#97 : Kevin Johnson

Pour comprendre la façon dont les joueurs ont été classés, merci de consulter cet article.

Le portrait de chaque joueur se divise en trois parties : le C.V. (qui résume le palmarès et les accomplissements du joueur), le côté pile (ses qualités) et le côté face (ses défauts).

Kevin_Johnson

KEVIN JOHNSON

12 ans de carrière, dont 7 de qualité.
3 fois All-Star.
Parmi les 10 meilleurs joueurs de la NBA en 1989, 1990, 1991 et 1994, top 15 en 1992.
Pic de forme de 4 ans en saison régulière : 22 points, 4 rebonds et 11 passes décisives de moyenne à 50 % de réussite au tir et 85 % de réussite aux lancers-francs.
Pic de forme de 2 ans en play-offs : 22 points, 4 rebonds et 11 passes décisives de moyenne (28 matchs).
Deuxième meilleur joueur d’une équipe vice-championne NBA (Phoenix Suns, 1993).
Cinquième meilleur passeur de l’histoire en play-offs (8,9 passes décisives de moyenne en 115 matchs).

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Côté pile :

Lorsqu’il a débuté en NBA en tant que rookie, Kevin Johnson ressemblait à un collégien terrifié qui aurait subitement atterri à l’université. Comme il avait été choisi en septième position à la draft, il était stupéfiant de voir la faiblesse dont il semblait faire preuve en comparaison avec son coéquipier Mark Price (qui figure un peu plus haut dans ce classement). Quelques mois plus tard, tout le monde s’est dit que Cleveland avait bien roulé Phoenix en échangeant Johnson contre Larry Nance au cours d’une méga-transaction. Comment un avorton comme Kevin Johnson aurait-il pu remplir le vide laissé par Larry Nance ?

La même année, « KJ » a transformé Phoenix en une équipe susceptible de gagner en play-offs, en les amenant en demi-finale de la Conférence Ouest de 1989 et en finale de la Conférence Ouest de 1990. Il jouait avec classe, contrôlait le tempo de chaque action et se déplaçait où il voulait. Et il montra pourquoi il ne faut jamais juger trop rapidement les jeunes meneurs (ce que l’entraîneur des Celtics Rick Pitino aurait du savoir quand il a échangé le rookie Chauncey Billups après seulement cinquante matchs).

Aucun meneur n’a attaqué le panier aussi effrontément, autant dunké sur des joueurs plus grands et détruit ses adversaires sur un dribble que Kevin Johnson au sommet de son art ; il n’était pas impossible à marquer, mais ses adversaires reculaient instinctivement chaque fois qu’il amorçait un mouvement. Si « KJ » avait atteint son apogée après 2004 (quand on a commencé à siffler l’utilisation illicite des mains et cessé de siffler les écrans en mouvement, ce qui a permis aux meneurs de rentrer dans la peinture comme dans du beurre), il aurait eu 30 points et 15 passes décisives de moyenne par match, et outrepassé Steve Nash pour obtenir deux titres de MVP consécutifs.

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Côté face :

Enfin, si ses cuisses avaient tenu. Car deux choses ont plombé la carrière de KJ. D’abord, il était tout le temps blessé : il avait des cuisses en papier mâché et il a manqué cinq fois plus de quinze matchs en onze saisons pour des problèmes musculaires. S’il y avait un Hall of Fame des joueurs les plus frustrants, il serait meneur titulaire. Et ensuite, il a plus que contribué à la défaite des Suns en finale de 1993, en perdant ses moyens de façon si mémorable lors des deux premiers matchs à domicile de Phoenix que l’entraîneur des Suns, Paul Westphal, a dû le remplacer par Frankie Johnson dans les instants décisifs du Match 2. Le temps que KJ se remette les idées en place dans le Match 3, les Suns avaient dilapidé leur avantage de terrain et n’avaient aucune chance réelle de pouvoir revenir. Sur une série de cinq matchs, personne ne battait quatre fois Jordan lorsqu’il était à son apogée.

Bien sûr, beaucoup de joueurs ont perdu leurs moyens en finale (John Starks en 1994, Nick Anderson en 1995, Magic en 1984, Elvin Hayes en 1975, Nowitzki en 2006, etc.), mais personne ne s’est jamais liquéfié à ce point. On aurait dit que « KJ » faisait exprès de jouer mal. C’est dire à quel point il avait été affreux. Comme la chose s’est passée durant l’une des ces instants qui définissent un joueur, il doit être pénalisé. Et voilà pourquoi il se retrouve à notre point de « cut » pour les meneurs.