Very big men : histoires de géants (2/3)

Première partie disponible ici.

En NBA, on désigne sous le nom de big man tout joueur dépassant les 2,15 m. Avoir de la taille sous les panneaux est un élément fondamental pour une équipe cherchant à remporter un titre. Peu en vue avant les années 90, les big men sont aujourd’hui très présents en NBA ; la mondialisation du basket et les nouvelles technologies permettent aux recruteurs de prospecter plus facilement à l’étranger pour dénicher des joueurs de grande taille. À l’heure actuelle, vingt-cinq joueurs ayant foulé les parquets NBA avaient une taille supérieure à 2,20 m, ce qui est plutôt remarquable sachant à quel point les hommes de plus de 2,15 m sont rares. Les trajectoires de ces vingt-cinq joueurs ont été très différentes. Le but de cet article n’est pas de se concentrer sur leurs performances seules, mais aussi sur leurs vies. Des vies bien souvent à l’image de leur physique : hors du commun.

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markeaton

Mark Eaton (2,24 m). Une bien belle histoire que celle de Mark Eaton. En dépit de sa taille, rien ne prédestinait ce géant de 2,24 m à devenir l’un des meilleurs défenseurs de l’histoire de la NBA. Durant son adolescence, c’est au water-polo que s’intéresse le jeune Californien ; il ne commence le basket qu’en dernière année de lycée, où il passe la majeure partie de son temps sur le banc, sous les quolibets de ses camarades qui se moquent de ses mensurations. Son diplôme obtenu, Eaton entame des études de mécanique automobile en Arizona et travaille en parallèle dans un garage de Californie. Trois années passent avant que l’un des entraîneurs-assistants de l’équipe de basket universitaire de Cypress ne le repère par hasard. Mark rejoint l’équipe, aligne deux saisons en double-double et remporte le titre de l’État de Californie.

En 1979, Eaton est drafté par les Phoenix Suns au cinquième tour. Il n’est pas incorporé à l’effectif. Eaton choisit alors de rejoindre l’Université de Californie Los Angeles (UCLA), où il se perd complètement, ne jouant que 42 minutes en tout lors de sa dernière année. Son avenir en NBA semble compromis, mais Eaton a un atout que les autres n’ont pas : sa taille. Aucun joueur de la draft 1982 n’est plus grand que lui. C’est ce qui pousse Frank Layden, l’entraîneur de Utah, à le sélectionner en 72ème position. L’année précédente, le Jazz avait fini dernier de la ligue aux contres et aux rebonds. Un pivot de 2,24 m sera certainement utile. Malgré cela, rien ne destine Eaton à une grande carrière. L’intéressé lui-même le reconnaît :

« En arrivant dans la ligue, tout ce que j’espérais, c’était d’être un bon pivot remplaçant, jouer 10 ou 15 minutes, faire de mon mieux, jouer pour quelques équipes et gagner correctement ma vie. »

L’ailier des Knicks James Bailey se rappelle bien de ses débuts :

« Quand il est arrivé dans la ligue, il était incapable de marcher et de mâcher du chewing-gum en même temps. »

Mais Eaton va rapidement exploser aux yeux du grand public. Lors de sa première saison, il claque 275 contres (record de la franchise) et devient titulaire. Lors de sa deuxième saison, il joue tous les matchs, obtient le titre de meilleur contreur de la ligue et contribue à la première apparition en play-offs de l’histoire du Jazz. Lors de sa troisième saison, Eaton est élu meilleur défenseur de la ligue avec une moyenne colossale de 5,56 contres par match. Plus personne ne remet en cause ses qualités sportives. La suite de sa carrière sera dans la même veine : au total, Eaton accumulera deux titres de meilleur défenseur de la ligue, quatre titres de meilleur contreur de la ligue et cinq apparitions dans l’un des cinq défensifs majeurs de la NBA. Il sera également une fois All-Star, en 1989, chose extrêmement rare pour un joueur non choisi dans les trois premiers tours de la draft.

Après onze ans de carrière, des blessures au dos et aux genoux ont raison de la volonté d’Eaton. Il prend une retraite méritée et deviendra un temps président de l’association des anciens joueurs de la NBA. Il travaille aujourd’hui en tant que commentateur et conférencier. Son numéro 53 a été retiré par Utah en 1996.


