Most Valuable Player (4/4) : Catégorie 3 : les injustices totales

Ce dossier en quatre parties est la traduction française quasi-exhaustive des réflexions du journaliste sportif américain Bill Simmons. Tous les droits sur ce texte lui sont réservés.

Les nombres cités après le nom d’un joueur dans cet article représentent le nombre de votes obtenus pour la première, seconde, troisième, et éventuellement quatrième et cinquième place. Dans le cas de Magic Johnson, par exemple, les nombres 27-38-15-7-4 signifient qu’il avait été voté 27 fois premier, 38 fois deuxième, 15 fois troisième, 7 fois quatrième et 4 fois cinquième.

Source des photos : http://www.nba.com

*****

Il y a huit injustices en tout. Nous les classerons en commençant par la moins scandaleuse.

*****

kobebryant_MVP

8. Kobe Bryant (2008)

Il a râlé pour être échangé et a critiqué ses coéquipiers avant le début de la saison. Il a joué les premières semaines en mode croisière avant de se « réconcilier » avec ses coéquipiers, puis s’est engagé complètement avec l’arrivée de Gasol. À partir de là, tout le monde a passé les deux mois suivants à parler de l’année de Kobe, qu’il avait finalement « compris », qu’il n’avait jamais joué un basket aussi complet, qu’il était devenu un leader sur et en dehors du terrain, et qu’il allait jusqu’à dîner avec ses équipiers et prendre son chèque en personne.

Ce conte de fées révisionniste a pris de l’ampleur après les trois premiers tours de play-offs avant de tomber en flammes lors de la finale, quand Kobe n’a pas fait un seul excellent match et a complètement raté le Match 6 décisif (perdu avec un surprenant manque de combativité). Les Lakers ont volé en éclats dès que les choses ont commencé à se corser, prouvant que cette histoire de « Kobe est un leader » était de la foutaise totale.

Le trophée aurait dû revenir à Chris Paul. Aucune équipe et aucune ville n’avait un joueur plus important. Sinon, ç’aurait dû être Garnett, sauveur du basket à Boston, qui a appris à tout le monde à défendre, a porté son équipe avec une intensité folle pendant 82 matchs, et a même convaincu James Posey, Eddie House et PJ Brown de réduire leur salaire pour jouer avec lui. Mais tout le monde s’est laissé entraîner par le ramdam autour de Kobe. Passons là-dessus.

*****

nash_mvp1

7. Steve Nash (2005)

Un choix déroutant et de plus en plus déconcertant à mesure que le temps passe. Quand les règles ont été changées pour limiter l’usage des mains en défense, inaugurant le retour d’un basketball palpitant, Nash s’est imposé comme le leader du formidable jeu offensif de Phoenix. Tout le monde était captivé en voyant que quelqu’un avait revitalisé la position de meneur en lui redonnant un aspect à la Cousy ; à un moment donné, les choses ont exagéré et les journalistes ont commencé à citer Nash comme candidat pour le MVP, ce qui semblait une idée saugrenue, car cela aurait été la première fois : (a) qu’un joueur qui s’appuyait sur ses coéquipiers allait remporter le prix ; (b) qu’un joueur incapable de porter une franchise allait remporter le prix ; et (c), qu’un joueur qui ne savait pas défendre allait remporter le prix. Trois énormes révolutions.

Ceux qui ont rejoint le comité de soutien à Nash pour le MVP l’ont-ils fait pour des raisons raciales ? D’une certaine manière, oui. À la base, voter pour Nash, c’était amusant. C’était un Canadien aux cheveux longs bourré d’énergie qui faisait des gestes longtemps oubliés (comme le running hook, sa marque de fabrique), savait comment gérer les contre-attaques, rendait ses coéquipiers meilleurs et se comportait toujours avec classe. Son style (unique et passionnant) et sa couleur de peau (blanc dans une ligue à prédominance noire) le faisait ressortir plus que quiconque en match. Au-delà de ça, il a été la nouvelle grande mode de la ligue, et les journaux et radios ont commencé à s’interroger : « Steve Nash est sympa à voir jouer, pourquoi ne serait-il pas élu MVP (1) ? »

À partir de là, ça a fait boule de neige. Lorsque Shaquille O’Neal a eu de petites blessures et que Dwyane Wade a intensifié son jeu à la hauteur d’un Jordan du pauvre, il y avait juste assez de défauts dans la campagne MVP de Shaq pour que la porte s’ouvre pour Nash, soutenu par une flopée de commentaires médiatiques (dans les journaux ou à la radio) du genre : « Ça fait vraiment plaisir de voir un joueur si altruiste et avec autant de classe », une jolie façon de dire : « Je suis content que ce ne soit pas un de ces Noirs égoïstes pleins de tatouages, qui martèlent leur poitrine après chaque belle action. » Le soutien à Nash est alors devenu frénétique. Ajoutez l’intérêt qu’avait la NBA à ce que Nash soit élu (rappelez-vous, le joueur considéré comme la tête d’affiche de la ligue avait été aux prises avec un procès pour viol à peine douze mois plus tôt) et au moment des récompenses, il y avait juste assez de personnes atteints par la logique du « vote par défaut » pour que le pauvre Shaq se fasse voler.

Les résultats du vote en 2005 : Nash : 1 066 (65-54-7-1-0) ; Shaq : 1 032 (58-61-3-3-1) ; Nowitzki : 349 (0-4-43-30-16) ; Duncan: 328 (1-0-40-13-19) ; Iverson : 240 (2-4-20-20-55). (Au passage, un idiot a donné un vote de première place à Amar’e Stoudemire, dont la carrière avait été relancée et réinventée par Nash. C’est comme donner un vote pour le Prix Nobel de Médecine au monstre de Frankenstein à la place du Dr Frankenstein.)

Le vote aurait dû être remporté par Shaq, en raison d’un simple exercice mathématique s’articulant autour de deux faits indiscutables :

  1. Les Lakers ont remporté 57 matchs en 2004 et 34 matchs en 2005.
  2. Miami a remporté 42 matchs en 2004 et 59 matchs en 2005.

Pas besoin d’être une bête en stats pour comprendre ces chiffres. Shaq a fait pencher la balance sur 40 matchs, a redonné sa supériorité à la Conférence Est, et aurait remporté le titre si Wade ne s’était pas blessé alors que Miami menait 3-2 en finale de la Conférence Est. Cette année a été particulière pour lui car les gens avaient fini par le comprendre. Sa saison a été exceptionnelle, mais moins au niveau de son jeu que de sa personnalité. Il n’y avait aucun athlète plus apprécié, plus charismatique et plus amusant. Quand on pense à la saison 2004-2005, on pense d’abord à Shaq, et c’est la définition même d’un MVP. En tout cas, c’est la mienne.

*****

magic-johnson-magic-johnson-action-portrait

6. Magic Johnson (1990)

Cette année-là, les trois postulants au titre étaient :

Magic (22 points, 12 rebonds, 7 passes décisives de moyenne en 79 matchs et 2 937 minutes jouées pour 63 victoires) : à cette époque, le pire défenseur du monde. On lui a attribué le mérite d’avoir gardé les Lakers sur de bons rails en l’absence d’Abdul-Jabbar, même s’ils étaient meilleurs avec le duo Vlade Divac / Mychal Thompson. Ses quatre meilleurs équipiers : James Worthy, Byron Scott, AC Green et Divac. Moyenne en play-offs (9 matchs, défaite au second tour) : 25 points, 6 rebonds, et 13 passes décisives, 49 % de réussite au tir. La plus faible des trois années où il a été élu MVP.

