Most Valuable Player (3/4) : Catégorie 2 : les MVP douteux et finalement injustes

Ce dossier en quatre parties est la traduction française quasi-exhaustive des réflexions du journaliste sportif américain Bill Simmons. Tous les droits sur ce texte lui sont réservés.

Les nombres cités après le nom d’un joueur dans cet article représentent le nombre de votes obtenus pour la première, seconde et troisième place. Dans le cas de Pettit, par exemple, les nombres 59-7-1 signifient qu’il avait été voté 59 fois premier, 7 fois second et 1 fois troisième.

Source des photos : http://www.nba.com

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Bob Pettit (1959)

Quand vous chargez des joueurs majoritairement blancs d’élire le MVP à une époque marquée par le racisme et le ressentiment envers les athlètes noirs, il y a forcément des trucs qui clochent. Dans les années 50, une règle tacite en vigueur dans la ligue limitait le nombre de joueurs noirs à seulement un ou deux par équipe ; même assez tard, en 1958, les Hawks n’avaient pas eu un seul joueur noir. Donc, le fait que Pettit (qui était blanc) ait remporté le MVP en 1959 de manière écrasante devant le MVP en titre et le plus important joueur de la ligue (Russell, un Noir) est assez suspect, surtout quand on sait que 90 % des votants étaient des Blancs.

Examinez les effectifs en 1958 et 1961 (quand Russell a gagné le trophée) et en 1959 (quand Pettit a gagné), prenez en compte leurs capacités défensives (Pettit était médiocre ; Russell était extraordinaire), et aidez-moi à comprendre de façon cohérente comment Pettit a presque obtenu le triple des voix de Russell au vote de 1959 sans mentionner une cagoule blanche. Voici les chiffres :

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Voici les résultats du vote de 1959 : Pettit : 317 (59-7-1) ; Russell : 144 (10-25-29) ; Elgin : 88 (2-20-18) ; Cousy : 71 (4-11-18) ; Paul Arizin : 39 (1-7-13) ; Dolph Schayes : 26 (1-6-3) ; Ken Sears : 12 (1-1-4) ; Cliff Hagan: 7 (1-4-0) ; Jack Twyman : 7 (0-1-4) ; Tom Gola : 3 (0-1-0) ; Dick McGuire : 3 (0-1-0) ; Gene Shue : 1 (0-0-1).

Voici ce qui est arrivé en play-offs : l’équipe des Lakers à 33 victoires de Baylor a surpris les Hawks de Pettit en finale de la Conférence Ouest, avant de se faire balayer par les Celtics en finale. Elgin a gagné le trophée de Rookie de l’Année et a terminé avec une moyenne de 25 points et 15 rebonds par match. Malgré cela, il a eu autant de premières places que le duo Sears-Schayes. Incroyable.

Le vote de cette année-là a certainement été le plus raciste de tous les temps. Il y a eu la victoire écrasante plus que bizarre de Pettit (qui a eu six fois plus de premières places que Russell !), une moitié de la ligue qui a ignoré Elgin, Cousy qui a devancé quatre fois Russell pour la première place et quatre autres joueurs blancs (Arizin, Schayes, Sears et Hagan) qui ont eu des premières places de façon inexplicable. On ne peut même pas jouer la carte du mérite pour Pettit parce qu’il avait déjà remporté le trophée en 1956. Et si vous croyez que la couleur de peau n’a rien à voir là-dedans, n’oubliez pas le contexte de l’époque (avant Martin Luther King, avant JFK, avant Malcolm X, avant les lois anti-ségrégation) et le climat (en base-ball, les Red Sox ont signé leur premier joueur noir en 1959 : l’immortel Pumpsie Green).

Alors, oui, les choses ont fini par changer ; certains de ces changements étaient déjà en vigueur en 1959. Mais Russell et Baylor poussaient le sport dans une meilleure direction et certains de leurs pairs n’étaient pas encore, comment dire… en phase avec ces nouveautés. C’est la seule explication de ce vote déséquilibré. On ne va pas crier au scandale, mais le vote de 1959 a été influencé par la bigoterie et il n’y a rien d’autre à ajouter. Cette saison-là, Russell était le MVP.

