Le Top 10 des scandales d’arbitrage en NBA

Regrets

Attention : ce top 10 ne prend pas en compte les actions contestables qui auraient pu à elles seules changer le cours d’un match. Ce top 10 se concentre les séries de matchs mal arbitrées dans leur ensemble, et qui ont clairement favorisé une équipe. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, celles-ci ne sont pas si nombreuses (si on sait faire preuve d’objectivité). Pour réfuter toute théorie du complot, on s’appuiera sur des faits clairs, qui amènent à penser que les matchs de la série ont été au mieux suspicieux, au pire arrangés. Et comme toute accusation mérite d’être défendue, on s’efforcera de trouver des arguments pour infirmer ce qui est soulevé.

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Hors-série :

Curieusement, il y avait très peu de litiges concernant l’arbitrage avant l’arrivée de David Stern au poste de commissionnaire. En 1978, la ligue avait l’occasion d’assister à une spectaculaire finale entre les Sixers et les Nuggets (David Thompson contre Erving), et en 1979, à une finale plus qu’intéressante entre les Spurs et les Suns (Davis et Westphal contre Gervin). Les quatre matchs de play-offs les plus importants étaient les suivants : Denver-Seattle, 1978 (à 2 victoires partout), Washington-Philadelphie, 1978 (à 3-2 pour les Bullets), Phoenix-Seattle, 1979 (à 3-2 pour Phoenix) et San Antonio-Washington, 1979 (à 3-2 pour les Spurs). Devinez quoi ? Les équipes les moins intéressantes ont gagné ces quatre matchs. Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais ça n’arrive plus du tout maintenant.


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10. Los Angeles Lakers – Boston Celtics (Finales NBA 2008) / Boston Celtics – Los Angeles Lakers (Finales NBA 2010)

La partie civile : Dans ces deux finales opposant les mêmes équipes, on peut déceler des choses très curieuses. En 2008, lors du Match 2, les Lakers ont tiré dix lancers francs ; les Celtics en ont tiré trente-huit. Si on peut pardonner les arbitres sur certaines fautes, lorsqu’une équipe tire vingt-huit lancers francs de plus qu’une autre, c’est qu’il y a un problème quelque part. Et en 2010, lors du Match 7 décisif, Kobe Bryant, en grosse difficulté au tir, s’est rué vers le panier pour obtenir des fautes. Il les a toutes obtenues et a tiré quinze lancers francs ; l’ensemble des joueurs des Celtics en ont tiré dix-sept. Comme Bryant avait plus d’aura que toute l’équipe adverse, on peut croire que la ligue avait tout intérêt de la ligue à ce que les Lakers gagnent (surtout que Bryant n’avait encore jamais battu les Celtics en play-offs).

La défense : Tout cela reste quand même pure spéculation. En 2008, la ligue avait plutôt intérêt à ce que les Lakers gagnent le Match 2 (ils étaient menés 1-0) ; et en 2010, la blessure de Kendrick Perkins a permis à Bryant de pénétrer dans la raquette plus facilement, ce qui explique le nombre élevé de lancers francs qu’il a obtenus. En fin de compte, on ne peut pas vraiment dire que l’une des deux équipes a été favorisée : les arbitres ont simplement été mauvais. Ce sont des choses qui arrivent.


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9. Miami Heat – Indiana Pacers (Finales de Conférence Est 2014)

La partie civile : Rien de scandaleux dans cette série… du moins jusqu’au Match 5. Le Heat menait 3 victoires à 1 et tout laissait penser qu’ils allaient se qualifier sans trop de problèmes. Mais Paul George a alors râlé en reprochant aux arbitres de siffler trop de fautes en faveur du Heat. Du coup, lors du Match 5, le meilleur joueur de Miami (LeBron James) s’est fait surveiller étroitement et n’a pas arrêté d’être sanctionné pour des fautes mineures, voire inexistantes. Il s’est fait siffler sa cinquième faute à vingt minutes de la fin, a dû limiter le reste de son temps de jeu et les Pacers ont gagné 93-90. Il faut croire que la ligue voulait un Match 7, ou au moins un Match 6. Et ce n’était pas le seul problème cette année-là : DeAndre Jordan et Chris Paul se sont eux aussi fait siffler des fautes complètement ridicules lors de la série contre le Thunder.

La défense : Bien que l’attitude de James en match à cette période était contestable (comme on le verra plus tard), il est clair que les arbitres se sont laissés influencer par les propos de George. Mais il avait parlé sous le coup de la frustration. Si Miami obtenait plus de fautes que les Pacers, c’était parce que leurs joueurs attaquaient le panier deux ou trois fois plus, ce qui expliquait la différence à ce niveau. Ceci dit, tout cela n’a pas porté tant que ça préjudice à Miami, qui a fini le boulot au Match 6. Disons qu’il s’agissait simplement d’un match mal arbitré.


O'NealVSBlazers

8. Portland Trail Blazers – Los Angeles Lakers (2000)

La partie civile : Cette série a été incroyable de bout en bout. Personne n’aurait misé un centime sur les Blazers contre des Lakers au sommet de leur art, qui comptaient dans leurs rangs les deux plus grandes stars de la NBA (O’Neal et Bryant). Après le quatrième match, les Lakers menaient 3-1 ; mais ils ont perdu les deux matchs suivants, et la victoire de Portland est devenue crédible. C’est là que l’arbitrage s’en est mêlé. Au Match 7, les Lakers ont tiré trente-sept lancers francs contre seulement seize pour les Lakers. Deux des trois meilleurs joueurs de Portland (Scottie Pippen et Arvydas Sabonis) ont été exclus pour six fautes, alors que leur rôle était primordial car ils avaient pour mission de couvrir Kobe et Shaq. Il est déjà assez suspect de voir une équipe tirer vingt-et-un lancers francs de plus que l’autre, mais quand douze de ces fautes se font au détriment des joueurs chargés de défendre sur les deux meilleurs adversaires, c’est vraiment plus que douteux (d’autant plus que Pippen a une moyenne en carrière inférieure à trois fautes par match). Avec Sabonis hors-jeu, les Blazers ont collé sur un O’Neal à son apogée le pauvre Brian Grant, un ailier fort de 2,06 m. Et ils ont perdu le match.

