi regretter que les Kings de l’époque aient eu la malchance d’atteindre leur pic en même temps que ceux de O’Neal, Duncan et Garnett (dans cette ordre). Ils ont subi de cruelles défaites en Match 7 en 2002, 2003 et 2004. Mais si l’on peut reprocher quelque chose à Webber, c’est bien ceci : il ne voulait pas avoir le ballon dans les moments importants. Lorsque l’on regarde attentivement ce qui s’est passé en finale de la Conférence Ouest 2002, avec une équipe des Kings supérieure à des Lakers qui s’entendaient de plus en plus mal, on se rend compte que la série s’est jouée sur trois matchs : le Match 4 (lorsque Horry a rentré un tir à trois points gagnant parce qu’aucun joueur des Kings n’a pris l’un des deux rebonds décisifs), le Match 6 (le match le plus scandaleux et le plus injustement arbitré de cette décennie), et le Match 7 (quand les Kings ont eu plusieurs chances de tuer le match et n’en ont rien fait). La perte du Match 6 ne peut être imputable à Webber, car il n’aurait rien pu faire à part étrangler les arbitres, mais il n’a pas vraiment été au-dessus dans les autres moments décisifs. Il avait la chance de donner enfin de l’éclat à sa carrière et ne l’a pas saisie. Ce n’était tout simplement pas en lui.

Dans cette série contre les Lakers, Webber a officiellement repris le flambeau de Karl Malone, Patrick Ewing, Ralph Sampson et Elvin Hayes en tant que superstar à prix d’or qu’il est formidable d’avoir dans son équipe, sauf s’il reste trois minutes à jouer dans un match important. Voir Webber tenter de s’éloigner de l’action lors des possessions les plus importantes était fascinant. Il recevait une passe au poste haut, faisait un demi-tour à 180 degrés pour que son dos soit face au panier (indiquant à tout le monde qu’il n’allait pas tirer) puis cherchait désespérément à balancer la balle au King disponible le plus proche. Personne n’avait encore jamais vu ça. Webber avait-il perdu confiance dans les matchs importants après le temps-mort illégal qu’il avait posé à un moment crucial en finale du championnat universitaire ? Son passage malheureux parmi les Bullets l’avait-il empêché de développer le sang-froid nécessaire dans les moments décisifs ? N’avait-il tout simplement pas l’instinct du tueur ? On ne le saura jamais.

Alors, comment allons-nous nous rappeler de Webber ? Nous nous souviendrons de lui comme l’un des soixante-quinze meilleurs joueurs de l’histoire de la NBA, mais nous nous rappellerons aussi qu’il aurait pu faire beaucoup mieux. Webber n’a jamais pris les choses en main quand il le fallait vraiment, même s’il en était plus que capable. C’est son héritage. Et il est normal qu’aujourd’hui, après sa retraite, les gens en soient toujours à s’interroger sur le potentiel de Chris Webber.

#73 : Lenny Wilkens

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Le portrait de chaque joueur se divise en trois parties : le C.V. (qui résume le palmarès et les accomplissements du joueur), le côté pile (ses qualités) et le côté face (ses défauts).

Lenny_Wilkens

LENNY WILKENS

15 ans de carrière dont 9 de qualité.
9 fois All-Star.
Vice-MVP en 1968.
Un titre de meilleur passeur de la saison.
Pic de forme de 4 ans en saison régulière : 21 points, 5 rebonds et 9 passes décisives de moyenne.
Play-offs : 16 points, 6 rebonds et 6 passes décisives de moyenne.

