Most Valuable Player (3/4) : Catégorie 2 : les MVP douteux et finalement injustes

Ce dossier en quatre parties est la traduction française quasi-exhaustive des réflexions du journaliste sportif américain Bill Simmons. Tous les droits sur ce texte lui sont réservés.

Les nombres cités après le nom d’un joueur dans cet article représentent le nombre de votes obtenus pour la première, seconde et troisième place. Dans le cas de Pettit, par exemple, les nombres 59-7-1 signifient qu’il avait été voté 59 fois premier, 7 fois second et 1 fois troisième.

Source des photos : http://www.nba.com

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Bob Pettit (1959)

Quand vous chargez des joueurs majoritairement blancs d’élire le MVP à une époque marquée par le racisme et le ressentiment envers les athlètes noirs, il y a forcément des trucs qui clochent. Dans les années 50, une règle tacite en vigueur dans la ligue limitait le nombre de joueurs noirs à seulement un ou deux par équipe ; même assez tard, en 1958, les Hawks n’avaient pas eu un seul joueur noir. Donc, le fait que Pettit (qui était blanc) ait remporté le MVP en 1959 de manière écrasante devant le MVP en titre et le plus important joueur de la ligue (Russell, un Noir) est assez suspect, surtout quand on sait que 90 % des votants étaient des Blancs.

Examinez les effectifs en 1958 et 1961 (quand Russell a gagné le trophée) et en 1959 (quand Pettit a gagné), prenez en compte leurs capacités défensives (Pettit était médiocre ; Russell était extraordinaire), et aidez-moi à comprendre de façon cohérente comment Pettit a presque obtenu le triple des voix de Russell au vote de 1959 sans mentionner une cagoule blanche. Voici les chiffres :

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Voici les résultats du vote de 1959 : Pettit : 317 (59-7-1) ; Russell : 144 (10-25-29) ; Elgin : 88 (2-20-18) ; Cousy : 71 (4-11-18) ; Paul Arizin : 39 (1-7-13) ; Dolph Schayes : 26 (1-6-3) ; Ken Sears : 12 (1-1-4) ; Cliff Hagan: 7 (1-4-0) ; Jack Twyman : 7 (0-1-4) ; Tom Gola : 3 (0-1-0) ; Dick McGuire : 3 (0-1-0) ; Gene Shue : 1 (0-0-1).

Voici ce qui est arrivé en play-offs : l’équipe des Lakers à 33 victoires de Baylor a surpris les Hawks de Pettit en finale de la Conférence Ouest, avant de se faire balayer par les Celtics en finale. Elgin a gagné le trophée de Rookie de l’Année et a terminé avec une moyenne de 25 points et 15 rebonds par match. Malgré cela, il a eu autant de premières places que le duo Sears-Schayes. Incroyable.

Le vote de cette année-là a certainement été le plus raciste de tous les temps. Il y a eu la victoire écrasante plus que bizarre de Pettit (qui a eu six fois plus de premières places que Russell !), une moitié de la ligue qui a ignoré Elgin, Cousy qui a devancé quatre fois Russell pour la première place et quatre autres joueurs blancs (Arizin, Schayes, Sears et Hagan) qui ont eu des premières places de façon inexplicable. On ne peut même pas jouer la carte du mérite pour Pettit parce qu’il avait déjà remporté le trophée en 1956. Et si vous croyez que la couleur de peau n’a rien à voir là-dedans, n’oubliez pas le contexte de l’époque (avant Martin Luther King, avant JFK, avant Malcolm X, avant les lois anti-ségrégation) et le climat (en base-ball, les Red Sox ont signé leur premier joueur noir en 1959 : l’immortel Pumpsie Green).

Alors, oui, les choses ont fini par changer ; certains de ces changements étaient déjà en vigueur en 1959. Mais Russell et Baylor poussaient le sport dans une meilleure direction et certains de leurs pairs n’étaient pas encore, comment dire… en phase avec ces nouveautés. C’est la seule explication de ce vote déséquilibré. On ne va pas crier au scandale, mais le vote de 1959 a été influencé par la bigoterie et il n’y a rien d’autre à ajouter. Cette saison-là, Russell était le MVP.

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Wes Unseld (1969)

Au cours de sa saison rookie avec les Bullets, Unseld s’est fait un nom en posant des écrans en béton armé et en faisant de magnifiques passes après rebond pour lancer les contre-attaques. Il avait une moyenne par match de 14 points et 18 rebonds, et un pourcentage de réussite au tir de 47 % pour une équipe à 57 victoires. Willis Reed a joué un rôle tout aussi important à New York, avec une moyenne de 22 points et 14 rebonds par match à 52 % de réussite au tir, pour une équipe des Knicks à 54 victoires. Pourtant, le total de voix obtenues par Unseld à l’élection du MVP a été de supérieur au double de celui de Willis (310-137), et Unseld a eu les honneurs du premier cinq majeur de la NBA. Au premier tour des play-offs, Reed et les Knicks ont collé un sweep à Baltimore, et tout le monde a eu l’air idiot (1).

Voici le problème : si vous donnez le titre de MVP au cinquième meilleur rebondeur de la ligue et qu’il ne vous rapporte que 20 points par match (dans le cas présent, 14 points et 3 passes décisives), mieux vaut pour lui qu’il soit en défense un mélange entre Russell et Dikembe Mutombo. Le pauvre Unseld ne mesurait que 2,01 m, ne défendait pas le cercle et n’avait rien d’extraordinaire au contre. Sa valeur ne reposait que sur des qualités subtiles, comme lancer des contre-attaques et poser des écrans. « Big Wes » était un merveilleux role player, le « petit plus » parfait pour un candidat au titre, quelqu’un qui rendait son équipe meilleure. Mais il n’a jamais été un joueur dominant.