Barkley (25 points, 12 rebonds, 4 passes décisives et 1,9 interceptions de moyenne, plus 60 % de réussite au tir en 79 matchs et 3 085 minutes jouées pour 53 victoires) : une défense en-dessous de la moyenne. Ses quatre meilleurs coéquipiers : Johnny Dawkins, Rick Mahorn, Hersey Hawkins et Mike Gminski. Moyenne en play-offs (10 matchs, défaite au second tour) : 25 points, 11 rebonds et 6 passes décisives, 54 % de réussite au tir. A été le joueur le plus complet cette année-là et a obtenu le plus de votes de première place au scrutin du MVP.

Jordan (34 points, 7 rebonds, 6 passes décisives et 2,8 interceptions de moyenne, plus 53 % de réussite au tir en 82 matchs et 3 197 minutes pour 55 victoires) : meilleur marqueur et meilleur intercepteur du championnat. Dans le cinq défensif majeur de la NBA. Ses quatre meilleurs coéquipiers : Scottie Pippen, Horace Grant, Bill Cartwright et John Paxson. Moyenne en play-offs (18 matchs, défaite en finale de la Conférence Est) : 37 points, 7 rebonds et 7 passes décisives, 51 % de réussite au tir.

Le résultat du vote ? Magic : 636 (27-38-15-7-4) ; Barkley : 614 (38-15-16-14-7) ; Jordan : 571 (21-25-30-8-5).

Tout le monde se souvient de la raclée qu’un Jordan ravagé par la grippe a mise à Barkley. Regardez ses statistiques offensives supérieures et rappelez-vous d’une part qu’il était le meilleur arrière défenseur de la ligue, et d’autre part que Barkley et Magic ne pouvaient pas défendre sur qui que ce soit. (Si les Lakers ont été surpris par Phoenix au cours des play-offs de 1990, c’est principalement parce que Kevin Johnson les a déchirés en lambeaux. Si vous étiez un meneur rapide entre 1987 et 1991, et que vous n’arriviez pas à vous promener contre les Lakers, vous aviez vraiment besoin de réévaluer les choses.)

Pourquoi Jordan n’a-t-il pas remporté le prix ? Tout d’abord, les médias continuaient à répéter les mêmes bêtises selon lesquelles Bird et Magic « savaient comment gagner » et que Jordan « ne savait pas encore gagner ». (Quelle farce.) Deuxièmement, Barkley était un peu devenu le choix à la mode, l’homme fort d’une équipe des Sixers agitée qui a pris part à une mémorable bagarre avec Detroit le dernier jour de la saison. Et troisièmement, Jordan était toujours vu comme un joueur « égoïste », même s’il mettait 53 % de ses tirs. Pourquoi ne pas le laisser tirer autant que possible ?

Quand tout le monde le traitait de croqueur de ballon en 1989 et 1990, Jordan avait une moyenne de 7,2 passes décisives, 23,2 points et 8,5 lancers-francs par match. En 1993, quand tout le monde affirmait qu’il s’était parfaitement intégré dans le triangle, avait la confiance de ses coéquipiers, etc., etc., il affichait en moyenne 5,5 passes décisives, 25,7 points et 7,3 lancers-francs par match. Jordan a commencé à atteindre des sommets vers 1988, et il a fallu à ses coéquipiers médiocres trois années complètes pour arrêter de gâcher son travail une fois l’été venu. C’est le MVP 1990.

*****

Dave Cowens

5. Dave Cowens (1973)

Une combinaison de quatre facteurs a joué cette saison : Boston a presque battu le record de victoires en saison régulière en alignant 68 victoires pour 14 défaites (de sorte que tout le monde s’est senti obligé de voter pour un Celtic) ; Kareem avait remporté le trophée en 1971 et 1972 (de sorte que tout le monde s’est senti obligé de voter pour quelqu’un d’autre) ; la ligue entrait doucement dans l’ère « les joueurs sont trop payés et s’en foutent » (de sorte qu’un joueur aussi passionné que Cowens se détachait) ; et les joueurs (qui votaient encore) ne se sont pas aperçus que Boston partageait sa division avec Buffalo (21 victoires, 61 défaites) et Philadelphie (9 victoires, 73 défaites, confortant leur record du pire début de saison avec 14 défaites et aucune victoire), tandis que Milwaukee terminait à 60 victoires pour 22 défaites dans une division plus difficile et avait le même différentiel de points que Boston.

En outre, on ne pouvait pas vraiment dire qui était le meilleur joueur des Celtics : Cowens (21 points, 16 rebonds, 4 passes décisives de moyenne, gros travail sous le panier), John Havlicek (24 points, 7 rebonds, 7 passes décisives, régulateur de jeu), et Jo Jo White (19 points, 6 rebonds, 6 passes décisives, maîtrise du ballon) étaient tout aussi indispensables. Difficile de dire si Cowens était plus précieux que Havlicek. Même les résultats le reflètent : Cowens : 444 (67-31-16) ; Kareem : 339 (44-24-27) ; Nate Archibald : 319 (44-24-27) ; Wilt : 123 (16-12-15) ; Havlicek : 88 (16-12-15). Visiblement, le bulletin de vote 1973 avait besoin d’un choix de co-MVP.

Pendant ce temps, le meilleur joueur de la ligue (Abdul-Jabbar) avait une moyenne de 30 points, 16 rebonds et 5 passes décisives, et défendait excellemment bien pour des Bucks aux prises avec une cascade de blessures, la curieuse affaire Wali Jones que son club a fini par libérer (2), et les problèmes de poids de Robertson. En plus de cela, il fut frappé par une tragédie lorsque sept coreligionnaires vivant dans sa maison de Washington furent assassinés par une faction musulmane rivale. (Un article de Sports Illustrated sur Kareem daté du 19 février a même titré « Un pivot dans la tempête ».) Et vous savez quoi ? Les Bucks ont quand même gagné 60 matchs.

En fait, ce qui s’est passé est simple : la candidature de Kareem a été plombée par un soutien douteux apporté à Archibald, premier joueur à être en tête de la ligue au nombre de points marqués et de passes décisives, avec, en plus de cela, le plus grand nombre de minutes jouées (3 681 !), de paniers marqués, de lancers-francs marqués, de tentatives de tir et de tentatives de lancers-francs pour une équipe à 36 victoires qui a raté les play-offs. Peut-on vraiment être le joueur ayant « le plus de valeur » au sein d’une équipe ayant perdu 46 matchs ? Ne parlons même pas du jeu insensé d’un meneur affichant en moyenne près de 27 tirs et 10 tentatives de lancers francs par match. Isiah Thomas aurait pu accaparer la balle de cette manière tout comme Chris Paul, Kevin Johnson ou Tim Hardaway avant sa blessure au genou. Aucun ne l’a fait. Pourquoi ? Parce qu’ils auraient plombé leurs équipes ! C’étaient des meneurs ! L’année 1973 de Tiny est unique dans l’histoire, et c’est sans doute bien mieux comme ça. Bref, tout ça pour dire que Kareem a été volé.