La défense : Même si les Blazers étaient défavorablement jugés par les arbitres, on ne va quand même pas pleurer sur leur sort. Ils avaient réussi à avoir quinze points d’avance au quatrième quart-temps et ils ont tout gâché. Ils ont raté quelques tirs, se sont crispés et l’entraîneur Mike Dunleavy a fait n’importe quoi avec un coaching totalement illogique. Aussi mauvais qu’aient été soient les arbitres, les Blazers se sont plantés. Ils ne méritaient ni de se qualifier, ni de remporter le titre. Point.


Yao

7. Houston Rockets – Dallas Mavericks (Finales de Conférence Ouest 2005)

La partie civile : Déjà suspicieux, ce match l’a été encore plus après les allégations de l’arbitre véreux Tim Donaghy, reconnu coupable d’avoir arrangé des matchs. Dallas a perdu les deux premiers matchs en accusant Yao Ming, le pivot vedette de Houston, de faire des écrans illégaux. Au troisième match, les arbitres ont commencé à siffler davantage de fautes contre Yao, limitant son temps de jeu. Et Dallas a remporté la série 4-3. D’après Donaghy, un arbitre aurait confié à l’entraîneur des Rockets, Jeff Van Gundy, qu’ils avaient reçu l’instruction d’être plus sévères contre Yao. Van Gundy a été condamné à une amende de 100 000 $ pour avoir évoqué publiquement la conversation présumée.

La défense : Le problème dans le cas présent, c’est que tout repose sur des « on-dit ». Et on peut se demander quel crédit apporter à un homme comme Tim Donaghy. Même si certaines des fautes commises par Yao n’auraient sans doute pas dû être sifflées, mettons un point d’interrogation là-dessus.


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6. Phoenix Suns – Seattle Supersonics (Finales de Conférence Ouest 1993)

La partie civile : Il n’y a pas grand-chose à dire sur la série en elle-même. Pour le septième match, en revanche, c’est une autre histoire. Les Suns l’ont emporté 123 à 110, ce qui laisse penser que leur victoire ne souffre d’aucune contestation. Sauf que les Suns ont tiré un total de… soixante-quatre lancers-francs, contre trente-six à peine pour les Sonics. Certaines équipes n’arrivaient même pas à marquer soixante-quatre points en un seul match à l’époque. Les joueurs de Seattle ont commis trente-huit fautes personnelles et trois joueurs ont été expulsés ; Phoenix a commis vingt-sept fautes et n’a eu aucun expulsé. Comme Barkley et Jordan étaient les deux stars incontestées de la NBA, on peut penser que la ligue a donné un coup de pouce à son équipe parce qu’elle voulait voir une finale entre les Suns et les Bulls.

La défense : D’accord, les Suns ont tenté vingt-huit lancers de plus que les Sonics, mais le match était très fermé et on ne peut pas vraiment dire que toutes les fautes étaient contestables. Bien sûr, les soupçons concernant Barkley et Jordan sont légitimes. Mais ça ne constitue pas une preuve. Encore une fois, on peut accorder à la ligue le bénéfice du doute.


BucksSixers2001

5. Milwaukee Bucks – Philadelphia 76ers (Finale de Conférence Est 2001)

La partie civile : La controverse a été lancée par Ray Allen avant le Match 6 de cette série. Il a déclaré que la NBA préférerait voir les 76ers affronter les Lakers en finale plutôt que les Bucks. Les Bucks se sont plaints de l’arbitrage après le Match 4, lorsqu’ils ont estimé que Glenn Robinson avait été victime d’une faute non sifflée à un instant décisif du quatrième quart-temps, permettant aux 76ers de sceller la partie. Dans le cinquième match, une faute technique de Sam Cassell et des fautes flagrantes de Robinson et Tim Thomas se sont soldées par une possession de cinq points et deux possessions de quatre points pour Philadelphie. Les Bucks ont perdu sur le fil, 89-88. Mais en dehors de la nature discutable de ces appels, les Bucks se sont également plaints de plusieurs autres coups de sifflets (des fautes sur Cassell et Ervin Johnson en début de match et un écran mobile sur Jason Caffey à la fin du quatrième quart-temps). Cassell avait commencé à protester dès le premier quart-temps, quand Allen Iverson l’avait frappé violemment au bras sur une feinte. Aucune faute n’a été sifflée, même si l’action avait eu lieu juste devant l’arbitre Ronnie Nunn. Les 76ers se sont qualifiés pour la finale et les Bucks sont restés sur le carreau.

La défense : Voilà la première série de matchs de ce top 10 difficilement défendable. Les Bucks font sans doute preuve d’un peu de mauvaise foi, même s’ils ont admis avec lucidité après le Match 5 que leurs trois erreurs leur avaient coûté le match. Mais en revoyant la série, on se rend quand même bien compte que toutes les décisions semblent en leur défaveur. Comme l’a dit Ray Allen : « Neuf fois sur dix, les arbitres n’ont aucun parti pris. Mais pour tout le monde, Philadelphie et le MVP doivent aller en finale. »


KnicksHeat2012

4. New York Knicks – Miami Heat (premier tour des play-offs 2012)

La partie civile : Le premier match de cette série est le pire match arbitré de l’histoire récente de la NBA. En première mi-temps, les Knicks ont tiré huit lancers francs, et le Heat… vingt-cinq ! Pire encore, les Knicks se sont fait siffler huit passages en force. En d’autres termes, ils sont allés sur la ligne à peu près aussi souvent que LeBron James a floppé. Ses simulations étaient si flagrantes que plusieurs joueurs de la NBA ont fait part de leur colère sur Twitter. Klay Thompson a déclaré qu’il « ne respecterait jamais les floppeurs ». Patrick Patterson s’est demandé : « Quel genre de ligue sportive sommes-nous en train de devenir ? » Des journalistes de premier plan ont dit qu’ils « ne regardent pas les matchs truqués ». Même Jeff Van Gundy était stupéfait. Il est rare qu’un commentateur critique l’arbitrage en plein match, mais il n’a pas pu se contenir : « Je vais laisser les images parler. Personne ne peut tomber de cette manière-là. »

La défense : La seule chose qui atténue le scandale, c’est que les Knicks n’avaient aucune réelle chance de se qualifier, même dans des circonstances équitables. Mais quand même ! Ils avaient tellement peur de jouer physique au milieu du deuxième quart-temps du Match 1 que les membres du Heat ont obtenu tous les coups de sifflet qu’ils voulaient. Les arbitres ont été horribles, mais LeBron James est au moins aussi responsable qu’eux, car tout est arrivé par la faute de ses flops ridicules. La ligue a d’ailleurs dû réagir par la suite et ils l’ont plutôt bien fait. Aujourd’hui, les flops sont jugés plus sévèrement (et ce n’est que justice).


