Éloge du Douzième Homme

« Grantland.com » était un site internet journalistique sur lequel étaient publiés des articles consacrés essentiellement au sport. Il a fermé définitivement ses portes le 30 octobre 2015. Quelques-uns de ses articles et portraits consacrés à la NBA (traduits en français) sont repris sur ce site. Les droits sur les textes, bien entendu, appartiennent à leurs auteurs.

Chuck-Nevitt

De l’importance du géant moustachu assis en bout de banc

par HOWIE KAHN, le 20 février 2013

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J’ai tenté de joindre Chuck Nevitt à son domicile. Personne n’a répondu. J’ai laissé un message. Personne ne m’a rappelé. L’Association des Joueurs Retraités de la NBA ne disposait pas de coordonnées qui m’auraient permis de contacter l’ancien pivot de 2,26 m. Pas plus que North Carolina State, l’université avec laquelle Nevitt marquait trois points par match avant d’obtenir son diplôme en 1982. Keith Glass, son ancien agent, qui s’était occupé de nombreux douzièmes hommes dans les années 80, n’était plus en relation avec lui. Les Lakers – l’une des six équipes par lesquelles Nevitt était passé et avec laquelle il avait remporté un titre en 1985 – non plus. J’ai essayé de deviner l’adresse électronique professionnelle de Nevitt, en envoyant des messages à plusieurs combinaisons de nom et de domaine. J’espérais que l’un d’entre eux (cnevitt@…, chuckn@…, c.nevitt@…) ouvre la porte à un dialogue instructif sur la vie à l’extrémité du banc. Tous mes messages sont partis, mais je n’ai eu aucun retour. Mon post sur Facebook est resté sans réponse. Et je n’allais pas aller jusqu’à devenir ami.

Pourquoi voulais-je à tout prix retrouver un ancien joueur uniquement connu pour sa taille immense et son temps de jeu très faible ? Tout ce qu’il y avait à dire sur Nevitt avait été écrit depuis longtemps. Steve Wulf, du magazine Sports Illustrated, l’avait fait dans une minuscule colonne, en 1989 ; Nevitt évoluait alors en NBA depuis déjà huit ans. En 2011, il est réapparu dans « SI » ; il était cité dans un encadré dont le sujet portait sur les joueurs de plus de 2,13 m. On le décrivait comme étant « d’une gentillesse extrême » et on pouvait aussi lire une citation de son cru, qui donnait l’impression qu’il avait définitivement coupé les ponts avec le basket-ball et que le fait d’être douzième homme en NBA était une raison suffisante pour traverser les cinq étapes du deuil décrits la psychiatre Elisabeth Kübler-Ross. « Mon travail consistait à préparer les autres joueurs, déclare Nevitt. Et ça me convenait très bien. » De toute évidence, Chuck avait atteint la cinquième et dernière étape du cycle de Kübler-Ross : l’acceptation.

Quand j’ai abordé le sujet de cet article avec l’entraîneur des Dallas Mavericks, Rick Carlisle, celui-ci m’a bien fait comprendre que pour lui, mes efforts étaient inutiles. Je lui avais demandé s’il pouvait me parler de sa propre expérience en bout de banc, quand il jouait avec les Celtics au milieu des années 80. Carlisle m’a rappelé d’un fast-food de Los Angeles au mois de décembre, juste avant un match contre les Clippers. « Je ne sais pas trop comment vous allez vendre ça, vu que ça n’intéresse personne, mais je serais heureux de vous accorder quelques minutes », m’a-t-il déclaré. Il a ensuite décrit son ancien coéquipier Greg Kite, un douzième homme dur au mal qui savait admirablement jouer des coudes : « Il avait un jeu très physique. C’était un excellent poseur d’écran, et il était très bon en défense et en aide. » C’était exactement ce que je souhaitais entendre. D’habitude, personne ne disait rien de positif sur Kite, et voilà que Carlisle le décrivait comme un atout formidable. « Greg savait y faire sous le panier », a-t-il conclu avant de retourner à son hamburger. Je voulais entendre la même chose sur Nevitt. De modestes louanges. Un peu d’histoire révisionniste. Un moment de gloire.

« Tout le monde dénigrait Chuck, confie Keith Glass. Chuck avait du talent. Il avait du toucher et le sens du jeu. C’était un bon joueur. En m’entendant parler, j’ai l’impression d’être encore son agent. Mais ce n’est plus le cas, et donc, je le dis comme je le pense : Chuck avait vraiment sa place en NBA. » Ce qui paraît évident si l’on regarde le seul clip de YouTube qui met Nevitt en lumière.