*****

Côté face :

Les cinq majeurs de la NBA sont loin d’être fiables, mais comment Wilkens peut-il terminer deuxième au vote du MVP 1968 sans faire partie du premier ou du deuxième cinq majeur de la NBA cette même saison ? Parmi le groupe des 50 meilleurs joueurs de l’histoire de la NBA choisis en 1996, il est le seul à n’avoir jamais fait partie d’un cinq majeur et a raté les play-offs lors de ses sept dernières années de carrière. Wilkens était très bon, mais pas excellent ; les statistiques et le nombre de victoires obtenues par ses équipes renforcent cette assertion. Wilkens illustre aussi parfaitement la façon dont la fusion NBA/ABA a faussé toutes les statistiques entre 1969 et 1976. Regardez l’évolution de ses moyennes en carrière, sachant qu’il a fêté ses trente ans juste avant la saison 1967-1968 :

  • Wilkens (de 1966 à 1968) : 18 points, 5 rebonds, 7 passes décisives (43 % de réussite au tir)
  • Wilkens (de 1969 à 1973) : 20 points, 5 rebonds, 9 passes décisives (44 % de réussite au tir)

Entre trente-et-un et trente-cinq ans, Wilkens se serait amélioré ? Bien sûr que non. Il a légèrement augmenté ses statistiques en raison de l’appauvrissement du jeu et de la répartition homogène des joueurs dans la ligue. Ce qui est bien. Mais il ne aurait pas dû faire être sélectionné dans le top 50 des meilleurs joueurs de l’histoire à la place de Dennis Johnson, un joueur plus complet qui a gagné davantage à une époque où la concurrence était rude.

Côté pile :

S’il faut complimenter Wilkens, félicitons-le pour avoir été le dernier entraîneur-joueur de qualité ; il a joué les deux rôles pour les Sonics alors qu’il était au sommet de sa carrière et a fait remporter à son équipe à 47 victoires en 1972, en étant leur deuxième meilleur joueur sur le terrain. Il était à sa place parmi les All-Stars, et pour l’ensemble de son œuvre, on peut lui attribuer une note entre 15/20 et 16/20. Ce qui correspond à peu près à la place à laquelle il se trouve dans ce classement.

#74 : Joe Dumars

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Le portrait de chaque joueur se divise en trois parties : le C.V. (qui résume le palmarès et les accomplissements du joueur), le côté pile (ses qualités) et le côté face (ses défauts).

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JOE DUMARS

14 ans de carrière dont 7 de qualité.
6 fois All-Star.
MVP des Finales 1989.
Parmi les 10 meilleurs joueurs de la NBA en 1993, top 15 en 1990 et 1991.
Cinq fois dans le meilleur cinq défensif de la NBA.
Pic de forme de 4 ans en saison régulière : 21 points, 2 rebonds et 5 passes décisives de moyenne.
Deuxième meilleur joueur d’une équipe deux fois championne (Detroit Pistons, 1989 et 1990).

*****

Côté pile :

Choisi à une (trop) lointaine 18ème position à la draft de 1985, Dumars était le seul type bien de l’escadron des « Bad Boys » de Detroit, un magnifique joueur altruiste, respecté par ses adversaires, qui auraient tous adoré jouer avec lui. Il élevait son niveau de jeu quand il le fallait et pouvait être décisif dans les moments chauds. C’était aussi un grand défenseur ; en dehors de John Starks, personne n’a été aussi efficace pour marquer Michael Jordan. Au milieu des années 90, Dumars s’est également distingué par sa classe et son professionnalisme, à une époque où la NBA était aux prises avec de gros problèmes de comportement. Et après sa carrière, il est resté sous les projecteurs en construisant l’équipe de Detroit championne en 2004, avec toujours la même classe et en jouant avec les médias mieux que personne.

Côté face :

Ceci étant dit, Dumars n’a jamais été un joueur transcendant ou capable de porter une franchise. Il a été écarté de la « Dream Team » de 1992 et son titre de MVP des Finales de 1989 a été obtenu après un sweep en quatre matchs contre une équipe des Lakers vieillissante qui a perdu Magic Johnson et Byron Scott au milieu de la série. Durant les derniers instants de certains matchs de play-offs cruciaux (le Match 5 de la finale de 1990, par exemple), Dumars restait sur le banc, laissant sa place à Vinnie Johnson. Et lorsque le temps a fait son effet sur les Pistons après les play-offs de 1992, Dumars est devenu le joueur dominant d’une équipe qui a remporté les saisons suivantes 40, 20 et 28 matchs. Il est totalement impossible, selon ces critères, que quelqu’un puisse prouver que Dumars était meilleur que Sidney Moncrief ou Dennis Johnson. C’est probablement le moins bon des trois. Mais il mérite largement sa place dans ce classement.