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Wes Unseld (1969)

Au cours de sa saison rookie avec les Bullets, Unseld s’est fait un nom en posant des écrans en béton armé et en faisant de magnifiques passes après rebond pour lancer les contre-attaques. Il avait une moyenne par match de 14 points et 18 rebonds, et un pourcentage de réussite au tir de 47 % pour une équipe à 57 victoires. Willis Reed a joué un rôle tout aussi important à New York, avec une moyenne de 22 points et 14 rebonds par match à 52 % de réussite au tir, pour une équipe des Knicks à 54 victoires. Pourtant, le total de voix obtenues par Unseld à l’élection du MVP a été de supérieur au double de celui de Willis (310-137), et Unseld a eu les honneurs du premier cinq majeur de la NBA. Au premier tour des play-offs, Reed et les Knicks ont collé un sweep à Baltimore, et tout le monde a eu l’air idiot (1).

Voici le problème : si vous donnez le titre de MVP au cinquième meilleur rebondeur de la ligue et qu’il ne vous rapporte que 20 points par match (dans le cas présent, 14 points et 3 passes décisives), mieux vaut pour lui qu’il soit en défense un mélange entre Russell et Dikembe Mutombo. Le pauvre Unseld ne mesurait que 2,01 m, ne défendait pas le cercle et n’avait rien d’extraordinaire au contre. Sa valeur ne reposait que sur des qualités subtiles, comme lancer des contre-attaques et poser des écrans. « Big Wes » était un merveilleux role player, le « petit plus » parfait pour un candidat au titre, quelqu’un qui rendait son équipe meilleure. Mais il n’a jamais été un joueur dominant.

Ça n’a pas eu l’air de déranger grand-monde. En fin de saison régulière, tout le monde avait décidé que le jeune Unseld avait quelque chose ; pour faire simple, il se démarquait plus que tous les autres. Ses passes de contre-attaque étaient jolies, ses écrans amusants et ses statistiques au rebond suffisamment bonnes pour qu’il fasse un MVP crédible sans être jeté hors de la salle sous les rires et les huées. Ce qui ne signifie pas qu’il était meilleur candidat que Willis, Billy Cunningham (25 points et 13 rebonds de moyenne pour une sympathique équipe des Sixers qui avait réussi sa saison au-delà de tout espoir), ou même un bouffeur de stats comme Wilt (21 points, 21 rebonds, des contres à la pelle et 59 % de réussite au tir). Comme pour Steve Nash en 2005 et 2006, nous avons eu droit à un vote par défaut : « Personne d’autre n’a l’air de sortir du lot, j’aime beaucoup le jeu de ce gars-là… Pourquoi pas ! »

En votant pour Wes, on avait l’impression de se sentir bien, de connaître son basket-ball et d’apprécier les subtilités du sport. L’année suivante, Unseld a réussi une meilleure saison (16 points et 17 rebonds de moyenne à 52 % de réussite au tir) pour une équipe des Bullets toujours aussi bonne, sauf qu’il ne faisait plus partie de l’équipe All-Star et qu’il n’était dans aucun des deux cinq majeurs de la NBA. En fait, il n’a plus jamais fait partie du premier ou du deuxième cinq majeur de la NBA et n’a joué que quatre autres All-Star Games. Vous savez ce que j’en dis ? J’en dis que les votants se sont rendu compte qu’ils s’étaient un peu emportés lors de l’élection du MVP 1969, un peu comme lorsqu’on envoie à une jeune fille une douzaine de roses après un premier rendez-vous.

Voici les résultats du vote : Unseld : 310 (53-14-8) ; Reed : 137 (18-11-14) ; Cunningham : 130 (15-16-8) ; Russell : 93 (11-8-22).

