Most Valuable Player (1/4) : définir le « MVP »

Ce dossier en quatre parties est la traduction française quasi-exhaustive des réflexions du journaliste sportif américain Bill Simmons. Tous les droits sur ce texte lui sont réservés.

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NBA: Stephen Curry MVP Press Conference
Crédits photo : Kelley L Cox – USA TODAY Sports.

Le trophée de « Most Valuable Player » de la NBA est le trophée du monde des sports qui a le plus de valeur et de signification.

Vous ne me croyez pas ? Pouvez-vous citer les dix derniers MVP de la NFL ? Certainement pas. Pouvez-vous citer les dix derniers MVP de chaque ligue de baseball, et déterminer chaque année avec certitude le meilleur joueur ? Non. Connaissez-vous seulement le nom du trophée MVP de la NHL (et je ne parle même pas des dix derniers vainqueurs) ? À moins d’être Canadien, probablement pas (1).

La NBA est la seule ligue qui épouse parfaitement le concept du « Most Valuable Player » : comme toutes les équipes jouent l’une contre l’autre, il est relativement simple de comparer les statistiques, et en regardant les matchs, on peut presque toujours constater quels joueurs se démarquent. Il suffit de suivre la saison. Si vous combinez le vote du MVP avec les équipes All-Star, les résultats des play-offs, et les statistiques individuelles, vous vous retrouvez avec un aperçu raisonnable de ce qui est arrivé au cours d’une saison NBA, tout comme les quatre principaux Oscars sont à peu près le reflet de ce qui arrive à Hollywood d’année en année.

Bien sûr, il y a des exceptions. Charles Barkley a remporté le MVP 1993 alors que Jordan était de loin le meilleur joueur du monde, et il l’a prouvé avec autorité en finale. Mais le nom qui se trouve à côté de « MVP NBA 1993 » pour le reste de l’éternité est celui de Barkley. Parce que ça marche comme ça. Jordan n’a pas gagné le titre de MVP 1993 parce tout le monde en avait marre de voter pour lui. C’est la seule raison. Et c’est une raison stupide.

Ce qui nous ramène au sujet principal : ce n’est pas parce que quelqu’un a gagné un Oscar ou un MVP qu’il l’a nécessairement mérité. Par exemple, les Spurs de 2007 n’auraient jamais gagné sans Tim Duncan, pilier de la défense au poste bas, meilleur défenseur, meilleur rebondeur, meilleur contreur et leader émotionnel. Avec près de huit cents matchs (play-offs compris) au compteur et une opération au genou qui allait devenir nécessaire, Duncan avait appris à se ménager au cours de la saison régulière, en se concentrant sur la défense et les rebonds, et gardant son énergie en attaque pour les matchs à enjeux ainsi que les play-offs.

En saison régulière, il a joué 80 matchs et a terminé avec une moyenne de 20 points, 11 rebonds et 3 contres, le meilleur pourcentage de réussite au tir de sa carrière (54,6 %) et une place dans le premier cinq majeur de la NBA. En play-offs, sa moyenne a été de 22 points et 12 rebonds, et il a contré 62 tirs en 20 matchs. Les Spurs ont balayé Cleveland en finale, et qu’est-il arrivé ? Tony Parker a volé les honneurs du MVP des Finales pour avoir éclipsé les très mauvais de meneurs de Cleveland (Daniel Gibson, Damon Jones et Eric Snow), avec 30 points et 4 rebonds de moyenne, et avec un pourcentage de réussite au tir de 56,8 %.

Supposons que votre arrière-petit-fils jette un œil sur cette saison, 60 ans jour pour jour après l’instant où nous parlons. Dirk Nowitzki est MVP, Tony Parker MVP des Finales… En dehors de sa place dans le premier cinq majeur de la NBA et de ses grosses statistiques en play-offs, comment voulez-vous discerner que Duncan a été de loin le joueur décisif de la meilleure équipe lors de la saison 2006-2007 ? C’est impossible.

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Source : http://www.nba.com.