Spurs-Suns-2007

3. San Antonio Spurs – Phoenix Suns (Demi-finales de Conférence Ouest 2007)

La partie civile : Cette série a été gâchée par un ensemble de mauvaises décisions. Encore une fois, à la baguette, on retrouve l’inénarrable Tim Donaghy. Dans le Match 3, Donaghy, qui était au milieu du terrain, a sifflé une faute contre les Suns deux secondes après la fin d’une action sous le panier, alors que l’arbitre situé à quelques centimètres des joueurs n’avait rien dit. Amar’e Stoudemire a également passé toute la deuxième mi-temps avec un problème de fautes, après un flop qui a abouti à sa quatrième faute une minute seulement après le début du troisième quart-temps. Au quatrième match, Robert Horry a balancé Steve Nash sur la table de marque alors que la victoire des Suns était acquise, et Stoudemire et Diaw ont été suspendus. Pourquoi ? Parce qu’ils s’étaient levés du banc. Ils ne se sont pas allés se battre avec Horry : ils se sont juste levés du banc. Techniquement, la suspension était conforme aux règles. Mais c’est complètement stupide : si l’un de vos amis se fait frapper dans un bar, croyez-vous que la police vous arrêterait simplement pour avoir marché vers l’agresseur ? Bien sûr que non. Parce qu’il n’y a rien de mal à être en colère quand quelqu’un s’en prend à votre ami ou votre coéquipier. Ce qu’a fait Horry n’avait aucune classe. Il a directement provoqué la suspension de deux des meilleurs joueurs des Suns, et a permis aux Spurs de remporter la série.

La défense : Cette fois, on entre dans du lourd. Le fait que la NBA laisse une faute technique changer le sort d’un championnat est tout simplement indéfendable. Dans le cinquième match des demi-finales de la Conférence Est 1997, opposant Miami et les New York Knicks, Charlie Ward et P.J. Brown se sont battus et Patrick Ewing, Allan Houston et Larry Johnson ont été suspendus alors qu’ils étaient totalement étrangers à leur altercation. Mais la NBA n’avait jamais fait face à une telle situation auparavant, et l’incident n’a guère changé le cours de l’histoire car les Bulls étaient imbattables en 1997. Toutefois, ce qui s’est passé dix ans plus tard est totalement inexcusable. Les Suns avaient toutes les chances de remporter le titre. Ils avaient l’avantage du terrain. Ils venaient d’égaliser. Kurt Thomas avait réussi à contenir (à peu près) Tim Duncan. Et sans Stoudemire et Diaw, Phoenix a presque battu les Spurs dans le cinquième match. Avec ces deux joueurs, les Suns auraient certainement gagné la série. En Finale de Conférence, ils auraient affronté une médiocre équipe du Jazz, et une équipe des Cavs limitée en finale. On se souviendra différemment des carrières de Steve Nash et de Stoudemire à cause de ce match.


MIADAL2006

2. Miami Heat – Dallas Mavericks (Finales NBA 2006)

La partie civile : Cette série est l’une des plus grosses farces de l’histoire de la NBA. Dallas a remporté les deux premiers matchs de la finale, avait une avance de treize points dans les six dernières minutes du Match 3 à Miami… et là, tout s’est effondré. Wade a obtenu tous les coups de sifflet qu’il recherchait et a fait remonter Miami pour emporter la victoire. Les Mavericks ont été horribles dans le Match 4, puis se sont repris dans le Match 5 avant de se faire entuber par un arbitrage encore plus douteux, avec des décisions incompréhensibles. Wade a tenté autant de lancers francs (vingt-cinq) que l’ensemble de l’équipe de Dallas et a marqué les points gagnants sur la ligne des lancers-francs, après une course vers le panier à l’aveuglette et un coup de coude à peine perceptible de Nowitzki à douze mètres du panier, qui a été sifflé par Bennett Salvatore. Miami l’a emporté en six matchs ; en tout, Wade a tenté le nombre incroyable de quatre-vingt-dix-sept lancers francs. L’effet combiné de cette finale désastreuse et le scandale Tim Donaghy a poussé les pouvoirs en place à se rendre enfin compte que les arbitres avaient un peu trop de pouvoir. Aucune équipe dépendait des arbitres autant que le Heat. Les arbitres sifflaient tous les contacts sur Shaquille O’Neal et protégeaient Wade chaque fois qu’il allait vers le panier. Quand ils sifflaient correctement, Miami était plus que battable ; si les arbitres oubliaient des fautes, ils ne valaient plus rien.