Je pense que Cunningham méritait le titre de MVP, et voici pourquoi : même après avoir refourgué Wilt à Los Angeles pour 45 % de ce qu’il leur avait coûté, Philadelphie a grappillé 55 victoires et la deuxième place dans une Conférence extrêmement dense. La clé ? Cunningham. Après la blessure au genou du solide rebondeur Luke Jackson au vingt-cinquième match, les Sixers de Jack Ramsey se sont mis à jouer small ball, faisant passer Cunningham en ailier fort avec les arrières Archie Clark, Hal Greer et le swingman Chet Walker. Ils faisaient pression tout-terrain, couraient autant qu’ils le pouvaient et se reposaient entièrement sur Cunningham, qui devait surmonter son déficit de taille (2,01 m), avaler un temps de jeu gargantuesque (il a disputé 82 matchs et joué 3 345 minutes en tout) et lutter tous les soirs contre des joueurs comme Elvin Hayes, Jerry Lucas, Gus Johnson et Dave DeBusschere.

Eh bien, non seulement Cunningham a réussi à s’en sortir, mais il a terminé troisième meilleur marqueur de la ligue et dixième aux rebonds. Dans une saison de transition sans un joueur dominant, cela reste l’exploit individuel le plus impressionnant de l’histoire de la NBA. Pour une raison quelconque, tout le monde était plus intéressé par les écrans et les passes de Wes Unseld. Mon vote va à Cunningham. (Même si le véritable scandale de cette saison est que Russell n’ait pas gagné le trophée d’entraîneur de l’année. Citez-moi un autre entraîneur qui jouait 45 minutes par match.)

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Bob McAdoo (1975)

L’un des vingt-cinq meilleurs joueurs de l’histoire (Rick Barry) a atteint son pinacle durant la saison régulière (31 points, 6 rebonds et 6 passes décisives de moyenne, meilleur intercepteur et meilleur tireur de lancer-francs de la ligue) pour une équipe qui a terminé première à l’Ouest. Il a ensuite porté les Warriors (qui n’étaient pas favoris) jusqu’en finale (où ils ont balayé Washington) en faisant des play-offs monstrueux (28 points, 6 rebonds, 6 passes décisives de moyenne et 50 interceptions en 17 matchs).

L’un des soixante-cinq meilleurs joueurs de l’histoire (McAdoo) a atteint son pinacle au cours de la même saison (35 points et 14 rebonds de moyenne, plus 52 % de réussite au tir en 3 539 minutes) pour une équipe qui a terminé troisième à l’Est, puis a perdu au premier tour en sept matchs à Washington, même s’il faut reconnaître que « Mac » a été monstrueux au cours de cette série, avec 37 points et 13 rebonds de moyenne pour 327 (!) minutes de jeu.

McAdoo a sans doute été un joueur offensif en avance sur son temps et il a fait une excellente année, mais les passes, l’altruisme et l’allure globale de Barry le séparaient de tout le monde. Malheureusement, nous étions encore coincés dans l’ère selon laquelle les big guys avaient plus de valeur que tous les autres, un état d’esprit qui n’a pas été aidé par le manque de titres obtenus par Oscar et West dans les années 60, et qui n’a pas changé jusqu’à l’arrivée de Bird et Magic.

Mais ce n’est pas le plus énervant dans cette course au MVP. Cette fois-là, nous pouvons dire avec certitude que les joueurs ont voté pour leur favori. Regardez le top cinq : McAdoo : 547 (81-38-28) ; Cowens : 310 (32-42-24) ; Hayes : 289 (37-26-25) ; Barry : 254 (16-46-36) ; Kareem : 161 (13-21-33).

Barry était le meilleur joueur de la ligue ; il l’a prouvé en play-offs… et il a terminé quatrième. Pourquoi ? C’est très simple : Barry était le joueur le plus détesté par ses pairs. Il se plaignait à chaque coup de sifflet, adressait constamment à ses équipiers des regards sévères et des haussements d’épaules lorsqu’ils perdaient une balle, et faisait sans vergogne sa propre promotion pour faire avancer sa carrière à la télévision (il a même travaillé au noir pour CBS). Sans oublier les circonstances de son départ pour l’ABA, ainsi que sa réputation de tirer chaque fois qu’il en avait l’occasion et ne pas s’entendre en dehors du terrain avec les joueurs noirs.

