Top 10 des performances les plus courageuses de l’histoire des play-offs NBA

Les grands joueurs de basket-ball se caractérisent par deux choses : leur volonté de gagner, et leur capacité à montrer l’exemple. Ils sont conscients de leur valeur au sein de leur équipe et sont prêts à tout pour apporter leur aide à leurs partenaires, même lorsqu’ils souffrent de blessures qui devraient les laisser sur la touche. Comme promis, après le Top 10 des meilleures performances individuelles lors d’un match de Finales NBA, voici le Top 10 des performances plus courageuses de l’histoire des play-offs.

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George_Mikan

10. George Mikan (Match 6, Finales NBA 1949)

La première « vraie » courageuse performance de l’histoire ne pouvait qu’être l’œuvre du meilleur joueur de l’époque. En 1949, les Lakers de George Mikan affrontaient les Washington Capitols en Finales NBA. Après trois victoires confortables, ils semblaient se diriger tranquillement vers le titre lorsque Mikan se fractura le poignet lors du Match 4. Les Lakers furent battus et Mikan dut disputer les deux matchs suivants avec la main dans le plâtre. Il se surpassa lors du Match 6, en marquant 29 points malgré sa blessure pour donner aux Lakers leur tout premier titre. Sa moyenne en play-offs ? 30,3 points, une jolie performance quand on pense que trois de ces matchs ont été disputés avec une fracture, mais qui est quand même révélatrice du faible niveau de jeu de l’époque.


Bernard_King

9. Bernard King (Match 5, Premier tour de Conférence Est 1984)

Gros duel lors de ce match entre Isiah Thomas et Bernard King, la star des Knicks. Au premier tour de la Conférence Est 1984, les Knicks et les Pistons étaient à égalité 2 victoires partout. Le vainqueur de la rencontre suivante serait qualifié. En dépit d’une grippe et de deux doigts disloqués, King est présent sur le terrain et fait un match remarquable. Les Knicks pensent tenir le bon bout, mais en fin de match, Thomas marque 16 points en 93 secondes pour arracher la prolongation. King va néanmoins mener son équipe à la victoire, et mettre un point final au match en claquant un énorme dunk au-dessus de quatre Pistons et deux de ses coéquipiers. Il a terminé le match avec 44 points et 12 rebonds. Impressionnant, au vu de son état de forme.


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8. John Havlicek (Match 5, Finale de Conférence Est 1973)

Les Celtics de 1973 ont terminé la saison régulière avec 68 victoires et 14 défaites, et avaient l’équipe la plus forte de la décennie. Ils étaient favoris pour le titre, mais John Havlicek s’est démis l’épaule droite dans le troisième match de la Finale de Conférence Est contre les Knicks. Il a raté le reste de la rencontre ainsi que la suivante, qui ont toutes les deux été perdues par Boston. Mais il est revenu pour le Match 5 et il a marqué 18 points, pris 2 rebonds et fait 5 passes décisives, en jouant de la main gauche ! Les Celtics ont gagné d’un point et également remporté le Match 6. Finalement, les Knicks se sont rendus compte que Havlicek ne jouait que d’une seule main et qu’il suffisait de lui mettre la pression chaque fois qu’il avait le ballon ; les Celtics ont subi leur première défaite en Match 7 à domicile et ont raté la finale. Le fait que la seule blessure importante de Havlicek en seize années de carrière ait eu lieu à ce moment précis se classe parmi les plus grands coups de déveine de l’histoire de la NBA.


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7. Jerry West (Match 7, Finales NBA 1969)

La finale NBA de 1969 opposait les Lakers aux Celtics, et ce que West a réalisé durant l’intégralité de cette série a été extraordinaire. Il est arrivé au premier match épuisé par une campagne de play-offs intense, ce qui ne l’a pas empêché de marquer 53 points et de mener son équipe à la victoire. Il a fait le même coup dans le Match 2 avec 41 points. Au Match 3, la fatigue a commencé à se faire sérieusement sentir, et West a dû passer plus de temps à se reposer sur le banc ; les Celtics ont gagné les Matchs 3 et 4, et dans le Match 5, West s’est bêtement blessé aux ischio-jambiers en courant après un ballon alors que les Lakers avaient la victoire en poche. Il s’est bandé la cuisse, s’est injecté une énorme dose d’anti-douleurs et a disputé les Matchs 6 et 7 en boitant. S’il n’a rien pu faire au Match 6, il a failli arracher le Match 7 à lui tout seul avec 42 points, 13 rebonds et 12 passes décisives. Sa performance a tant impressionné qu’il a été élu MVP des Finales malgré la défaite des Lakers. Difficile de croire qu’une telle chose arrivera de nouveau.