#75 : Chris Mullin

Pour comprendre la façon dont les joueurs ont été classés, merci de consulter cet article.

Le portrait de chaque joueur se divise en trois parties : le C.V. (qui résume le palmarès et les accomplissements du joueur), le côté pile (ses qualités) et le côté face (ses défauts).

Chris_Mullin

CHRIS MULLIN

16 ans de carrière dont 8 de qualité.
5 fois All-Star.
Parmi les 5 meilleurs joueurs de la NBA en 1992, top 10 en 1989 et 1991, top 15 en 1990.
Pic de forme de 4 ans en saison régulière : 26 points, 5 rebonds et 4 passes décisives de moyenne à 52 % de réussite au tir et 88 % de réussite aux lancers-francs.
Pic de forme de 2 ans en play-offs : 27 points, 7 rebonds et 4 passes décisives de moyenne à 54 % de réussite au tir (16 matchs).
Deux fois en tête au nombre de minutes jouées en une saison, une fois meilleur tireur à trois points de la saison.
Membre de la « Dream Team » de 1992.

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Côté face :

Chris Mullin était un Larry Bird en moins bon, gaucher, avec une coupe en brosse typiquement militaire, une peau un peu plus pâle, et un accent qui le faisait ressembler à un croisement entre Bruce Springsteen et Mike Francesa. Il a gâché ses trois premières années en NBA en raison de problèmes d’alcool et de poids, et il a été ralenti cinq ans plus tard par toute une série de blessures. Il était aussi complètement à la rue défensivement. S’il fallait désigner le pire défenseur des années 90, il est sans doute tout en haut de la liste avec Charles Barkley.

Côté pile :

Mais même s’il a atteint son pic de forme un peu tard, peu de joueurs modernes étaient plus divertissants ou intelligents à l’offensive que Mullin. Il est membre de l’équipe des joueurs modernes avec qui tout le monde aurait adoré jouer un match de basketball. En défense, malgré ses grosses lacunes, il faisait des ravages dans les angles morts et sautait sur les lignes de passe (comme Larry Bird), avec trois saisons à plus de deux interceptions par match. Et après avoir surmonté ses différentes addictions, Mullin s’est mis dans une forme monstre et ses cinq « bonnes » années de carrière ont été vraiment incroyables. La preuve ? Après sa nomination au poste d’entraîneur de la Dream Team, Chuck Daly a fait une présélection qui ressemblait à ceci (dans l’ordre) : Jordan, Magic, Robinson, Ewing, Pippen, Malone, Mullin. Donc, le meilleur entraîneur de la NBA du moment a classé Mullin derrière Jordan et Pippen en tant que troisième meilleur joueur de périmètre, alors que la NBA n’avait jamais eu dans l’histoire autant de joueurs de talent évoluant en même temps. Tout ça pour dire que Chris Mullin était vraiment sacrément bon.

#76 : Tracy McGrady

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Le portrait de chaque joueur se divise en trois parties : le C.V. (qui résume le palmarès et les accomplissements du joueur), le côté pile (ses qualités) et le côté face (ses défauts).

McGrady

TRACY MCGRADY

12 ans de carrière dont 7 de qualité.
7 fois All-Star.
Parmi les 5 meilleurs joueurs de la NBA en 2002 et 2003, top 10 en 2001, 2004 et 2007, top 15 en 2005 et 2008.
Pic de forme de 4 ans en saison régulière : 28 points, 8 rebonds et 5 passes décisives de moyenne.
Deux fois meilleur marqueur de la saison.
33 points, 7 rebonds et 6 passes décisives de moyenne en 2003.
Play-offs : 29 points, 7 rebonds et 6 passes décisives de moyenne à 43 % de réussite au tir (38 matchs).
N’a jamais gagné une série de Play-offs.