Ça n’a pas eu l’air de déranger grand-monde. En fin de saison régulière, tout le monde avait décidé que le jeune Unseld avait quelque chose ; pour faire simple, il se démarquait plus que tous les autres. Ses passes de contre-attaque étaient jolies, ses écrans amusants et ses statistiques au rebond suffisamment bonnes pour qu’il fasse un MVP crédible sans être jeté hors de la salle sous les rires et les huées. Ce qui ne signifie pas qu’il était meilleur candidat que Willis, Billy Cunningham (25 points et 13 rebonds de moyenne pour une sympathique équipe des Sixers qui avait réussi sa saison au-delà de tout espoir), ou même un bouffeur de stats comme Wilt (21 points, 21 rebonds, des contres à la pelle et 59 % de réussite au tir). Comme pour Steve Nash en 2005 et 2006, nous avons eu droit à un vote par défaut : « Personne d’autre n’a l’air de sortir du lot, j’aime beaucoup le jeu de ce gars-là… Pourquoi pas ! »

En votant pour Wes, on avait l’impression de se sentir bien, de connaître son basket-ball et d’apprécier les subtilités du sport. L’année suivante, Unseld a réussi une meilleure saison (16 points et 17 rebonds de moyenne à 52 % de réussite au tir) pour une équipe des Bullets toujours aussi bonne, sauf qu’il ne faisait plus partie de l’équipe All-Star et qu’il n’était dans aucun des deux cinq majeurs de la NBA. En fait, il n’a plus jamais fait partie du premier ou du deuxième cinq majeur de la NBA et n’a joué que quatre autres All-Star Games. Vous savez ce que j’en dis ? J’en dis que les votants se sont rendu compte qu’ils s’étaient un peu emportés lors de l’élection du MVP 1969, un peu comme lorsqu’on envoie à une jeune fille une douzaine de roses après un premier rendez-vous.

Voici les résultats du vote : Unseld : 310 (53-14-8) ; Reed : 137 (18-11-14) ; Cunningham : 130 (15-16-8) ; Russell : 93 (11-8-22).

Je pense que Cunningham méritait le titre de MVP, et voici pourquoi : même après avoir refourgué Wilt à Los Angeles pour 45 % de ce qu’il leur avait coûté, Philadelphie a grappillé 55 victoires et la deuxième place dans une Conférence extrêmement dense. La clé ? Cunningham. Après la blessure au genou du solide rebondeur Luke Jackson au vingt-cinquième match, les Sixers de Jack Ramsey se sont mis à jouer small ball, faisant passer Cunningham en ailier fort avec les arrières Archie Clark, Hal Greer et le swingman Chet Walker. Ils faisaient pression tout-terrain, couraient autant qu’ils le pouvaient et se reposaient entièrement sur Cunningham, qui devait surmonter son déficit de taille (2,01 m), avaler un temps de jeu gargantuesque (il a disputé 82 matchs et joué 3 345 minutes en tout) et lutter tous les soirs contre des joueurs comme Elvin Hayes, Jerry Lucas, Gus Johnson et Dave DeBusschere.

Eh bien, non seulement Cunningham a réussi à s’en sortir, mais il a terminé troisième meilleur marqueur de la ligue et dixième aux rebonds. Dans une saison de transition sans un joueur dominant, cela reste l’exploit individuel le plus impressionnant de l’histoire de la NBA. Pour une raison quelconque, tout le monde était plus intéressé par les écrans et les passes de Wes Unseld. Mon vote va à Cunningham. (Même si le véritable scandale de cette saison est que Russell n’ait pas gagné le trophée d’entraîneur de l’année. Citez-moi un autre entraîneur qui jouait 45 minutes par match.)

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Bob McAdoo (1975)

L’un des vingt-cinq meilleurs joueurs de l’histoire (Rick Barry) a atteint son pinacle durant la saison régulière (31 points, 6 rebonds et 6 passes décisives de moyenne, meilleur intercepteur et meilleur tireur de lancer-francs de la ligue) pour une équipe qui a terminé première à l’Ouest. Il a ensuite porté les Warriors (qui n’étaient pas favoris) jusqu’en finale (où ils ont balayé Washington) en faisant des play-offs monstrueux (28 points, 6 rebonds, 6 passes décisives de moyenne et 50 interceptions en 17 matchs).

L’un des soixante-cinq meilleurs joueurs de l’histoire (McAdoo) a atteint son pinacle au cours de la même saison (35 points et 14 rebonds de moyenne, plus 52 % de réussite au tir en 3 539 minutes) pour une équipe qui a terminé troisième à l’Est, puis a perdu au premier tour en sept matchs à Washington, même s’il faut reconnaître que « Mac » a été monstrueux au cours de cette série, avec 37 points et 13 rebonds de moyenne pour 327 (!) minutes de jeu.

McAdoo a sans doute été un joueur offensif en avance sur son temps et il a fait une excellente année, mais les passes, l’altruisme et l’allure globale de Barry le séparaient de tout le monde. Malheureusement, nous étions encore coincés dans l’ère selon laquelle les big guys avaient plus de valeur que tous les autres, un état d’esprit qui n’a pas été aidé par le manque de titres obtenus par Oscar et West dans les années 60, et qui n’a pas changé jusqu’à l’arrivée de Bird et Magic.

Mais ce n’est pas le plus énervant dans cette course au MVP. Cette fois-là, nous pouvons dire avec certitude que les joueurs ont voté pour leur favori. Regardez le top cinq : McAdoo : 547 (81-38-28) ; Cowens : 310 (32-42-24) ; Hayes : 289 (37-26-25) ; Barry : 254 (16-46-36) ; Kareem : 161 (13-21-33).

Barry était le meilleur joueur de la ligue ; il l’a prouvé en play-offs… et il a terminé quatrième. Pourquoi ? C’est très simple : Barry était le joueur le plus détesté par ses pairs. Il se plaignait à chaque coup de sifflet, adressait constamment à ses équipiers des regards sévères et des haussements d’épaules lorsqu’ils perdaient une balle, et faisait sans vergogne sa propre promotion pour faire avancer sa carrière à la télévision (il a même travaillé au noir pour CBS). Sans oublier les circonstances de son départ pour l’ABA, ainsi que sa réputation de tirer chaque fois qu’il en avait l’occasion et ne pas s’entendre en dehors du terrain avec les joueurs noirs.

Donc, que Barry avait complètement relancé sa carrière, était devenu le capitaine de l’équipe, était le meilleur intercepteur et le meilleur tireur de lancer-francs de la ligue, le deuxième meilleur marqueur, qu’il avait donné plus de passes décisives (492) que tout autre ailier dans l’histoire de la NBA et qu’il était premier au sein de son équipe pour chaque critère statistique pertinent à l’exception des rebonds n’avait pas d’importance. Rick Barry avait autant de chances d’obtenir le trophée qu’une boule de neige de rester solide en enfer. Tous les électeurs le méprisaient. À juste titre, peut-être, mais aucun autre joueur ne méritait plus le trophée en 1975.