*****

cb_finals_celebration

4. Charles Barkley (1993)

La course au MVP 1987 est sans doute la meilleure de l’ère moderne. Magic a terminé premier avec une remarquable moyenne de 24 points, 12 rebonds et 6 passes décisives, et a enfin supplanté Kareem à la tête des Lakers. Jordan a marqué 37 points par match, est devenu officiellement le grand joueur du futur et a terminé deuxième. Et c’était la meilleure saison de Bird : 28 points, 9 rebonds, 8 passes décisives de moyenne, 53 % de réussite au tir, 40 % de réussite à 3 points, 90 % de réussite au lancer-franc et une superbe permanente blonde. Il a terminé troisième et loin derrière seulement parce que tout le monde en avait assez de voter pour lui. Quand le meilleur ailier et le meilleur meneur de jeu de l’histoire sont à leur sommet et que le plus grand joueur de l’Histoire vient s’intercaler là-dedans, c’est une sacrée course au MVP.

En 1993, la qualité des trois premiers était équivalente à celle des années 1962, 1963 et 1964, ainsi que les rivalités consécutives Bird-Magic-Jordan en 1987 et 1988. Voici les résultats :

Barkley : 835 votes (59-27-10-2-0) : 26 points, 12 rebonds, 5 passes décisives de moyenne, 52 % de réussite au tir, 62 victoires. La saison où il a été le plus complet.

Olajuwon : 647 (22-42-19-12-2) : 26 points, 13 rebonds, 4 passes décisives de moyenne, 53 % de réussite au tir, 150 interceptions, 342 contres (en tête de la ligue), dans le cinq défensif majeur de la NBA, 55 victoires. À l’époque, sa saison la plus complète.

Jordan : 565 (13-21-50-12-2) : 33 points, 7 rebonds, 6 passes décisives de moyenne, 50 % de réussite au tir, 221 interceptions (en tête de la ligue) dans le cinq défensif majeur de la NBA (3), 57 victoires. A conservé son statut de joueur dominant cette saison.

Pensez un peu : vous avez là les meilleures saisons de trois des vingt meilleurs joueurs de tous les temps ! Malheureusement, quatre-vingt-six électeurs ont négligé le fait que Jordan et Olajuwon étaient deux des meilleurs défenseurs de l’histoire et que Barkley n’arrivait pas à stopper Ron Kovic. Normalement, une équipe de basket-ball a deux tâches : marquer et empêcher l’autre équipe de marquer ! Jordan aurait dû terminer premier, Hakeem deuxième et Barkley troisième. Et la finale de 1993, dans laquelle Jordan a carbonisé les Suns, aurait confirmé le bien-fondé de cette décision. Voilà.

*****

nash_mvp2

3. Steve Nash (2006)

En 2005, le choix de Nash était sympathique, principalement parce qu’aucun candidat ne se détachait et qu’il y avait nettement de quoi être influencé. C’était comme se dire : « Tiens, j’en ai marre de boire toujours la même bière, je vais en essayer une autre. » Mais en 2006 ? Nash était dans le top 5 des meilleurs joueurs de la ligue, mais pour le choisir comme MVP, il n’y avait que deux possibilités : soit vous ne regardiez pas assez de basket, soit vous vouliez voir un Blanc gagner deux titres de MVP consécutifs.

Le MVP de la saison 2006 était Kobe Bryant. C’était la réponse aux trois questions concernant le MVP. (Et aussi la réponse à la question 4 : aucun fan d’une équipe adverse n’aurait été outré par le choix de Kobe.)

Réponse à la Question N°1 : Kobe a marqué 62 points dans les trois premiers quarts-temps contre Dallas, puis 81 contre Toronto quelques semaines plus tard. Il était sur le point de devenir le cinquième joueur de l’histoire de la NBA avec une moyenne de 35 points par match (avec Wilt Chamberlain, Jordan, Baylor et Rick Barry). Il s’est entendu avec Shaq, avec Phil Jackson et avec Nike. Aucun autre joueur n’a été autant critiqué par les journalistes, les télévisions et les animateurs radio au cours de cette saison, mais Kobe a paru se nourrir de cette énergie négative. Et juste au moment où il semblait que la fatigue allait le rattraper, il marquait 50 points en un match juste pour ne pas être oublié. Kobe a été impitoyable. C’est la meilleure façon de décrire sa saison. Ses stats ? 35,4 points, 5,3 rebonds et 4,5 passes décisives de moyenne, 45 % de réussite au tir à 27,2 tentatives par match et un gros temps de jeu. Et il a remporté 45 victoires avec Smush Parker, Kwame Brown, Brian Cook et Chris Mihm, un quatuor surnommé par les fans des Lakers de l’époque « le Sandwich à Merde ».

Réponse à la Question N°2 : Kobe était le joueur le plus complet de la ligue, le meilleur marqueur, le meilleur compétiteur, et il terrifiait tout le monde. Et si vous ne le choisissez pas, il va personnellement veiller à ce que vous ne voyiez que lui dans l’équipe adverse.

Réponse à la Question N°3 : si vous remplacez Kobe par un bon arrière (par exemple Jamal Crawford), les Lakers auraient gagné en 2006 entre 15 et 20 matchs. C’est absolument certain. Leur équipe était horrible. Lorsque Smush Parker et Kwame Brown sont vos troisième et quatrième meilleurs joueurs, vous ne devriez même pas être autorisé à regarder les play-offs à la télévision. Avec Kobe, les Lakers ont réussi à gagner 45 matchs. Il a donc été responsable de 25 de leurs victoires. Minimum.

Les résultats du vote en 2006 ? Nash : 924 (57-32-20-8-6) ; LeBron James : 688 (16-41-33-23-7) ; Nowitzki : 544 (14-22-25-36-17) ; Kobe : 483 (22-11-18-22-30) ; Chauncey Billups : 430 (15-13-22-18-25).

(J’abandonne.)

*****

willis-reed.jpg

2. Willis Reed (1970)

Après la retraite de Russell, les Celtics se sont trouvés en difficulté et les Knicks ont pris le commandement à l’Est. En 1970, ils ont remporté 60 matchs (record de la ligue), enflammé Manhattan et sont devenus les chouchous des médias. Leurs deux meilleurs joueurs étaient Reed et Frazier : Reed avait une moyenne de 22 points et 14 rebonds par match, tirait à 50 % de réussite et protégeait ses coéquipiers ; Frazier avait une moyenne de 21 points, 6 rebonds et 8 passes décisives, défendait sur le meilleur marqueur adverse et aurait été le meilleur intercepteur de la ligue si la statistique avait été prise en compte à l’époque. Si une saison nécessitait deux MVP, c’était bien celle-là.

Comme tout le monde pensait que les pivots avaient plus de valeur que les autres joueurs, Reed (498 votes, 61-55-28) devança de peu Jerry West (457 votes, 51-59-25). Et plus personne n’en a reparlé.

Eh bien, regardez à nouveau la saison de West. Il avait une moyenne de 31 points, 5 rebonds et 8 passes décisives pour une équipe des Lakers à 46 victoires qui avait perdu Wilt après 12 matchs suite à une déchirure au genou (il n’a plus joué en saison régulière) et dont les deux autres meilleurs joueurs (Baylor et Bonne Hairston) ont raté 55 matchs à eux deux. Les quatre meilleurs joueurs sur la liste après eux ? Mel Counts, Dick Garrett, Keith Erickson et Rick Roberson. Les Lakers ont terminé tant bien que mal deuxièmes à l’Ouest, puis Wilt est revenu pour les play-offs et ils se sont frayés un chemin jusqu’en finale.

