#77 : Artis Gilmore

Pour comprendre la façon dont les joueurs ont été classés, merci de consulter cet article.

Le portrait de chaque joueur se divise en trois parties : le C.V. (qui résume le palmarès et les accomplissements du joueur), le côté pile (ses qualités) et le côté face (ses défauts).

Artis_Gilmore

ARTIS GILMORE

17 ans de carrière dont 12 de qualité.
11 fois All-Star (6 en NBA, 5 en ABA).
MVP et MVP des Play-offs ABA en 1972.
« Rookie of the Year » ABA en 1972.
Parmi les 5 meilleurs joueurs de l’ABA de 1972 à 1976.
Pic de forme de 5 ans en saison régulière ABA : 22 points, 17 rebonds et 3 passes décisives de moyenne.
Quatre titres de meilleur rebondeur de la saison, six fois en tête au pourcentage de réussite au tir en saison, trois fois en tête au nombre de minutes jouées en saison, deux titres de meilleur contreur de la saison.
Joueur ayant le pourcentage de réussite au tir le plus élevé de l’histoire de la NBA et de l’ABA.
Meilleur joueur d’une équipe deux fois championne ABA (Kentucky Colonels, 1972 et 1975).
Plus de 20 000 points et 15 000 rebonds en carrière.

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Côté face :

Artis Gilmore était une véritable montagne (2,18 m et 109 kilos), avec une moustache et un bouc qui le faisaient ressembler à un mélange entre un Noir et un Chinois. Lorsqu’il a rejoint l’ABA et l’équipe de Kentucky en 1971, il a été mesuré par les journalistes après sa signature lors de la conférence de presse. Avec son afro de mammouth, Artis mesurait… 2,34 m ! Il paraissait intimidant jusqu’à ce que le match commence et que l’on se rende compte que ses réactions étaient une fraction de seconde trop lentes (ce qui lui a valu un surnom : « Rigor Artis »), qu’il ne tentait que les tirs qu’il pouvait marquer (dunks, double-pas, bras roulé de la main gauche), et qu’il avait perpétuellement l’air absent.

Gilmore avait grandi en Floride dans une famille si pauvre qu’il portait des baskets trop petites de deux pointures au lycée. Il avait donc toujours l’air un peu accablé, comme si sa confiance n’était pas à la hauteur de son physique. Les fans pensaient qu’il aurait dû davantage dominer ses adversaires, et les joueurs plus durs l’écrasaient impunément. Un jour, Gilmore s’est énervé contre Maurice Lucas et l’a poursuivi sur le terrain. Il l’a coincé dans un coin, puis s’est fait mettre à terre par une bonne droite. Le coup a donné du cachet à Lucas et a conforté l’idée selon laquelle Artis n’était qu’une lavette. Sans grands rivaux capables de se charger de lui dans une ABA au tempo rapide, Gilmore a dominé, comme le joueur le plus grand domine un match de basket amateur. Il n’a jamais connu le même succès en NBA et aurait été titulaire au poste de pivot dans l’équipe imaginaire des « All-Stars qui étaient meilleures sur le papier qu’en vrai » s’il n’y avait pas eu Walt Bellamy.

Côté pile :

Mais bon ! Il y a quand même pire qu’un pivot qui claque 20 points et 12 rebonds tous les soirs, colmate la raquette, tire à 60 % de réussite et paraît sur le point de tourner un film de Dracula, non ? Relisez son CV un peu plus haut. Ça vous pose un joueur ! Gilmore est à la 77ème place de ce classement et c’est très bien comme ça. Il ne mérite ni d’aller plus haut, ni de descendre plus bas. Il n’y a rien à redire.

#78 : Dan Issel

Pour comprendre la façon dont les joueurs ont été classés, merci de consulter cet article.

Le portrait de chaque joueur se divise en trois parties : le C.V. (qui résume le palmarès et les accomplissements du joueur), le côté pile (ses qualités) et le côté face (ses défauts).

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DAN ISSEL

15 ans de carrière dont 13 de qualité.
7 fois All-Star (1 en NBA, 6 en ABA).
Parmi les 5 meilleurs joueurs de l’ABA en 1972, top 10 ABA en 1971, 1973, 1974, 1975 et 1976.
Pic de forme de 3 ans en saison régulière : 29 points, 11 rebonds et 2 passes décisives de moyenne.
Une fois meilleur marqueur de la saison en ABA.
Play-offs ABA : 24 points, 11 rebonds et 2 passes décisives de moyenne (80 matchs).
Deuxième meilleur joueur d’une équipe championne ABA (Kentucky Colonels, 1975).
Plus de 25 000 points et 10 000 rebonds en carrière.

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Côté face :

Entre Dan Issel et Artis Gilmore, qui était le meilleur ? On peut hésiter entre les deux pour les deux prochaines places, sachant que les deux ont eu des carrières plus ou moins similaires. Mais on ne peut pas mettre Issel avant Gilmore, et voici pourquoi : après le titre ABA obtenu par Kentucky en 1975, les Colonels avaient besoin d’échanger un big guy (Gilmore ou Issel) pour économiser de l’argent. Qui ont-ils gardé ? Gilmore. Pas besoin d’en dire plus. Issel était l’un des joueurs les plus effrayants du basket-ball professionnel parce qu’il lui manquait les quatre dents de devant ; il a été très bon pendant six saisons en ABA, mais n’a été qu’une fois All-Star NBA après la fusion. C’est un peu révélateur.

Côté pile :

Pourtant, il y a des choses à dire sur un pivot jouant dans le périmètre, qui ne manquait aucun match et donnait chaque soir à son équipe de 19 à 25 points et de 8 à 11 rebonds, avec une moyenne de 29,9 points en tant que rookie en 1971, et de 19,8 points après quatorze ans de carrière en 1984. On ne peut pas reprocher à Issel le manque de succès de son équipe en play-offs NBA, parce que les Nuggets étaient à deux matchs d’atteindre la finale en 1978 (défaite face à Seattle), avant de s’effondrer à cause des problèmes de drogue de David Thompson et du trade le plus stupide de l’histoire de la NBA : Bobby Jones contre George McGinnis. Ce type d’échange se pratiquait régulièrement dans les années 70 et 80 : une équipe décidait bêtement d’échanger son joueur le plus complet contre une star surévaluée dont le nom allait pouvoir faire vendre des billets. De nos jours, les équipes attendent simplement que la star surévaluée devienne agent libre, puis ils lui donnent un salaire beaucoup trop élevé et bouchent complètement leur espace salarial. En NBA, on appelle ça le progrès.