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La scène se passe le 22 mai 1985, lors du cinquième match des Finales de la Conférence Ouest. Nevitt, qui avait déjà été remercié trois fois en trois saisons, avait signé au mois de mars avec les Lakers pour remplacer Jamaal Wilkes, blessé. Avant les play-offs, Nevitt avait joué 11 matchs pour un total de 59 minutes de jeu, 15 contres et 12 points marqués. C’était la deuxième fois qu’il intégrait l’équipe – les Lakers l’avaient fait signer en septembre avant de le libérer en novembre, peu après le début de saison. À ce moment-là, bien qu’il ne fasse plus partie de l’équipe, Nevitt travaillait encore avec les Lakers. Glass avait négocié un arrangement exceptionnel avec le directeur général Jerry West : « Chuck devait vendre des billets pour les matchs. En échange, il avait le droit de s’entraîner avec l’équipe, de travailler ses mouvements au poste avec Kareem, et si quelque chose arrivait à un de leurs joueurs, les Lakers le feraient signer. » Nevitt vendit ses billets, en opérant parfois dans le centre commercial voisin, s’entraîna, et auditionna pour un rôle dans la comédie À fond la fac, à la demande de Rodney Dangerfield. Son personnage travaillait dans un « Tall and Fat », l’un des magasins de vêtements appartenant à Thornton Melon, le héros du film joué par Dangerfield. Pour Nevitt, le rôle était taillé sur mesure : après avoir été coupé par les Rockets en 1983, il avait effectué un travail similaire chez King Size Company, un magasin spécialisé pour personnes de grande taille dans la région de Houston. Malheureusement, il n’a pas été retenu.

Brent Musburger et Hubie Brown commentaient le match pour CBS. La star des Nuggets, Alex English, s’était cassé le pouce droit quelques jours auparavant ; en son absence, l’équipe de Denver, vêtue de son maillot arc-en-ciel aux motifs en mosaïque, se fit massacrer 153-109. Quand Nevitt se prépara à entrer en jeu, les Lakers menaient de 30 points. Le Forum se mit à gronder et l’homme qui était assis à l’extrémité du banc – le plus grand en taille de toute la NBA – retira son survêtement or à manches courtes et trotta sur le terrain.

La moustache de Nevitt semblait fraîchement peignée. Ses chaussettes blanches étaient remontées bien au-dessus de ses chevilles et son short révélait largement ses cuisses. Musburger glissa une remarque sur les encouragements de la foule et la taille de Nevitt. « Deux mètres vingt-siiiix », proclama-t-il avec emphase, comme le bateleur d’une foire aux monstres. Brown surenchérit en disant que Nevitt avait toujours été trop frêle. « Ils lui ont fait suivre un programme de musculation poussé. Il a pris onze kilos. Ça ne se voit pas, mais il a pris onze kilos. »

Sur le terrain, Nevitt paraissait extrêmement fragile et légèrement perdu. Il partit dans un sens jusqu’à ce que son coéquipier Mitch Kupchak le corrige, l’envoyant dans l’autre. Nevitt disparut ensuite dans la zone arrière pendant que Fat Lever tirait deux lancers francs. Brown continua son analyse : « Il travaille très dur à l’entraînement. Et comme l’a confié Pat Riley : Nous avons besoin d’un douzième homme. À choisir, pourquoi ne pas essayer de faire progresser quelqu’un ? La taille est un don unique. Pourquoi ne pas choisir un jeune joueur motivé comme lui ? »

Quelques secondes plus tard, Nevitt se retrouva sur la droite au poste bas. Dos au panier, il baissa l’épaule et tenta le plus long et le plus indolent des bras-roulés. La balle jaillit de ses doigts et s’éleva, pour retomber sur le bord du panier. Mais Nevitt s’empara du rebond, fit une feinte de tir, et claqua un dunk à une main en levant à peine les pieds du sol. Il paraissait très agile et très athlétique – une démonstration d’instinct et de talent. Brown ponctua l’action par un « Ohhhhh yessss » et sa voix tressaillit de joie, comme si un dunk effectué par un joueur de basket professionnel de 2,26 m était quelque chose de surprenant. Peu de temps après, Nevitt marqua un tir un suspension d’école en se retournant près de la ligne de fond et revint aussitôt en défense, comme s’il s’agissait d’une action de routine. Musburger et Brown n’avaient plus rien à dire. Dans ce court extrait vidéo, Chuck Nevitt avait marqué quatre points.

Quatre superbes points.

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Pendant que je faisais des recherches sur les allées et venues de Nevitt, j’ai reçu un courriel d’un ancien douzième homme dont je ne révélerai pas le nom. Je vous dirai seulement qu’il a joué à peu près en même temps que Nevitt, du début des années 80 au début des années 90, quand la NBA a vraiment commencé à devenir populaire, quand Magic, Bird et Jordan ont transformé le basket pour de bon, et quand les enfants ont commencé à vouloir se procurer des affiches de Xavier McDaniel promenant un Doberman aux yeux fous couleur émeraude à travers une épaisse fumée. Pour les joueurs en bout de banc, c’était la grande époque. Pas d’un point de vue sportif ou commercial, mais le dévouement dont faisaient preuve une pléiade régulière de joueurs volontaires et pleins d’espoir, en restant à leur place année après année, était admirable. « Ils faisaient la fierté de la ligue, indique Glass, qui était aussi l’agent de Greg Kite, Ed Nealy et Stuart Gray. Et je n’exagère pas. Cela avait bien plus de valeur que de faire partie des meilleurs joueurs du monde, car s’ils étaient très loin de ce statut, personne ne travaillait aussi dur qu’eux. »

