Top 10 des pires légendes de la NBA aux commentaires

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Rick Barry et Bill Russell le jour de l’affaire du « Watermelon Grin ». L’un des moments les plus embarrassants de l’histoire du sport.

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Dans The Book of Basket-ball, Bill Simmons aborde un sujet assez inédit : celui des pires légendes de la NBA devenus analystes-commentateurs. À plusieurs reprises, les réseaux de télévision ont cherché à embaucher les dernières légendes disponibles, en vertu de la théorie selon laquelle un grand joueur sera forcément un bon commentateur (et ce, malgré l’absence totale de corrélation entre les deux). Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il s’agit d’une idée fausse, huit des vingt-cinq plus grands joueurs de tous les temps s’étant révélés catastrophiques au micro. Élaboré à partir de la liste de Simmons, voici un classement subjectif des dix légendes de la NBA les plus horribles aux commentaires.

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10. Walt « Clyde » Frazier (depuis 1998). Celui-là ne figurait pas dans la liste de Simmons. Il faut dire que Frazier officie en tant que commentateur « local » pour les Knicks, et que ses prestations ne sont pas diffusés à l’échelle nationale, ce qui devrait l’exclure du classement. Mais ses performances à l’antenne sont vraiment particulières. Frazier a la manie de faire énormément de jeux de phrase et de rimes, comme « Dishing and Swishing », « Moving and Grooving » ou « See the ball, see your man ». Un fan des Knicks a établi un tableau statistiques de ces « Clydeismes » pour la saison 2013-2014. Selon lui, Frazier a utilisé le terme « Dishing and Swishing » 1,14 fois par match durant la saison. Et cela fait dix-huit ans que ça dure. Une telle performance vaut bien une place d’honneur  au classement.

9. Moses Malone (1986). Moses Malone a toujours eu des difficultés pour s’exprimer. Son surnom dans la ligue était « Mumbles » (« Marmonneur »). Il n’était pas devenu plus éloquent au fil des années. Malgré ça, CBS a eu la mauvaise idée de le faire intervenir en direct au Match 4 des Finales de 1986 (pas en cours de jeu, heureusement, mais en tant qu’intervenant en avant-match, en après-match et à la mi-temps). Le résultat ? Une catastrophe. La seule retransmission NBA de l’histoire à avoir besoin de sous-titres.

8. Bill Russell (1980-1983). Après une première tentative honorable dans les années 70, Russell a passé trois ans à rester apathique derrière son micro. Avoir travaillé avec Rick Barry ne l’a pas aidé (voir plus loin), mais même après le licenciement de ce dernier, il n’est pas arrivé à se débrouiller. Un fiasco.

7. Magic Johnson (1992-1997). NBC l’a fait signer tout de suite après sa retraite. Sur le coup, cela semblait une bonne idée, mais l’ambiance est très vite retombée. L’accent très prononcé de Magic le rendait difficile à comprendre et il interrompait continuellement ses collègues, riait sans prévenir et évoquait son passé avec les Lakers dès qu’il en avait l’occasion. NBC a pris la bonne initiative de le mettre en studio, où il est devenu ennuyeux avant de mettre un terme (provisoire) à son expérience de commentateur.

6. John Havlicek (1978). Il a commenté les Finales de 1978 avant de se faire renvoyer. Quoique on se demande s’il a jamais commenté. Il est resté totalement muet pendant les sept matchs. On l’annonçait à l’antenne et on n’entendait plus parler de lui pendant quarante-cinq minutes. Ce n’est pas si surprenant quand on connaît le personnage : sur le terrain, tout le monde adorait Havlicek, mais en-dehors, il était timide et réservé. On ne l’a plus jamais revu derrière un micro.