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6. Wilt Chamberlain (Match 5, Finales NBA 1972)

Les Lakers ont écrasé la saison 1971-1972, en remportant 69 matchs, dont 33 d’affilée en saison régulière, un record qui tient toujours. En play-offs, après avoir rapidement expédié la concurrence, ils ont retrouvé les Knicks et ont démarré sur les chapeaux de roue, en gagnant trois des quatre premiers matchs. L’espoir est cependant permis pour les Knicks car Chamberlain, le pivot dominant des Lakers et de la NBA, est blessé à la cuisse pour le Match 5. Mais Chamberlain a pris une grosse dose d’anti-inflammatoires, et ses 24 points et 29 rebonds ont permis aux Lakers de gagner leur premier titre depuis leur déménagement à Los Angeles. Sans surprise, Chamberlain a été récompensé par le trophée de MVP des finales, qu’il méritait amplement pour l’ensemble de son œuvre.


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5. Dirk Nowitzki (Match 4, Finales NBA 2011)

Au vu des circonstances, il s’agit de la performance la plus impressionnante de cette liste. En 2011, Dallas affrontait une équipe de Miami largement supérieure sur le papier, avec l’incroyable trio James-Wade-Bosh. Même si l’effectif de Dallas était de qualité (avec Jason Kidd et Tyson Chandler notamment), Nowitzki était l’incontestable leader de son équipe et le joueur sur lequel tout le jeu offensif des Mavericks reposait. On imagine donc parfaitement leur angoisse lorsque Nowitzki se présenta pour le Match 4 avec une grosse toux et 40° de fièvre. Miami menait la série 2 victoires à 1, et le titre aurait sans doute été perdu si Nowitzki avait dû rester sur le banc ou simplement diminuer son temps de jeu. Mais il a joué, emmenant dans son sillage ses coéquipiers qui se sont surpassés durant tout le match. Nowitzki a terminé avec 21 points et 11 rebonds, et a marqué le panier décisif pour la victoire finale. Et Dallas a remporté le titre, provoquant l’une des plus grosses surprises de l’histoire. Chapeau !


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4. Michael Jordan (Match 5, Finales NBA 1997)

Le fameux « flu game » devenu légendaire. Lors des Finales NBA 1997 contre Utah, alors que la série est à égalité (2 victoires partout), Jordan est victime d’une intoxication alimentaire la veille du cinquième match et doit garder le lit pendant 24 heures. Son état est si pitoyable que tout le monde, y compris les médecins, est à peu près sûr qu’il ne pourra pas jouer pas le cinquième match. Mais Jordan est présent malgré la déshydratation et l’épuisement (il pouvait à peine marcher jusqu’au banc pendant les temps morts) et a mené son équipe à la victoire, réalisant une performance magistrale avec 38 points et 7 rebonds. Deux jours plus tard, les Bulls remporteront leur cinquième titre en six ans.


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3. Willis Reed (Match 7, Finales NBA 1970)

Les Finales de 1970 nous ont offert l’un des moments sportifs les plus célèbres du vingtième siècle. Au cinquième match de la série contre les Lakers, le capitaine des Knicks Willis Reed s’est déchiré le quadriceps droit (plus précisément le recteur fémoral, qui contrôle le mouvement entre la hanche et la cuisse). Il a raté le match suivant, permettant aux Lakers de revenir à trois victoires partout. Sans lui, les Knicks n’avaient aucune chance d’arrêter Chamberlain, qui avait écrasé la concurrence lors du Match 6. Avant le Match 7, Reed a donc reçu une injection de 250 milligrammes d’un anesthésique appelé carbocaïne et est arrivé sur le terrain en trottinant, sous les acclamations d’une foule en délire. Il a marqué les deux premiers tirs du match et déclenché l’hystérie de la foule. Pendant une heure, il a traîné littéralement sa jambe droite, mais sa présence a été suffisante pour démoraliser les Lakers et pousser ses équipiers à la victoire. Une rencontre légendaire.