Chuck Nevitt et sa cohorte de géants ont inauguré l’âge d’or du douzième homme. Leur talent, bien entendu, était très inférieur à leur longévité. Ils ont été congédiés. On les a faits signer. On les a appelés. On les a libérés. Ils ont voyagé. Ils ont trouvé un autre emploi. Ils ont cherché du travail et continué à travailler. « Les douzièmes hommes ne restent plus dans la ligue comme ils le faisaient à l’époque, explique Glass. Ils partent en Europe. Ils jouent davantage, et leurs agents gagnent plus. » En résumé, ils disparaissent totalement de la circulation.

« Pardonnez-moi de ne pas vous avoir répondu plus tôt, m’a écrit mon douzième homme anonyme à quatre heures du matin, le jour de Noël. Pour être franc, je ne savais pas trop comment réagir. Une partie de moi a envie de vous parler et de partager mon expérience avec vous, mais une autre partie de moi souhaite ne pas aborder cette période de mon passé. Je vous souhaite de bonnes vacances. » Je me demandai si Nevitt éprouvait la même ambivalence. Son silence pouvait refléter une certaine douleur. L’une des histoires que j’avais lues, publiée dans le Charlotte Observer cinq ans après le dernier match de Nevitt en NBA, mentionnait que le joueur était atteint de dépression. Sa carrière terminée, il avait éprouvé un sentiment d’inutilité profonde et une énorme frustration. J’espérai soudain que je ne l’avais pas fait replonger.

Rien n’est facile quand on est douzième homme. Comme l’a dit un jour l’ancien directeur général du Jazz, Frank Layden : « Même Jésus a eu des problèmes avec lui ». En 1977, les propriétaires de la ligue décidèrent de réduire la taille des effectifs en NBA à 11 joueurs par équipe. L’idée de verser un salaire de 60 000 $ à un joueur qui passait moins de quatre minutes par match en moyenne sur le parquet leur paraissait inutile. Les propriétaires, dans une ligue déjà aux prises avec des difficultés financières, soutinrent que les conventions collectives leur permettait cette suppression. L’Association des Joueurs de NBA répliqua en déposant une plainte auprès du Conseil national des relations de travail, dans l’espoir de bloquer le mouvement. Larry Fleisher, avocat général de l’Association des joueurs, déclara au Washington Post le 20 septembre 1977 : « Nous sommes persuadés que les équipes de la ligue devraient pouvoir disposer de douze joueurs. Vingt-deux emplois sont menacés. C’est la raison pour laquelle nous avons déposé une plainte pour infraction au Code du Travail. » Le 4 novembre, le célèbre médiateur Peter Seitz statua en faveur des propriétaires, mais les équipes obtinrent quand même la possibilité de garder un douzième homme si elles le souhaitaient, si bien qu’en 1982, lorsque Nevitt intégra la NBA, quinze des vingt-trois franchises de la ligue avaient douze joueurs sur le banc.

Le directeur général des Philadelphia 76ers, Pat Williams, a décrit au New York Times ce qu’il attendait de ses réservistes. « Ils doivent rester assis en silence. Personne ne veut voir au bord du terrain quelqu’un d’impatient ou de gênant. La plupart du temps, le douzième homme n’est pas un facteur décisif, mais il a un rôle et doit comprendre lequel. » Entre la théorie de la soumission de Williams et l’affirmation de Riley selon laquelle le douzième homme est facultatif (ce qui, espérons-le, ne veut pas dire inutile), il n’y a pas beaucoup de marge de manœuvre. Certains joueurs, comme l’ancienne star des Indiana Hoosiers Steve Alford, n’ont pas très bien vécu le concept d’adaptabilité. Alford, dont l’agent n’a pas répondu à mes multiples demandes d’interview, n’était pas satisfait de rester sur le banc à Dallas après avoir été drafté par les Mavericks et a réclamé plus de temps de jeu. Il n’est pas resté longtemps dans la ligue. C’était un arrière qui ne pouvait pas rendre les services habituels offerts par un douzième homme. Il était trop petit pour faire de bons écrans et bien trop peu efficace face aux big men de l’équipe adverse, dans une ligue qui s’était construite sur la taille de ses joueurs.