Statistiquement, c’était la plus belle année de West : il était meilleur marqueur de la ligue, quatrième meilleur passeur, avait 50 % de réussite au tir et 83 % de réussite au lancers-francs. D’un point de vue plus général, West a porté les Lakers toute la saison et les a faits passer à une victoire du titre. D’un point de vue du joueur dominant, si vous aviez à choisir quelqu’un pour combler l’écart entre la retraite de Russell et l’ascension d’Abdul-Jabbar, vous choisiriez West. Il est l’un des dix meilleurs joueurs de tous les temps et on l’a choisi pour représenter le logo de la NBA, mais il n’a jamais remporté de MVP. Pourquoi ne l’a-t-il pas eu en 1970 ? Parce que les médias de New York étaient trop occupés à faire les louanges des Knicks (qui, admettons-le, était belle à voir). C’était un cercle vicieux débile qui a duré huit mois. Un Knick devait obtenir le MVP, point barre. Le Logo n’avait aucune chance. Et on lui a volé le trophée.

*****

karlmalone

1. Karl Malone (1997)

Ce n’était pas une course au MVP, mais un vol pur et simple. En 1996, Jordan avait une moyenne de 30 points, 7 rebonds et 4 passes décisives pour une équipe à 72 victoires, a terminé avec 109 votes de première place et aurait été élu MVP à l’unanimité s’il n’y avait pas eu quatre abrutis pour voter Penny Hardaway, Hakeem Olajuwon et Malone (4). En 1997, les références de Jordan ont « chuté » à 69 victoires et une moyenne de 30 points, 6 rebonds et 4 passes décisives. En d’autres termes, il avait fait 98 % aussi bien que la saison précédente. Sauf que Malone a volé le trophée avec une moyenne de 27 points, 10 rebonds et 5 passes décisives pour une équipe du Jazz à 64 victoires. Voici les résultats du vote cette année-là :

Malone : 986 (63–48–4–0–0)
Jordan : 957 (52–61–2–0–0)

Ce qui s’est passé est difficilement explicable, mais voici un début de piste : Malone a tourné autour des électeurs du MVP pendant dix bonnes années et n’a jamais fait mieux que troisième. Pendant ce temps, la NBA était de plus en plus diluée : la ligue était aux prises aux problèmes d’expansion, quelques stars plus jeunes (Shawn Kemp, Penny Hardaway, Larry Johnson, Chris Webber, Kenny Anderson, Derrick Coleman) ne réussissaient pas aussi bien que prévu, et Barkley, Olajuwon, Robinson, Drexler et Ewing étaient sur la pente descendante, ce qui signifiait que Utah, une équipe qui était pire en 1997 qu’ils ne l’étaient en 1988 ou même 1992, est soudain devenu une grande force à l’Ouest.

Il n’y avait pas non plus de bonne histoire en 1997. Tout était phagocyté par Jordan. Les aventures de Shaq à Hollywood et de l’arrivée d’Iverson avaient été rabâchées jusqu’à épuisement. Tout comme celle des trois futurs Hall of Famers dans la même équipe (Olajuwon, Drexler et Barkley). Latrell Sprewell n’avait pas encore étranglé PJ Carlesimo (même s’il y a à coup sûr pensé). Les Grizzlies, les Spurs, les Celtics et les Nuggets ont passé les deux derniers mois à essayer désespérément de gagner la course à la dernière place pour obtenir Tim Duncan. À la mi-mars, dès que tout le monde a compris que les Bulls ne pourraient pas gagner 73 matchs, tout le monde s’est mis à bâiller en attendant les play-offs. Puis Jackie MacMullan, une journaliste de Sports Illustrated, a écrit dans sa chronique du 19 mars un article qui commençait ainsi :

Le Roi du Jazz

Malone, le Roi du Jazz, a l’envergure d’un MVP (au cas où vous ne l’auriez pas remarqué).

L’ailier du Jazz, Karl Malone, sait que Michael Jordan va une nouvelle fois être élu MVP. […]

Vous voyez l’idée. L’article contenait à peu près 800 mots sur la façon dont les performances de Malone avaient été sous-estimées avec les années (ce qui était vrai, à un certain degré). Quelques semaines plus tard, c’est devenu la belle histoire du jour. Pourquoi le « Mailman » ne serait-il pas élu MVP ? Une question stupide, car la réponse était évidente : « Parce qu’il y a Michael Jordan ! C’est insuffisant, comme raison ? » C’était difficile à croire.

Les play-offs sont arrivés et cinquante-trois électeurs ont préféré Malone à Michael Jordan. Et c’est ainsi que Jordan s’est fait voler le MVP 1997. Heureusement pour nous, il a crié vengeance en finale contre (devinez qui ?) Karl Malone et les Utah Jazz ! Dans le Match 1, après que Malone a raté deux lancers-francs pour prendre la tête dans les 20 dernières secondes, Jordan a claqué le panier gagnant au buzzer, s’est retourné et a serré le poing. Et là, tous ceux qui avaient voté pour le « Mailman » ont dû se sentir vraiment, vraiment, vraiment stupides.

*****

Première partie ici.

Deuxième partie ici.

Troisième partie ici.


 

(1) Ici, la question raciale n’entre pas en compte. S’il avait ressemblé à Earl Boykins, il se serait passé exactement la même chose. Les gens ont toujours tendance à favoriser les outsiders, surtout s’ils ont une coupe de cheveux ridicule.

(2) Les Bucks soupçonnaient Jones de prendre de la drogue. Ils l’ont fait suivre par des détectives privés, l’ont placé sur la liste des joueurs blessés/hors de forme pour « perte de poids et d’endurance », puis l’ont finalement viré. Jones a clamé son innocence et poursuivi les Bucks pour obtenir le reste de son salaire. Il a obtenu son argent quand la défense de Milwaukee s’est basée sur l’argument : « Quand quelqu’un maigrit et agit de façon irrationnelle, c’est qu’il prend de la drogue ». Il a eu à peu près autant de poids juridique que l’argument : « C’est elle qui l’a cherché ».

(3) Probablement le meilleur premier cinq défensif de l’histoire : Pippen, Olajuwon, Rodman, Jordan et Dumars, tous à leur meilleur niveau. Un joli cinq de départ dans les années 90, si vous vouliez tout casser en défense.

(4) Une excellente raison pour laquelle les votes pour le MVP devraient être rendus publics. Ceux qui font des choix aussi imbéciles devraient être obligé de les défendre. Je suis contre l’incompétence anonyme dans toutes ses formes. Il s’est passé la même chose en 1993, lorsque quatre journalistes ont été assez aveugles pour mettre Patrick Ewing en première place. Totalement ridicule.

#1 : La draft de 1984

Draft_1984

Note : Cet article est la traduction quasi-exhaustive d’un passage intitulé « Et si la draft de 1984 s’était déroulée différemment ? », extrait du Livre du Basket-ball de Bill Simmons. La façon dont cette draft a influencé l’histoire de la NBA plus que tout autre événement y est tellement bien décrite qu’il n’y a pas grand-chose à ajouter.