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Rik Smits (2,24 m). Les Néerlandais ont la taille moyenne la plus haute au monde. Pas étonnant, donc, d’en retrouver un dans cette liste de « grands », même s’ils n’ont été que cinq à fouler un jour les paquets NBA. Adolescent, Smits a du mal à trouver des chaussures à sa taille ; ses souliers trop serrés endommagent sérieusement les nerfs de ses pieds, qui seront source de douleurs toute sa vie. À dix-huit ans, Smits quitte sa ville natale d’Eindhoven pour rejoindre l’université de Marist, à New York. Quatre ans plus tard, il est sélectionné en deuxième position à la (faible) draft de 1988.

Les Pacers pensent faire de Smits la doublure de Steve Stipanovich, mais ce dernier se blesse gravement et doit mettre fin à sa carrière. Smits joue donc 71 matchs dès sa première saison, pour une très bonne moyenne de 11,7 points et 6,1 rebonds par match. Aussi doué défensivement qu’offensivement, il devient l’un des piliers de l’équipe, même s’il lui faudra plusieurs années pour s’affirmer comme leader. Adoré par le public, c’est en play-offs que Smits réalise ses meilleures performances. Il deviendra même All-Star, en 1998, mais devra mettre un terme à sa carrière en 2000, ses pieds le faisant trop souffrir. Aujourd’hui, Smits collectionne des motos de course et joue au basket-ball en ligue amateur en Indiana.


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Ralph Sampson (2,24 m). Si l’on s’intéresse de près à la carrière de Ralph Sampson, on peut légitimement se dire qu’il a été un grand joueur. Légende de la NCAA, quatre fois All-Star, élu au sein du Hall of Fame en 2012, Sampson était un formidable rebondeur et un solide contreur. Il a formé l’un des meilleurs duos d’intérieurs de l’histoire du basket avec Hakeem Olajuwon. En 1986, il a envoyé les Rockets en finale au Match 5 contre les Lakers sur un panier miraculeux, l’un des plus grands moments de l’histoire des play-offs. Sa moyenne en carrière est très bonne : 15,4 points, 8,8 rebonds et 2,4 passes décisives. Et pourtant, quel dommage quand on pense à ce qu’il aurait pu devenir ! Ralph Sampson est en effet l’un des plus gros gâchis de l’histoire du basket. Si vous vous demandez pourquoi, lisez cet article.


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Priest Lauderdale (2,24 m). Curieuse trajectoire que celle de Priest Lauderdale. De façon naturelle, sa taille et sa carrure le destinent au basket. Il commence sa carrière universitaire en 1993, à Central State (Ohio). Lors de sa première saison, il affiche une moyenne impressionnante de 20,1 points et 10,2 rebonds de moyenne. Puis, de façon incompréhensible, il disparaît l’année suivante. Il semble être retourné dans une université de l’Illinois, son État natal, mais sans intégrer une équipe de basket. Pourquoi ? On ne le sait pas. Lauderdale revient au sport en 1995 ; il part part jouer en Grèce, avant de se présenter à la draft l’année suivante, avec l’espoir d’être choisi par les Bulls, la franchise de sa ville natale.

Lauderdale est choisi en 28ème position de la draft par les Sonics et envoyé aux Hawks dans le cadre d’un trade. Les Hawks pensent faire de lui un solide remplaçant, capable de suppléer Dikembe Mutombo en sortie de banc. De fait, la première saison de Lauderdale est tout à fait correcte : malgré un pourcentage de réussite aux lancers francs horrible (56 %), il joue 35 matchs et parvient à atteindre une moyenne de 3,2 points et 1,2 rebonds en 5 petites minutes de temps de jeu (et 55 % de réussite au tir). Malheureusement, le pivot est envoyé dès l’année suivante aux pitoyables Denver Nuggets. L’équipe est en difficulté et Lauderdale coule avec elle. Son temps de jeu et ses moyennes augmentent, mais son pourcentage de réussite au tir tombe à 41 % et son pourcentage de réussite au lancer franc est toujours aussi mauvais (55 %).