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Julius Erving (1981)

La course au MVP cette saison-là n’en fut pas vraiment une, car aucune des deux stars de la ligue (les rivaux de division Erving et Bird) n’était au sommet de son art. Les statistiques d’Erving : 25 points, 8 rebonds et 4 passes décisives de moyenne pour une équipe des Sixers à 62 victoires. Celles de Bird : 21 points, 11 rebonds et 6 passes décisives de moyenne pour une équipe des Celtics à 62 victoires qui a décroché l’avantage du terrain en battant Philadelphie dans le tout dernier match. Erving est devenu la belle histoire des médias cette saison, car Philadelphie était devenue une équipe altruiste. Aussi, tout le monde décida de concert au milieu de la saison que c’était l’année de « Doc ».

Pendant ce temps, Bird montait tranquillement en puissance, avec une série de matchs à plus de 20 unités dans deux catégories statistiques (36 points et 21 rebonds à Philadelphie, 35 points et 20 rebonds à Chicago, 21 points et 20 rebonds à Cleveland, 28 points et 20 rebonds à New York) au cours d’une série de matchs avec un total incroyable de 25 victoires pour une défaite. Après quoi il subit une ecchymose douloureuse à la cuisse, joua malgré la douleur pendant un mois, puis se rétablit à temps pour un voyage en février sur la côte Ouest, où il totalisa 23 points, 17 rebonds, 8 passes décisives et 4 interceptions contre Seattle, puis 36 points, 21 rebonds, 5 passes décisives, 5 interceptions et 3 contres face à Los Angeles moins de vingt-quatre heures plus tard (avec un Magic blessé qui regardait le match sur la ligne de touche).

Lorsque le dernier mois de saison régulière est arrivé, tout le monde aurait dû convenir que : (a) Bird et Erving étaient à égalité parfaite, et (b) : celui dont l’équipe décrochait l’avantage du terrain devrait obtenir le MVP. Ce n’est pas arrivé. Au cours du 82ème match, Bird a contribué à la victoire de son équipe en marquant 24 points et en étant partout sur le terrain (cinq interceptions rien qu’au premier quart-temps) pendant que Erving souffrait pour tenir la comparaison avec seulement 19 points.

Lorsque les Sixers et les Celtics se sont retrouvés en finale de Conférence Est, Philadelphie a gâché un avantage de 3-1 et Bird a enquillé le panier gagnant au septième match. Les statistiques de Bird au cours de cette série : 27 points, 13 rebonds et 5 passes décisives de moyenne. Celles d’Erving : 20 points, 6 rebonds et 4 passes décisives de moyenne. Deux semaines plus tard, les Celtics ont remporté le titre à Houston. Voilà pour « l’année de Doc ».

Cela signifie-t-il que Bird était le meilleur joueur de la ligue ? Pas nécessairement. Il y avait des arguments solides en faveur de Moses Malone, meilleur pivot de la ligue de 1979 à 1983. Sauf que Malone se débattait au milieu d’une médiocre équipe des Rockets qui a terminé à 41 victoires et autant de défaites en 1980, et 40 victoires pour 42 défaites en 1981. Et il est difficile de défendre la valeur d’un joueur quand il n’arrive pas à donner à son équipe un taux de victoires de 50 %, même s’il est coincé dans une équipe qui défendait mal avec des coéquipiers trop jeunes, trop vieux ou simplement trop médiocres : Barry (qui a pris sa retraite après la saison 1980), Calvin Murphy, Rudy Tomjanovich, Allen Leavell, Billy Paultz, Mike Dunleavy, Tom Henderson, ou Bill Willoughby.

Donc, si le titre de MVP doit revenir à quelqu’un qui n’est pas le joueur dominant, il vaut mieux que ce soit un grand joueur avec une année extraordinaire (ce qui n’est pas arrivé en 1981), ce qui signifie, selon la théorie éprouvée par le temps, qu’il s’agit du « meilleur joueur de la meilleure équipe ». Et c’était Bird.

Bien sûr, on pourrait se dire : « On s’en fout. Personne n’était clairement favori pour le MVP cette année-là et tout le monde savait que Bird finirait par en avoir un, alors je suis content que Doc l’ait obtenu parce qu’il comptait beaucoup pour la ligue. » Si c’est ce que vous pensez, vous êtes un imbécile ; la ligue a montré sa reconnaissance à Doc six ans plus tard, quand il s’est fait couvrir de cadeaux lors de sa tournée de retraite. Ensuite, le trophée MVP n’est pas un signe d’affection ; c’est une récompense qui dit avec certitude que la majorité des électeurs pense qu’untel était le joueur le plus important cette saison-là. Et donc, tout le monde s’est planté.

La preuve ? Quatre mois après les play-offs de 1981, Bird a fait la couverture de Sports Illustrated pour un article intitulé : « Le joueur le plus complet de la NBA » (ils ne s’en étaient pas rendus compte lorsqu’il atteignait deux fois les 20 unités statistiques par match ?). Et si Bird était considéré comme le joueur le plus complet de la NBA au cours d’une année sans véritable MVP, que son équipe a remporté le titre, et que le trophée de MVP a été remis à quelqu’un d’autre, c’est qu’il s’agit d’une erreur. Point (2).

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Dirk Nowitzki (2007)

Si vous vous rappelez des quatre questions cruciales pour désigner le MVP, le candidat favori au titre est cité comme réponse à au moins deux des trois premières questions évoquées (et, idéalement, les trois). Les réponses pour la saison 2007 sont : Gilbert Arenas (question 1) ; Kobe Bryant (question 2) ; Nash, Tracy McGrady ou LeBron James (question 3). En se basant là-dessus (3), Nowitzki ne pouvait donc pas prétendre à devenir MVP. Mais il faisait l’unanimité. Et il a obtenu le trophée.