*****

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’événement qui a eu le plus d’impact sur l’histoire de la NBA n’a pas été le fait que Portland a choisi Sam Bowie au lieu de Michael Jordan, mais bien le déroulement de la draft 1984 dans son ensemble. La somme de talents présente était si immense que cette draft a inspiré le concept de « tanking » à Houston et Chicago, qui ont délibérément saboté leur saison régulière afin d’avoir les meilleures chances d’obtenir le premier choix. Lorsque Houston a remporté la loterie et s’est réservé Hakeem Olajuwon, la course aux joueurs est devenue frénétique.

Voici ce que nous savons avec certitude :

1.

Les Blazers (qui avaient le deuxième choix) et les Bulls (qui avaient le troisième) auraient échangé leurs choix de draft contre Ralph Sampson, même si cela n’aurait pas été suffisant pour obtenir un pivot rookie hyper-coté qui avait cet été-là la troisième valeur d’échange la plus élevée derrière Magic et Bird. Bien plus tard, Jack Ramsey, l’entraîneur des Blazers, dira au journaliste Sam Smith :

« Il nous fallait un pivot. Nous aurions fait cet [échange]. »

En 1996, dans son autobiographie Living the Dream, Hakeem affirme que Houston a presque échangé Sampson à Portland contre Drexler et le deuxième choix :

« Entre 1984 et aujourd’hui, les Rockets auraient pu avoir Clyde Drexler, Michael Jordan et moi, Nous aurions progressé ensemble, joué ensemble, gagné ensemble. Mais les Rockets n’ont jamais franchi le pas. »

Que cela soit vrai ou non, on ne peut rien reprocher à Houston car Drexler n’avait pas exactement mis le feu à la NBA lors de son année rookie. Mais imaginez Hakeem, Jordan et Drexler faisant toute leur carrière ensemble. C’est comme si Microsoft et Apple avaient fusionné en 1981.

2.

L’équipe de Chicago n’était pas assez bonne pour Jordan et les requins n’ont pas tardé à se mettre en chasse après sa sélection, accréditant la thèse selon laquelle Portland s’était planté et bien planté. Après la draft, Dallas a immédiatement proposé Mark Aguirre à Chicago contre leur troisième choix. Philadelphie a offert un Julius Erving sur le déclin, le choix numéro cinq et Andrew Toney (1). Des échanges avec Seattle (Jack Sikma) et Golden State (Joe Barry Carroll) ont été évoqués. Finalement, les Bulls commencé à avoir l’impression d’être assis sur un billet de loterie gagnant. Et c’était bel et bien le cas.

3.

Patrick Ewing a failli s’inscrire à la draft avant de se raviser et de retourner à Georgetown. Si Ewing avait été là, il aurait été choisi en premier et Hakeem en second (par Portland). Et puis ? L’ancien directeur général des Bulls, Rod Thorn, a déclaré au journaliste Filip Bondy que Jordan avait priorité sur Bowie à cause des nombreuses blessures qu’avait subi ce dernier. Ils venaient d’être échaudés par deux choix de draft de haut de tableau discutables : Ronnie Lester (genoux fragiles) et Quintin Dailey (mauvais esprit). Ils voulaient une valeur sûre. Bien sûr, si Hakeem avait débarqué à Portland, tout ce qui s’est passé en NBA de 1985 à 1998 aurait été différent (d’autres finales, d’autres champions, Ewing qui ne joue pas à New York…). Ça donne mal à la tête.

4.

Le potentiel de Jordan était difficile à estimer, car il avait joué pour Dean Smith en NCAA à une époque où le temps de possession de balle était encore illimité (2). Tout le monde savait qu’il était bon, mais à quel point ? Son immense talent est resté dans l’ombre jusqu’aux épreuves de sélection pour les Jeux Olympiques de 1984, durant lesquelles Jordan a tellement dominé ses adversaires que l’entraîneur américain Bobby Knight a appelé son copain Stu Inman (le directeur général de Portland) et l’a supplié de prendre Michael. Lorsque Inman, hésitant, a dit que Portland avait besoin d’un pivot, Knight aurait crié :

« Eh bien, fais-le jouer pivot ! »

Nous savons aussi que Nike (dont le siège se trouve à Portland) a construit une ligne de baskets entière autour de Jordan avant que celui-ci ne joue un seul match NBA. Se justifier en invoquant l’ignorance du potentiel de Jordan n’est donc que mauvaise foi de la part des Blazers (3).

5.

Portland n’avait pas « désespérément » besoin d’un pivot. Ils avaient gagné 48 matchs en saison régulière avec deux très bons pivots – Mychal Thompson (16 points, 9 rebonds de moyenne en 33,5 minutes) et Wayne Cooper (10 points, 6 rebonds de moyenne en 20,5 minutes) – et avaient une bonne monnaie d’échange pour les trades, comme Drexler, Jim Paxson (deuxième cinq majeur NBA et agent libre restreint), Fat Lever (un meneur plein d’avenir), Calvin Natt (un ailier intimidant) et Cooper. Ce dont ils avaient vraiment besoin, c’était d’un rebondeur ; leurs deux ailiers forts (Natt et Kenny Carr) manquaient de taille. Tout l’été, San Diego a mis sur le marché Terry Cummings, un scoreur-rebondeur, et a fini par l’échanger contre Marques Johnson après la draft.

*****

Pourquoi les Blazers n’ont-ils pas fait aux Clippers une offre plus qu’alléchante pour obtenir Cummings (par exemple, Drexler-Natt) et pris Jordan en second ? Ou alors, ils auraient pu offrir le paquet à Houston pour Sampson : le choix numéro deux, Drexler et Fat Lever. Au lieu de ça, ils ont envoyé Lever, Cooper, Natt et leur premier choix de 1985 à Denver contre Kiki Vandeweghe, un formidable scoreur (29,8 points par match en 1984) qui se trouvait être également le pire des défenseurs. Pour vous donner une idée de l’aveuglement des négociateurs de Portland, sachez que les Nuggets sont passés d’une saison de 38 à 52 victoires et sont arrivés en finale de la Conférence Ouest 1985 uniquement à cause de ce trade. Quant à Portland, il est probable qu’ils se sont réunis la première semaine de juin et discuté de deux possibles options :

  • Option n°1 : Jordan (l’arrière universitaire le plus spectaculaire de la décennie), Lever (23 ans, qui intégrera le deuxième cinq majeur de la NBA à peine deux ans plus tard), Cooper (27 ans, 13 points et 8 rebonds de moyenne à Denver les deux années suivantes), Natt (23 points et 8 rebonds de moyenne en 1985) et un choix de premier tour en 1985 (qui sera le quinzième).
  • Option n°2 : Vandeweghe et Bowie.

N’importe quelle personne avec un minimum de bon sens choisit l’option n°1, à moins d’être raisonnablement certain que : (a) Bowie est une valeur sûre, et (b) : ne pas prendre Jordan n’entraînerait pas de regret. Mais visiblement, les cerveaux de Portland étaient « raisonnablement certains » de ces deux choses… Pour bien marquer à quel point il était inepte, ridicule et indéfendable d’avoir une telle impression, voici une rétrospective des vingt-deux premières minutes de la draft de 1984.

*****

1984draft

La draft est présentée par Al Albert et Lou Carnesecca, pour USA Network.

0’00.

Début de la draft.

0’02.