Trois aspects cruciaux du MVP doivent être mentionnés :

Aspect n°1. Le premier titre de MVP a été décerné lors de la saison 1955-1956. Les joueurs votaient pour le MVP et les journalistes s’occupaient du premier et deuxième cinq majeur de la NBA. (Il n’y avait qu’une seule règle, à savoir que les joueurs ne pouvaient pas voter pour un de leurs coéquipiers.) Je sais que l’on n’en était qu’aux balbutiements au milieu des années 50, et nous parlons d’une ligue à laquelle il a fallu huit ans pour se rendre compte qu’une limite de temps de possession de balle était nécessaire. Mais compte tenu des problèmes raciaux dans les années 50 et de la frilosité générale devant l’afflux massif de joueurs noirs, comment peut-on s’attendre à un vote équitable quand on sait que 85 à 90 % des joueurs étaient blancs ? La popularité d’un joueur ne l’emportait-elle pas sur le reste ?

Si vous appliquez le concept du « meilleur joueur élu par ses pairs » à l’époque moderne, vous pouvez voir les dangers qui y sont liés et le potentiel manque d’objectivité. Les critiques sont appelés des « critiques » pour une bonne raison : c’est leur travail d’évaluer objectivement les choses. On ne peut pas s’attendre à ce que les joueurs deviennent d’un seul coup des juges impartiaux. Supposons par exemple que les joueurs de 2008 aient considéré Kobe comme un individu méprisant, aussi faux qu’égocentrique. S’ils avaient dû voter pour le MVP 2008, Kobe aurait-il eu une chance de devancer Chris Paul, un joueur respecté et aimé de tout le monde ?

En fait, quand on voit la façon dont la NBA fonctionne aujourd’hui (avec des joueurs d’âges différents qui se rapprochent en gravissant les échelons au même moment et, dans certains cas, se connaissent depuis le niveau amateur), il n’est pas absurde de penser que la politique joue un grand rôle dans les rapports entre les personnes. La génération LeBron-Melo-CP s’apprécie énormément. Ces joueurs n’auraient-ils pas fait basculer les votes de 2008 en faveur de Paul ? Les joueurs plus âgés n’auraient-ils pas été plus tentés de choisir Garnett ? Et considérant que les Hornets adoraient Paul et voulaient qu’il gagne, n’auraient-ils pas voté pour quelqu’un sans réelle chance comme LeBron ?

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Aspect n°2. À partir de la saison 1979-1980, les votes ont été donnés à un comité trié sur le volet de journalistes et de journalistes travaillant pour la télévision, ce qui a créé davantage de problèmes pour des raisons évidentes (certains d’entre eux ne suivaient pas toute la ligue, certains étaient influencés par le joueur qu’ils regardaient toutes les nuits, certains ne comprenaient rien à la NBA) et moins évidentes (les stars les plus en vue avaient maintenant un avantage, tout comme en avait un joueur sans trophée face à un joueur l’ayant déjà gagné).

Au début des années 90, une problématique plus subtile a vu le jour : un groupe presque entièrement composé de journalistes blancs d’âge moyen n’est plus parvenu à s’identifier avec la direction prise par la ligue, regrettant les facilités d’accès qu’ils avaient autrefois et méprisant ouvertement la nouvelle génération de stars égocentriques et surpayées, qui se frappaient la poitrine, avaient leur petit cercle personnel, arboraient des tatouages et tournaient des publicités. Malgré cela, ils étaient encore appelés à choisir objectivement un MVP. Je pense que c’est un problème.

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Aspect n°3. Les électeurs actuels avouent ouvertement ne pas bien comprendre les critères de vote, principalement parce que les administrateurs de la NBA ont volontairement facilité cette confusion en ne donnant jamais de définition à la « valeur » d’un joueur. Ils aiment quand les présentateurs radio et les journalistes s’embrouillent là-dessus. Ils veulent que les électeurs se demandent si la récompense est attribuée au meilleur joueur, à celui ayant le plus de valeur, ou les deux. Ou deux tiers de l’un et un tiers de l’autre. Ou un rapport quelconque que quelqu’un finit par définir. Voici ce que nous savons :

  1. Le prix ne concerne que la saison régulière.
  2. Seuls les joueurs ayant participé à au moins 55 matchs sont éligibles.
  3. Et c’est tout.