En 2000, Portland donne sa chance à Lauderdale lors d’un camp d’entraînement, mais celui-ci ne la saisit pas. Il part en D-League et joue les globe-trotters, passant par le Venezuela, Chypre, la Bulgarie (pays dont il prendra la nationalité), l’Arabie Saoudite, la Chine, l’Iran, et les Émirats Arabes Unis. Il terminera sa carrière sur une escapade au Liban, qui tournera court après la disparition du club suite à des problèmes financiers. Lauderdale consacre aujourd’hui son temps à aider les jeunes en difficulté.


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Boban Marjanović (2,22 m). Fraîchement arrivé en NBA (il a rejoint les Spurs en 2015), Marjanovic mesurait déjà 2,09 m à 14 ans. Il commence sa carrière à 18 ans dans le championnat professionnel serbe, et joue en Russie et en Lituanie. Bon shooteur, doté d’une grosse présence physique, il brille en Euroligue et accumule les distinctions : meilleur rebondeur du championnat serbe en 2012-2013, nommé dans le meilleur cinq de la Ligue adriatique en 2013-2014, record du nombre de rebonds et de doubles-doubles sur une saison en 2014-2015. Ses performances lors de sa dernière saison avec l’Étoile rouge de Belgrade sont impressionnantes, et la NBA s’intéresse à lui.

Le 10 juillet 2015, Marjanovic signe chez les Spurs de San Antonio pour un an. Il s’adapte rapidement, apporte points et rebonds en sortie de banc et devient l’un des chouchous du public de San Antonio. La saison suivante, Marjanovic devient agent libre et les Pistons lui proposent un contrat. En difficulté avec leur masse salariale, les Spurs n’ont pas les moyens de s’aligner sur l’offre et doivent laisser partir leur pivot, qui évolue donc en ce moment aux Detroit Pistons.


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Peter John Ramos (2,22 m). S’il n’a pas brillé en NBA, Peter John Ramos a quand même fait un joli parcours dans son sport. Son père quitte le foyer familial alors qu’il n’a que cinq ans, poussant la famille à s’installer à New York. L’adolescence de Peter est difficile ; sa taille exceptionnelle fait de lui l’objet de multiples moqueries. En 1999, Ramos a quatorze ans et mesure déjà 2,13 m. Il travaille dans un magasin de vêtements et n’a jamais sérieusement pratiqué le basket. Un jour, un ancien joueur de basket portoricain, Santiago Gotay, entre dans la boutique et remarque ce garçon à la taille démesurée. Apprenant que Ramos est natif de Porto Rico, Gotay contacte le propriétaire du club Criollos de Caguas, qui se déplace jusqu’à New York pour faire signer un contrat au jeune homme alors qu’il ne l’a encore jamais vu jouer !

Ramos part étudier à Porto Rico et apprend les fondamentaux du basket, tout en continuant à prendre des centimètres. Avec son lycée, il remporte par deux fois le championnat national et entre dans la ligue portoricaine de basket professionnel. Il progresse rapidement et intègre l’équipe nationale de Porto Rico dès 2003. En avril de l’année suivante, Ramos annonce qu’il se présente à la draft NBA, ajoutant qu’il se retirerait s’il n’était pas choisi parmi les quinze premiers. Il est sélectionné en 32ème position, au deuxième tour, par les Washington Wizards.

Ramos n’a pas assisté à sa sélection. Déçu de lui-même, il a quitté la cérémonie dès la fin du premier tour. Après une bonne performance aux Jeux d’Athènes (il fait partie de l’équipe portoricaine qui a vaincu les États-Unis), Ramos décide tout de même de saisir l’opportunité et de rejoindre les Wizards. Hélas, il est trop jeune et fait le grand saut bien trop tôt. Il passe l’essentiel de sa première saison en réserve, ne disputant que six matchs pour cinq paniers et onze points marqués. L’année suivante, Ramos passe en D-League et ne sera rappelé qu’une seule fois par les Wizards pour rejoindre l’effectif. Il sera coupé quelques mois plus tard, avant le début de la saison 2006-2007. Ramos continuera sa carrière un peu partout dans le monde, passant par l’Europe et l’Asie, avant de revenir dans le championnat portoricain où il joue toujours aujourd’hui.

Suite et fin ici.