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2. Isiah Thomas (Match 6, Finales NBA 1988)

Au Match 6 des Finales de 1988, les Pistons arrivent à Los Angeles avec un avantage de 3 victoires à 2 sur les Lakers. Au troisième quart-temps, le leader des Pistons Isiah Thomas rentra quatorze points d’affilée avec un répertoire de tirs incroyables, puis trébucha sur le pied de Michael Cooper et s’étala par terre, victime d’une grosse entorse à la cheville. Il essaya désespérément de se remettre debout, mais sa jambe ne voulait pas le soutenir et il ne résista pas longtemps avant d’être ramené à son banc. Mais Thomas n’allait pas laisser sa blessure le faire dévier de son objectif ; il transféra sa douleur sur sa lèvre inférieure en la mordant comme s’il s’agissait d’une chique de tabac, et quand les Lakers prirent huit points d’avance, il revint sur le terrain en boitillant, gonflé à l’adrénaline, essayant désespérément de sauver le titre de Detroit avant que sa cheville n’enfle. Il marqua sur une jambe un tir en suspension. Il mit un panier avec la planche en déséquilibre complet au-dessus de Cooper tout en obtenant la faute. Il rentra un long tir à trois points. Il s’ouvrit la voie pour un double pas en contre-attaque. Et alors que les dernières secondes du quart-temps s’écoulaient, il enquilla un tir en coin à couper le souffle de 6,70 m en pivot pour faire tomber le record des Finales (25 points en un quart-temps) et redonner l’avantage à Detroit. Il terminera avec 43 points et 8 passes décisives, mais ne pourra empêcher la défaite de son équipe, qui perdra également le Match 7 et le titre. L’un des efforts les plus remarquables et les plus mal récompensés de l’histoire de la NBA.


Kareem_1980

1.  Kareem Abdul-Jabbar (Match 5, Finales NBA 1980)

Tout le monde se souvient de la performance de Magic Johnson contre les Sixers lors du sixième match des Finales de 1980. Mais plus personne ne se souvient ce qui s’est passé avant. Dans le Match 5, alors que la série était à égalité 2-2, Abdul-Jabbar s’est foulé une cheville et a dû sortir du terrain. Le meilleur pivot du championnat est revenu sur le terrain alors que les Lakers couraient après le score, a terminé en marquant 40 points sur une jambe (vraiment, sur une seule jambe !) et a offert à son équipe une victoire cruciale. Malheureusement, le match est passé en différé et a été éclipsé par la performance de Magic deux jours plus tard. Personne ne se souvient de la finale d’Abdul-Jabbar, ni de sa moyenne époustouflante (33 points, 14 rebonds), ni de ses 23 contres en 5 matchs. Comme il était rentré à Los Angeles avant le Match 6 pour se faire soigner, il n’a même pas pu célébrer le titre avec son équipe. Un vrai crève-cœur. C’était le plus grand moment de la carrière d’Abdul-Jabbar, et tout le monde l’a oublié. Il était vraiment temps de lui rendre justice.

Top 10 des citations du basket (NBA)

Joueurs, entraîneurs, journalistes, commentateurs… En plus de soixante ans d’histoire, le monde de la NBA a été l’objet de toutes sortes de déclarations. Voici les dix citations les plus célèbres – du moins les plus iconiques – de la NBA.

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Mentions honorables

« Ça ne veut rien dire du tout. N’importe qui, dans cette équipe, pourrait marquer 2 000 points si on le lui demandait. Les 2 000 points que j’ai marqués sont dus pour la plupart à l’altruisme de mes coéquipiers. » Sam Jones, joueur des Celtics, après avoir atteint la barre des 2 000 points marqués en carrière en 1965.

« Si la cocaïne était de l’hélium, toute la NBA flotterait en l’air. » Art Rust, journaliste sportif (plus de renseignements ici).

« Je me suis toujours battu avec mes frères, ça ne veut pas dire que je ne les aime pas. » Larry Bird, après une altercation musclée avec Julius Erving lors d’un match Celtics-Sixers en 1984.