La défense : Ce qui s’est passé ici est une histoire de circonstances. La NBA était aux prises avec une grosse crise d’identité en matière de style de jeu. Les règles avaient été changées pour limiter l’usage des mains en défense, et accélérer le jeu afin que plus de points soient marqués. Certaines équipes avaient assimilé tout cela : elles attaquaient le panier, remontaient rapidement la balle et pensaient à la ressortir ; d’autres continuaient ce qui avait marché entre 1994 et 2005 : un rythme ralenti, une défense de fer et une attaque qui tournait autour d’un seul homme. Miami et Dallas représentaient les façons de penser de la vieille école et la nouvelle école. Personne ne voulait regarder une équipe aussi prévisible offensivement que Miami. Personne ne voulait voir un joueur prendre tous les tirs dans les moments importants pendant que tout le monde le regardait faire. Personne ne voulait voir une équipe jouer entièrement la possession et marcher sur le terrain. Personne ne voulait que les arbitres décident le sort des matchs d’après leurs interprétations de « la superstar qui fonçait vers le panier et essayait d’obtenir une faute ». Mais c’est ce qu’ils ont fait et le résultat a été catastrophique. Cela dit, en fin de compte, Miami méritait quand même de gagner pour avoir été une équipe plus solide et plus expérimentée. Dallas a baissé le pied dans la dernière ligne droite ; Miami est resté calme. Dallas n’a pas arrêté de gémir pendant deux semaines d’affilée ; Miami ne s’est jamais plaint. Avery Johnson angoissait sur son banc ; Pat Riley avait toujours l’air de se préparer à déboucher une bouteille de champagne. Même le langage corporel des deux superstars était différent : Wade était frais et lucide, mais Nowitzki fronçait constamment les sourcils, arrachait son protège-dents et n’arrêtait pas de se plaindre. Il a été mauvais dans toute la série. Et ses coéquipiers ont implosé avec lui. Il s’est quand même vengé cinq ans plus tard, et on en est très heureux pour lui.


KingsLakers2002

1. Los Angeles Lakers – Sacramento Kings (Finales de Conférence Ouest 2002)

La partie civile : On ne va pas s’étendre là-dessus : tout a déjà été dit dans la série d’articles consacrée au sujet. Les Kings étaient les meilleurs. Ils étaient plus motivés. Ils avaient plus de profondeur. Chris Webber jouait aussi bien que Shaq. La dynastie des Lakers aurait dû s’arrêter là. Sans la parodie connue sous le nom de Match 6, les Kings auraient remporté cette série. Et par la suite, l’arbitre Tim Donaghy a affirmé plusieurs fois que ce match avait été truqué.

La défense : Contrairement à ce que prétend Phil Jackson, ce qui s’est passé dans cette série est bien plus scandaleux que les événements de 2006 entre Dallas et Miami. Il n’y a aucune circonstance atténuante. Aucune. Les Lakers étaient une équipe de superstars avec un gros marché qui comptait dans ses rangs Kobe et Shaq ; une finale entre deux les Kings et les Nets aurait été un désastre financier. L’infamie du Match 6 est tout simplement trop grave pour être ignorée. Les Sacramento Kings auraient dû remporter le titre en 2002. Il n’y a rien d’autre à dire.

#79 : Paul Westphal

Pour comprendre la façon dont les joueurs ont été classés, merci de consulter cet article.

Le portrait de chaque joueur se divise en trois parties : le C.V. (qui résume le palmarès et les accomplissements du joueur), le côté pile (ses qualités) et le côté face (ses défauts).

Paul_Westphal

PAUL WESTPHAL

12 ans de carrière dont 5 de qualité.
5 fois All-Star.
Parmi les 5 meilleurs joueurs de la NBA en 1977, 1978 et 1980, top 10 en 1979.
Pic de forme de 5 ans en saison régulière : 23 points, 3 rebonds et 6 passes décisives de moyenne à 52 % de réussite au tir.
Meilleur joueur d’une équipe vice-championne (Phoenix Suns, 1976), avec une moyenne de 21 points, 5 rebonds et 3 passes décisives à 51 % de réussite au tir (19 matchs).

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Côté pile :

Westphal restera dans les mémoires pour avoir été le meilleur arrière de la ligue pendant cinq années consécutives (de 1976 à 1980) et pour ses performances aussi divertissantes que mémorables au All-Star Game. Sa marque de fabrique : le tir à 360° avec la planche, quand il attaquait sur la gauche à une vitesse vertigineuse, se positionnait à environ 2,50 m du panier, puis faisait un tour complet sur lui-même et marquait pendant que son défenseur incrédule était tordu dans neuf directions différentes. Arrière titulaire de l’équipe imaginaire des « Blancs qui jouent comme des Noirs », Westphal n’aurait été qu’un autre de ces grands joueurs oubliés s’il n’y avait pas eu sa performance héroïque dans le célèbre match à trois prolongations des Finales NBA 1976, quand il a sauvé les Suns à lui tout seul ou presque.

Déjà auteur d’actions plus que décisives (des interceptions folles, des dribbles renversés extraordinaires aboutissant à des tirs à trois points), c’est en fin de match que Westphal va se montrer incroyablement malin. À une seconde de la fin en double prolongation, les Suns sont menés par les Celtics 111 à 110. Les Suns doivent faire la remise en jeu depuis leur propre moitié de terrain, autrement dit loin du panier adverse ; les chances de marquer sont minces. Westphal a alors une idée brillante : il demande un temps-mort, alors que les Suns n’en ont plus. Les Celtics bénéficient d’un lancer-franc pour faute-technique, converti par Jo Jo White, mais la balle est ensuite redonnée aux Suns… au milieu du terrain. Plus proche du panier, Garfield Heard égalise sur un tir improbable et si les Suns s’inclineront en triple prolongation, on n’oubliera pas de sitôt le match de Westphal (l’action décrite ci-dessus amènera d’ailleurs la NBA à changer la règle lors de la saison suivante).

Côté face :

Si Havlicek avait manqué son tir en course avec la planche dans la deuxième prolongation au cours de ce match de 1976, Phoenix aurait décroché le titre à domicile et Westphal aurait rejoint la liste sacrée des meilleurs joueurs d’une équipe championne (et serait monté de trente places sur cette liste). Malheureusement, ce n’est pas le cas. En dehors du fait qu’il a été oublié pour avoir joué à la mauvaise époque, Westphal a aussi été victime d’une rare erreur de la part de Red Auerbach, qui l’a échangé contre Charlie Scott avant la saison 1976. Un choix financier totalement à l’encontre de la philosophie de jeu des Celtics, effectué par un homme têtu qui n’avait pas encore accepté la direction que prenait la ligue. La décision de Red n’a pas coûté grand-chose aux Celtics car elle leur a indirectement permis de choisir Larry Bird à la draft quelques années plus tard, mais si Red avait gardé Westphal et son coéquipier Silas, Boston aurait pu gagner en 1977 et éventuellement en 1978. Westphal aurait alors deux titres et serait monté plus haut dans ce classement. Mais non. Vraiment, ce n’est pas de bol.