Statistiquement, Nowitzki avait été meilleur en 2005 et 2006. Ses stats de 2007 le classent derrière les neuf meilleures saisons de Larry Bird, les dix meilleures saisons de Charles Barkley et les onze meilleures saisons de Karl Malone. Ses pourcentages de réussite au tir étaient remarquables (50 % de réussite au tir, 90 % aux lancers francs, 42 % à trois points), mais les moyennes les plus importantes (24,6 points, 9 rebonds et 3,4 passes) équivalaient à celles d’un Tom Chambers. Seuls ses points lui permettaient de peser sur les matchs ; il ne rendait pas ses coéquipiers meilleurs et sa défense était au mieux passable. Si vous donnez le MVP à quelqu’un pour son jeu offensif, il vaut mieux que ce soit un joueur offensif de tout premier ordre. On ne peut pas dire ça du Nowitzki du 2007.

Le facteur qui a joué en faveur de l’Allemand est simple : aucun autre joueur de la ligue n’était plus fiable quand il fallait marquer en fin de possession, et il était le meilleur joueur d’une équipe à 66 victoires. Cela dit, quand les Bulls de 1997 ont remporté 69 matchs, on aurait pu décrire Jordan exactement de la même manière… Et il a terminé deuxième derrière Malone. Remarquez, il faudrait peut-être abandonner les comparaisons historiques après les deux trophées consécutifs de Steve Nash qui a fait devenir le prix ce qu’il est aujourd’hui : un concours de popularité. Les gens voulaient que Nowitzki remporte le trophée cette année-là. Et il l’a gagné.

Vous savez comment la débâcle s’est terminée. Golden State a créé l’un des plus grandes surprises de l’histoire de la NBA en battant Dallas au premier tour des play-offs, même si la chose avait cessé de paraître irréaliste quand les Warriors ont pulvérisé les Mavs au Match 3 devant une foule de supporters frénétiques. Malheureusement, le vote pour l’attribution du MVP arrivait juste après la saison régulière, de sorte que les électeurs ne pouvaient pas prendre en compte l’effondrement complet de Dirk contre Golden State. Non seulement il n’est pas parvenu à s’imposer comme un MVP doit le faire, mais il a pleuré et s’est plaint pendant toute la série, déshonorant ses coéquipiers et embarrassant ses fans.

Ironie du sort, Nash a joué sa meilleure saison à un moment où plus personne n’attendait qu’il élève son niveau de jeu, et n’accordait plus d’attention à Nowitzki… Si au lieu de Dirk, les Mavs avaient eu Duncan, Garnett, Bosh, Elton Brand ou n’importe quel autre ailier de très haut niveau, ils auraient quand même gagné entre 55 et 65 matchs. Mais les Suns de 2007 étaient construits comme une voiture de course italienne ultra-perfectionnée, avec des caractéristiques spécifiques adaptées à un certain type de pilote, et Nash s’est avéré être la seule personne de cette planète capable de conduire cette voiture sans s’écraser dans un mur. Le degré de difficulté était hors-catégorie. La saison de Nash prévaut donc sur celle de Nowitzki.

Donc, il faudrait donner à Nash le MVP 2007 parce qu’il n’aurait dû gagner ni en 2005, ni en 2006 (nous y reviendrons). D’accord, c’est un peu stupide de donner le MVP à un joueur qui ne le mérite pas (et qui est complètement passif en défense), mais après 82 matchs inintéressants au cours de l’une des pires saisons de l’histoire de la NBA, il n’y a pas d’autre option. Après tout, Nash et les Suns ont presque fait chuter San Antonio en play-offs, tout en étant pénalisés par des décisions arbitrales douteuses. Par ailleurs, le débat concernant le MVP sur les mérites comparés de Nash et Nowitzki aurait dû être réglé après un match à la mi-mars entre Dallas et Phoenix, quand Nash a émergé en tant que meilleur joueur (32 points, 8 rebonds, 16 passes décisives) et a réussi presque toutes les actions cruciales pour une victoire en double prolongation. Comment Dirk a-t-il réussi pu devenir MVP après ça ? Je n’en ai aucune idée.

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Première partie ici.

Deuxième partie ici.

Quatrième partie ici.


 

(1) Les Bullets étaient affaiblis avant les séries par la blessure au genou de Gus Johnson, mais un MVP ne peut quand même pas prendre un sweep au premier tour, non ? Apparemment, Gene Shue, l’entraîneur des Bullets, a gâché toute la série avec l’idée fort peu brillante de faire remonter le ballon en utilisant Unseld comme un meneur. Le pourcentage de bonnes idées catastrophiques émises par des entraîneurs dans l’histoire de la NBA ne doit pas être loin des 85 %.

(2) Bird s’est aussi fait avoir pour le MVP des Finales en 1981 ; Cedric Maxwell a gagné 6 à 1 dans une situation du type Duncan/Parker. Personnellement, je pense que les gens étaient simplement contents de voter pour un joueur surnommé « cornbread » (« pain de maïs »).

(3) La question 4 n’avait pas encore été créée.

#11 : Comment les Hawks et les Knicks sont passés à côté de Julius Erving

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Une image extrêmement rare : Julius Erving portant le maillot des Hawks (et un numéro 54 inédit) lors d’un match de pré-saison de 1972.

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Non content d’être l’un des meilleurs joueurs de l’histoire, Julius Erving était également l’un des plus révolutionnaires de son temps. Pas étonnant, donc, que plusieurs équipes se soient battues pour l’avoir. Dans cet article, nous allons voir comment deux équipes sont malheureusement passées tout près de l’avoir, ce qui aurait sans doute fortement modifié le destin de ces deux franchises.

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Commençons par le commencement. Vous ne le savez peut-être pas, mais Julius Erving a failli jouer avec… Pete Maravich.

« Erving et Maravich dans la même équipe ? Les deux joueurs les plus révolutionnaires de leur époque auraient pu jouer dans la même équipe ? »

Eh bien oui, et c’est même arrivé ! Juste pour deux matchs d’exhibition, mais quand même. Revenons quelques années en arrière, avant le début de la saison 1972-1973. À cette époque, Julius Erving sort d’une grosse saison en ABA avec les Virginia Squires, sa première en tant que joueur professionnel. Il décide l’année suivante de faire le grand saut en NBA. Ses droits ont été gagné à la draft par les Milwaukee Bucks, mais les Atlanta Hawks de Pete Maravich ont passé outre et ont fait signer « Dr. J », provoquant une bataille juridique qui a vu les Squires et les Bucks poursuivre séparément les Hawks.