*****

Côté pile :

Le profil de McGrady est plus ou moins similaire à celui de Pete Maravich, même si le premier nommé était bien meilleur en défense. Ils étaient tous les deux mieux connus par leurs surnoms (« T-Mac » et « Pistol »). Ils ont été les chefs de file de mauvaises équipes pendant une grande partie de leurs meilleures années. Ils étaient tous les deux incroyablement talentueux d’un point de vue offensif et avaient un poids inhabituel auprès de leurs pairs, bien que l’on n’ait jamais parlé et qu’on ne parle toujours pas de McGrady avec autant de révérence que Maravich. Ils ont tous les deux été frappés par la malchance à des moments-clé de leur carrière : Maravich n’a pas eu Erving comme coéquipier, McGrady a joué avec un Grant Hill clopinant pendant toutes ses années à Orlando. Ils ont tous les deux été échangés au sommet de leur carrière, même si Houston a eu « T-Mac » pour des clopinettes et que New Orleans a payé trop cher pour Maravich. Ils étaient tous les deux des précurseurs originaux : McGrady était le premier arrière de 2,03 m capable de tirer à trois points (un Gervin amélioré avec une touche de « Dr J. »), et aucun arrière n’a pu approcher Maravich avant ou depuis.

Côté face :

Le plus gros problème de McGrady, qui  ressort de manière criante chaque fois que l’on se penche sur sa carrière, concerne les play-offs. En 2008, « T-Mac » était le quatrième meilleur marqueur de l’Histoire en play-offs, avec 28,5 points de moyenne. Ça paraît génial sur le papier, mais son ratio victoires/défaites en play-offs est de 16–27. Peut-on sérieusement inclure parmi les meilleurs joueurs de l’Histoire quelqu’un qui n’a jamais joué un match de deuxième tour de play-offs ? Malgré ça, « T-Mac » aurait été plus haut dans ce classement s’il n’avait pas autant terni son héritage pendant la saison 2008-2009. On pouvait légitimement penser à l’époque qu’il allait faire encore deux ou trois saisons de qualité. Au lieu de cela, il a fait couler les Rockets de 2009 de manière si totale que l’économie de la NBA elle-même a été sujette à caution.

Quand un joueur de la NBA à qui il reste deux années de contrat à 44 millions de dollars est toujours hors de forme, se plaint toute l’année ou presque, laisse continuellement tomber ses coéquipiers et les fans, se retrouve dans certaines rumeurs de trade et décide d’annoncer quatre jours avant la date limite des transferts qu’il va être opéré pour une micro-fracture, afin de ne pas se retrouver dans une équipe qui ne lui convient pas, et en plus de cela, qu’il sera guéri au printemps prochain, juste à temps pour se mettre en valeur et obtenir un autre contrat, alors le système présente un problème et il faut le réparer. Tracy McGrady est indéfendable pour le reste de l’éternité. Même son cousin Vince n’aurait pas fait ça. Et ce n’est pas peu dire.

#77 : Artis Gilmore

Pour comprendre la façon dont les joueurs ont été classés, merci de consulter cet article.

Le portrait de chaque joueur se divise en trois parties : le C.V. (qui résume le palmarès et les accomplissements du joueur), le côté pile (ses qualités) et le côté face (ses défauts).