Albert fait monter la tension en annonçant qu’il y a « six futures superstars » dans la draft. Il a dû compter deux fois Charles Barkley et ses 135 kilos.

0’03.

Les yeux cachés derrière une paire de lunettes noires, Carnesecca badine d’un air gêné en agitant son stylo pendant au moins quarante secondes, et fait tout son possible pour ne pas regarder la caméra. On se demande ce qu’il fait là.

0’07.

La chaîne fait défiler l’ordre du premier tour de la draft sur un fond musical phénoménal qui ressemble à la bande-son d’un porno des années 80. David Stern marche ensuite vers le podium pour sa première draft NBA. Il a la moustache de l’acteur Gabe Kaplan. Ce n’est pas sur NBA TV qu’il faudrait rediffuser cette draft, mais sur la chaîne Comédie !.

0’10.

L’un des deux types assis à la table de Houston a une coupe mulette et une grosse moustache. Vive les années 80. Pendant qu’ils discutent au téléphone se déroule l’échange suivant :

AL : Les Rockets ont touché deux fois le gros lot. L’an dernier, ils avaient le choix numéro un d’une draft qui comprenait Ralph Sampson ; cette année, Hakeem Olajuwon a décidé de se présenter plus tôt, juste à temps pour que Houston puisse le sélectionner.

(Trois secondes de silence.)

LOU (d’une voix à peine audible) : On peut dire que le facteur a sonné deux fois.

0’11.

Hakeem (qui à cette époque s’appelait encore « Akeem ») est choisi en premier. Il a une superbe coiffure Jheri Curl coupée court, un smoking noir et un nœud papillon marron. Fantastique. Et vous savez quoi ? Le plus intéressant, c’est que Houston vient de laisser de côté le plus grand joueur de l’histoire et que malgré tout, ils ont fait le bon choix. Comme valeur sûre, il vaut toujours mieux prendre un pivot qu’un arrière. Toujours.

0’12.

Eddie Murphy trouve l’accent à donner au prince Akeem dans Un prince à New York en entendant l’interview d’Olajuwon avec Bob Doucette. Ça ne fait aucun doute. Il a même donné son prénom au personnage.

0’16.

Stern prononce l’une des phrases les plus inoubliables de l’histoire de la NBA : « Portland sélectionne Sam Bowie, de l’Université du Kentucky ». La caméra montre les représentants assis à la table de Portland avec sur leurs visages les mêmes expressions : « Aïe, j’espère qu’on ne s’est pas totalement plantés. » Au cours de cette draft, Stern a toujours prononcé le nom des franchises au complet, sauf à cet instant précis : il a sauté la partie « Trail Blazers », comme s’il avait envie de quitter la scène aussi vite que possible. On peut le comprendre. Puis Bowie monte tranquillement sur scène pendant que Al commente :

« Sam Bowie, qui a récupéré d’une fracture de stress au tibia gauche, a manqué deux saisons. Il a prolongé sa participation au programme sportif universitaire, et a fait un gros retour avec Kentucky. »

(Donc, une équipe qui vient de perdre le pivot qui soutenait la franchise six ans plus tôt en raison de fractures de stress répétées aux pieds – en l’occurrence, Bill Walton – a pris un autre pivot qui avait raté deux saisons universitaires complètes à cause de fractures de stress. Et il a trois ans de plus que le joueur qui est une valeur sûre sur le point de se faire drafter juste après lui ? C’est encourageant !)

0’17.

Lors d’une compilation peu passionnante des meilleures actions de Bowie, Al nous dit encore que Sam a récupéré pleinement de ses fractures de stress avant d’ajouter tout à fait sérieusement :

« Il a renoncé à disputer les Jeux Olympiques. »

La bonne blague. Tous les grands joueurs universitaires avaient essayé d’intégrer cette équipe, sauf Sam. Ça aurait dû mettre la puce à l’oreille de certains. Mais visiblement, non.

0’18.

La compilation des meilleures actions de Bowie se termine par une image figée du joueur et un graphique avec ses statistiques pour l’année 1984 : 10,5 points et 9,2 rebonds de moyenne, 52 % de réussite au tir, 72 % aux lancers francs. En d’autres termes, ses stats universitaires étaient pires que les stats NBA de Mychal Thompson. Tu parles d’une amélioration ! Les statistiques universitaires incroyablement banales de Bowie devraient vous rappeler quelqu’un d’autre. Un pivot d’OSU, numéro un de draft, paraissant vingt ans de plus que son âge, qui a également joué pour Portland…

Pendant ce temps, Al et Lou ont l’échange suivant :

AL : Alors, Lou, que peut-on dire d’un jeune joueur qui a raté deux années d’apprentissage cruciales et a dû se remettre à niveau ?

(Qu’il ne faut pas le choisir ?)

LOU : Eh bien, je pense que cela montre une certaine persévérance. Il ne s’est pas laissé décourager par tous ses malheurs, est revenu avec succès, et regardez où il en est maintenant.

Doucette interviewe Bowie, qui, lorsqu’on le revoit, ressemble à un personnage tragique. On a de la peine pour lui, car il était très poli et se comportait bien. Ce n’est quand même pas de sa faute s’il a été drafté à la place de Jordan, non ? Et quand il n’était pas blessé, c’était un bon pivot. Il ne l’a été que 54 % de sa carrière, mais quand même. Le premier échange :

DOUCETTE : Sam… Vous êtes l’illustration même du courage. Vous avez dû vous battre contre l’adversité, et je sais que beaucoup de gens, vous en particulier, sont heureux de voir que votre heure est enfin arrivée.

SAM : Oui, j’ai dû m’éloigner des parquets pendant deux ans suite à ma blessure à la jambe, mais j’ai été soutenu par la communauté de Lexington et de l’État du Kentucky. Je ne sais pas si j’aurais été capable d’y parvenir sans leur aide.

(Imaginez un peu ce que les fans des Blazers en train de regarder ça doivent penser. C’est formidable que Sam ait réussi son retour alors que les chances étaient limitées, mais pourquoi prendre quelqu’un dont « les chances étaient limitées » au lieu d’une valeur sûre ? Pourquoi même envisager de prendre le risque ? Pourquoi ? Ah, mais oui : rien n’enflamme davantage les fans que les termes « persévérance » et « ne pas se laisser décourager ». Tant pis pour Jordan et ses stupides dunks !)

0:19.

Ça devient de mieux en mieux…

DOUCETTE : [Les Blazers] disent qu’ils vous ont fait passer une grosse batterie de tests physiques avant de prendre une décision à votre propos. Comment cela s’est-il passé ?

SAM (avec un sourire timide) : Eh bien, je suis allé à Portland et leurs tests physiques ont duré environ sept heures. Ils n’ont vraiment rien laissé passer, donc… Je pense que ma situation est très différente de celle de Bill Walton. Je sais qu’il a eu une fracture de stress, mais en ce qui me concerne, je suis à 100 %.

(Attendez… Les tests physiques ont duré sept heures ? Vraiment ? Sept heures ?)

0:20.

Plan de coupe sur les deux représentants de Chicago à leur table, l’air satisfait (4), pendant que Al ménage le suspense pour le choix numéro trois en faisant une pause et en baissant la voix, avant de dire finalement :

« Michael Jordan devrait être le prochain à sortir. »

Pour la première fois en vingt minutes, Lou a l’air réveillé :

« Mmmmmm, celui-là, tout le monde l’attend. Il est vraiment fascinant. »

Mais des tests physiques de sept heures sont tout aussi fascinants. C’est à partir de là que ça devient vraiment formidable.