#84 : Gail Goodrich

Pour comprendre la façon dont les joueurs ont été classés, merci de consulter cet article.

Le portrait de chaque joueur se divise en trois parties : le C.V. (qui résume le palmarès et les accomplissements du joueur), le côté pile (ses qualités) et le côté face (ses défauts).

Gail_Goodrich

GAIL GOODRICH

14 ans de carrière dont 8 de qualité.
5 fois All-Star.
Parmi les 5 meilleurs joueurs de la NBA en 1974.
Pic de forme de 3 ans en saison régulière : 25 points, 3 rebonds et 5 passes décisives de moyenne.
Pic de forme de 2 ans en play-offs : 25 points, 3 rebonds et 5 passes décisives de moyenne (27 matchs).
Une fois leader au nombre de lancers-francs tentés en une saison.
Troisième meilleur joueur d’une équipe championne (Los Angeles Lakers, 1972) et d’une équipe vice-championne (Los Angeles Lakers, 1973).
Laissé sans protection pour la draft d’expansion de 1968.

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Côté pile :

Meneur gaucher et rusé, Goodrich faisait partie des meilleurs arrières scoreurs de l’ère un peu folle durant laquelle l’ABA a côtoyé la NBA. Il avait un jeu au poste bas peu orthodoxe qui lui permettait de dominer dans la raquette les arrières de petite taille, et attaquait la jante comme un Manu Ginobili en plus dingue (il a tenté plus de 550 lancers-francs en une saison à quatre reprises). On mettra à son crédit deux faits d’armes principaux : il a été l’un des trois meilleurs joueurs d’une équipe des Lakers à 69 victoires, et il a littéralement écrasé Earl Monroe au cours des Finales de 1972. S’il fallait un jour monter une équipe des meilleurs gauchers de tous les temps, il passe tout juste Ginobili au poste d’arrière titulaire.

Côté face :

Historiquement parlant, Goodrich n’a jamais été vraiment pris au sérieux (peut-être parce que son nom ressemblait à celui d’une joueuse de golf). Au crépuscule de ses meilleurs années, il avait tout de même pris suffisamment de valeur pour que Utah abandonne des choix de premier tour en 1977 et 1979 et l’associe à Pete Maravich. Goodrich a joué 27 matchs, puis s’est blessé au genou et n’a jamais vraiment récupéré. Comme les Lakers ont obtenu Magic avec l’un des choix laissés par Utah, Goodrich est, en fin de compte, responsable de six titres des Lakers, ainsi que l’incroyable odyssée de Moses Malone (à lire en détail dans l’article suivant). Il y a eu plusieurs douzaines de contrats et de recrutements d’agents libres horribles dans l’histoire de la NBA, mais curieusement, aucune n’a surpassé celle consistant à laisser tomber Moses pour faire signer un Goodrich âgé et abandonner deux choix dont l’un d’eux permettra de choisir Magic.

Si Goodrich avait pu faire une carrière plus complète et avait été un meilleur défenseur, il aurait grimpé de plusieurs places au classement. Malheureusement, il n’a connu que cinq très bonnes années avec les Lakers (qui n’ont pas hésité à le laisser sans protection à la draft d’expansion de 1968, même s’ils lui ont rendu service, car c’est sous le maillot de Suns que Goodrich a réellement explosé) et on ne peut légitimement pas le mettre plus haut. C’est dommage. Mais c’est ainsi.

#88 : Connie Hawkins

Pour comprendre la façon dont les joueurs ont été classés, merci de consulter cet article.

Le portrait de chaque joueur se divise en trois parties : le C.V. (qui résume le palmarès et les accomplissements du joueur), le côté pile (ses qualités) et le côté face (ses défauts).

Connie_Hawkins

CONNIE HAWKINS

9 ans de carrière dont 4 de qualité.
5 fois All-Star (4 en NBA, 1 en ABA).
MVP de l’ABA en 1968.
Parmi les 5 meilleurs joueurs de la NBA en 1970.
Pic de forme de 3 ans en saison régulière : 23 points, 9 rebonds et 4 passes décisives de moyenne.
Meilleur joueur d’une équipe championne ABA (Cleveland Pipers, 1968), play-offs : 30 points, 12 rebonds et 5 passes décisives de moyenne (14 matchs).

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Côté face :

Éligible pour la draft de 1963, Hawkins n’a pas rejoint la NBA avant la saison 1969-1970. Lors de sa première année à l’université de l’Iowa, il avait été mêlé à un scandale de matchs arrangés qui a conduit la NBA à blackbouler de manière assez injuste toutes les personnes impliquées, en raison de la règle « d’exemplarité » (même les innocents comme Hawkins, qui n’avait, en fait, jamais arrangé un seul match). Hawkins a passé les quelques années ont suivi à se dépatouiller dans des ligues professionnelles de bas niveau, des ligues mineures et dans des matchs de playground avant de devenir la première superstar de l’ABA et de poursuivre la NBA pour son bannissement.

Lorsque Hawkins a finalement rejoint la NBA, il était déjà trop tard. Ses lacunes tactiques (il avait été exclu de son université après le scandale) et son corps maigre (il pesait au mieux entre 90 et 93 kilos) l’empêchaient de jouer avec intensité et d’assurer en défense. Sa seule chance de réussir quelque chose en play-offs aurait été de jouer avec un gros contreur comme Bill Russell ou Nate Thurmond. S’il avait fait toute sa carrière en NBA, Hawkins aurait probablement ressemblé à Adrian Dantley ou Alex English : de grosses statistiques offensives et des éliminations au premier tour plus nombreuses qu’autre chose.