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Very big men : histoires de géants (1/3)

 Height Difference: 28 inches

Les deux extrêmes : Manute Bol (2,31 m) et Muggy Bogues (1,60 m).

En NBA, on désigne sous le nom de big man tout joueur dépassant les 2,15 m. Avoir de la taille sous les panneaux est un élément fondamental pour une équipe cherchant à remporter un titre. Peu en vue avant les années 90, les big men sont aujourd’hui très présents en NBA ; la mondialisation du basket et les nouvelles technologies permettent aux recruteurs de prospecter plus facilement à l’étranger pour dénicher des joueurs de grande taille. À l’heure actuelle, vingt-cinq joueurs ayant foulé les parquets NBA avaient une taille supérieure à 2,20 m, ce qui est plutôt remarquable sachant à quel point les hommes de plus de 2,15 m sont rares. Les trajectoires de ces vingt-cinq joueurs ont été très différentes. Le but de cet article n’est pas de se concentrer sur leurs performances seules, mais aussi sur leurs vies. Des vies bien souvent à l’image de leur physique : hors du commun.

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Hors-concours : Yasutaka Okayama (2,34 m). Sélectionné par les Warriors en toute fin de draft 1981 (10ème choix du huitième tour, 171ème choix), Okayama n’a jamais foulé les parquets NBA. Ceinture noire de judo, il commence le basket à 18 ans à la faculté de commerce d’Osaka et joue un an et demi à l’université de Portland dans le cadre d’un échange étudiant, sans jamais apparaître en match officiel. Les Warriors veulent le tester, mais Okayama décline l’invitation et repart au Japon. Il signe avec le club de Sumitomo Metal Industries et représentera son pays au niveau international entre 1979 et 1986. Aujourd’hui, Okayama travaille toujours chez Sumitomo Metal Industries et officie également en tant qu’entraîneur de basket. Il reste à ce jour le joueur le plus grand jamais drafté en NBA.

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Le classement

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Gheorghe Mureșan (2,31 m). Le plus grand joueur – en taille – de l’histoire de la NBA, c’est lui. Gheorghe Muresan est né en Roumanie dans la province de Cluj ; atteint d’une tumeur à l’hypophyse, il souffre de gigantisme dès son plus jeune âge. La famille Muresan est pauvre et n’a pas les moyens de payer l’opération nécessaire pour stopper la folle croissance de Gheorghe. Celui-ci grandit donc avec sa maladie, au propre comme au figuré. À 14 ans, le jeune homme va se faire examiner les dents à Cluj ; il mesure alors 2,05 m, une taille exceptionnelle pour son âge. Frappé par ses mensurations, le dentiste passe un appel à l’entraîneur de l’équipe nationale roumaine de basket. Muresan reste à Cluj et intègre l’équipe.

En 1991, alors qu’il a 20 ans et mesure 2,31 m, plusieurs facultés américaines proposent à Muresan des bourses universitaires. Celui-ci refuse : il veut gagner de l’argent pour aider les siens. Il s’engage avec Pau-Orthez, champion de France en titre. Le niveau de jeu est supérieur à tout ce que Gheorghe a connu jusqu’alors et le choc est rude : lent, lourd, voûté, le géant roumain ne sait pas comment se déplacer sur un parquet. Il progresse lentement, aidé par son entraîneur Michel Gomez qui lui fait travailler des exercices inédits, comme sauter sur un trampoline ! Petit à petit, Muresan devient un joueur complet, habile de ses mains et doté d’un joli tir. Son salaire lui permet d’acheter à ses parents une nouvelle maison ; pour la première fois, les Muresan ont l’électricité.

Gheorghe s’inscrit à la draft NBA de 1993. Retenu par les Bullets en 30ème position, le géant roumain fera une belle carrière et gagnera sa place de titulaire à Washington, remportant au passage le titre de joueur ayant le plus progressé en 1996. Figure très populaire, il tournera dans des publicités et donnera la réplique de manière plutôt convaincante à Billy Crystal dans le film Le Géant et moi. Malheureusement, son corps hors norme ne supportera pas longtemps le rythme effréné de la NBA et Muresan prendra sa retraite à seulement 29 ans, perclus de blessures. Il vit aujourd’hui à Franklin Lakes, dans le New Jersey, avec son épouse Liliana et ses enfants Gheorghe Junior et Victor.