AL : Il y a eu polémique concernant le choix des Blazers. Ils avaient été tentés de prendre Michael Jordan, un joueur incroyable au talent unique, au lieu de Sam Bowie, qui revient tout de même de blessure. Il dit que tout va bien, que Portland lui a fait faire un test physique de sept heures, mais la question est de savoir maintenant si Bowie va tenir la distance avec 82 matchs par an.

LOU (hochant la tête) : C’est un risque calculé.

Sans commentaires.

0:22.

Stern, guilleret : « Les Chicago Bulls choisissent Michael Jordan, de l’Université de Caroline du Nord. » La foule applaudit tout en lançant des acclamations. Ils ont déjà compris. Un montage passionnant des meilleurs moments de la jeune carrière de MJ apparaît à l’écran.

AL : Ce jeune homme est unique.

LOU (qui s’anime soudainement) : Il marque les paniers importants, il peut se frayer un chemin jusqu’au panier, il a une maîtrise du jeu incroyable. C’est un joueur aux qualités immenses, à l’image de Dr J. Il n’est pas encore à son niveau, mais il appartient à cette classe. Michael va être un très grand joueur. C’est un peu le choix du peuple : les gens aiment voir ce jeune homme à l’œuvre.

AL : C’est une future star, excellent tireur, avec de formidables qualités athlétiques. Beaucoup d’équipes ont essayé de chiper leur troisième choix à Chicago.

*****

Sérieusement…

Relisez simplement l’intégralité du passage de 0:16 à 0:22. Une version révisionniste de l’histoire est apparue ces dernières années, arguant que la sélection de Bowie était défendable parce que la NBA recherchait à tout prix des joueurs de grande taille. Mais comment une équipe peut-elle parier sur un joueur avec des caractéristiques négatives comme « risque calculé », « test physique de sept heures », « éloigner des parquets pendant deux ans » et « adversité/courage/persévérance », et laisser un joueur avec des caractéristiques positives comme « talent unique », « très grand joueur », « future star », « valeur sûre », « à l’image de Dr J », « qualités immenses » et « choix du peuple » ? C’est incompréhensible. Totalement, complètement incompréhensible.

Ce qui nous amène à un petit bonus. Que se serait-il passé si, le jour de la draft, les dirigeants de Portland avaient tous pris une grande inspiration, s’étaient demandé s’ils n’étaient pas devenus fous et avaient réfléchi une dernière fois ? Apparemment, le propriétaire des Blazers, Larry Weisberg, adorait Jordan, mais c’était aussi un magnat de l’immobilier discret et sans prétention qui ne faisait ressentir aucune appréhension à son personnel. S’il s’était agi de quelqu’un d’autre, la crainte du courroux divin aurait frappé tous ceux qui avaient à décider du choix et ils en seraient venus à choisir la valeur sûre. Mais les Blazers n’avaient pas peur de Weisberg, ni des répercussions. Du coup, ils se sont orientés vers Sam Bowie… et se sont méchamment plantés.

Mais bon… Après tout, il n’en allait jamais que de l’avenir de la NBA, de centaines de millions de dollars en pertes de revenus, de quatre à dix championnats dilapidés, et d’une occasion perdue d’avoir dans son équipe le plus grand joueur de basket-ball de tous les temps. Peu de chose, n’est-ce pas ?

draft-1984

 


 

(1) L’offre de Philadelphie n’a jamais été rendue publique. Un an plus tard, Harold Katz a essayé d’échanger Erving contre Terry Cummings ; « Doc » en a parlé à voix haute et toute la ville de Philadelphie a allumé Katz.

(2) La NCAA a adopté un temps de possession de 45 secondes au cours de la saison 1985-1986. Ce temps de possession est passé à 35 secondes au cours de la saison 1993-1994, puis à 30 secondes au cours de la saison 2015-2016.

(3) Les deux meilleurs joueurs au camp d’entraînement prolongé qui incluait tous les grands noms de la draft 1984 et 1985 étaient Jordan et Barkley. Chuck a été coupé après que Knight lui a demandé de perdre du poids et que Barkley a fait le contraire. Malone, Stockton, Joe Dumars et Terry Porter n’ont pas non plus été retenus. Par contre, Jeff Turner, Joe Kleine, Steve Alford et Jon Koncak sont passés. Bizarre autant qu’étrange.

(4) Si jamais vous avez la chance de tomber sur la vidéo, observez le regard du type qui est au téléphone pour Chicago. Il a l’air tellement heureux qu’on dirait que quelqu’un le… sous la table. Incroyable.

#7 : L’explosion des Rockets de 1986

Rockets_80s

L’équipe des Houston Rockets de 1986, qui aurait pu devenir la meilleure de l’histoire. (1)

*****

Entre 1980 et 1990, la NBA a sans aucun doute vécu son âge d’or. Songez un peu : une pléthore de grands joueurs (Magic, Bird, Jordan, Olajuwon, Barkley, Robinson…), trois des cinq meilleures équipes de l’histoire (les Celtics de 1986, les Lakers de 1987, et les Pistons de 1989), des rivalités légendaires (Lakers-Celtics, Sixers-Celtics, Bulls-Pistons), et j’en passe. Mais finalement, quelle a été la meilleure équipe de toute la décennie ?

Sans surprise, deux franchises sont clairement au-dessus : les Los Angeles Lakers, et les Boston Celtics. Les Lakers de Magic ont remporté les titres de 1980, 1982 et 1985. Les Celtics de Bird ont remporté les titres de 1981, 1984 et 1986 et avaient le deuxième choix d’une draft 1986 apparemment pleine de promesses. Mais le grand espoir Len Bias est décédé quelques heures après avoir été choisi par Boston ; l’absence d’un joueur aussi jeune et talentueux a forcé les Celtics à faire surjouer Bird et McHale, qui ont fini par se blesser. Après 1987, les Celtics n’étaient plus du tout les mêmes et il leur faudra attendre plus de vingt ans avant de revenir en finale.

Les Lakers, pour leur part, ont continué sur leur lancée et remporté les titres de 1987 et 1988. L’année suivante, ils sont encore parvenus en finale. On peut donc dire que les Lakers ont été l’équipe de la décennie, même si la mort brutale de Bias a sans doute beaucoup pesé dans la balance.

Mais ce dernier événement n’a pas été le seul coup de pouce du destin aux Lakers. Il y a également eu autre chose : la chute aussi incroyable qu’imprévisible de l’ère Sampson-Olajuwon.

*****

Parmi toutes les équipes NBA qui ont fini par s’autodétruire, personne ne pense jamais à inclure l’équipe de Pat Riley, celle qui avait un jour été surnommée « l’Équipe du Futur ». La fois où Houston a battu les Lakers en 1986 est aujourd’hui considérée de manière générale comme un coup de chance ; lors d’une période de cinquante mois qui a commencé en avril 1985 et s’est terminée en juin 1989, les Lakers n’ont perdu qu’une seule de leur dix-huit séries de play-offs, face à une équipe des Rockets jeune et insolente qui a disparu de la surface de la terre presque aussi vite qu’elle y était arrivée. Donc, il s’agissait bien d’un coup de chance.

Non ?