Donc, que Barry avait complètement relancé sa carrière, était devenu le capitaine de l’équipe, était le meilleur intercepteur et le meilleur tireur de lancer-francs de la ligue, le deuxième meilleur marqueur, qu’il avait donné plus de passes décisives (492) que tout autre ailier dans l’histoire de la NBA et qu’il était premier au sein de son équipe pour chaque critère statistique pertinent à l’exception des rebonds n’avait pas d’importance. Rick Barry avait autant de chances d’obtenir le trophée qu’une boule de neige de rester solide en enfer. Tous les électeurs le méprisaient. À juste titre, peut-être, mais aucun autre joueur ne méritait plus le trophée en 1975.

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Julius Erving (1981)

La course au MVP cette saison-là n’en fut pas vraiment une, car aucune des deux stars de la ligue (les rivaux de division Erving et Bird) n’était au sommet de son art. Les statistiques d’Erving : 25 points, 8 rebonds et 4 passes décisives de moyenne pour une équipe des Sixers à 62 victoires. Celles de Bird : 21 points, 11 rebonds et 6 passes décisives de moyenne pour une équipe des Celtics à 62 victoires qui a décroché l’avantage du terrain en battant Philadelphie dans le tout dernier match. Erving est devenu la belle histoire des médias cette saison, car Philadelphie était devenue une équipe altruiste. Aussi, tout le monde décida de concert au milieu de la saison que c’était l’année de « Doc ».

Pendant ce temps, Bird montait tranquillement en puissance, avec une série de matchs à plus de 20 unités dans deux catégories statistiques (36 points et 21 rebonds à Philadelphie, 35 points et 20 rebonds à Chicago, 21 points et 20 rebonds à Cleveland, 28 points et 20 rebonds à New York) au cours d’une série de matchs avec un total incroyable de 25 victoires pour une défaite. Après quoi il subit une ecchymose douloureuse à la cuisse, joua malgré la douleur pendant un mois, puis se rétablit à temps pour un voyage en février sur la côte Ouest, où il totalisa 23 points, 17 rebonds, 8 passes décisives et 4 interceptions contre Seattle, puis 36 points, 21 rebonds, 5 passes décisives, 5 interceptions et 3 contres face à Los Angeles moins de vingt-quatre heures plus tard (avec un Magic blessé qui regardait le match sur la ligne de touche).

Lorsque le dernier mois de saison régulière est arrivé, tout le monde aurait dû convenir que : (a) Bird et Erving étaient à égalité parfaite, et (b) : celui dont l’équipe décrochait l’avantage du terrain devrait obtenir le MVP. Ce n’est pas arrivé. Au cours du 82ème match, Bird a contribué à la victoire de son équipe en marquant 24 points et en étant partout sur le terrain (cinq interceptions rien qu’au premier quart-temps) pendant que Erving souffrait pour tenir la comparaison avec seulement 19 points.

Lorsque les Sixers et les Celtics se sont retrouvés en finale de Conférence Est, Philadelphie a gâché un avantage de 3-1 et Bird a enquillé le panier gagnant au septième match. Les statistiques de Bird au cours de cette série : 27 points, 13 rebonds et 5 passes décisives de moyenne. Celles d’Erving : 20 points, 6 rebonds et 4 passes décisives de moyenne. Deux semaines plus tard, les Celtics ont remporté le titre à Houston. Voilà pour « l’année de Doc ».