Scott_Hastings

« Je pensais faire une entrée fracassante en NBA. » Quand Scott Hastings a quitté l’Université de l’Arkansas en 1982, il était deuxième meilleur marqueur de l’histoire de l’école et a été drafté par les Knicks au deuxième tour. Il avait une coupe de cheveux typique de l’ère post-disco et un regard qui n’affichait que deux expressions : excité au plus haut point ou complètement endormi. Lors de sa deuxième saison, après avoir été transféré aux Atlanta Hawks contre Rory Sparrow et de l’argent, Hastings a réévalué ses attentes. Il s’est mis à poser des écrans. « Je me suis rendu compte que mon rôle sur le terrain consistait surtout à faire preuve de présence face aux joueurs adverses. » Quand Hastings a signé avec les Pistons en 1989, il avait pris du muscle grâce aux cours d’arts martiaux qu’il avait suivis à Atlanta sur la suggestion d’un entraîneur. Petit à petit, il s’était imposé physiquement. « J’ai l’impression d’avoir réussi à gagner ma place dans cette équipe », confie-t-il. Il correspondait parfaitement à la philosophie des « Bad Boys ». « Le troisième jour du camp d’entraînement, se souvient Hastings, Bill Laimbeer nous a emmenés dîner, David Greenwood et moi. Il s’est assis seul en tête de table, comme un Parrain de la Mafia, et nous a raconté comment les Pistons protégeaient leurs arrières. Il disait : Si quelqu’un s’en prend à un de nos arrières, on envoie un des leurs sur le banc. S’ils sortent un couteau, on sort un pistolet ; s’ils envoient un des nôtres à l’hosto, on en envoie un à la morgue. »

Cependant, gagner sa vie avec ses poings n’était pas sans conséquences. « Un jour, au Chicago Stadium, Jordan est monté défendre sur Joe [Dumars] au niveau de la ligne médiane. J’ai pris position et je l’ai flanqué par terre. » Dumars a profité de l’espace ouvert et marqué un tir en suspension facile. « Sur l’action suivante, raconte Hastings, « Jordan est venu chercher Joe en faisant pression tout terrain. Je me suis dit : Rebelote, je vais me payer Michael sur deux écrans d’affilée ! Juste avant d’arriver sur moi, il pivote et me balance un uppercut en plein dans les valseuses. » Hastings s’est effondré. Jordan a souri. « Et là, il m’a fait un clin d’œil. » Hastings fait une pause, se rappelant la douleur qu’il avait ressentie. « Je l’avais étendu sur l’action précédente, dit-il. Comment ai-je pu être stupide au point de penser qu’il n’allait pas être prêt la deuxième fois ? On m’a donné deux lancers francs. Je les ai marqués. On est passés à autre chose. »

Greg-Kite-et-Mitch-Kupchak-1985

Tout était une question de dignité et de fierté. Même le fait de recevoir un coup de poing d’une superstar conférait un statut. En 1983, lorsque Greg Kite, un pivot de 2,11 m sorti de BYU, a rejoint une équipe de Celtics avec un puissant secteur intérieur composé de Robert Parish, Larry Bird et Kevin McHale, il n’y avait que vingt-trois équipes dans la ligue. Comme les effectifs de quelques équipes s’arrêtaient à 11 joueurs, il y avait à peine 253 basketteurs professionnels en NBA. « Au début des années 80, il était plus difficile de constituer une équipe », explique Kite. Aujourd’hui, il y a 30 équipes, qui piochent parfois dans un réservoir allant jusqu’à quinze joueurs. Ce qui fait près de 200 joueurs NBA en activité. D’après Paul Mokeski, qui a joué en NBA pendant quinze ans pour cinq équipes différentes de de 1979 à 1991 et été douzième homme à Houston et Golden State, « un onzième ou douzième homme dans les années 80 serait aujourd’hui sixième ou septième homme, rien qu’à cause du nombre élevé de joueurs. Et un douzième homme en NBA aujourd’hui n’aurait probablement aucune chance d’intégrer une équipe à l’époque. »

Kite a fini par s’extirper de son rôle de douzième homme. Il a joué près de huit minutes par match en quatre ans à Boston. Mais comme son rôle se limitait à prendre des rebonds, faire des fautes, bloquer Charles Barkley sous le panier, et parce qu’il marquait rarement (« Je perdais toujours le ballon, je n’arrivais jamais à me relâcher suffisamment pour le contrôler »), Kite était régulièrement décrié par la presse, par les fans, et par Magic Johnson. Après le premier match de la finale NBA 1985, qui s’est achevé par une large victoire des Celtics 148 à 114, Johnson a déclaré au Los Angeles Times : « Quand vous voyez Greg Kite marquer des bras-roulés de la main gauche, il est clair que quelque chose ne va pas. »

Deux ans plus tard, Kite est arrivé en finale avec Boston pour la quatrième fois en quatre ans (et avec déjà deux titres en poche). Après le troisième match d’une série très attendue, Bob Rubin a écrit dans le Miami Herald une colonne de 815 mots intitulée : « En 22 minutes, la risée devient héros ». Dans celle-ci, il faisait valoir que Greg Kite était peut-être le joueur capable d’influencer un match le plus maladroit de l’histoire de basketball. En voici le début :

Oyez le bruit des os qui se brisent, et des poubelles qui se renversent. Avancez lourdement vers le podium au son du Chœur des Enclumes, et renversez-le. Nous allons célébrer la Laideur. Nous allons révérer le dieu des balourds, et rendre hommage à tous les patauds empruntés de la terre.