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Source : http://www.nba.com.

Vous voyez comme c’est compliqué de faire le bon choix chaque année ? Ma définition du MVP repose sur quatre questions rangées par ordre d’importance (de la plus haute à la plus basse) :

Question n°1 : Si l’on remplace chaque candidat au MVP par un bon joueur qui évolue à son poste toute la saison, quels en seraient les effets sur les résultats de l’équipe ?

Il n’y a pas de meilleure façon de définir la « valeur » d’un joueur. Mettons que l’on remplace Chris Paul par Kirk Hinrich à l’été 2007. Comment la saison suivante se serait-elle déroulée pour les Hornets ? Ils ont gagné 57 matchs au sein d’une conférence historiquement difficile avec une offensive axée autour des capacités exceptionnelles de Paul, et pour couronner le tout, Paul était un leader, coéquipier et porte-parole très apprécié. Remplacez-le par Hinrich et l’équipe termine probablement avec 30 victoires et 52 défaites au lieu de 57 victoires et 25 défaites, sans parler de la façon dont Paul a revitalisé le basket-ball à la Nouvelle-Orléans et est devenu l’un des meilleurs ambassadeurs de la NBA.

Question n°2 : Si deux fans ayant de solides connaissances en matière de basket pouvaient choisir cinq joueurs NBA pour former une équipe qui joueraient l’une contre l’autre, et que la vie de ces deux fans dépend de l’issue du match, quel serait le premier joueur à être choisi compte tenu de la forme de chaque joueur durant la saison ?

Traduction : qui a été le joueur dominant au cours de cette saison ? Souvent, les finales permettent de répondre à cette question… mais pas toujours. Tout le monde pensait que Kobe était le joueur dominant en 2008, mais après l’avoir vu « wilter » contre Boston en finale (comparé à la façon dont LeBron avait porté une équipe des Cavs à la ramasse pendant sept matchs contre Boston et a failli faire sauter la banque au Match 7), ce n’est pas sûr. Cette question ramène tout au plus simple : il y a 11 joueurs dans mon équipe, je dois gagner, je ne peux pas me planter avec mon premier choix, et si je ne prends pas tel joueur, il va s’énerver et nous botter le cul pour avoir été pris en deuxième. Je crois que c’est comme ça que se passe le tournoi annuel de la Rucker Ligue à Harlem. Imaginez le regard sur le visage du Jordan de 1997 si quelqu’un prenait le Karl Malone de 1997 avant lui pour disputer un match.

Question n°3 : Dans dix ans, de quel joueur se souviendra-t-on immédiatement en songeant à cette saison ?

Chaque saison est liée à un joueur à des degrés divers. Pourquoi ? Parce que comme les médias politiques peuvent affecter une primaire ou une campagne présidentielle, les médias spécialisés dans le basket-ball peuvent influencer la course au MVP. Ils polissent chaque argument et chaque histoire pendant dix mois, avec pour principal objectif de discuter des côtés potentiellement provocateurs, des histoires ou des controverses qui n’avaient pas encore été décortiquées.

Il n’y a pas de meilleur exemple que la saison 1993 : Jordan était toujours le meilleur, mais le controversé Barkley venait d’être échangé à Phoenix, puis est apparu radicalement différent aux Jeux Olympiques de 1992, émergeant comme la personnalité la plus convaincante de l’équipe et le deuxième meilleur joueur. Catalogué cours de ses dernières années à Philadelphie comme un voyou impulsif et en dehors des clous qui faisait trop la fête, ne fermait jamais son clapet et multipliait les bêtises, tout le monde s’est mis d’un seul coup à applaudir le sens de l’humour et la candeur du « Chuck Wagon ». Et quand il a commencé à faire monter une équipe des Suns déjà douée à un autre niveau, Barkley est devenu la belle histoire de la saison 1992-1993, une sensation légitime sur Madison Avenue et la personnalité la plus charismatique du monde des sports (2).