Cela signifie-t-il que Bird était le meilleur joueur de la ligue ? Pas nécessairement. Il y avait des arguments solides en faveur de Moses Malone, meilleur pivot de la ligue de 1979 à 1983. Sauf que Malone se débattait au milieu d’une médiocre équipe des Rockets qui a terminé à 41 victoires et autant de défaites en 1980, et 40 victoires pour 42 défaites en 1981. Et il est difficile de défendre la valeur d’un joueur quand il n’arrive pas à donner à son équipe un taux de victoires de 50 %, même s’il est coincé dans une équipe qui défendait mal avec des coéquipiers trop jeunes, trop vieux ou simplement trop médiocres : Barry (qui a pris sa retraite après la saison 1980), Calvin Murphy, Rudy Tomjanovich, Allen Leavell, Billy Paultz, Mike Dunleavy, Tom Henderson, ou Bill Willoughby.

Donc, si le titre de MVP doit revenir à quelqu’un qui n’est pas le joueur dominant, il vaut mieux que ce soit un grand joueur avec une année extraordinaire (ce qui n’est pas arrivé en 1981), ce qui signifie, selon la théorie éprouvée par le temps, qu’il s’agit du « meilleur joueur de la meilleure équipe ». Et c’était Bird.

Bien sûr, on pourrait se dire : « On s’en fout. Personne n’était clairement favori pour le MVP cette année-là et tout le monde savait que Bird finirait par en avoir un, alors je suis content que Doc l’ait obtenu parce qu’il comptait beaucoup pour la ligue. » Si c’est ce que vous pensez, vous êtes un imbécile ; la ligue a montré sa reconnaissance à Doc six ans plus tard, quand il s’est fait couvrir de cadeaux lors de sa tournée de retraite. Ensuite, le trophée MVP n’est pas un signe d’affection ; c’est une récompense qui dit avec certitude que la majorité des électeurs pense qu’untel était le joueur le plus important cette saison-là. Et donc, tout le monde s’est planté.

La preuve ? Quatre mois après les play-offs de 1981, Bird a fait la couverture de Sports Illustrated pour un article intitulé : « Le joueur le plus complet de la NBA » (ils ne s’en étaient pas rendus compte lorsqu’il atteignait deux fois les 20 unités statistiques par match ?). Et si Bird était considéré comme le joueur le plus complet de la NBA au cours d’une année sans véritable MVP, que son équipe a remporté le titre, et que le trophée de MVP a été remis à quelqu’un d’autre, c’est qu’il s’agit d’une erreur. Point (2).

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Dirk Nowitzki (2007)

Si vous vous rappelez des quatre questions cruciales pour désigner le MVP, le candidat favori au titre est cité comme réponse à au moins deux des trois premières questions évoquées (et, idéalement, les trois). Les réponses pour la saison 2007 sont : Gilbert Arenas (question 1) ; Kobe Bryant (question 2) ; Nash, Tracy McGrady ou LeBron James (question 3). En se basant là-dessus (3), Nowitzki ne pouvait donc pas prétendre à devenir MVP. Mais il faisait l’unanimité. Et il a obtenu le trophée.

Statistiquement, Nowitzki avait été meilleur en 2005 et 2006. Ses stats de 2007 le classent derrière les neuf meilleures saisons de Larry Bird, les dix meilleures saisons de Charles Barkley et les onze meilleures saisons de Karl Malone. Ses pourcentages de réussite au tir étaient remarquables (50 % de réussite au tir, 90 % aux lancers francs, 42 % à trois points), mais les moyennes les plus importantes (24,6 points, 9 rebonds et 3,4 passes) équivalaient à celles d’un Tom Chambers. Seuls ses points lui permettaient de peser sur les matchs ; il ne rendait pas ses coéquipiers meilleurs et sa défense était au mieux passable. Si vous donnez le MVP à quelqu’un pour son jeu offensif, il vaut mieux que ce soit un joueur offensif de tout premier ordre. On ne peut pas dire ça du Nowitzki du 2007.