Eh bien, non. Car les Lakers de Magic n’ont pas seulement été battus par les Rockets en 1986 ; ils ont été démolis. Les Rockets ont perdu le premier match de leur série de play-offs et ont remporté les trois suivants par 10, 8 et 10 points d’écart, avant de gagner le match décisif sur le terrain des Lakers, alors que Olajuwon avait été expulsé à six minutes de la fin pour s’être battu avec Mitch Kupchak. (Le match a pris fin avec le célèbre tir à la sirène miraculeux de Sampson, suivi de l’image de Michael Cooper s’affalant sur le sol en signe d’incrédulité, ce qui a renfoncé le mythe de la « surprise ».) Les Rockets ont complètement dominé les Lakers au rebond lors de leurs quatre victoires. Hakeem Olajuwon a marqué 75 points en tout dans les Matchs 3 et 4. Les Rockets sont arrivés en finale avec la sensation d’avoir écrasé les Lakers. Et c’était le cas.

*****

En y regardant de plus près, Houston était le pire adversaire possible pour les Lakers. Ceux-ci avaient deux faiblesses : les rebonds, et l’incapacité à défendre au poste bas sur des joueurs d’élite. Avec les 2,24 m de Sampson et les moves uniques d’Olajuwon, ils n’avaient aucune chance. Abdul-Jabbar ne pouvait pas rivaliser avec la rapidité d’Olajuwon au poste bas ; ses tentatives pour défendre sur lui étaient aussi infructueuses que pathétiques. Et s’il défendait sur Sampson au poste haut, cela l’éloignait du cercle et privait les Lakers de leur seul contreur (sans compter que Ralph pouvait le battre avec ses dribbles). Ne parlons même pas du cauchemar que vivaient les ailiers sous-dimensionnés ou aux qualités athlétiques limitées comme Kupchak, A. C. Green ou James Worthy à essayer de stopper Hakeem au poste bas.

Comme si cela ne suffisait pas, Houston avait la chance de posséder des arrières grands et athlétiques comme Robert Reid, Rodney McCray ou Lewis Lloyd (2) qui pouvaient prendre des rebonds et poser des problèmes à Magic. C’était la confrontation parfaite pour Houston. Ajoutez l’empoisonnant meneur John Lucas (qui avait replongé dans la drogue deux mois avant les play-offs) et la messe était dite : il n’y avait aucune chance que les Lakers du milieu des années 80 puissent battre les Rockets de la même époque.

Comment et pourquoi en est-on arrivé là ? C’est très simple : Olajuwon et Sampson ont été premiers choix de draft deux années consécutives (1983 et 1984) et, avec le combo McHale/Parish à Boston, tout le monde a paniqué au point que chaque équipe du milieu des années 80 est devenu obsédée par ajouter de la taille. Joe Kleine et Jon Koncak ont été choisis avant Karl Malone, les équipes ont misé sur des joueurs à problèmes comme Chris Washburn et William Bedford, etc. Les pauvres Lakers étaient soudain devenus une équipe jouant small ball prise au piège dans une ligue de big men ; avec les rebonds et les contres de Kareem en chute libre et la raclée collée par Houston, tout le monde pensait que l’ère Magic-Kareem était terminée.

*****

Qui aurait pu deviner que la prometteuse ère Sampson-Olajuwon allait s’achever aussi brusquement ? L’année suivant leur récital contre les Lakers en play-offs, Sampson et Hakeem ont voulu chacun un nouveau contrat, Lucas est parti à Milwaukee pour un nouveau départ, et l’équipe a subi un double coup de malchance avec les suspensions pour usage de cocaïne de Lewis Lloyd et de Mitchell Wiggins (ce qui signifie qu’avant la trêve All-Star de 1987, les trois meilleurs arrières de Houston avaient disparu).

Peu de temps après Sampson a commencé a ressentir les effets d’une grave chute au Boston Garden en 1986 (3), a dû modifier sa façon de courir pour soulager la pression sur son dos, et a martyrisé ses genoux. Golden State l’a échangé au cours de la saison 1987-1988 contre Joe Barry Carroll et Sleepy Floyd. Deux ans après la finale de 1986, il ne restait donc plus que le pauvre Hakeem à bord pour les Rockets, et malgré son immense talent, il faudra attendre six ans, la première retraite de Michael Jordan et une reconstruction totale de l’équipe pour que Houston décroche son premier titre. Seuls les drogues récréatives et une mauvaise chute pouvaient les arrêter la nouvelle grande équipe de l’Ouest.

*****

Voici la meilleure façon de mettre la chute de Houston en perspective. Supposons que les Pistons se soient effondrés après les play-offs de 1986 à cause du genou de Isiah et parce que Dennis Rodman, Vinnie Johnson et John Salley s’étaient tous les trois fait bannir de la ligue pour usage de cocaïne. Qu’advient-il de ce vide dans la Conférence Est ? Au minimum, les Celtics jouent deux finales de plus (1987 et 1988) et arrivent peut-être à en arracher une (ou deux) parce qu’ils sont frais après avoir évité de batailler contre les Pistons. Peut-être que Jordan remporte huit titres au lieu de six. Peut-être que Dominique et les Hawks parviennent à se glisser une fois en finale. Peut-être que les Blazers remportent le titre en 1990 et que la carrière de Clyde Drexler se déroule différemment. Qui sait ?

Pour les Lakers, le fait que les dieux du basket aient fait diparaître cette équipe des Rockets était un cadeau presque aussi grand que celui du premier choix de draft 1979 donné par New Orleans. La carrière de Hakeem n’aurait-elle pas eu un impact différent s’il avait pu rivaliser avec Kareem et les Lakers durant le reste des années 80 ? Et s’il avait gagné quatre ou cinq titres au lieu de deux ? Cela le propulserait-il devant Kareem, faisant de lui le deuxième plus grand pivot de tous les temps ? Jamais il n’y aura eu autant de questions autour d’une seule équipe.

*****

Vingt ans plus tard, Fran Blinebury, du Houston Chronicles, a écrit une colonne sur les Rockets de 1986 intitulée La Dynastie Perdue, qui incluait cette citation de Lucas :

Quand je me balade dans Houston aujourd’hui et que j’entends les gens parler des titres de 1994 et 1995, je secoue la tête. Je leur dis : « Soit vous l’avez oubliée, soit vous n’avez jamais vu la meilleure équipe des Rockets de tous les temps. Je le sais. J’en faisais partie. Et je suis en grande partie responsable de leur chute. » La plupart des équipes comme la nôtre sont compétitives pendant huit à dix ans. Nous avions une fenêtre de cette taille, sans le savoir, et elle s’est refermée violemment.

Magic, Kareem et Riley s’essuient probablement le front en soupirant « Ouf ! » chaque fois que quelqu’un évoque les Rockets de 1986. Et ils ont raison.


(1) Source : http://www.grantland.com (Bill Baptist/NBAE/Getty Images)

(2) Lloyd était dévastateur en transition et étonnamment efficace : entre 1984 et 1986, il affichait en moyenne 16 points, 4 rebonds et 4 passes décisives à 53 % de réussite au tir.

(3) Sampson est allé au dunk, s’est fait contrer, son corps s’est tordu maladroitement et il s’est écrasé au sol en atterrissant sur la tête et le dos, si violemment que le Garden a fait « ohhhhhhh » avant d’être plongé dans un silence de mort.