All the Kings’ Men (2/8)

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Copyright Notice: Copyright 2002 NBAE (Photo by Catherine Steenkeste/NBAE/Getty Images)

Du « Hack-a-Shaq », des arbitres lunatiques, un empoisonnement alimentaire, et le dernier « three-peat » à ce jour : une histoire orale des Finales de la Conférence Ouest 2002 entre les Los Angeles Lakers et les Sacramento Kings, le dernier chapitre de l’une des plus grandes rivalités de l’histoire du basket-ball

par Jonathan Abrams, le 7 Mai 2014

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I. Avant la bataille (1/8)

II. La trilogie en marche

MATCH 1, 18 MAI 2002

Au fur et à mesure que le troisième acte d’une trilogie Kings-Lakers en play-offs devenait probable, les fans de basket-ball se sont pris à rêver à un nouveau « Thrilla in Manilla ». La guerre sans merci entre les deux équipes avait commencé lieu deux ans plus tôt. En 2000, les Lakers ont mené 2 victoires à 0 au premier tour des play-offs ; ils se sont rendus à Sacramento en pensant que la série était terminée. Mais les Kings ont brûlé un maillot des Lakers lors de la célébration d’avant-match et ont remporté les Matchs 3 et 4, avant de finalement s’incliner au Match 5. Le copropriétaire des Kings, Joe Maloof, a déclaré à Bloomberg que Phil Jackson avait été « arrogant » pendant la série et qu’il s’était « caché dans un coin » lors des défaites à Sacramento.

C’est ainsi que les hostilités ont commencé. Jackson, qui aimait montrer des extraits de films à ses joueurs pour les motiver, a juxtaposé le meneur de jeu des Kings de l’époque (Jason Williams) avec le personnage joué par Edward Norton dans American History X, et l’entraîneur des Kings Rick Adelman avec Adolf Hitler. Les Kings se sont indignés, et Adelman a commenté : « Cela dépasse toutes les bornes. » Ensuite, Jackson s’est mis à dos toute la ville de Sacramento en qualifiant ses habitants de « ploucs » et en ajoutant : « Quand j’étais entraîneur à Porto Rico, lorsqu’on gagnait à l’extérieur, on nous crevait les pneus et on nous chassait de la ville à coups de pierres, mais c’était un environnement complètement différent. Les gens de Sacramento sont à peine civilisés. Ils ne valent pas mieux que des péquenauds. » Au cours des play-offs de 2001, les Lakers se sont moqués des Kings pour avoir trop célébré leur victoire au premier tour ; Shaq a dénigré les techniques défensives de Divac ; et les Lakers ont humilié leurs adversaires avec un sweep. Ils ne semblaient plus considérer Sacramento comme des rivaux sérieux. Mais la tension ne faisait que monter. En 2002, comme l’admet aujourd’hui Rick Fox, « c’est devenu une vraie rivalité ».

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Howard Beck (journaliste couvrant les Lakers pour le Los Angeles Daily News) : C’était une vraie mise en scène. Shaq se dénigrait tous les jours les Kings, et Phil Jackson faisait de même : il se moquait d’eux, de leurs fans ou de toute la ville de Sacramento. Ils n’étaient pas les seuls. Je me souviens que Rick Fox avait déclaré que les Kings avaient peur d’eux.

Christie : En 2000, quand nous sommes arrivés en play-offs pour la première fois, je crois qu’ils ont commencé à nous prendre au sérieux. Ils nous ont sentis venir. Personne dans la ligue, [pas] même les Spurs, ne pouvait rivaliser avec eux comme nous le faisions.

Adande : Phil et les citations des médias étaient presque aussi intéressants que l’action sur le terrain.

Mark Madsen (ailier des Lakers) : Je me disais que Phil n’avait pas peur de lancer des citations controversées.

Beck : Il y a très peu de franchises NBA que Phil n’a pas insultées. Il a traité Orlando de « ville plastique ». Il s’est moqué du River Walk [à San Antonio]. Il voulait mettre un astérisque sur le championnat remporté par les Spurs lors de l’année du « lock-out » en 1999. C’est dans la nature de Phil de se moquer et de provoquer. Il aime ça. Il adore faire ça.

Phil Jackson : Il y avait des gars près du banc [à Sacramento] avec lesquels j’entretenais de bonnes relations. Ils agitaient des cloches, comme celles qu’on accroche au cou des vaches. Ils ont même amené une cloche électrique attachée à une batterie pour leur permettre d’avoir un son amplifié. La salle était assez bruyante, même pendant un temps mort. Je devais éloigner les joueurs du banc pour leur parler. Ils voulaient détourner l’attention de Shaq ou de certains joueurs en les harcelant. Mais c’était très amusant. Les habitants de Sacramento pensaient la même chose.

Gary Gerould (commentateur radio des Kings) : Je pense qu’ils avaient gagné le droit de se sentir supérieurs. Je n’y trouve rien à redire. Ça leur donnait encore plus d’éclat. Ils étaient allés en finale, ils avaient fait leur travail, ils avaient gagné plusieurs titres. Ils avaient les bagues, l’attitude, le talent. Ils étaient bons et ils le savaient.