5. Oscar Robertson (1975).

Oscar avait deux particularités. Premièrement, il ne regardait jamais la caméra. Jamais. Deuxièmement, il ne savait absolument pas quoi dire, alors il compensait en émettant une variété de sons étranges au cours du match, comme : « Ohhhhhhhhhhh ! » et « Yes ! » Le réseau s’est empressé de se débarrasser de lui après la saison. (Bill Simmons, The Book of Basket-ball)

4. Isiah Thomas (1998-2000). Il a peut-être formé sur NBC avec Doug Collins et Bob Costas le pire trio de commentateurs de l’histoire. Isiah parlait peu et sa voix douce et haut perchée était inaudible. Collins, le plus compétent des trois, essayait désespérément de lui faire dire quelque chose pendant que Costas, vieux et rouillé, commentait les matchs comme à la radio. Un an seulement après ses débuts à l’antenne, NBC a envoyé Isiah en studio où il a passé deux années supplémentaires à sourire béatement. (Au moins, l’expérience Isiah aura ouvert les yeux pour de bon aux dirigeants des réseaux télé : Thomas a été le dernier de la liste des légendes devenues d’horribles personnalités télévisuelles.)

3. Elgin Baylor (1974). Difficile à juger car son travail n’est pas disponible, que ce soit en audio ou en vidéo. Il a commenté sur CBS avec Brent Musburger et Hot Rod Hundley, et était apparemment si mauvais que le réseau s’est empressé de le remplacer par Rick Barry dès que les Warriors se sont faits éliminer de la course aux play-offs. Cela veut tout dire.

2. Rick Barry (1975-1981). Déjà en tant que joueur, Rick Barry était détesté par ses adversaires et même par ses coéquipiers en raison de son sale caractère. Au micro, ça ne s’est guère arrangé. Bombardé commentateur des play-offs dès que les Warriors étaient hors-course, Barry passait son temps à critiquer et chercher la petite bête. Quand il a pris sa retraite et rejoint CBS à temps plein pour la saison 1980-1981, la carrière télévisuelle de Barry a pris un coup énorme suite à l’affaire du « Watermelon Grin » (ou « sourire en pastèque », un stéréotype raciste concernant les Noirs). L’action se déroule pendant le cinquième match de la finale de 1981. Aux commentaires, Barry, Bill Russell et Gary Bender.

CBS diffuse une photo de quelques membres de l’équipe olympique de 1956. Sur la gauche, le jeune Bill Russell affiche un grand sourire.

GARY BENDER : Rick, peux-tu nous dire qui est là-dessus ?

BARRY (tentant un mot d’esprit pour la première fois) : Je ne suis pas sûr, mais je crois que je reconnais celui avec le grand sourire en pastèque, là, sur la gauche.

Gros plan sur un Russell complètement abasourdi. Après trois secondes de silence gêné, Bender tente de rattraper le coup.

BENDER : C’est vous, Bill. Vous ne vous reconnaissez pas ?

RUSSELL (sans sourire) : Non.

Le pire, c’est que Barry n’a pas été gêné plus que ça. Quinze secondes plus tard, il a essayé de détendre l’atmosphère en donnant les photos à Russell devant la caméra et lui a demandé une dizaine de fois : « Tu es sûr que tu n’en veux pas ? » avant que Bender puis Russell ne le fassent taire. Inutile de dire que le contrat de Barry n’a pas été renouvelé. Et c’était le moins qui puisse arriver. Barry a ensuite retrouvé une seconde vie sur TBS, commentant en play-by-play les Finales de la Conférence Est de 1985 avec… Bill Russell. Incroyable.

1. Julius Erving (1997). Désigné comme étant « sans contestation possible, le pire commentateur analyste de tous les temps ». Le « Doc » n’était visiblement pas aussi spectaculaire et charismatique au micro que sur le terrain :

Il est incompréhensible que Doc ait été aussi mauvais à la télévision. Le voir balbutier maladroitement en direct et dire des choses absurdes comme : « Les grands joueurs font de grandes actions », en ayant l’air d’un cerf pris dans les phares d’une voiture, était un peu désarmant. Chaque fois que la caméra se braquait sur lui, on pouvait sentir la tension monter dans le studio. Avant un match décisif entre Houston et Utah, Doc a fait une prédiction mythique : « Je pense que la clé pour Houston sera Hakeem et la vitesse à laquelle il décide de tirer, dribbler ou passer le ballon. » Je vous jure qu’il a dit ça. Mon ancien coloc’ Geoff et moi avons passé les quinze prochaines minutes à essayer de trouver quelles autres options Hakeem pourrait avoir sur un terrain de basket […]. Pauvre Dr J. Certaines personnes ne sont tout simplement pas faites pour travailler à la télévision. (Bill Simmons, The Book of Basket-ball)