Un peu plus tard, l’auteur compare Kite à un éléphant qui parle, ou quelque chose comme ça :

Il est très grand, très fort, et très maladroit. Est-ce un éléphant qui fait ce boum, boum, boum ? Non ! C’est Greg Kite. Moi te voir. Oups, moi t’avoir frappé. Oh, moi t’avoir assommé. Zut, moi être expulsé. Boum, boum, boum.

Il y a aussi dans l’article cette citation de Larry Bird, grand chroniqueur de l’Amérique :

« S’il passait sa frustration dans un match comment (sic) à l’entraînement, il tuerait quelqu’un. Je ne me mets jamais en travers de son chemin. Il faut dire ce qui est : Greg n’est pas un très bon joueur. »

Mais après une longue mise en place du décor, Rubin défend Kite à juste titre, car même s’il n’avait pas marqué, il avait pris neuf rebonds cruciaux ce soir-là :

Il ne s’est pas transformé en Michael Jordan. Il s’est démené et battu en faisant cinq fautes. Il a sué et il souffert contre Kareem. Mais les Celtics n’auraient probablement pas gagné sans ses vingt-deux minutes de jeu, et s’ils n’avaient pas gagné, tout était fini pour eux. La foule a reconnu sa contribution et l’a saluée. Greg Kite, le Sauveur. C’était insensé. Désopilant. Incroyable. Merveilleux.

Kite n’avait rien appris de l’article de Rubin. Le fait d’avoir vécu à l’âge d’or du douzième homme l’avait rendu pleinement conscient de lui-même : « Je n’étais pas beau à regarder jouer. Mais j’avais six fautes à donner tous les soirs et il fallait bien en faire quelque chose ! » Kite – comme Nevitt, Hastings, et Mokeski – avait des qualités. Il a été engagé par sept équipes différentes en onze ans. Quand Kite a rejoint Orlando pour sa deuxième saison en 1990, il a démarré tous les matchs au poste de titulaire. Sa moyenne est restée inférieure à cinq points par match. Il avait plus de temps de jeu, mais son rôle sur le terrain n’avait pas beaucoup changé. Il ne marquait toujours pas, et l’étiquette de « douzième homme » lui restait collée à la peau. « Pour que tout fonctionne, pour qu’il y ait du spectacle, il faut des artistes et des déménageurs. J’étais un déménageur. »

Kite était heureux que l’on parle de lui, même de manière négative. « Un jour, se souvient-il en riant, je me suis battu avec Rony Seikaly [à Orlando], et lors du match suivant à Miami, leur mascotte, Burnie ou je ne sais plus quoi, a pendu une poupée à mon effigie. Elle agitait depuis le balcon un mannequin portant mon maillot attaché à un nœud coulant, pendant que la musique de Let’s Go Fly a Kite passait en fond sonore. »

Kite se souvient de la joie qu’il avait ressentie devant ces 20 000 personnes qui le huaient. C’était le paradoxe ultime du douzième homme : la moindre attention vous met en joie, même s’il s’agit de cris ou de sifflets.

« La foule hurlait, dit Kite. Et c’était pour moi. »

Very big men : histoires de géants (1/3)

 Height Difference: 28 inches

Les deux extrêmes : Manute Bol (2,31 m) et Muggy Bogues (1,60 m).

En NBA, on désigne sous le nom de big man tout joueur dépassant les 2,15 m. Avoir de la taille sous les panneaux est un élément fondamental pour une équipe cherchant à remporter un titre. Peu en vue avant les années 90, les big men sont aujourd’hui très présents en NBA ; la mondialisation du basket et les nouvelles technologies permettent aux recruteurs de prospecter plus facilement à l’étranger pour dénicher des joueurs de grande taille. À l’heure actuelle, vingt-cinq joueurs ayant foulé les parquets NBA avaient une taille supérieure à 2,20 m, ce qui est plutôt remarquable sachant à quel point les hommes de plus de 2,15 m sont rares. Les trajectoires de ces vingt-cinq joueurs ont été très différentes. Le but de cet article n’est pas de se concentrer sur leurs performances seules, mais aussi sur leurs vies. Des vies bien souvent à l’image de leur physique : hors du commun.

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Hors-concours : Yasutaka Okayama (2,34 m). Sélectionné par les Warriors en toute fin de draft 1981 (10ème choix du huitième tour, 171ème choix), Okayama n’a jamais foulé les parquets NBA. Ceinture noire de judo, il commence le basket à 18 ans à la faculté de commerce d’Osaka et joue un an et demi à l’université de Portland dans le cadre d’un échange étudiant, sans jamais apparaître en match officiel. Les Warriors veulent le tester, mais Okayama décline l’invitation et repart au Japon. Il signe avec le club de Sumitomo Metal Industries et représentera son pays au niveau international entre 1979 et 1986. Aujourd’hui, Okayama travaille toujours chez Sumitomo Metal Industries et officie également en tant qu’entraîneur de basket. Il reste à ce jour le joueur le plus grand jamais drafté en NBA.