Côté pile :

Lorsque l’écrivain David Wolf  a fait son portrait pour le magazine Life en 1969, l’opinion publique s’est rangée derrière Hawkins. Il faut dire que le commissionnaire de l’époque, Walter Kennedy, avait géré la situation de manière épouvantable ; il n’avait pas enquêté sur le degré « d’implication » de Connie dans le scandale (on lui avait donné 200 $ de dessous-de-table qu’il avait aussitôt rendus) et aveuglément supposé qu’il était un escroc. La ligue s’est finalement arrangée avec Hawkins pour la surprenante somme d’un million de dollars, puis l’a envoyé à Phoenix, où il a atteint son pic en faisant partie du cinq majeur de la NBA en 1970.

Bien que nous ne saurons jamais le niveau que Hawkins aurait pu atteindre, on peut le définir comme le premier ailier fort moderne, avec de la taille et du physique (et sept à dix bonnes années d’avance sur Gus Johnson et Spencer Haywood). Un précurseur des Kemp et Garnett, qui jouait au-dessus de la jante avant que ses genoux ne commencent à l’abandonner. Ses mains anormalement grandes lui permettaient de mettre dans sa paume le ballon de basket comme des balles de tennis ; il tenait la balle au-dessus de sa tête et trouvait les joueurs qui coupaient dans la raquette avec des passes laser, et quand il attaquait le panier, personne ne pouvait l’intercepter car le ballon collait à sa patte géante. Malgré cela, la carrière de Hawkins reste incomplète, et a un côté tragique. S’il avait pu avoir une trajectoire normale, il aurait figuré à coup sûr bien plus haut dans ce classement.

#97 : Kevin Johnson

Pour comprendre la façon dont les joueurs ont été classés, merci de consulter cet article.

Le portrait de chaque joueur se divise en trois parties : le C.V. (qui résume le palmarès et les accomplissements du joueur), le côté pile (ses qualités) et le côté face (ses défauts).

Kevin_Johnson

KEVIN JOHNSON

12 ans de carrière, dont 7 de qualité.
3 fois All-Star.
Parmi les 10 meilleurs joueurs de la NBA en 1989, 1990, 1991 et 1994, top 15 en 1992.
Pic de forme de 4 ans en saison régulière : 22 points, 4 rebonds et 11 passes décisives de moyenne à 50 % de réussite au tir et 85 % de réussite aux lancers-francs.
Pic de forme de 2 ans en play-offs : 22 points, 4 rebonds et 11 passes décisives de moyenne (28 matchs).
Deuxième meilleur joueur d’une équipe vice-championne NBA (Phoenix Suns, 1993).
Cinquième meilleur passeur de l’histoire en play-offs (8,9 passes décisives de moyenne en 115 matchs).

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Côté pile :

Lorsqu’il a débuté en NBA en tant que rookie, Kevin Johnson ressemblait à un collégien terrifié qui aurait subitement atterri à l’université. Comme il avait été choisi en septième position à la draft, il était stupéfiant de voir la faiblesse dont il semblait faire preuve en comparaison avec son coéquipier Mark Price (qui figure un peu plus haut dans ce classement). Quelques mois plus tard, tout le monde s’est dit que Cleveland avait bien roulé Phoenix en échangeant Johnson contre Larry Nance au cours d’une méga-transaction. Comment un avorton comme Kevin Johnson aurait-il pu remplir le vide laissé par Larry Nance ?

La même année, « KJ » a transformé Phoenix en une équipe susceptible de gagner en play-offs, en les amenant en demi-finale de la Conférence Ouest de 1989 et en finale de la Conférence Ouest de 1990. Il jouait avec classe, contrôlait le tempo de chaque action et se déplaçait où il voulait. Et il montra pourquoi il ne faut jamais juger trop rapidement les jeunes meneurs (ce que l’entraîneur des Celtics Rick Pitino aurait du savoir quand il a échangé le rookie Chauncey Billups après seulement cinquante matchs).

Aucun meneur n’a attaqué le panier aussi effrontément, autant dunké sur des joueurs plus grands et détruit ses adversaires sur un dribble que Kevin Johnson au sommet de son art ; il n’était pas impossible à marquer, mais ses adversaires reculaient instinctivement chaque fois qu’il amorçait un mouvement. Si « KJ » avait atteint son apogée après 2004 (quand on a commencé à siffler l’utilisation illicite des mains et cessé de siffler les écrans en mouvement, ce qui a permis aux meneurs de rentrer dans la peinture comme dans du beurre), il aurait eu 30 points et 15 passes décisives de moyenne par match, et outrepassé Steve Nash pour obtenir deux titres de MVP consécutifs.

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Côté face :

Enfin, si ses cuisses avaient tenu. Car deux choses ont plombé la carrière de KJ. D’abord, il était tout le temps blessé : il avait des cuisses en papier mâché et il a manqué cinq fois plus de quinze matchs en onze saisons pour des problèmes musculaires. S’il y avait un Hall of Fame des joueurs les plus frustrants, il serait meneur titulaire. Et ensuite, il a plus que contribué à la défaite des Suns en finale de 1993, en perdant ses moyens de façon si mémorable lors des deux premiers matchs à domicile de Phoenix que l’entraîneur des Suns, Paul Westphal, a dû le remplacer par Frankie Johnson dans les instants décisifs du Match 2. Le temps que KJ se remette les idées en place dans le Match 3, les Suns avaient dilapidé leur avantage de terrain et n’avaient aucune chance réelle de pouvoir revenir. Sur une série de cinq matchs, personne ne battait quatre fois Jordan lorsqu’il était à son apogée.

Bien sûr, beaucoup de joueurs ont perdu leurs moyens en finale (John Starks en 1994, Nick Anderson en 1995, Magic en 1984, Elvin Hayes en 1975, Nowitzki en 2006, etc.), mais personne ne s’est jamais liquéfié à ce point. On aurait dit que « KJ » faisait exprès de jouer mal. C’est dire à quel point il avait été affreux. Comme la chose s’est passée durant l’une des ces instants qui définissent un joueur, il doit être pénalisé. Et voilà pourquoi il se retrouve à notre point de « cut » pour les meneurs.

#100 : Tom Chambers

Pour comprendre la façon dont les joueurs ont été classés, merci de consulter cet article.

Le portrait de chaque joueur se divise en trois parties : le C.V. (qui résume le palmarès et les accomplissements du joueur), le côté pile (ses qualités) et le côté face (ses défauts).