Cette « transformation » faisait-elle nécessairement de lui le « Most Valuable Player » de 1993 ? Voyons : les Suns de 1992 ont remporté 53 matchs avec un pourcentage de réussite au tir de 49,2 %. Ils affichaient une moyenne par match de 112,7 points marqués et 106,2 encaissés. Les Suns de 1993 ont remporté 62 matchs avec un pourcentage de réussite au tir de 49,3 % ; ils affichaient une moyenne par match de 113,4 points marqués et 106,7 encaissés. Avec Barkley, ils étaient meilleurs au rebond mais leur défense était affaiblie. Leur équipe était peut-être globalement meilleure en 1993, mais l’agent libre Danny Ainge, les rookies Oliver Miller et Richard Dumas, la progression de Cedric Ceballos pour sa troisième année dans la ligue et le nouvel entraîneur Paul Westphal ne sont-ils pas tout autant responsables ?

Ne négligeons pas non plus ce qui est arrivé dans la Conférence Ouest : après une année 1992 particulièrement dense qui a vu quatre équipes à 50 victoires et neuf équipes avec un pourcentage de victoire supérieur à 50 %, seules six équipes ont terminé au-dessus de 50 % en 1993 et la dernière place qualificative pour les play-offs est revenue à une équipe des Lakers à 39 victoires. L’impact en saison régulière de Barkley, d’un point de vue purement basket, n’était pas aussi importante que ce que tout le monde croyait. Bien sûr, il a donné de la fierté à sa franchise, lui a apporté ses qualités de guerrier expérimenté et sa force à l’intérieur, a fait venir les supporters, a contribué à faire de la franchise un favori pour le titre et a fait monter d’un niveau une équipe déjà très bonne. C’était sa saison, si l’on peut s’exprimer ainsi.

Quand on pense à la saison 1992-1993, on pense en premier à Barkley et aux Suns ; puis on se dit : « Ce n’est pas cette saison-là où Charles Smith s’est fait contrer face à Chicago et que Jordan a détruit à lui tout seul Phoenix en finale ? » Le fait que « c’était la saison d’Untel » ne devrait pas influencer le vote. En 1993, c’est arrivé. C’est un fait.

Question n°4 : Si vous expliquez votre choix de MVP à une personne dont le joueur favori est quelqu’un que vous n’avez pas choisi, dira-t-il (au minimum) quelque chose comme : « Je ne suis pas d’accord, mais je comprends comment vous êtes arrivé à ce choix » ?

J’ai créé cette question après la publication de ma colonne sur le MVP 2008, quand j’ai choisi Garnett et que j’ai reçu une avalanche de courriels de la part de fans d’autres candidats, me reprochant de choisir un joueur de mon équipe favorite. Je m’attendais à une levée de boucliers, mais pas à ce point. Avais-je fait une erreur ? J’ai rabâché mon processus de pensée et réalisé que ma logique n’était pas faussée et (semblait-il) impartiale : j’avais respecté les mêmes raisons pour lesquelles j’avais choisi Shaq en 2005 (à savoir que Garnett avait amélioré la défense et l’attitude des Celtics, avait relancé la franchise, lui avait donné de la vie ainsi qu’un leader et 42 victoires supplémentaires – un record) et inclus quelques exemples de ce que j’avais vu pour appuyer mon raisonnement.

Pourtant, mon raisonnement était biaisé pour une raison : j’avais regardé presque chaque minute de cette saison des Celtics, et seulement quelques minutes de 25 à 30 matchs des Hornets et des Lakers. Mon affection pour les Celtics n’a pas influé sur mon jugement, mais le fait de les regarder tout le temps, oui : je savais parfaitement comment Garnett avait agi sur les Celtics de 2007-2008 parce que j’avais regardé chaque match, lu chaque histoire et que je les avais suivis chaque jour pendant huit mois.