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Le classement

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Gheorghe Mureșan (2,31 m). Le plus grand joueur – en taille – de l’histoire de la NBA, c’est lui. Gheorghe Muresan est né en Roumanie dans la province de Cluj ; atteint d’une tumeur à l’hypophyse, il souffre de gigantisme dès son plus jeune âge. La famille Muresan est pauvre et n’a pas les moyens de payer l’opération nécessaire pour stopper la folle croissance de Gheorghe. Celui-ci grandit donc avec sa maladie, au propre comme au figuré. À 14 ans, le jeune homme va se faire examiner les dents à Cluj ; il mesure alors 2,05 m, une taille exceptionnelle pour son âge. Frappé par ses mensurations, le dentiste passe un appel à l’entraîneur de l’équipe nationale roumaine de basket. Muresan reste à Cluj et intègre l’équipe.

En 1991, alors qu’il a 20 ans et mesure 2,31 m, plusieurs facultés américaines proposent à Muresan des bourses universitaires. Celui-ci refuse : il veut gagner de l’argent pour aider les siens. Il s’engage avec Pau-Orthez, champion de France en titre. Le niveau de jeu est supérieur à tout ce que Gheorghe a connu jusqu’alors et le choc est rude : lent, lourd, voûté, le géant roumain ne sait pas comment se déplacer sur un parquet. Il progresse lentement, aidé par son entraîneur Michel Gomez qui lui fait travailler des exercices inédits, comme sauter sur un trampoline ! Petit à petit, Muresan devient un joueur complet, habile de ses mains et doté d’un joli tir. Son salaire lui permet d’acheter à ses parents une nouvelle maison ; pour la première fois, les Muresan ont l’électricité.

Gheorghe s’inscrit à la draft NBA de 1993. Retenu par les Bullets en 30ème position, le géant roumain fera une belle carrière et gagnera sa place de titulaire à Washington, remportant au passage le titre de joueur ayant le plus progressé en 1996. Figure très populaire, il tournera dans des publicités et donnera la réplique de manière plutôt convaincante à Billy Crystal dans le film Le Géant et moi. Malheureusement, son corps hors norme ne supportera pas longtemps le rythme effréné de la NBA et Muresan prendra sa retraite à seulement 29 ans, perclus de blessures. Il vit aujourd’hui à Franklin Lakes, dans le New Jersey, avec son épouse Liliana et ses enfants Gheorghe Junior et Victor.


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Manute Bol (2,31 m). Les mensurations de Bol ont probablement été uniques en leur genre. Plus petit de quatre millimètres que Muresan, il affichait une envergure de 2,59 m (la plus grande de l’histoire de la NBA), pouvait saisir des objets situés à 3,18 m de hauteur et avait des membres d’une taille exceptionnelle.

Bol est né en 1962 à Turalei (Soudan du Sud), une ville située à environ 600 kilomètres de Khartoum. Il est issu de l’ethnie Dinka, l’un des peuples les plus grands d’Afrique : selon les dires de Manute, sa mère avait atteint la taille de 2,08 m, son père et sa sœur mesuraient 2,03 m, et son arrière-grand-père… 2,39 m ! Adolescent, Bol est berger d’un troupeau de chèvres au sein de sa tribu. Le basket, il ne connaît pas. L’un de ses cousins lui propose d’aller en ville et de s’essayer au sport. Bol est repéré par Don Feeley, coach universitaire américain, qui entrevoit immédiatement ses possibilités. L’entraîneur convainc Bol de venir aux États-Unis pour rejoindre son équipe de Cleveland State. Et Manute s’envole vers l’Amérique du Nord.

L’apprentissage est difficile : le jeune soudanais a l’impression d’arriver dans une autre galaxie. Il ne connaît ni l’anglais, ni la culture américaine, et ses aptitudes sportives restent limitées : lors de sa première tentative de dunk, il se casse deux dents en se fracassant sur l’arceau ! Mais sa taille exceptionnelle attire les gens et lui ouvre toutes les portes. Drafté dès 1983 au cinquième tour par les Clippers, Bol est déclaré inéligible et doit évoluer dans une équipe universitaire de faible niveau. Il se présente de lui-même à la draft NBA de 1985, désireux de gagner de l’argent pour aider sa sœur, restée au Soudan. Les Bullets le sélectionnent en 31ème position.

C’est le début d’une magnifique carrière de douze ans et l’avènement d’un rempart défensif exceptionnel : deux fois meilleur contreur de la NBA, Bol comptera en neuf ans de carrière plus de contres que de points marqués ! En dehors du terrain, il aura également largement contribué à aider son pays d’origine pris dans une guerre civile, en versant près de 3,5 millions de dollars pour financer les rebelles, soit la quasi-totalité de ses gains lors de sa première saison avec les Bullets. À la fin de sa carrière, Manute continuera à mobiliser les consciences et à s’impliquer pour l’éducation au Soudan. Il mourra le 19 juin 2010, à 47 ans, des suites de graves problèmes rénaux et d’une maladie orpheline incurable, le syndrome de Stevens-Johnson. Il sera enterré deux semaines plus tard dans sa ville natale, selon les rites Dinkas.