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TOM CHAMBERS

16 ans de carrière, dont 10 de qualité.
4 fois All-Star.
Parmi les 10 meilleurs joueurs de la NBA en 1989 et 1990.
MVP du All-Star Game 1987.
Pic de forme de 2 ans en saison régulière : 26 points, 8 rebonds et 3 passes décisives de moyenne.
Pic de forme de 2 ans en play-offs : 24 points, 9 rebonds et 3 passes décisives de moyenne (28 matchs).
Vice-champion NBA avec les Suns en 1993.
Plus de 20 000 points en carrière.

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Côté face :

Tout comme les quatre prochains joueurs classés servent de repère pour leurs positions respectives, Chambers donne la limite d’entrée du top 100 pour les ailiers forts. Pour modifier le classement dans un avenir proche ou lointain, il suffira donc tout simplement de se demander : « Cet ailier fort était-il meilleur que Tom Chambers ? » Chambers était un joueur blanc avec une coiffure typique des années 80 (des cheveux bruns tirant sur le blond séparés par une raie au milieu, avec une drôle de circonférence à l’arrière). Sa défense était médiocre et peu inspirée (Larry Bird prenait un malin plaisir à l’écraser à chaque opposition), et il était insipide au point de n’avoir jamais gagné un surnom.

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Côté pile :

Cela étant, Chambers était magnifiquement présent à l’aile sur les contre-attaques, marquait de façon efficace et a brillé au cours de la période la plus relevée de l’histoire de la NBA (1986-1993, qui comprenait douze des vingt-quatre meilleurs joueurs de ce classement et dix-neuf du top cinquante). En finale de Conférence, il a été par trois fois le go-to-guy de son équipe (avec les Sonics en 1987, et avec les Suns en 1989 et 1990). À 35 ans, il a aussi été un élément essentiel des Suns en 1993, qui reste très probablement la meilleure équipe de saison régulière (après la fusion NBA-ABA) à n’avoir jamais remporté de titre.

Chambers mérite aussi des points de bonus pour deux éléments :

  1. Il est titulaire au poste d’ailier fort dans l’équipe des Blancs qui jouent comme des Noirs. Chambers est le seul Blanc à avoir réalisé l’un des dix meilleurs dunks de l’histoire : il s’est littéralement propulsé en l’air sur une contre-attaque, s’est retrouvé au niveau de la poitrine de son défenseur (Mark Jackson), est passé par-dessus celui-ci, et lorsqu’il a écrasé le ballon à deux mains dans le cercle, l’arceau paraissait mesurer 1,50 m de diamètre.
  2. Non seulement Chambers a été élu MVP du meilleur All-Star Game de l’histoire (1987) avec ses 34 points (davantage que les totaux combinés de Jordan, Wilkins, Barkley et Olajuwon), mais Magic n’a pas arrêté de l’utiliser pour faire des pick-and-rolls et l’équipe de l’Est étaient incapables de les arrêter.

Du coup, on se demande ce qui serait arrivé si Chambers et Worthy avaient changé d’équipe en 1982 et si Chambers avaient passé la décennie suivante à jouer avec Magic. Peut-être aurait-il été élu MVP des Finales en 1988, serait entré au Hall of Fame et aurait rejoint le cercle des 50 meilleurs joueurs de la NBA à la place de Worthy. Ce n’est pas impossible, non ?

(Les statistiques en carrière de Worthy : 17,6 points, 5,1 rebonds, 52 % de réussite au tir, 77 % aux lancers-francs, deux fois dans le troisième cinq majeur de la NBA. Les statistiques en carrière de Chambers : 18,1 points, 6,1 rebonds, 47 % de réussite au tir, 81 % aux lancers-francs, deux fois dans le deuxième cinq majeur de la NBA. Vous voyez ?)

#24 : Comment les Suns se sont sabordés entre 2004 et 2008

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Les Phoenix Suns 2004-2005 : Mike D’Antoni (entraîneur), Steve Nash, Amar’e Stoudemire, Joe Johnson, Quentin Richardson et Shawn Marion. Une équipe formidable sabordée par des décisions douteuses. (1)

Certaines équipes font de mauvais choix. Ce sont des choses qui arrivent. Les conséquences de leurs décisions sont généralement imprévisibles, de sorte que l’on ne peut examiner séparément chacune d’entre elles et extrapoler par la suite sans avoir l’air de jouer les voyants. Mais la façon dont les dirigeants des Phoenix Suns ont géré leur équipe entre 2004 et 2008 a été tellement incompréhensible qu’il est impossible de ne pas en parler. La radinerie dont ils ont fait preuve et les décisions totalement vides de sens prises au cours de cette période ont ruiné une équipe qui aurait pu rester au sommet de la NBA pendant plusieurs années. Voici un aperçu détaillé de cette gestion calamiteuse.

2004.

L’été 2004 marque le retour de Steve Nash chez les Suns. Drafté par Phoenix en 1996, il avait rejoint Dallas en 1998 dans le cadre d’un échange, et était devenu un All-Star considéré comme l’un des meilleurs meneurs de toute la NBA. À la fin de son contrat, plutôt que de s’engager à nouveau avec les Mavericks, Nash choisit de revenir à Phoenix et rejoint une équipe prometteuse, avec des jeunes joueurs plein d’avenir (Shawn Marion, Joe Johnson, Amar’e Stoudemire). Tous les espoirs sont permis pour la saison suivante. Autre bonne nouvelle : les Suns possèdent le septième choix de la draft à venir, c’est-à-dire de quoi encore renforcer l’équipe.

Le soir de la draft, lorsque vient le tour des Suns, d’excellents joueurs sont encore disponibles. Les meilleurs sont Luol Deng, très bon ailier scoreur, et Andre Iguodala, swingman à la défense de fer. Les Suns ne se trompent pas : ils choisissent Luol Deng… et l’échangent immédiatement contre le 31ème choix de cette même draft (2) et un choix de premier tour en 2005. Une semaine plus tard, ils font signer à Quentin Richardson un contrat de six ans à… 42 600 000 $, alors qu’ils auraient pu rémunérer Deng avec un tiers de ce montant.