Savais-je exactement ce que Chris Paul avait fait pour les Hornets ? Pas vraiment. Si j’avais été fan des Hornets et que j’avais suivi attentivement leur transformation miraculeuse, j’aurais inévitablement fini par faire valoir les mérites de Paul. La variable essentielle est la suivante : tout fan des Lakers aurait choisi Kobe et non Paul, mais en comprenant au moins la logique de choisir le dernier nommé. Ils n’auraient pas été d’accord, mais ils auraient compris. Et ils n’ont pas compris la sagesse du choix de Garnett. Du tout. Et cela pose un problème. D’où la création de la question n°4.

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Réunissez ces questions ensemble comme de la pâte à modeler, et vous obtenez tout à coup une formule fiable. Dans l’idéal, il faut un joueur qui ne peut pas être remplacé par un autre, puis un joueur dominant, puis quelqu’un qui a fait « sa » saison dans une certaine mesure, puis un choix qui n’a pas besoin d’être défendu bec et ongles face à un contradicteur… Et pour finir, un choix qui justifie son soutien en bottant des culs en play-offs. Bien que cela semble parfait sur le papier, ça ne se produit pas chaque année, comme vous allez le voir.

Certains gagnants du MVP sont des choix logiques qui ne peuvent être débattus, mais pour d’autres, le MVP doit être mis au clair. Nous les séparerons en trois catégories : les choix douteux mais finalement justes, les choix douteux dont la stupidité est aujourd’hui très claire, et les escroqueries pures et simples qui auraient dû aboutir à des arrestations et des condamnations.

La suite, c’est par ici.


(1) C’est le trophée Hart, nommé d’après le Dr David Hart, père de Cecil Hart, coach et directeur général des Canadiens en 1924. Cette année-là, le Dr. Hart a fait don du trophée à la ligue, et ils lui ont donné son nom. Je n’invente rien.

(2) La NBA avait vraiment besoin du charisme de Barkley cette saison. Les vétérans vedette en dehors de Jordan étaient Malone, Stockton, Ewing, Olajuwon, Dumars, Drexler, Mullin, Pippen, Robinson, Brad Daugherty, et Mark Price. Ils sont tous très sympathiques, mais voudriez-vous passer le week-end à Las Vegas avec l’un d’entre eux ?

 

Top 10 des caractéristiques uniques de la NBA

On peut dire ce qu’on veut sur la NBA, mais elle se distingue (dans le bon sens du terme) de tous les autres sports professionnels par plusieurs caractéristiques. Voici le top 10 des plus marquantes.

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10. Les masques de protection

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Aucun autre sport (ou presque) ne propose aux joueurs victimes de fracture au nez le masque de protection popularisé par Rip Hamilton. Ce qui est curieux, c’est que les joueurs, qui se soucient énormément de leur apparence et de leurs chaussures, n’ont jamais cherché à les mettre à la mode ou à les embellir, se contentant de masques en plastique simples et insipides. Ne devraient-ils pas les décorer comme les gardiens de hockey, ou essayer de porter un masque intimidant à la Hannibal Lecter lors d’un grand match des play-offs ? Et pourquoi ne pas s’en servir comme support publicitaire (en y mettant par exemple le logo de Nike) ?


 

9. La draft

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Le système de draft existe dans plusieurs ligues sportives nord-américaines, mais la draft NBA est unique en son genre. D’abord, elle a plus d’importance que n’importe quelle autre, sachant que sélectionner le bon joueur peut complètement renverser le destin d’une franchise, ce qui n’arrive pas en football américain, par exemple. Ensuite, la draft NBA est follement divertissante, même si les choses se sont tassées ces dernières années lorsque les agents et les responsables des relations publiques se sont rendus compte qu’il n’était pas nécessaire qu’un joueur vienne à la draft habillé comme un proxénète, ou que ce n’était peut-être pas une bonne idée d’étreindre le commissionnaire en collant ses parties génitales aux siennes après avoir été choisi.