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Slavko Vraneš (2,30 m). Difficile de connaître sa taille exacte avec certitude. Mesuré en NBA à 2,26 m, il semble par la suite avoir atteint les 2,30 m, mais son profil Euroligue mentionne 2,29 m… Contrairement à Bol et Muresan, la carrière du pivot monténégrin sera marquée par une constante qui l’empêchera de progresser tout au long de sa carrière : des difficultés d’adaptation. Après avoir commencé le basket chez les serbes du KK Železnik, il signe dans deux clubs turcs avant de retourner au Monténégro. Attirés par sa taille, les Knicks le draftent en 2003 à la 39ème position. Encore une fois, Vranes ne s’adapte pas ; en dépit d’une agilité et d’une rapidité appréciable pour un joueur de sa taille et de son poids, son jeu au poste bas est calamiteux et ses mensurations sont un handicap plus qu’un atout. Voyant son incapacité à progresser, les Knicks le renvoient en décembre 2003, sans lui faire disputer un match.

En janvier 2004, Portland récupère Vranes pour un contrat de dix jours. Il jouera 3 minutes en tout et pour tout contre les Timberwolves, le temps de commettre une faute et de manquer un tir. Pas convaincus, les Blazers ne renouvellent pas le contrat du pivot qui termine la saison à l’Étoile rouge de Belgrade. Par la suite, Vranes voyagera de club en club, ne restant jamais plus d’un an au même endroit. Il joue actuellement en Iran, à Téhéran.


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Shawn Bradley (2,29 m). Dans le monde de la NBA, Shawn Bradley est surtout connu comme le joueur s’étant fait dunker dessus par le plus grand nombre d’adversaires différents, ce qui fait de lui l’objet d’innombrables moqueries. Pourtant, on oublie trop vite que Bradley a été un très bon joueur, excellent défenseur, et à la carrière plus que correcte.

Né en Allemagne, Shawn grandit en Utah dans une famille de mormons. Ses performances avec l’équipe de basket de son lycée sont telles qu’un grand nombre d’universités se battent pour le recruter. Bradley choisit de rester dans l’Utah et rejoint l’université de Brigham (BYU). Sa première année est fantastique, avec des performances défensives hors du commun (5,2 contres par match !), mais à la surprise générale, Shawn quitte l’université pour partir en mission. Il passe deux ans en Australie au sein d’une communauté mormone (un épisode auquel il fera allusion dans le film Space Jam). À son retour, Bradley choisit de ne pas retourner à l’université et se présente à la draft NBA de 1993.

En raison de sa taille et de ses performances passées, Shawn est choisi en deuxième position par Philadelphie, un choix très discuté qui donnera malheureusement raison aux détracteurs : Bradley manque de dureté physique, commet beaucoup de fautes, et ses capacités offensives sont très limitées. Il fera malgré tout une bonne carrière, marquée par 14 saisons en NBA et un titre de meilleur contreur de la NBA en 2001. Une année prolifique pour Bradley, puisqu’il rempotera également une médaille de bronze au championnat d’Europe de 2001 avec son pays de naissance, l’Allemagne.

Après sa carrière, Bradley fera une brève expérience politique en tentant de devenir député de son État ; il échouera très honorablement. Il vit à l’heure actuelle en Utah avec sa femme Annette et ses six enfants, dont les prénoms commencent tous par la lettre « C ».


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Yao Ming (2,29 m). Le 4 avril 2016, Yao est entré au Hall of Fame de la NBA, devenant le plus grand joueur en taille à faire partie de ce cercle très fermé. Une juste récompense pour celui qui a été l’un des meilleurs pivots des années 2000. Yao Ming est né à Shanghai en 1980 ; sa taille exceptionnelle semble être le fruit d’un riche héritage génétique : sa mère mesure 1,91 m, et son père fait 2,08 m. Les parents de Yao étant tous les deux basketteurs professionnels, le destin du jeune homme est tout tracé. Une rumeur persistante prétend d’ailleurs que l’union des deux géniteurs a été arrangée par le Parti communiste chinois, chose qui n’a jamais été confirmée.

Yao intègre le championnat professionnel chinois à l’âge de 17 ans ; cinq ans plus tard, il domine ses adversaires de la tête et des épaules. Il est mûr pour la NBA, mais la Chine n’est pas prête à laisser filer sa perle rare aussi facilement. Une équipe de conseillers est montée pour que Yao puisse être éligible et éviter que le gouvernement refuse de le faire venir. La fédération chinoise pose deux conditions : que Yao soit toujours à disposition de l’équipe nationale et que les Houston Rockets le prennent en premier choix de draft. Les conditions sont acceptées et Yao devient le premier joueur international à être choisi en première position à la draft sans avoir joué à l’université.