Mais la bêtise des dirigeants ne s’arrête pas là : malgré une excellente saison, Richardson est échangé aux Knicks dès l’année suivante avec le vingt-et-unième choix de la draft 2005 (Nate Robinson) contre… Kurt Thomas et Dijon Thompson. Kurt Thomas est loin du calibre de Richardson, et Dijon Thompson ne jouera qu’en ligue mineure avant d’être cédé aux Hawks, qui l’enverront très vite en Europe. Deux saisons plus tard, les Suns bazarderont Thomas à Seattle avec deux choix de premier tour simplement pour dégager du plafond salarial.

Pour résumer, la décision de Bryan Colangelo de signer Richardson au lieu de garder simplement Deng a fini par coûter aux Suns quatre choix de premier tour. Incroyable.

2005.

Joe Johnson, All-Star à en devenir de 24 ans, arrive en fin de contrat après la saison 2004-2005. Il avait été un élément-clé de l’excellente saison des Suns, un swingman parfait pour leur système run-and-gun et un excellent shooteur qui pouvait même jouer meneur en cas de besoin. Avec le noyau Nash-Stoudemire-Marion-Johnson, quelques role players et un banc solide, les Suns sont assurés au minimum d’une place en play-offs pendant une décennie (à condition que Nash ne se se blesse pas, et même dans ce cas, il suffit de confier les rênes du jeu offensif à Johnson).

Les Suns ont tout intérêt à garder Joe et à lui offrir un beau contrat. Au lieu de ça, les dirigeants lui font une offre si insultante que Johnson se vexe et leur demande de ne pas suivre l’offre d’Atlanta à 70 000 000 de dollars. Au lieu de le retenir avec des arguments de bon sens (14 000 000 $ par an et l’opportunité de jouer avec Nash), les Suns le laissent filer et l’échangent contre Boris Diaw et deux futurs choix de premier tour. On peut bien sûr critiquer Johnson pour s’être vexé trop facilement, mais comment les Suns ont-ils fait pour gérer la situation si mal que Johnson a insisté pour partir ?

2006.

Du fait de leur bons résultats malgré la perte de Johnson, la loterie annuelle donne aux Suns un choix de premier tour de draft assez lointain (le 27ème). Un point positif tout de même : Phoenix a récupéré le vingt-et-unième choix après plusieurs transactions compliquées. En vingt-et-unième choix, donc, les Suns choisissent un joueur prometteur de l’université de Kentucky : Rajon Rondo. Au lieu de le garder, ils l’expédient à Boston avec Brian Grant contre le premier choix de Cleveland en 2007 et 1,9 millions de dollars. Et quelques semaines plus tard, ils signent Marcus Banks pour… 24 000 000 $.

Autrement dit, à la place d’un jeune joueur plein d’avenir et peu coûteux, les Suns ont décidé de payer cinq fois plus un joueur moyen qui n’avait jamais dépassé les 6 points et 2 rebonds par matchs sur une saison complète (3). Le même été, ils ont prolongé le contrat de Diaw pour cinq ans et 45 millions de dollars, ce qui signifiait que le duo Diaw / Banks gagnait tous les ans autant d’argent que Joe Johnson. Impressionnant.

2007.

Après l’échange de Rondo et d’autres transferts compliqués, les Suns se retrouvent avec le vingt-quatrième choix de la draft 2007. Ils sélectionnent la star espagnole de Badalone Rudy Fernandez. En dehors de ses qualités, ce joueur a l’avantage de ne pas être sous le coup de la taxe de luxe car il ne compte pas rejoindre la NBA avant un an, désireux de prouver qu’il est le meilleur joueur du championnat espagnol.

Phoenix aurait pu trouver un arrangement pour le laisser jouer en Europe et le faire revenir en cas de besoin. Mais non : le propriétaire des Suns, Robert Sarver, a vendu ses droits à Portland pour 3 millions de dollars, une somme ridiculement basse pour un joueur de cette qualité. La saison suivante, Fernandez explose avec son club et montre toute l’étendue de son talent en finale des Jeux Olympiques face à une équipe américaine bourrée de stars. S’il s’était présenté un an plus tard à la draft, il serait sorti dans les dix premiers.

Conclusion :

Pour résumer le fiasco de ces quatre années, les Suns ont échangé un septième choix dans une excellente draft (Deng) ainsi que deux futurs grands joueurs (Rondo ou Fernandez) contre 4,9 millions de dollars, c’est-à-dire moins que ce qu’ils donnaient à Banks pour s’asseoir sur leur banc en 2007. Bravo !

Bon, d’accord, les choses étaient loin d’être aussi simples en réalité. Un grand nombre des mauvais choix susmentionnés étaient liés à d’autres, et Phoenix a du renoncer à des choix de premier tour en 2005, 2006 et 2008 suite à des problèmes de taxe. Mais la stratégie de Sarver a de quoi laisser largement perplexe. Pourquoi être propriétaire d’une équipe NBA si votre but est de réduire les coûts ? Pourquoi refuser de parier sur l’avenir ? Pourquoi préférer engranger cash à court terme que de voir les bénéfices à long terme ?

Imaginez un peu ce qu’auraient pu être les Suns à partir de 2004 : six excellents joueurs (Nash, Marion, Stoudemire, Johnson, Leandro Barbosa et Deng) qu’il aurait suffi d’entourer avec des choix de draft, des vétérans au salaire minimum, et renforcer le tout avec des transferts en février. Les Suns ne se seraient-ils pas positionnés à court et à long terme mieux que toute autre franchise de la seconde moitié de cette décennie ? Quelle avarice. Quelle occasion ratée. Et quel gaspillage des meilleures années de Nash.


(1) Source : https://twitter.com/insidersuns

(2) Avec ce choix, ils prendront Jackson Vroman, un pivot Libanais qui ne passera que deux ans en NBA, pour une moyenne de 4,6 points et 3,8 rebonds par match.

(3) Il a bien atteint les 12 points de moyenne en 2005-2006 avec Minnesota, mais en n’ayant joué que 40 matchs.