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Manute Bol (2,31 m). Les mensurations de Bol ont probablement été uniques en leur genre. Plus petit de quatre millimètres que Muresan, il affichait une envergure de 2,59 m (la plus grande de l’histoire de la NBA), pouvait saisir des objets situés à 3,18 m de hauteur et avait des membres d’une taille exceptionnelle.

Bol est né en 1962 à Turalei (Soudan du Sud), une ville située à environ 600 kilomètres de Khartoum. Il est issu de l’ethnie Dinka, l’un des peuples les plus grands d’Afrique : selon les dires de Manute, sa mère avait atteint la taille de 2,08 m, son père et sa sœur mesuraient 2,03 m, et son arrière-grand-père… 2,39 m ! Adolescent, Bol est berger d’un troupeau de chèvres au sein de sa tribu. Le basket, il ne connaît pas. L’un de ses cousins lui propose d’aller en ville et de s’essayer au sport. Bol est repéré par Don Feeley, coach universitaire américain, qui entrevoit immédiatement ses possibilités. L’entraîneur convainc Bol de venir aux États-Unis pour rejoindre son équipe de Cleveland State. Et Manute s’envole vers l’Amérique du Nord.

L’apprentissage est difficile : le jeune soudanais a l’impression d’arriver dans une autre galaxie. Il ne connaît ni l’anglais, ni la culture américaine, et ses aptitudes sportives restent limitées : lors de sa première tentative de dunk, il se casse deux dents en se fracassant sur l’arceau ! Mais sa taille exceptionnelle attire les gens et lui ouvre toutes les portes. Drafté dès 1983 au cinquième tour par les Clippers, Bol est déclaré inéligible et doit évoluer dans une équipe universitaire de faible niveau. Il se présente de lui-même à la draft NBA de 1985, désireux de gagner de l’argent pour aider sa sœur, restée au Soudan. Les Bullets le sélectionnent en 31ème position.

C’est le début d’une magnifique carrière de douze ans et l’avènement d’un rempart défensif exceptionnel : deux fois meilleur contreur de la NBA, Bol comptera en neuf ans de carrière plus de contres que de points marqués ! En dehors du terrain, il aura également largement contribué à aider son pays d’origine pris dans une guerre civile, en versant près de 3,5 millions de dollars pour financer les rebelles, soit la quasi-totalité de ses gains lors de sa première saison avec les Bullets. À la fin de sa carrière, Manute continuera à mobiliser les consciences et à s’impliquer pour l’éducation au Soudan. Il mourra le 19 juin 2010, à 47 ans, des suites de graves problèmes rénaux et d’une maladie orpheline incurable, le syndrome de Stevens-Johnson. Il sera enterré deux semaines plus tard dans sa ville natale, selon les rites Dinkas.


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Slavko Vraneš (2,30 m). Difficile de connaître sa taille exacte avec certitude. Mesuré en NBA à 2,26 m, il semble par la suite avoir atteint les 2,30 m, mais son profil Euroligue mentionne 2,29 m… Contrairement à Bol et Muresan, la carrière du pivot monténégrin sera marquée par une constante qui l’empêchera de progresser tout au long de sa carrière : des difficultés d’adaptation. Après avoir commencé le basket chez les serbes du KK Železnik, il signe dans deux clubs turcs avant de retourner au Monténégro. Attirés par sa taille, les Knicks le draftent en 2003 à la 39ème position. Encore une fois, Vranes ne s’adapte pas ; en dépit d’une agilité et d’une rapidité appréciable pour un joueur de sa taille et de son poids, son jeu au poste bas est calamiteux et ses mensurations sont un handicap plus qu’un atout. Voyant son incapacité à progresser, les Knicks le renvoient en décembre 2003, sans lui faire disputer un match.

En janvier 2004, Portland récupère Vranes pour un contrat de dix jours. Il jouera 3 minutes en tout et pour tout contre les Timberwolves, le temps de commettre une faute et de manquer un tir. Pas convaincus, les Blazers ne renouvellent pas le contrat du pivot qui termine la saison à l’Étoile rouge de Belgrade. Par la suite, Vranes voyagera de club en club, ne restant jamais plus d’un an au même endroit. Il joue actuellement en Iran, à Téhéran.