Le facteur qui a joué en faveur de l’Allemand est simple : aucun autre joueur de la ligue n’était plus fiable quand il fallait marquer en fin de possession, et il était le meilleur joueur d’une équipe à 66 victoires. Cela dit, quand les Bulls de 1997 ont remporté 69 matchs, on aurait pu décrire Jordan exactement de la même manière… Et il a terminé deuxième derrière Malone. Remarquez, il faudrait peut-être abandonner les comparaisons historiques après les deux trophées consécutifs de Steve Nash qui a fait devenir le prix ce qu’il est aujourd’hui : un concours de popularité. Les gens voulaient que Nowitzki remporte le trophée cette année-là. Et il l’a gagné.

Vous savez comment la débâcle s’est terminée. Golden State a créé l’un des plus grandes surprises de l’histoire de la NBA en battant Dallas au premier tour des play-offs, même si la chose avait cessé de paraître irréaliste quand les Warriors ont pulvérisé les Mavs au Match 3 devant une foule de supporters frénétiques. Malheureusement, le vote pour l’attribution du MVP arrivait juste après la saison régulière, de sorte que les électeurs ne pouvaient pas prendre en compte l’effondrement complet de Dirk contre Golden State. Non seulement il n’est pas parvenu à s’imposer comme un MVP doit le faire, mais il a pleuré et s’est plaint pendant toute la série, déshonorant ses coéquipiers et embarrassant ses fans.

Ironie du sort, Nash a joué sa meilleure saison à un moment où plus personne n’attendait qu’il élève son niveau de jeu, et n’accordait plus d’attention à Nowitzki… Si au lieu de Dirk, les Mavs avaient eu Duncan, Garnett, Bosh, Elton Brand ou n’importe quel autre ailier de très haut niveau, ils auraient quand même gagné entre 55 et 65 matchs. Mais les Suns de 2007 étaient construits comme une voiture de course italienne ultra-perfectionnée, avec des caractéristiques spécifiques adaptées à un certain type de pilote, et Nash s’est avéré être la seule personne de cette planète capable de conduire cette voiture sans s’écraser dans un mur. Le degré de difficulté était hors-catégorie. La saison de Nash prévaut donc sur celle de Nowitzki.

Donc, il faudrait donner à Nash le MVP 2007 parce qu’il n’aurait dû gagner ni en 2005, ni en 2006 (nous y reviendrons). D’accord, c’est un peu stupide de donner le MVP à un joueur qui ne le mérite pas (et qui est complètement passif en défense), mais après 82 matchs inintéressants au cours de l’une des pires saisons de l’histoire de la NBA, il n’y a pas d’autre option. Après tout, Nash et les Suns ont presque fait chuter San Antonio en play-offs, tout en étant pénalisés par des décisions arbitrales douteuses. Par ailleurs, le débat concernant le MVP sur les mérites comparés de Nash et Nowitzki aurait dû être réglé après un match à la mi-mars entre Dallas et Phoenix, quand Nash a émergé en tant que meilleur joueur (32 points, 8 rebonds, 16 passes décisives) et a réussi presque toutes les actions cruciales pour une victoire en double prolongation. Comment Dirk a-t-il réussi pu devenir MVP après ça ? Je n’en ai aucune idée.

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Première partie ici.

Deuxième partie ici.

Quatrième partie ici.


 

(1) Les Bullets étaient affaiblis avant les séries par la blessure au genou de Gus Johnson, mais un MVP ne peut quand même pas prendre un sweep au premier tour, non ? Apparemment, Gene Shue, l’entraîneur des Bullets, a gâché toute la série avec l’idée fort peu brillante de faire remonter le ballon en utilisant Unseld comme un meneur. Le pourcentage de bonnes idées catastrophiques émises par des entraîneurs dans l’histoire de la NBA ne doit pas être loin des 85 %.

(2) Bird s’est aussi fait avoir pour le MVP des Finales en 1981 ; Cedric Maxwell a gagné 6 à 1 dans une situation du type Duncan/Parker. Personnellement, je pense que les gens étaient simplement contents de voter pour un joueur surnommé « cornbread » (« pain de maïs »).

(3) La question 4 n’avait pas encore été créée.

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