Et ne parlons pas du comique involontaire de la différence de taille entre les joueurs et le commissionnaire (même si elle est beaucoup moins marquée depuis l’arrivée d’Adam Silver et de son 1,90 m aux commandes de la NBA).


 

8. Le commissionnaire

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Le commissionnaire, justement. Parlons-en. En NBA, le commissionnaire est plus important que n’importe où ailleurs. David Stern (à égalité avec Pete Rozelle, en NFL) a été le commissionnaire à la personnalité plus dominante. Il a toujours gardé le contrôle total de sa ligue, et a gagné une telle puissance et une telle importance qu’on peut se demander s’il n’a pas effectivement truqué certains matchs ou banni de grandes stars sans le dire à personne. Tout comme il n’y aura jamais un autre Magic, Michael ou Larry, il n’y aura jamais un autre David Stern.

Une anecdote concernant Stern qui résume tout : il a retardé le 30ème choix de la draft 2008 pendant quatre minutes pour assaisonner les journalistes d’ESPN qui colportaient des rumeurs sur les prétendus problèmes aux reins de Darrell Arthur, a lâché une centaine de jurons, a effrayé tout le monde, puis s’est tranquillement repris et a annoncé le choix de Boston. Cet homme est sans égal.


 

7. L’apparence des joueurs

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En NBA, elle est unique. D’abord, à cause des tatouages. Il y a des tonnes et des tonnes de tatouages. Nulle part ailleurs, on ne se demande : « Je me demande ce que veulent dire ces caractères chinois », ou bien : « C’est bien la tête de Notorious BIG sur le bras droit du meneur ? » En même temps que le programme du match, les équipes jouant à domicile devraient distribuer un document expliquant l’origine des tatouages de chaque joueur des deux équipes (avec photos à l’appui). Ne me dites pas que vous ne liriez pas ça pendant les temps morts. Ensuite, par un phénomène unique en NBA, un joueur qui change de club paraît radicalement différent dans son nouveau maillot. Parfois, on dirait qu’il vient de renaître, parfois, c’est comme s’il avait finalement trouvé la couleur et le style qui lui convient, parfois, il est complètement grotesque, et dans de rares cas, le maillot lui donne l’air plus lent, plus gros et moins athlétique (comme Shaq quand il a rejoint les Suns).

Quand Kwame Brown a été échangé aux Lakers, il était magnifique dans sa nouvelle tenue : ses bras paraissaient plus longs, il avait l’air plus imposant et il se comportait différemment. On aurait pu croire qu’il s’était transformé en Jermaine O’Neal. Mais en matière de talent, rien n’avait changé ; il avait juste troqué son maillot des Wizards contre un maillot des Lakers. Et ça s’est tout de suite vu. Pourtant, lors des premiers matchs des Lakers, il avait eu l’air sacrément bon. Dommage que certains acteurs, politiciens ou chanteurs ne sont pas affectés de la même façon !


 

6. Le côté « black »

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La culture afro-américaine est très présente en basket, si bien que l’on assiste à des phénomènes assez amusants. Les joueurs étrangers arrivent en NBA avec des accents très prononcés, qui prennent un couleur hip-hop après quelques saisons à force de côtoyer des Noirs. Detlef Schrempf en était l’exemple parfait ; vers le milieu de sa carrière, il parlait comme les Allemands dans Beerfest croisés avec le Wu-Tang Clan. Dommage qu’Arnold Schwarzenegger ne se soit pas entraîné dans une salle de sport composée uniquement d’afro-américains dans les années 70 ; on aurait vraiment pu assister à quelque chose de spécial.

Il y a aussi un phénomène encore plus étrange que le syndrome Detlef : pour des raisons qui demeurent obscures, la NBA pousse certains journalistes à écrire des colonnes ou des articles NBA dans un style « black ». C’est, sans contestation possible, la pire tendance journalistique de ces vingt dernières années, avec le blog en direct. C’est quoi, l’idée ? « Il y a beaucoup de joueurs noirs dans ce sport, donc, je dois donner à ma prose une couleur plus urbaine » ? Franchement, vous trouvez ça logique ? Tu captes ? Carrément. Trop de la balle, ce que j’écris, yo ! T’as vu.