(Si vous avez des difficultés à bien comprendre ce qui précède, je vous conseille de lire ou relire l’article suivant.)

Les choses n’ont pas avancé pendant près d’un an (même si, en attendant, l’ABA a obtenu gain de cause et a forcé Erving à jouer une autre saison avec les Squires). Finalement, le propriétaire des New York Nets, Roy Boe, a fini par payer les Hawks et les Squires pour que « Dr. J » débarque à New York. Erving ne rejoindra donc jamais les rangs d’Atlanta, et n’aura joué que deux petits matchs d’exhibition en pré-saison avec Maravich et les Hawks avant d’être forcé à retourner chez les Squires.

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Tout ceci nous amène à méditer sur quatre questions :

Que serait devenue l’ABA si Erving n’avait pas été là lors de ses trois dernières saisons ? Le réponse tient en un seul mot : une catastrophe.

Que serait devenue la NBA si Erving avait été là ? Les trois saisons NBA les plus ennuyeuses de ces soixante dernières années étaient celles de 1974, 1975 et 1976. Disons simplement que Erving aurait contribué à changer ça.

Que se serait-il passé si Erving avait ignoré Atlanta et fait en sorte de rejoindre Milwaukee ? C’était tout à fait possible puisque Erving n’était pas encore une superstar et que d’autres stars de l’ABA comme Charlie Scott et Mel Daniels ont pu changer de ligue en pleine saison 1973 sans avoir d’ennuis. Les seules ressources juridiques que possédait l’ABA était de choisir l’endroit où les joueurs allaient et de bloquer les plus grandes stars comme Rick Barry. Si Erving avait rejoint les Bucks, Erving et Kareem Abdul-Jabbar auraient pu être coéquipiers avant leurs vingt-six ans. Et ce n’est pas tout : il auraient eu avec eux un Robertson vieillissant et Bobby Dandridge. Et la NBA de 1973 à 1976 n’aurait pas seulement été modifiée ; avec Erving, les Bucks de 1974 auraient gagné plus de 70 matchs dans une NBA diluée.

Que se serait-il passé si Erving était allé à Atlanta ? Si tout avait fonctionné et que Doc avait fait le grand saut jusqu’aux Hawks de 1973, il serait allé dans une équipe qui a remporté 46 matchs avec Maravich, Lou Hudson et Walt Bellamy. Imaginez Erving là-dedans avec Pete Maravich, tous deux dans l’éclat de leur jeunesse. Leur alliance aurait transformé la carrière de Maravich et fait d’Atlanta l’équipe la plus populaire de la ligue avec le plus gros taux d’affluence. En outre, l’ABA aurait disparu dans les deux ans et n’aurait jamais fusionné avec la NBA. Et nous aurions de grandes quantités de film avec Dr. J planant à haute altitude à la place de simple témoignages et d’histoires avec un côté apocryphe. Quelle tristesse.

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Bref, Julius Erving a rejoint les Nets, New York et l’ABA, qui n’ont pas eu à s’en plaindre, loin de là. Quelques années plus tard, après la fusion entre la NBA et l’ABA, les Nets ont fait une offre intéressante à leurs voisins Knickerbockers : ils leurs céderaient Julius Erving si les Knicks payaient leur amende pour transgression des droits territoriaux (480 000 $ par an pendant dix ans). Déjà aux prises avec le contrat onéreux de Haywood, les Knicks rejetèrent l’offre. Philadelphie acheta donc Erving pour 3 millions de dollars et le pauvre « Doc », trop digne et trop altruiste pour demander des tirs, a dû se débattre pendant trois ans avec des joueurs trop bien considérés, des accapareurs de ballon, des cas difficiles et des joueurs n’ayant jamais atteint leur potentiel.

En voyant le montant démesuré de l’amende des Nets, la décision des Knicks peut paraître raisonnable. Sauf qu’une fois la saison commencée, ils ont acheté Bob McAdoo à Buffalo après 20 matchs et ils lui ont donné la même somme d’argent qu’ils auraient donnée à Erving. En plus, Wilt Chamberlain a failli sortir de sa retraite pour rejoindre les Knicks le même été. Les Knicks auraient donc pu aligner un cinq majeur composé de Wilt, Haywood, Erving, Frazier et Monroe. Mais rien de tout cela n’est arrivé et les Knicks ont eu droit à la place à sept ans de galère avant de se remettre en selle.

Une dernière chose : les Nets se sont mis en règle avec la taxe territoriale deux ans plus tard en échangeant leur quatrième choix de draft en 1978 (Micheal Ray Richardson) et leur premier choix en 1979 (qui sera Larry Demic, pris en neuvième) contre le treizième choix en 1978 (Winford Boynes), Phil Jackson et un arrangement financier. Techniquement, la chose a eu un double impact, parce qu’avant la saison 1983, les Knicks ont signé Bernard King pour cinq ans et 4 500 000 $, une offre sur laquelle Golden State s’aligna avant de finalement accepter d’envoyer King aux Knicks contre… Micheal Ray Richardson !

Alors peut-être que les Knicks se sont bien plantés en n’obtenant pas Erving, mais ils ont eu droit à trois ans agités avec Richardson et toute la poudre qu’il s’envoyait, une très très bonne saison avec Bernard, puis un an et demi avec un Bernard diminué. Ce n’est pas si mal, non ?

Top 10 des plus grands moments de l’histoire des play-offs NBA

Chaque année, les play-offs NBA donnent l’occasion d’assister à de grands matchs, de grandes performances ou de magnifiques actions. Dans ce premier top 10 consacré à l’histoire des play-offs, nous allons détailler les plus grands moments ayant eu lieu au cours d’un match décisif. Certains d’entre eux sont inoubliables, au point d’être devenus légendaires. Voici le top 10 des plus grands moments de l’histoire des play-offs de la NBA.