L’arrivée de Yao est beaucoup commentée dans les médias ; depuis son poste de commentateur, Charles Barkley promet d’embrasser les fesses de son collègue Kenny Smith si le pivot marque 19 points en un seul match. Yao marque 20 points contre les Lakers moins de trois semaines après le début de saison, et Barkley respecte son pari en embrassant les fesses d’un âne acheté par Kenny Smith (« ass » pouvant désigner en anglais aussi bien les fesses que l’animal à grandes oreilles). En neuf ans de carrière avec les Rockets, Yao affichera une moyenne de 19,0 points, 9,2 rebonds et 1,9 contres en 486 matchs. Il sera aussi huit fois All-Star grâce à ses compatriotes, qui voteront massivement pour sa sélection chaque année.

Comme pour les autres géants, le corps de Yao finira par le lâcher. Il prendra sa retraite après la saison 2011 suite à des blessures récurrentes à la cheville et aux pieds. Depuis, Yao s’investit socialement dans diverses causes et se consacre à sa femme, la basketteuse Ye Li, et à sa fille Amy (Yao Qinlei), née à Houston en 2010.


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Sim Bhullar (2,26 m). Plus que par sa taille, c’est par ses origines que Gursimran « Sim » Bhullar a marqué la NBA : il restera à jamais le premier joueur d’origine indienne à y avoir évolué. Né au Canada de deux parents Indiens, Bhullar impressionne dans ses années lycée par son physique imposant. Auteur de bonnes performances (16 points, 14 rebonds et 8 contres de moyenne en 2009-2010), il s’entraîne dur pour améliorer sa condition physique, passant de 166 à 150 kg. Il s’engage avec l’université de New Mexico State et se présente à la draft 2014, après seulement deux années et des performances correctes. Sim n’est pas retenu, mais la franchise de Sacramento l’engage pour disputer la Summer League et l’envoie en D-League aux Reno Bighorns.

La NBA semble très loin pour Gursimran lorsque le destin vient s’en mêler. Le propriétaire indien des Kings, Vivek Ranadive, veut développer la popularité du basket-ball dans son pays d’origine. N’ayant plus rien à jouer en fin de saison régulière, l’équipe californienne offre à Bhullar un contrat de dix jours. Le joueur effectue ses débuts le 7 avril 2015, en rentrant lors des 16 dernières secondes de jeu face à Minnesota. La nuit suivante, il joue une minute et 22 secondes de garbage time contre Utah et marque un panier.

« Sim » jouera encore une minute le 10 avril contre Oklahoma avant d’être coupé par les Kings. Il est trop lent et son jeu n’est clairement pas au niveau. Bhullar retrouvera les Kings lors de la Summer League 2015, mais jouera peu et n’intégrera pas l’effectif. Il évolue aujourd’hui dans le championnat taïwanais.


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Chuck Nevitt (2,26 m). Douzième homme par excellence, Chuck Nevitt est le plus grand joueur en taille à avoir gagné un championnat (avec les Lakers en 1985). Durant sa  carrière, il a alterné les passages en ligue mineure avec des contrats de courte durée, pour des statistiques en carrière de 1,6 points, 1,5 rebonds et 0,7 contres en 155 matchs. Il travaille aujourd’hui en tant qu’ingénieur dans une compagnie où peu de gens connaissent son passé. Un portrait plus élaboré de ce joueur discret et attachant est disponible ici.


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Pavel Podkolzin (2,26 m). On en a déjà parlé : au milieu des années 2000, la NBA avait été contaminée par l’effet Nowitzki et tout le monde prospectait l’Europe dans l’espoir de trouver la nouvelle star venue d’outre-Atlantique. Pavel Podkolzin, pivot sibérien de 18 ans culminant à 2,26 m, a rapidement été repéré. Déjà professionnel (il évolue à Varèse, dans le championnat italien), sa taille, ses capacités au rebond et sa puissance le font pressentir comme un futur choix de haut de tableau. En 2003, devenu éligible, Podkolzin pense se présenter à la draft, mais un test physique de routine avec Chicago lui apprend qu’il souffre d’acromégalie, un dérèglement de la glande pituitaire responsable de sa grande taille. Bien qu’une opération simple puisse le soigner sans conséquences à long terme sur sa santé ou sa carrière, Podkolzin se retire de la draft 2003.

Lorsque Podkolzin s’inscrit à la draft l’année suivante, sa cote est en forte baisse ; il faut dire que ses performances avec Varèse (2,6 points et 2,3 rebonds de moyenne en 22 matchs) sont loin d’être prometteuses. Le géant russe est sélectionné en 21ème position par Utah et est immédiatement transféré à Dallas contre un futur choix de premier tour de la draft 2005. Après une Summer League catastrophique (6 rebonds en deux matchs pour 14 minutes de jeu), Podkolzin ne jouera que cinq matchs lors de sa saison rookie et un seul l’année suivante. Il sera définitivement coupé en août 2006. Revenu en Russie, il passe de club en club et est actuellement remplaçant au PSK Sakhalin. Ses statistiques NBA ? 0,7 points, 1,5 rebonds et 0,1 contres en 6 matchs.

La suite, c’est par ici.


Source photos : http://www.thetallestman.com.