 

5. Les statistiques

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Dans aucun autre sport, les statistiques ne sont plus simples et plus révélatrices : il y a les points, les rebonds, les interceptions, les contres, les passes décisives, les lancers francs, le pourcentage de réussite, les paniers à trois points et les pertes de balle. Ces dix dernières années, une flopée de statisticiens fous inspirés par la révolution ayant eu lieu en base-ball ont créé une variété de statistiques alambiquées, mais en fait, on peut déterminer l’efficacité de presque n’importe quel joueur en examinant une feuille statistique de NBA. Depuis 1973, les box scores se trompent rarement, bien que quelques statistiques subtiles pourraient être créées pour rendre les choses encore meilleures. Mais on en reparlera.


 

4. Le code vestimentaire

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En NBA, les joueurs blessés doivent respecter un code vestimentaire précis. Après une période d’adaptation, nous avons pu voir des types sans aucune classe habillés chic sauter sur le terrain après les temps morts pour frapper leur poitrine avec les autres joueurs ou leur taper dans la main (Walter Herrmann, Brian Scalabrine, Scot Pollard). Y a-t-il un autre endroit où l’on peut voir une veste en cuir à 2 000 $ tachée de sueur après un coup de poitrine ? La réponse est non.


 

3. Les animations en cours de match

Miami Heat vs Milwaukee Bucks

D’abord, il y a les cheerleaders. Même si, au vu de la tendance générale, elles semblent être appelées à disparaître (comme c’est déjà le cas dans certaines franchises), elles sont difficiles à oublier quand on les a vues, pour une raison simple : elles sont habillées comme des prostituées et dansent comme des strip-teaseuses. Ensuite, à la mi-temps des matchs en NBA, des fans descendent parfois des tribunes et tentent de marquer un panier depuis le milieu du terrain pour gagner une voiture, de l’argent ou ce qu’on leur propose. Quel autre sport permet aux fans de faire partie de l’action comme ça ? Bien sûr, ceux qui sont désignés se ratent tout le temps à cause de la règle peu connue selon laquelle seules des personnes chétives, des femmes ou des gens d’un poids supérieur à trois cents kilos sont choisis pour tirer depuis le milieu du terrain, mais c’est un moment excitant.


 

2. Les sièges au bord du terrain

Memphis Grizzlies v Milwaukee Bucks

En NBA, il y a des sièges au bord du terrain. Ces places sont difficiles à obtenir sans connaître les bonnes personnes, ou si vous êtes capable d’aligner un nombre à six chiffres pour payer votre abonnement annuel. Quand vous vous y trouvez, on peut dire d’une certaine façon que vous avez réussi dans la vie, même si les personnes assises dans les sièges normaux vous regardent de travers. (C’est la même chose que d’aller s’asseoir en première classe et de regarder tous ceux qui se dirigent vers la deuxième classe vous jauger avec dégoût, multiplié par cinquante.)

Ces places sont aussi et surtout les meilleures places possibles de n’importe quel sport. Vous êtes juste à côté du terrain, vous entendez toutes les directives, tous les jurons, toutes les plaisanteries, toutes les insultes ou toutes les moqueries, et si vous avez la chance d’être assis juste à côté de l’un des bancs, vous pouvez entendre discuter stratégie quand les joueurs se regroupent. Aucun autre sport n’offre à ses fans une expérience de ce genre. Les douze sièges entre les deux bancs (six de chaque côté de la ligne médiane, ou, comme on les appelle communément, les sièges Nicholson) sont probablement les meilleurs sièges de l’ensemble des sports professionnels.


 

1. Le MVP

NBA: Stephen Curry MVP Press Conference

En NBA, le trophée de « Most Valuable Player » est celui qui a le plus de valeur et de signification. Les raisons en seront expliquées en détail dans le dossier à venir.


 

Source photos : http://www.nba.com