« Si je dois prendre un shoot pour gagner un match, je choisis Michael Jordan, mais si je dois prendre un shoot pour sauver ma vie, je choisis Larry Bird. » Pat Riley, entraîneur des Lakers.


Hors-concours

Charles Barkley

« La pression ? C’est pas un truc qu’on met dans les pneus ? »

« On peut m’acheter. S’ils y mettaient le prix, je suis prêt à travailler pour le Ku Klux Klan. »

« Si vous sortez avec une fille et que les gens disent d’elle qu’elle a de la personnalité, cela veut dire qu’elle est moche. Quand les gens disent qu’un joueur travaille dur, ça signifie qu’il est nul. C’est pareil. »

« Je pense que l’équipe qui gagnera le cinquième match gagnera la série. Sauf si nous perdons le cinquième match. »

« Je ne connais rien de l’Angola. Je sais juste qu’ils sont dans la merde. »

« Ce n’est pas parce que je sais dunker un ballon que je devrais élever vos enfants ».

« Je n’écoute pas les arbitres. Je n’écoute jamais les gens qui se font moins d’argent que moi. »


Le top 10

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10. « Larry, tu ne m’as menti qu’une seule fois. Tu m’as dit qu’il y aurait un jour un autre Larry Bird. Larry, il n’y aura plus jamais, jamais, un autre Larry Bird. » Magic Johnson lors de la cérémonie de retraite de son ami et plus grand rival, Larry Bird, en 1993.


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9. « Was he big enough » ? (« Il est assez grand ? ») Michael Jordan à un supporter de Utah lors d’un match de saison régulière de 1987. Après qu’il eut dunké sur John Stockton (1,85 m), le supporter avait défié Jordan de « s’en prendre à quelqu’un de sa taille ». Quelques instants plus tard, Jordan écrasait un dunk sur le pivot remplaçant du Jazz, Mel Turpin (2,11 m), et se tournait vers celui qui l’avait apostrophé pour lui cracher les mots ci-dessus.


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8. « Je pense que c’était Dieu déguisé en Michael Jordan. » Larry Bird, en réaction aux 63 points marqués par Michael Jordan contre les Celtics au premier tour des play-offs de 1986.


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7. « Si Larry Bird était noir, il serait juste un autre bon joueur. » Isiah Thomas après la défaite des Pistons contre les Celtics (4-3) en finale de Conférence 1987. Des propos controversés qui seront la source d’une grosse polémique.


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6. « Le facteur ne livre pas le dimanche. » Scottie Pippen à Karl Malone, alias « le facteur » (« the mailman »), avant que celui-ci ne tente deux lancers francs décisifs lors du premier match des Finales NBA de 1997. Malone manquera les deux lancers et Chicago remportera le match.


Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est mos.jpg 5. « Fo’ fo’ fo’. » Avant le début des play-offs de 1983, on demanda à Moses Malone un pronostic sur les chances de son équipe. Malone répondit simplement « fo’ fo’ fo' » (autrement dit, que les Sixers gagneraient par 4-0 chacune des séries éliminatoires). Une prédiction qui s’avéra presque exacte (les Milwaukee Bucks arrachèrent une victoire en cours de route).
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4. « I’m back. » (« Je suis de retour. ») Deux mots envoyés par fax le 18 mars 1995 par Michael Jordan, annonçant son retour après dix-huit mois d’absence.


3. « I mean, listen, we’re talking about practice, not a game, not a game, not a game, we talking about practice. » (« Ecoutez, on parle de l’entraînement. Pas d’un match, pas d’un match, pas d’un match ! On parle de l’entraînement. ») Allen Iverson en 2002 lors d’un discours devenu mythique en conférence de presse, où il répéta le mot « practice » une bonne vingtaine de fois en quelques minutes.
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2. « Havlicek stole the ball ! » (« Havlicek intercepte ! ») Johnny Most, légendaire commentateur des Celtics, lors du Match 7 des Finales de Conférence Est 1965 contre Philadelphie, alors que les Celtics mènent 110-109 à quelques secondes de la fin et que les Sixers effectuent une remise en jeu sous le panier adverse (plus de précisions ici).


Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est tomjanovich.jpg 1. « Never underestimate the heart of a champion. » (« Ne sous-estimez jamais le cœur d’un champion. ») Rudy Tomjanovich, entraîneur des Houston Rockets, lors de la remise du titre de champion NBA 1995 à son équipe, qui réalise le doublé après une saison particulièrement difficile.

Source photos : http://www.nba.com

Top 10 des joueurs les plus détestés de l’histoire de la NBA

Comme dans tous les sports, certains des joueurs qui évoluent en NBA sont adorés du public, et d’autres pas du tout. La plupart du temps, les joueurs détestés par le public le sont pour de mauvaises raisons, souvent très partiales : une « trahison » (LeBron James à Miami), une attitude discutable, un jeu dur ou un physique inadéquat. Ceci étant, il existe malgré tout des joueurs vraiment détestables, qui se sont fait haïr de façon justifiée par tout l’univers de la NBA : les entraîneurs, les adversaires, les instances, les médias, et parfois même leurs coéquipiers. Voici les dix joueurs les plus détestés de l’histoire de la NBA.

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Mentions honorables

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Tyler Hansbrough et Christian Laettner. Christian Laettner et Tyler Hansbrough sont considérés de manière quasi-unanime comme les deux joueurs les plus détestés de l’histoire du basketball universitaire (particulièrement le premier). Ils ont été beaucoup moins haïs en NBA, un peu parce que leur carrière n’a pas été aussi reluisante qu’à l’université, beaucoup parce qu’ils ne pouvaient pas se permettre de jouer le même jeu avec de vrais hommes qu’avec leurs condisciples. En son temps, Laettner a attisé à tel point les rancœurs contre lui qu’un documentaire entier sur le sujet (intitulé I hate Christian Laettner) lui a été consacré. Hansbrough, pour sa part, était râleur, bagarreur, et peu apprécié. En NBA, il se fera siffler par les fans de sa propre équipe (les Pacers), qui trouvaient qu’il avait été drafté trop haut et prenait des minutes au jeune Paul George.

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Le Top 10

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10. Latrell Sprewell. Son cas est un peu particulier, car pendant sa carrière, personne n’a vraiment détesté Latrell Sprewell. Certes, il avait bien tenté d’étrangler son coach, P.J. Carlesimo, lorsqu’il évoluait aux Warriors, mais sa cote d’impopularité n’a pas grimpé plus que ça après l’incident. Ce qui le fit universellement détester par la NBA – et même en dehors – fut une incroyable déclaration. Lorsque les Minnesota Timberwolves offrirent à Sprewell une prolongation de contrat de 7 millions de dollars par an alors qu’il était en fin de carrière, celui-ci déclara aux médias que le montant n’était pas assez élevé car il avait « une famille à nourrir ». Un culot d’autant plus grand que le joueur était déjà impliqué dans des histoires d’escroquerie et d’impôts non payés. Déjà modérément échauffés par son attitude en général, les franchises et les fans lui tournèrent définitivement le dos. Après une saison catastrophique, Sprewell ne rejoua plus un match en NBA.


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9. Vernon Maxwell. Maxwell était surnommé « Mad Max », ce qui donne une idée assez précise de la personne qu’il était. Les Rockets se souviendront de lui pour son indéniable talent mais aussi pour ses frasques, comme lorsqu’il est monté dans les tribunes pour frapper un spectateur, et a refusé d’entrer sur le terrain au cours d’un match, vexé d’être barré par Clyde Drexler qui lui « volait » son temps de jeu. Peu apprécié sur les parquets où il accumulait les fautes techniques, Maxwell était bien plus détesté pour son attitude en dehors du terrain. Arrêté huit fois en dix ans, il a été jugé pour avoir transmis de l’herpès à une partenaire sexuelle en connaissance de cause, et a refusé de payer la moindre pension alimentaire à une infirmière avec laquelle il avait eu un fils, prénommé Dominique. Lorsque Maxwell daigna rencontrer ce fils, ce fut pour l’emmener passer un test de paternité et repartir en lui donnant 40 $ pour acheter son silence. Aujourd’hui jeune homme, Dominique désire tant ne pas ressembler à son père biologique qu’il a juré de ne jamais toucher à un ballon de basket.