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Mentions honorables

Le tir miraculeux de Derek Fisher (Match 5, demi-finales de Conférence Ouest 2004) : en 2004, les Spurs, champions en titre, affrontent les Lakers de Kobe Bryant et Shaquille O’Neal au même stade que l’année précédente. Dans le Match 5, les Spurs mènent d’un point alors qu’il ne reste plus que 0,4 secondes à jouer. À cet instant, personne ne donne plus cher de la peau des Lakers. Mais sur la remise en jeu effectuée au milieu du terrain, Gary Payton trouve Derek Fisher qui s’écarte de la raquette et tire instantanément. Le ballon rentre. 74-73 et 3 victoires à 2 pour les Lakers, qui se qualifieront chez eux au match suivant.

« The Shot » (Match 5, premier tour de Conférence Est 1989) : au premier tour des play-offs de la Conférence Est 1989 (qui se joue en cinq matchs), les Bulls affrontent les jeunes et prometteurs Cavaliers. Il reste trois secondes à jouer dans le Match 5 et les Cavaliers mènent 100 à 99. Temps mort et dernière chance pour les Bulls. Jordan se sort du marquage de Craig Ehlo et de Larry Nance, reçoit le ballon et inscrit un tir au niveau de la ligne des lancers-francs au nez et à la barbe d’Ehlo. Les Bulls sont qualifiés. Le pauvre Craig Ehlo, quant à lui, restera toute sa vie marqué par ce tir.

Don Nelson pour Bill Russell (Match 7, Finales NBA 1969) : avec Russell et Sam Jones en fin de carrière, tout le monde raye les Celtics de la liste des favoris au titre après leur quatrième place à l’Est en saison régulière. Ce qui n’empêche pas les hommes en vert d’arriver jusqu’en finale contre les Lakers et leurs stars Baylor, West et Chamberlain. Dans le Match 7, les Celtics mènent 103-102 ; sur une attaque, John Havlicek perd le ballon. Celui-ci revient dans les mains de l’ailier Don Nelson, qui déclenche un tir depuis la ligne des lancers-francs. Le ballon rebondit sur l’arrière de l’arceau et, de façon totalement improbable, retombe droit à travers le cercle. Les trois points d’avance permettront aux Celtics de gérer la fin de match pour l’emporter 108-106 et donner à Bill Russell le plus inattendu de ses onze titres.

Huit points en neuf secondes pour Reggie Miller (Match 1, demi-finales de Conférence Est 1995) : au milieu des années 90, la rivalité entre les Knicks et les Pacers bat son plein. Les équipes se retrouvent opposées en demi-finales de la Conférence Est 1995. Au premier match, les Knicks à domicile mènent 105-99 à 18,7 secondes de la fin. Autant dire que le match est plié. Mais la star des Pacers Reggie Miller ne l’entend pas de cette oreille : il inscrit rapidement un tir à trois points puis, sur la remise en jeu, intercepte le ballon et retourne derrière la ligne à trois points pour égaliser, avant d’inscrire deux points supplémentaires au lancer franc. Les Pacers remporteront le match 107-105, et la série avec.

Tous les tirs décisifs de Robert Horry : aucun joueur n’a rentré plus de tirs décisifs en play-offs NBA que Robert Horry. Plutôt que d’en parler ici, nous reviendrons sur ses exploits dans le portrait qui lui sera consacré.

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Le top 10

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10. Erving vole sous le panier (Match 4, Finales NBA 1980)

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Le contexte : en 1980, les Sixers de Philadelphie affrontent en finale les Lakers d’Abdul-Jabbar et du jeune Magic Johnson. À l’époque, Julius Erving, la star des Sixers, est au sommet de son art. L’action qu’il réalisera au cours du Match 4 de la série n’a pas été décisive, mais elle reste dans les mémoires de tous ceux qui l’ont vue comme l’une des plus extraordinaires de l’histoire du basket-ball.

L’action : Philadelphie mène au score 89-84 lorsque Erving échappe à Mark Landsberger et se dirige vers le panier en longeant la ligne de fond. Abdul-Jabbar se dresse pour lui barrer la route. Erving, qui a déjà décollé, change de trajectoire en plein vol et passe au-dessous du panier. Il glisse son long bras de l’autre côté et marque d’un tir « à la cuiller ». Les spectateurs, stupéfaits, applaudissent à tout rompre. Philadelphie remportera le match, mais les Lakers gagneront le titre, avec une performance légendaire de Magic Johnson au cours du Match 6.

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9. « The sky-hook is good ! » (Match 6, Finales NBA 1974)

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Le contexte : en 1974, les Milwaukee Bucks du MVP Kareem Abdul-Jabbar affrontent les Boston Celtics en finale. Abdul-Jabbar est au sommet de son art, mais les Celtics en ont vu d’autres. Grâce à un jeu rapide et à une défense tout-terrain, ils parviennent à arracher trois victoires sur lors des cinq premiers matchs. Abdul-Jabbar a été particulièrement bien gardé par ses adversaires directs, Dave Cowens et Henry Finkel. Il suffit aux Celtics de remporter le Match 6 pour obtenir le titre.

L’action : le temps réglementaire s’achève sur un score nul, qui donne lieu à une prolongation. Celle-ci se termine également sur un score nul : deuxième prolongation. À 7 secondes de la fin, Havlicek marque un panier pour donner l’avantage aux Celtics 101 à 100. Sur la remise en jeu, Abdul-Jabbar dribble et rentre un bras roulé à longue distance au-dessus de Finkel. Le commentateur radio des Bucks, Eddie Doucette, baptise le geste en direct : le terme de sky hook (« bras roulé ») est officiellement né ce soir-là. Le panier d’Abdul-Jabbar permettra aux Bucks de remporter le match, mais pas le titre : les Celtics gagneront le Match 7 quelques jours plus tard, en s’y mettant à plusieurs pour cerner Abdul-Jabbar.

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8. « Mr. Clutch » du milieu de terrain (Match 3, Finales NBA 1970)

Le contexte : les Finales NBA 1970 sont restées dans les mémoires en raison du retour mémorable de Willis Reed pour le Match 7, qui permettra à des Knicks remontés à bloc de remporter le titre contre les Lakers. Mais l’action de Jerry West au Match 3 est tout aussi emblématique. Après s’être partagé les deux premiers matchs, les Knicks et les Lakers reviennent à Los Angeles pour le Match 3. Les Lakers mènent de 14 points à la mi-temps, mais les Knicks sonnent la charge et reviennent à 96 partout à deux minutes de la fin.