Artis_Gilmore

ARTIS GILMORE

17 ans de carrière dont 12 de qualité.
11 fois All-Star (6 en NBA, 5 en ABA).
MVP et MVP des Play-offs ABA en 1972.
« Rookie of the Year » ABA en 1972.
Parmi les 5 meilleurs joueurs de l’ABA de 1972 à 1976.
Pic de forme de 5 ans en saison régulière ABA : 22 points, 17 rebonds et 3 passes décisives de moyenne.
Quatre titres de meilleur rebondeur de la saison, six fois en tête au pourcentage de réussite au tir en saison, trois fois en tête au nombre de minutes jouées en saison, deux titres de meilleur contreur de la saison.
Joueur ayant le pourcentage de réussite au tir le plus élevé de l’histoire de la NBA et de l’ABA.
Meilleur joueur d’une équipe deux fois championne ABA (Kentucky Colonels, 1972 et 1975).
Plus de 20 000 points et 15 000 rebonds en carrière.

*****

Côté face :

Artis Gilmore était une véritable montagne (2,18 m et 109 kilos), avec une moustache et un bouc qui le faisaient ressembler à un mélange entre un Noir et un Chinois. Lorsqu’il a rejoint l’ABA et l’équipe de Kentucky en 1971, il a été mesuré par les journalistes après sa signature lors de la conférence de presse. Avec son afro de mammouth, Artis mesurait… 2,34 m ! Il paraissait intimidant jusqu’à ce que le match commence et que l’on se rende compte que ses réactions étaient une fraction de seconde trop lentes (ce qui lui a valu un surnom : « Rigor Artis »), qu’il ne tentait que les tirs qu’il pouvait marquer (dunks, double-pas, bras roulé de la main gauche), et qu’il avait perpétuellement l’air absent.

Gilmore avait grandi en Floride dans une famille si pauvre qu’il portait des baskets trop petites de deux pointures au lycée. Il avait donc toujours l’air un peu accablé, comme si sa confiance n’était pas à la hauteur de son physique. Les fans pensaient qu’il aurait dû davantage dominer ses adversaires, et les joueurs plus durs l’écrasaient impunément. Un jour, Gilmore s’est énervé contre Maurice Lucas et l’a poursuivi sur le terrain. Il l’a coincé dans un coin, puis s’est fait mettre à terre par une bonne droite. Le coup a donné du cachet à Lucas et a conforté l’idée selon laquelle Artis n’était qu’une lavette. Sans grands rivaux capables de se charger de lui dans une ABA au tempo rapide, Gilmore a dominé, comme le joueur le plus grand domine un match de basket amateur. Il n’a jamais connu le même succès en NBA et aurait été titulaire au poste de pivot dans l’équipe imaginaire des « All-Stars qui étaient meilleures sur le papier qu’en vrai » s’il n’y avait pas eu Walt Bellamy.

Côté pile :

Mais bon ! Il y a quand même pire qu’un pivot qui claque 20 points et 12 rebonds tous les soirs, colmate la raquette, tire à 60 % de réussite et paraît sur le point de tourner un film de Dracula, non ? Relisez son CV un peu plus haut. Ça vous pose un joueur ! Gilmore est à la 77ème place de ce classement et c’est très bien comme ça. Il ne mérite ni d’aller plus haut, ni de descendre plus bas. Il n’y a rien à redire.

#78 : Dan Issel

Pour comprendre la façon dont les joueurs ont été classés, merci de consulter cet article.

Le portrait de chaque joueur se divise en trois parties : le C.V. (qui résume le palmarès et les accomplissements du joueur), le côté pile (ses qualités) et le côté face (ses défauts).

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DAN ISSEL

15 ans de carrière dont 13 de qualité.
7 fois All-Star (1 en NBA, 6 en ABA).
Parmi les 5 meilleurs joueurs de l’ABA en 1972, top 10 ABA en 1971, 1973, 1974, 1975 et 1976.
Pic de forme de 3 ans en saison régulière : 29 points, 11 rebonds et 2 passes décisives de moyenne.
Une fois meilleur marqueur de la saison en ABA.
Play-offs ABA : 24 points, 11 rebonds et 2 passes décisives de moyenne (80 matchs).
Deuxième meilleur joueur d’une équipe championne ABA (Kentucky Colonels, 1975).
Plus de 25 000 points et 10 000 rebonds en carrière.

