#19 : Les Celtics sans Garnett

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Kevin Garnett chez les Celtics. Et si la chose n’était jamais arrivée ? (1)

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Le scénario dont il est question ci-dessous n’avait que peu de chances de se produire. Bien que plausible, il apparaît difficile à croire quand on y regarde de près. Et pourtant, on est quand même tenté d’y jeter un coup d’œil, tant l’histoire de la NBA des années 2000 aurait pu être changée…

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Faisons un bref retour jusqu’en 2007. À cette époque, cela fait douze ans que Kevin Garnett gaspille son talent dans une équipe des Wolves totalement à la ramasse. Les seuls joueurs de qualité avec lesquels il a joué durant cette période sont au nombre de… six (Joe Smith, Stephon Marbury, Terrell Brandon, Sam Cassell, Latrell Sprewell et Wally Szczerbiak). Les entraîneurs passés sur le banc de Minnesota ont tous été catastrophiques. La direction du club (l’une des pires de la NBA) était aussi dysfonctionnelle qu’aujourd’hui. Les Wolves se sont fait éliminer au premier tour lors de leurs sept premières apparitions en play-offs avec Garnett, sans que le talent de celui-ci ne puisse les sauver.

En 2004, toutefois, le public sent que les choses peuvent changer. Garnett a pris une nouvelle dimension en devenant MVP ; sous son impulsion et celle du duo Cassell-Sprewell, l’équipe avance enfin. Les Wolves parviennent en finale de Conférence grâce à un Garnett monumental dans le match 7 de la demi-finale (32 points et 21 rebonds contre les Kings), mais la blessure de Cassell les empêchera d’aller plus loin. Ils perdent honorablement contre les Lakers (4 matchs à 2).

Au vu de leur prestation face à des adversaires d’un tel calibre, tous les espoirs sont permis pour la suite. Et puis, la dynamique Cassell-Sprewell explose, les dirigeants des Wolves montrent une nouvelle fois leur incompétence en étant incapables de les remplacer (2) et Garnett rate les play-offs pendant trois années consécutives.

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À la fin de la saison 2007, la carrière de Garnett est donc faite davantage de frustration que de réussite. C’est à ce moment-là que la direction des Wolves prend une nouvelle décision totalement vide de sens : ils décident de céder leur star au plus offrant. Pourquoi maintenant ? Mystère.

Le féroce compétiteur qu’est Garnett refuse d’abord de quitter les Wolves. Il finit par accepter, vexé par le manque de respect dont fait preuve le club à son égard. Après avoir envisagé les pistes Golden State et Chicago, Kevin McHale, manager général des Timberwolves, trouve un accord avec le manager général des Celtics, qui n’est autre que son ancien coéquipier Danny Ainge. Garnett part donc à Boston en échange d’un lourd tribut : Sebastian Telfair, Gerald Green, Theo Ratliff, Ryan Gomes, Al Jefferson et deux futurs choix de draft de Boston sont cédés aux Timberwolves. Garnett rejoint les Celtics en même temps que Ray Allen et deux autres joueurs-clef, James Posey et Eddie House, signés au rabais une fois Garnett à bord.

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Le résultat ? Garnett a donné aux Celtics un énorme coup de fouet et a remporté un titre. La carrière de Pierce a pris une nouvelle dimension. Les Lakers et les Celtics se sont retrouvés en finale et ont fait toucher le pactole à la chaîne ABC. Le MVP de la saison Kobe Bryant a été neutralisé en finale avant de se rattraper l’année suivante. Et rien de tout cela ne se passe si les Wolves ne vexent pas profondément Garnett à l’été 2007.

Ce qui nous amène tout naturellement à la question suivante : et si Minnesota n’avait pas agacé Kevin Garnett en voulant le céder avant la draft de 2007 ?

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Essayons de deviner la suite des événements. Garnett reste chez les Wolves, au sein d’une équipe toujours aussi mauvaise, et la saison démarre. En février, lors du mois des transferts, deux scénarios sont possibles : soit les Celtics obtiennent Garnett en faisant le même échange qu’en réalité (mais un peu plus tard), soit ils devancent Los Angeles pour obtenir Pau Gasol et l’associent avec Paul Pierce, Rajon Rondo, Ray Allen et Al Jefferson.

A priori, la deuxième solution semble la plus probable. Il aurait été quasi-impossible d’arracher à la mi-saison un accord à six contre un avec les deux effectifs déjà au complet et en si peu de temps. Sans compter que Boston ne peut plus s’offrir House et Posey. Ajoutez la clause selon laquelle le salaire de KG est plus élevé s’il est échangé, et l’accord ne se conclut pas avant l’été suivant.

Il y a toutefois une troisième piste. Au lieu de se concentrer sur Gasol, les Celtics auraient pu chercher à obtenir…

Kobe.

Kobe Bryant aux Celtics ? Impossible, me direz-vous. Et pourtant, la théorie de Bill Simmons à ce sujet est assez intéressante :

Vous vous rappelez de la crise piquée par Kobe avant la saison 2008 et qui a poussé les Lakers à le proposer à la vente ? Il n’y avait qu’un seul problème : personne ne pouvait s’aligner sur leurs prix (un joueur All-Star et de l’espace au plafond salarial, plus des choix de draft). Si les Celtics n’avaient pas tradé pour Garnett, ils auraient pu s’offrir Paul Pierce, le contrat expirant de Theo Ratliff, leur premier choix et leurs droits sur un futur premier choix à Minnesota contre Kobe et deux contrats médiocres (Brian Cook et Vlad Radmanovic). Boston aurait gardé une base solide avec Kobe, Ray Allen, Jefferson, Kendrick Perkins et Rajon Rondo ; les Lakers auraient remplacé Kobe par un autre All-Star et obtenu trois premiers choix (y compris le futur choix de Minnesota, qui aurait pu être utile) ainsi que 20 millions de dollars de contrats expirant avec Ratliff et Kwame Brown (déjà sur leur liste). C’est avec ça qu’ils seraient entrés dans la course pour obtenir Garnett ou Gasol. Comme Pierce a dominé Kobe lors de la finale de 2008, pouvez-vous imaginer ce que cela aurait donné si Pierce (et peut-être même KG) avait été aux Lakers et Kobe aux Celtics ? (Bill Simmons, The Book of Basketball)

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On peut l’imaginer. Mais franchement, est-ce qu’un tel scénario aurait pu se produire ? Pouvez-vous imaginer Paul Pierce aux Lakers et Kobe chez les Celtics ? Tous deux se seraient faits lyncher s’ils étaient revenus à Boston (pour le premier) et Los Angeles (pour le second). Mais qui sait ? Bien que les possibilités soient faibles, contentons-nous de dire que l’option était possible, et qu’elle mérite bien une place au sein de ce classement.


(1) Source : http://www.nba.com

(2) Ils ont tenté de les remplacer par Ricky Davis et Marko Jaric. Sans commentaires.