L’action : à 13 secondes de la fin, Wilt Chamberlain égalise sur un lancer-franc. Sur l’action suivante, un tir précis de Dave DeBusschere donne l’avantage aux Knicks, 102 à 100. Il ne reste plus que deux secondes à jouer. Chamberlain passe à West, qui s’approche au maximum du panier adverse avant de déclencher un tir entre la raquette et la ligne de milieu de terrain. Le ballon rentre. 102 partout. Si la ligne des trois points avait existé, les Lakers auraient gagné le match et le sort des séries aurait sans doute radicalement changé. Au lieu de ça, les Knicks se reprendront en prolongation et remporteront le match 111-108.

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7. Ralph Sampson élimine les Lakers (Match 5, Finales de Conférence Ouest 1986)

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Le contexte : au milieu des années 80, la rivalité entre Magic Johnson et Larry Bird donne un grand coup de fouet à la NBA. Les Lakers et les Celtics se retrouvent deux fois en finale, en 1984 (victoire des Celtics) et 1985 (victoire des Lakers). En 1986, tout le monde s’attend à revoir les deux équipes en finale. Mais, tapie dans l’ombre, une équipe progresse indubitablement : les Rockets des tours jumelles Sampson et Olajuwon. Un article sera consacré à cette équipe ainsi qu’à cette série contre les Lakers ; on ne va donc pas trop s’y attarder. Disons simplement qu’en finale de Conférence Ouest, les Rockets perdent le premier match avant de remporter les trois suivants par 10, 8 et 10 points d’écart.

L’action : le Match 5 a lieu au Forum de Los Angeles. À six minutes de la fin, Olajuwon est expulsé suite à une bagarre avec Mitch Kupchak. Privés de leur star, les Rockets parviennent malgré tout à se retrouver à 112 partout à quinze secondes de la fin. Un tir raté de Byron Scott donne le ballon aux Rockets, qui prennent un temps mort et mettent rapidement un système en place. Sur la remise en jeu de Rodney McCray, la balle parvient au géant Ralph Sampson. Dos au panier, celui-ci déclenche un tir hasardeux à 180 degrés en moins d’une seconde qui rebondit sur l’arceau avant de tomber dans le cercle. Les Rockets sont en finale et l’image de Michael Cooper s’affalant sur le sol en signe d’incrédulité restera dans les mémoires.

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6. Le contre de LeBron James sur Iguodala (Match 7, Finales NBA 2016)

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Le contexte : les Warriors font figure de favoris en cette année 2016. Avec 73 victoires et 8 défaites en saison régulière, ils ont surpassé le record des Bulls, pourtant jugé imbattable, et écrasé la concurrence avec un Stephen Curry de gala. C’est tout naturellement qu’ils retrouvent en finale les Cavaliers de LeBron James. Les Warriors parviennent à prendre l’avantage 3-1. Comme aucune équipe n’a jamais réussi à remonter un tel déficit en finale, on pense avec certitude que les Warriors vont l’emporter. Mais les Cavs se rebiffent (ha ! ha ! ha !) et reviennent à 3 victoires partout avant de revenir à San Francisco pour le dernier match.

L’action : alors que le score est de 89 partout à deux minutes de la fin, Kyrie Irving attaque le panier. Sa tentative de tir échoue et les Warriors lancent rapidement la contre-attaque. Iguodala se retrouve seul près du panier et amorce son double pas pour aller marquer lorsque James revient comme une bombe et écrase sur le panneau le ballon qui vient de quitter les mains de l’arrière de Golden State. Si celui-ci avait marqué, les Warriors auraient eu deux points d’avance qui auraient pesé lourd dans la balance. À la place, quelques minutes plus tard, Irving assommera les Warriors avec un panier à trois points, avant que James ne les enterre définitivement. La remontée impossible a eu lieu. Un moment historique pour les Cavs et surtout pour Cleveland, qui attendait une victoire de son équipe dans un sport majeur depuis cinquante-deux ans !

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5. Ray Allen à trois points (Match 6, Finales NBA 2014)

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Le contexte : en 2012-2013, les San Antonio Spurs continuent à faire ce qu’ils font depuis plus de quinze ans : gagner des matchs avec un collectif magnifiquement huilé. Avec Duncan, Ginobili, Parker, Diaw et le jeune Leonard, les Spurs jouent un basket parfaitement équilibré entre défense et attaque. Bilan : 58 victoires en saison régulière, des play-offs impeccables, et une finale six ans après leur dernière apparition à ce stade. Leur adversaire en finale : le Heat, champion en titre, avec son effrayant « Big Three » composé de LeBron James, Dwayne Wade et Chris Bosh. La série est très disputée. À 2 victoires partout, les Spurs gagnent le Match 5 pour mener 3-2. Le Match 6 a lieu à Miami ; la victoire est obligatoire pour les locaux.

L’action : les Spurs mènent de 10 points à l’entrée du quatrième quart-temps. Le Heat remonte au score, mais à 19 secondes de la fin, les Spurs ont deux points d’avance et Kawhi Leonard est au lancer-franc. Il rate le premier, mais rentre le deuxième pour donner trois points d’avance aux Spurs. Gregg Popovich, le coach des Spurs, fait sortir Tim Duncan pour faire rentrer Diaw, afin qu’il puisse défendre sur Chris Bosh, redoutable tireur à trois points. Mario Chalmers remonte le ballon et le donne à James, qui tente le trois points. Le tir est raté, mais Bosh est au rebond. Il donne le ballon à Allen qui tire à trois points en coin. Dans le mille. 95 partout. Le Heat gagnera le match après prolongation, puis remportera le Match 7. Pour la première fois, Tim Duncan perd en finale. S’il avait été sur le parquet, aurait-il pu prendre le rebond crucial ? On ne le saura jamais.

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4. Le « junior sky-hook » de Magic (Match 4, Finales NBA 1987)

Le contexte : après la parenthèse Houston en 1986, les Lakers et les Celtics se retrouvent en finale pour la troisième fois en quatre ans. Les Lakers ont peut-être leur meilleure équipe de cette période, pendant que les Celtics doivent faire face à une cascade de blessés. La volonté de Bird et le courage de McHale et Parish leur permettent cependant légitimement d’envisager une victoire. Les Lakers mènent deux victoires à une à l’approche du Match 4. Inutile de dire que le résultat sera crucial pour l’une ou l’autre équipe.