*****

Côté face :

Entre Dan Issel et Artis Gilmore, qui était le meilleur ? On peut hésiter entre les deux pour les deux prochaines places, sachant que les deux ont eu des carrières plus ou moins similaires. Mais on ne peut pas mettre Issel avant Gilmore, et voici pourquoi : après le titre ABA obtenu par Kentucky en 1975, les Colonels avaient besoin d’échanger un big guy (Gilmore ou Issel) pour économiser de l’argent. Qui ont-ils gardé ? Gilmore. Pas besoin d’en dire plus. Issel était l’un des joueurs les plus effrayants du basket-ball professionnel parce qu’il lui manquait les quatre dents de devant ; il a été très bon pendant six saisons en ABA, mais n’a été qu’une fois All-Star NBA après la fusion. C’est un peu révélateur.

Côté pile :

Pourtant, il y a des choses à dire sur un pivot jouant dans le périmètre, qui ne manquait aucun match et donnait chaque soir à son équipe de 19 à 25 points et de 8 à 11 rebonds, avec une moyenne de 29,9 points en tant que rookie en 1971, et de 19,8 points après quatorze ans de carrière en 1984. On ne peut pas reprocher à Issel le manque de succès de son équipe en play-offs NBA, parce que les Nuggets étaient à deux matchs d’atteindre la finale en 1978 (défaite face à Seattle), avant de s’effondrer à cause des problèmes de drogue de David Thompson et du trade le plus stupide de l’histoire de la NBA : Bobby Jones contre George McGinnis. Ce type d’échange se pratiquait régulièrement dans les années 70 et 80 : une équipe décidait bêtement d’échanger son joueur le plus complet contre une star surévaluée dont le nom allait pouvoir faire vendre des billets. De nos jours, les équipes attendent simplement que la star surévaluée devienne agent libre, puis ils lui donnent un salaire beaucoup trop élevé et bouchent complètement leur espace salarial. En NBA, on appelle ça le progrès.

#79 : Paul Westphal

Pour comprendre la façon dont les joueurs ont été classés, merci de consulter cet article.

Le portrait de chaque joueur se divise en trois parties : le C.V. (qui résume le palmarès et les accomplissements du joueur), le côté pile (ses qualités) et le côté face (ses défauts).

Paul_Westphal

PAUL WESTPHAL

12 ans de carrière dont 5 de qualité.
5 fois All-Star.
Parmi les 5 meilleurs joueurs de la NBA en 1977, 1978 et 1980, top 10 en 1979.
Pic de forme de 5 ans en saison régulière : 23 points, 3 rebonds et 6 passes décisives de moyenne à 52 % de réussite au tir.
Meilleur joueur d’une équipe vice-championne (Phoenix Suns, 1976), avec une moyenne de 21 points, 5 rebonds et 3 passes décisives à 51 % de réussite au tir (19 matchs).

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Côté pile :

Westphal restera dans les mémoires pour avoir été le meilleur arrière de la ligue pendant cinq années consécutives (de 1976 à 1980) et pour ses performances aussi divertissantes que mémorables au All-Star Game. Sa marque de fabrique : le tir à 360° avec la planche, quand il attaquait sur la gauche à une vitesse vertigineuse, se positionnait à environ 2,50 m du panier, puis faisait un tour complet sur lui-même et marquait pendant que son défenseur incrédule était tordu dans neuf directions différentes. Arrière titulaire de l’équipe imaginaire des « Blancs qui jouent comme des Noirs », Westphal n’aurait été qu’un autre de ces grands joueurs oubliés s’il n’y avait pas eu sa performance héroïque dans le célèbre match à trois prolongations des Finales NBA 1976, quand il a sauvé les Suns à lui tout seul ou presque.