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Shawn Bradley (2,29 m). Dans le monde de la NBA, Shawn Bradley est surtout connu comme le joueur s’étant fait dunker dessus par le plus grand nombre d’adversaires différents, ce qui fait de lui l’objet d’innombrables moqueries. Pourtant, on oublie trop vite que Bradley a été un très bon joueur, excellent défenseur, et à la carrière plus que correcte.

Né en Allemagne, Shawn grandit en Utah dans une famille de mormons. Ses performances avec l’équipe de basket de son lycée sont telles qu’un grand nombre d’universités se battent pour le recruter. Bradley choisit de rester dans l’Utah et rejoint l’université de Brigham (BYU). Sa première année est fantastique, avec des performances défensives hors du commun (5,2 contres par match !), mais à la surprise générale, Shawn quitte l’université pour partir en mission. Il passe deux ans en Australie au sein d’une communauté mormone (un épisode auquel il fera allusion dans le film Space Jam). À son retour, Bradley choisit de ne pas retourner à l’université et se présente à la draft NBA de 1993.

En raison de sa taille et de ses performances passées, Shawn est choisi en deuxième position par Philadelphie, un choix très discuté qui donnera malheureusement raison aux détracteurs : Bradley manque de dureté physique, commet beaucoup de fautes, et ses capacités offensives sont très limitées. Il fera malgré tout une bonne carrière, marquée par 14 saisons en NBA et un titre de meilleur contreur de la NBA en 2001. Une année prolifique pour Bradley, puisqu’il rempotera également une médaille de bronze au championnat d’Europe de 2001 avec son pays de naissance, l’Allemagne.

Après sa carrière, Bradley fera une brève expérience politique en tentant de devenir député de son État ; il échouera très honorablement. Il vit à l’heure actuelle en Utah avec sa femme Annette et ses six enfants, dont les prénoms commencent tous par la lettre « C ».


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Yao Ming (2,29 m). Le 4 avril 2016, Yao est entré au Hall of Fame de la NBA, devenant le plus grand joueur en taille à faire partie de ce cercle très fermé. Une juste récompense pour celui qui a été l’un des meilleurs pivots des années 2000. Yao Ming est né à Shanghai en 1980 ; sa taille exceptionnelle semble être le fruit d’un riche héritage génétique : sa mère mesure 1,91 m, et son père fait 2,08 m. Les parents de Yao étant tous les deux basketteurs professionnels, le destin du jeune homme est tout tracé. Une rumeur persistante prétend d’ailleurs que l’union des deux géniteurs a été arrangée par le Parti communiste chinois, chose qui n’a jamais été confirmée.

Yao intègre le championnat professionnel chinois à l’âge de 17 ans ; cinq ans plus tard, il domine ses adversaires de la tête et des épaules. Il est mûr pour la NBA, mais la Chine n’est pas prête à laisser filer sa perle rare aussi facilement. Une équipe de conseillers est montée pour que Yao puisse être éligible et éviter que le gouvernement refuse de le faire venir. La fédération chinoise pose deux conditions : que Yao soit toujours à disposition de l’équipe nationale et que les Houston Rockets le prennent en premier choix de draft. Les conditions sont acceptées et Yao devient le premier joueur international à être choisi en première position à la draft sans avoir joué à l’université.

L’arrivée de Yao est beaucoup commentée dans les médias ; depuis son poste de commentateur, Charles Barkley promet d’embrasser les fesses de son collègue Kenny Smith si le pivot marque 19 points en un seul match. Yao marque 20 points contre les Lakers moins de trois semaines après le début de saison, et Barkley respecte son pari en embrassant les fesses d’un âne acheté par Kenny Smith (« ass » pouvant désigner en anglais aussi bien les fesses que l’animal à grandes oreilles). En neuf ans de carrière avec les Rockets, Yao affichera une moyenne de 19,0 points, 9,2 rebonds et 1,9 contres en 486 matchs. Il sera aussi huit fois All-Star grâce à ses compatriotes, qui voteront massivement pour sa sélection chaque année.

Comme pour les autres géants, le corps de Yao finira par le lâcher. Il prendra sa retraite après la saison 2011 suite à des blessures récurrentes à la cheville et aux pieds. Depuis, Yao s’investit socialement dans diverses causes et se consacre à sa femme, la basketteuse Ye Li, et à sa fille Amy (Yao Qinlei), née à Houston en 2010.