L’action : à sept secondes de la fin, alors que les Celtics mènent d’un point (106-105), les Lakers bénéficient d’une remise en jeu sous le panier des Celtics. Cooper donne le ballon à son meneur, Magic Johnson. Celui-ci se retrouve face à McHale, excellent défenseur. Magic cherche un coéquipier démarqué et n’en trouve pas. Il dribble vers le centre et prend McHale de vitesse ; Parish arrive en aide, suivi de Bird. Magic, qui a pris son élan, n’a pas beaucoup de temps pour réagir. La passe étant trop risquée, le meneur des Lakers déclenche un petit bras roulé parfait qui retombe dans le panier. 107-106, à deux secondes de la fin. Les Lakers emporteront ce match et le titre, non sans s’être fait une énorme frayeur dans les deux dernières secondes.

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3. « Havlicek Stole the Ball! » (Match 7, Finales de Conférence Est 1965)

Le contexte : « Havlicek Stole the Ball! » Ce cri du cœur lancé par le commentateur des Celtics Johnny Most est l’un des plus célèbres du sport américain. Most a décrit de façon parfaite l’ultime action du Match 7 de 1965, qui voyaient s’affronter Boston et Philadelphie. Il reste cinq secondes à jouer et le score est de 110-107 pour les Celtics lorsque Chamberlain ramène son équipe à un point de Boston. Bill Russell effectue la remise en jeu, mais le ballon frappe l’un des fils de fer qui maintiennent le panier aux quatre coins, ce qui entraîne un changement de possession automatique. Dans la salle, c’est la consternation. Comment le grand Bill Russell a-t-il pu commettre une telle erreur ? Le titre va-t-il échapper à Boston ?

L’action : L’arrière des Lakers Hal Greer va effectuer la remise en jeu sous le panier des Celtics. En toute logique, l’homme à trouver est Wilt Chamberlain, mais celui-ci est étroitement surveillé par Russell, et son horrible pourcentage de réussite au lancer-franc en fait une cible de choix pour une faute. Il n’y a pas beaucoup de temps pour se décider. K.C. Jones, l’arrière des Celtics, agite les bras devant Greer pour gêner son champ de vision. Greer effectue un petit saut pour avoir une meilleure vue et aperçoit l’ailier scoreur Chet Walker, en apparence seul devant la raquette. Mais Havlicek s’est placé près de la ligne de passe. La suite, c’est Johnny Most qui la raconte le mieux.

« Greer fait la remise en jeu. La passe est longue… Havlicek intercepte ! Il passe à Sam Jones ! Havlicek a intercepté ! C’est terminé ! Johnny Havlicek a intercepté la balle ! »

Victoire des Celtics, et septième titre consécutif pour Russell.

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2. « Bird steals it! » (Match 5, Finales de Conférence Est 1987)

Le contexte : Boston arrive en finale de Conférence Est 1987 avec la moitié des titulaires sur le flanc. Leurs adversaires : les Detroit Pistons, au style de jeu brutal, qui sont sur le point de gagner leur fameux surnom de « Bad Boys », en raison leur intimidation en défense et la punition physique qu’ils infligent à leurs adversaires. Sans surprise, les quatre premiers matchs sont très disputés et s’achèvent sur un score de parité (2 victoires partout). Le cinquième match n’est pas différent. Dans les dernières secondes du match, Detroit mène d’un point après un tir gagnant de Isiah Thomas. Sur la remise en jeu, les Celtics donnent le ballon à Bird, qui part vers le cercle mais se heurte à Dennis Rodman. Le ballon part vers la touche et Jerry Sichting, l’arrière des Celtics, la sort. Remise en jeu Detroit.

L’action : pendant que John Salley et Dennis Rodman lèvent leurs bras en l’air dans un même mouvement de joie, Isiah Thomas se précipite pour remettre le ballon en jeu rapidement avant que la défense se mette en place. Il n’entend pas son coach, Chuck Daly, s’égosiller pour demander un temps mort. Dennis Rodman est démarqué, mais son pourcentage de réussite aux lancers-francs catastrophique n’en fait pas un bon choix. Trois secondes se sont déjà écoulées ; Isiah se décide à passer à Bill Laimbeer, debout près de la ligne de fond. Bird, qui défendait sur Adrian Dantley, surgit et intercepte la passe dans les mains de Laimbeer. Il envisage de shooter, puis voit Dennis Johnson couper vers le cercle. En un éclair, il lui transmet le ballon et Johnson marque en double-pas. Les Celtics ont un point d’avance à une seconde de la fin. Ils remporteront le match et la série avec.

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1. Michael Jordan achève Utah (Match 6, Finales NBA 1998)

Le contexte : comment choisir un autre vainqueur ? Sans compter que ce n’est pas une action, mais trois actions décisives qu’a effectuées Michael Jordan en moins d’une minute. En 1998, Jordan et les Bulls retrouvent le Jazz de Karl Malone et John Stockton pour une revanche de l’année précédente. Jordan dispute la dernière finale de sa carrière (même si personne ne le sait encore à l’époque) et ne va pas rater sa sortie. Les Bulls mènent 3-2 en finale avant de se rendre à Utah pour un Match 6 décisif.

L’action : à domicile, Utah vend chèrement sa peau. À une minute de la fin, le Jazz a même trois points d’avance sur son prestigieux adversaire. Jordan fait revenir son équipe à un point en attaquant le panier. Sur la possession suivante, le ballon parvient à Karl Malone, qui est immédiatement pris à deux par la défense des Bulls. Jeff Hornacek tente d’aider son équipier, mais avant qu’il ne puisse faire quoi que ce soit, Jordan passe derrière Malone et lui chipe le ballon. Quelques instants plus tard, il se retrouve face à Byron Russell pour le panier décisif. Il reste moins de dix secondes. Sur une feinte de Jordan (et une petite poussette), Russell se retrouve à terre. Michael a un tir ouvert. Il le rentre, bien sûr. 87-86, victoire des Bulls et sixième et dernier titre pour Jordan.