Déjà auteur d’actions plus que décisives (des interceptions folles, des dribbles renversés extraordinaires aboutissant à des tirs à trois points), c’est en fin de match que Westphal va se montrer incroyablement malin. À une seconde de la fin en double prolongation, les Suns sont menés par les Celtics 111 à 110. Les Suns doivent faire la remise en jeu depuis leur propre moitié de terrain, autrement dit loin du panier adverse ; les chances de marquer sont minces. Westphal a alors une idée brillante : il demande un temps-mort, alors que les Suns n’en ont plus. Les Celtics bénéficient d’un lancer-franc pour faute-technique, converti par Jo Jo White, mais la balle est ensuite redonnée aux Suns… au milieu du terrain. Plus proche du panier, Garfield Heard égalise sur un tir improbable et si les Suns s’inclineront en triple prolongation, on n’oubliera pas de sitôt le match de Westphal (l’action décrite ci-dessus amènera d’ailleurs la NBA à changer la règle lors de la saison suivante).

Côté face :

Si Havlicek avait manqué son tir en course avec la planche dans la deuxième prolongation au cours de ce match de 1976, Phoenix aurait décroché le titre à domicile et Westphal aurait rejoint la liste sacrée des meilleurs joueurs d’une équipe championne (et serait monté de trente places sur cette liste). Malheureusement, ce n’est pas le cas. En dehors du fait qu’il a été oublié pour avoir joué à la mauvaise époque, Westphal a aussi été victime d’une rare erreur de la part de Red Auerbach, qui l’a échangé contre Charlie Scott avant la saison 1976. Un choix financier totalement à l’encontre de la philosophie de jeu des Celtics, effectué par un homme têtu qui n’avait pas encore accepté la direction que prenait la ligue. La décision de Red n’a pas coûté grand-chose aux Celtics car elle leur a indirectement permis de choisir Larry Bird à la draft quelques années plus tard, mais si Red avait gardé Westphal et son coéquipier Silas, Boston aurait pu gagner en 1977 et éventuellement en 1978. Westphal aurait alors deux titres et serait monté plus haut dans ce classement. Mais non. Vraiment, ce n’est pas de bol.

#80 : Bailey Howell

Pour comprendre la façon dont les joueurs ont été classés, merci de consulter cet article.

Le portrait de chaque joueur se divise en trois parties : le C.V. (qui résume le palmarès et les accomplissements du joueur), le côté pile (ses qualités) et le côté face (ses défauts).

Bailey_Howell

BAILEY HOWELL

12 ans de carrière dont 10 de qualité.
6 fois All-Star.
Parmi les 10 meilleurs joueurs de la NBA en 1963.
Pic de forme de 4 ans en saison régulière : 22 points, 12 rebonds et 2 passes décisives de moyenne.
Titulaire dans deux équipes championnes (Boston Celtics, 1968 et 1969).

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Côté pile :

Bailey Howell était le Bobby Dandridge des années 60, et il a largement aidé les Celtics à remporter deux titres en 1968 et 1969. Pour avoir une idée du joueur qu’il était, relisez le portait de Dandridge : leurs profils sont presque similaires. Howell était le joueur le plus complet de son époque, celui qui faisait le sale boulot et que tout le monde rêve d’avoir sur un terrain. Des qualités que les spectateurs et les médias ne voient malheureusement pas.

Côté face :

Ceci dit, vous en entendez souvent parler, vous, de Bailey Howell ? Probablement pas. S’il est classé à cette place, c’est parce qu’il n’y a pas grand-chose à dire sur lui. Comme Dandridge, c’est une légende oubliée, et le fait qu’il ait probablement été le joueur le plus laid des années 60 n’a pas aidé. On se demandait s’il n’avait pas des boulons dans la nuque. La seule raison pour laquelle il passe Dandridge au classement est parce que contrairement à lui, il est au Hall of Fame. Même s’il a fallu attendre vingt-sept ans pour qu’il y entre. Le Hall of Fame du Basket-ball, c’est nul.