Christie : On n’y faisait pas vraiment attention. En termes de talent individuel, nous savions que nous pouvions rivaliser avec eux et probablement les battre. Mais en y repensant, j’aurais aimé qu’on leur réponde. Certains de nos gars avaient de la répartie, nous aurions probablement pu jouer à ça avec eux tout en assurant sur le terrain. Cela nous aurait peut-être un peu mieux réussi. Cela dit, ils avaient le Maître Zen.

Devean George (ailier des Lakers) : Phil est un grand entraîneur car il cache nos faiblesses et expose celles de l’autre équipe. Et il sait parfaitement communiquer avec les médias et détourner leur attention. Il sait très bien dissimuler ce qu’il veut vraiment.

Grant Napear (annonceur des Kings) : Je peux vous assurer que ça leur a posé problème. Je me souviens parfaitement que cela dérangeait les joueurs des Kings. En tout cas, ça a provoqué un sacré tumulte en ville.

Howard-Cooper : Ils étaient fous furieux. Phil savait exactement ce qu’il faisait. Sacramento avait un énorme complexe d’infériorité par rapport au palmarès des Lakers, et aux grandes villes comme Los Angeles et, dans une certaine mesure, San Francisco. Phil le savait, évidemment, et c’était là tout le problème. Je ne pense pas qu’il détestait vraiment les habitants de Sacramento ; il aimait juste faire mettre de l’huile sur le feu et faire de la provocation.

Elston Turner (entraîneur adjoint des Kings) : L’heure de la vengeance avait sonné.

Robert Horry (ailier des Lakers) : Ils voulaient nous dépouiller de ce que nous avions. Rick prenait la chose plus à cœur que quiconque. Il s’est laissé entraîner. C’était assez drôle. Mais pour la plupart d’entre nous, il s’agissait simplement d’essayer d’accomplir quelque chose d’unique. (Horry a passé près de la moitié de l’entretien à faire valoir que la plupart des séquences de cette histoire orale se sont déroulées à des années différentes. Il a gagné trop de championnats pour pouvoir faire la différence.)

Gerould : [La rivalité] a vraiment échauffé les fans des Kings de Californie du Nord. Chaque fois qu’ils battaient les Lakers, même lors des matchs pré-saison, Sacramento se réjouissait.

Howard-Cooper : Pour des propriétaires, les Maloof étaient très présents. Ils étaient à fond derrière leur équipe. Parfois, ils allaient s’asseoir sous le panier simplement parce qu’ils ne supportaient pas de regarder le match depuis la touche. C’étaient des enragés. Et pendant ce temps, [le propriétaire des Lakers] Jerry Buss était invisible, assis à des kilomètres du terrain dans les gradins du Staples Center. Cela faisait partie du contraste.

Pollard : Les rivalités entre deux équipes naissent lorsqu’elles se jouent souvent. Quand tout est fini, on se dit que si on détestait le gars d’en face, c’est parce qu’il aurait fait un excellent coéquipier. J’aurais adoré jouer avec Shaq. Mais à l’époque, mon travail consistait à le ralentir et à m’opposer à lui autant que je le pouvais.

Fox : On n’a pas vraiment fait attention à eux avant cette troisième année. Nous les respections, sans plus. En termes d’envie et de talent, c’étaient nos adversaires les plus redoutables.

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Après s’être battus toute la saison pour obtenir l’avantage du terrain, les Kings l’ont perdu en moins de trois heures dans le premier match de la finale de la Conférence Ouest de 2002. Les Lakers menaient 36-22 à la fin du premier quart-temps et ont remporté leur 12ème victoire consécutive à l’extérieur en play-offs, 106 à 99. À eux deux, Kobe et Shaq ont marqué 56 points, surpassant la solide performance de Webber (28 points et 14 rebonds).

Mike Breen (commentateur pour NBC) : Ça a été un choc. Les Lakers étaient là et bien là. Avec tout le battage médiatique autour de Sacramento, les gens avaient commencé à croire qu’ils étaient invincibles. C’était prématuré.

Horry : Quand on remporte le premier match, cela met beaucoup de doute dans l’esprit de certains joueurs sur leurs capacités. Tout le monde veut gagner et porter le premier coup.

Brown : Le premier match a été extrêmement physique. Les Lakers nous ont écrasés. Je pense que nous n’avions pas vraiment compris à quoi cela ressemblerait.

Pollard : C’était une mauvaise journée pour tout le monde, et on a pris conscience qu’il fallait se réveiller. On n’allait pas nous offrir le titre NBA, même avec le meilleur bilan de la ligue.

Napear : Personnellement, je pensais que c’était fini. L’équipe avait travaillé très dur pour être tête de série n°1, pas seulement à l’Ouest mais dans toute la ligue, et elle avait perdu le premier match contre son plus grand rival. J’étais très pessimiste.

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III. L’affaire du bœuf de Kobe (3/8)
IV. « Big Shot Rob » sauve son équipe (4/8)
V. Avantage psychologique ? (5/8)
VI. Quand le vent siffle dans l’autre sens (6/8)
VII. Le quinzième round (7/8)
VIII. Epilogue : « Il n’y aura pas de revanche » (8/8)

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