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Sim Bhullar (2,26 m). Plus que par sa taille, c’est par ses origines que Gursimran « Sim » Bhullar a marqué la NBA : il restera à jamais le premier joueur d’origine indienne à y avoir évolué. Né au Canada de deux parents Indiens, Bhullar impressionne dans ses années lycée par son physique imposant. Auteur de bonnes performances (16 points, 14 rebonds et 8 contres de moyenne en 2009-2010), il s’entraîne dur pour améliorer sa condition physique, passant de 166 à 150 kg. Il s’engage avec l’université de New Mexico State et se présente à la draft 2014, après seulement deux années et des performances correctes. Sim n’est pas retenu, mais la franchise de Sacramento l’engage pour disputer la Summer League et l’envoie en D-League aux Reno Bighorns.

La NBA semble très loin pour Gursimran lorsque le destin vient s’en mêler. Le propriétaire indien des Kings, Vivek Ranadive, veut développer la popularité du basket-ball dans son pays d’origine. N’ayant plus rien à jouer en fin de saison régulière, l’équipe californienne offre à Bhullar un contrat de dix jours. Le joueur effectue ses débuts le 7 avril 2015, en rentrant lors des 16 dernières secondes de jeu face à Minnesota. La nuit suivante, il joue une minute et 22 secondes de garbage time contre Utah et marque un panier.

« Sim » jouera encore une minute le 10 avril contre Oklahoma avant d’être coupé par les Kings. Il est trop lent et son jeu n’est clairement pas au niveau. Bhullar retrouvera les Kings lors de la Summer League 2015, mais jouera peu et n’intégrera pas l’effectif. Il évolue aujourd’hui dans le championnat taïwanais.


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Chuck Nevitt (2,26 m). Douzième homme par excellence, Chuck Nevitt est le plus grand joueur en taille à avoir gagné un championnat (avec les Lakers en 1985). Durant sa  carrière, il a alterné les passages en ligue mineure avec des contrats de courte durée, pour des statistiques en carrière de 1,6 points, 1,5 rebonds et 0,7 contres en 155 matchs. Il travaille aujourd’hui en tant qu’ingénieur dans une compagnie où peu de gens connaissent son passé. Un portrait plus élaboré de ce joueur discret et attachant est disponible ici.


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Pavel Podkolzin (2,26 m). On en a déjà parlé : au milieu des années 2000, la NBA avait été contaminée par l’effet Nowitzki et tout le monde prospectait l’Europe dans l’espoir de trouver la nouvelle star venue d’outre-Atlantique. Pavel Podkolzin, pivot sibérien de 18 ans culminant à 2,26 m, a rapidement été repéré. Déjà professionnel (il évolue à Varèse, dans le championnat italien), sa taille, ses capacités au rebond et sa puissance le font pressentir comme un futur choix de haut de tableau. En 2003, devenu éligible, Podkolzin pense se présenter à la draft, mais un test physique de routine avec Chicago lui apprend qu’il souffre d’acromégalie, un dérèglement de la glande pituitaire responsable de sa grande taille. Bien qu’une opération simple puisse le soigner sans conséquences à long terme sur sa santé ou sa carrière, Podkolzin se retire de la draft 2003.

Lorsque Podkolzin s’inscrit à la draft l’année suivante, sa cote est en forte baisse ; il faut dire que ses performances avec Varèse (2,6 points et 2,3 rebonds de moyenne en 22 matchs) sont loin d’être prometteuses. Le géant russe est sélectionné en 21ème position par Utah et est immédiatement transféré à Dallas contre un futur choix de premier tour de la draft 2005. Après une Summer League catastrophique (6 rebonds en deux matchs pour 14 minutes de jeu), Podkolzin ne jouera que cinq matchs lors de sa saison rookie et un seul l’année suivante. Il sera définitivement coupé en août 2006. Revenu en Russie, il passe de club en club et est actuellement remplaçant au PSK Sakhalin. Ses statistiques NBA ? 0,7 points, 1,5 rebonds et 0,1 contres en 6 matchs.

La suite, c’est par ici.


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