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8. Kwame Brown. Le fait d’être choisi en première position à la draft 2001, à peine sorti du lycée, a radicalement transformé Kwame Brown. Trop jeune, mal préparé, rabaissé au quotidien par son patron (un certain Michael Jordan), Brown n’a pas supporté la pression médiatique qui a pesé sur lui. Jeune homme agréable, il est devenu un adulte maussade et grognon, en conflit perpétuel avec ses équipiers et ses entraîneurs. Il se fera huer par ses propres supporters et haïr à un tel point que la star des Wizards, Gilbert Arenas, devra demander aux fans avant les play-offs de 2005 de ne pas siffler Brown lors de son entrée en jeu. Complètement hors du coup, Brown n’a jamais acquis la mentalité d’un gagnant ; en fin de carrière, il ne voulait même pas qu’on lui donne le ballon quand il était seul sous le panier. La raison ? Il avait trop peur qu’on fasse faute sur lui et qu’il rate ses lancers francs… (C’est Kobe Bryant qui le raconte dans une interview !)


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7. John Brisker. Joueur peu connu mais talentueux (20,7 points de moyenne en carrière), Brisker a navigué entre l’ABA et la NBA au cours des années 60, et s’est forgé entre-temps la réputation de joueur le plus méchant du basket-ball professionnel. Lors d’un match contre les Denver Rockets, il fut expulsé après seulement deux minutes de jeu pour avoir donné un violent coup de coude à l’ailier Art Becker ; rendu furieux par cette décision, il revint sur le terrain pour s’en prendre à Becker à plusieurs reprises, avant que la police ne le force à regagner les vestiaires. Brisker était si violent qu’à l’époque où il jouait à Pittsburgh, la ville de Salt Lake City organisa une soirée spéciale en son honneur, en alignant cinq boxeurs professionnels sur le terrain. L’un de ses coéquipiers, Charlie Williams, déclara un jour à son sujet :

« Si quelqu’un n’était pas correct envers lui – ou s’il pensait que vous n’étiez pas correct envers lui – on avait toujours l’impression que John allait fouiller dans son sac, sortir une arme à feu et vous tirer dessus. […] Les joueurs adverses avaient peur de lui, et ses coéquipiers s’en méfiaient. »

On ne sera donc pas surpris d’apprendre que personne n’appréciait Brisker. Sa fin fut tout sauf étonnante, venant d’un joueur avec une personnalité comme la sienne : parti en Ouganda en avril 1978, peut-être sur l’invitation d’Idi Amin Dada, Brisker ne réapparut plus et fut déclaré mort en 1985. D’après certaines sources, il s’était engagé comme mercenaire et aurait été exécuté en 1979 lorsque Dada fut chassé du pouvoir.


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6. Elvin Hayes. Hayes fit une entrée fracassante en NBA, en marquant 28 points par match lors de sa saison rookie. Ce faisant, il s’attira l’inimitié de beaucoup de personnes, à commencer par celle de ses propres fans, qui lui reprochaient de ne jamais passer le ballon. À Washington, Hayes, qui ne s’entendait globalement pas avec ses équipiers, eut une altercation d’une violence rare avec son pivot Wes Unseld, et fit également le forcing pour faire licencier son premier entraîneur, Jack McMahon. En dehors de sa personnalité trouble, son problème était sans doute qu’il était trop talentueux, et qu’il ne comprenait pas comment ses coéquipiers ne pouvaient pas s’élever à son niveau. Aux dires de ces derniers, Hayes était quelqu’un de très lunatique ; personne ne savait vraiment à quoi s’attendre avec lui. Beaucoup diront qu’il manquait de maturité et de maîtrise de soi, ce que Hayes reconnaîtra lui-même après sa retraite.


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5. Isiah Thomas. Les « Bad Boys » de Detroit étaient l’équipe la plus détestée de la fin des années 80, en raison de leur jeu dur et des nombreuses bagarres que les joueurs avaient tendance à déclencher. Leur leader, Isiah Thomas, flashy et arrogant, était considéré comme responsable de l’attitude générale de l’équipe. En 1987, il fit des commentaires déplacés sur la couleur de peau de Larry Bird, ce qui lui valut d’être taxé de racisme. En 1991, il refusa de serrer la main aux joueurs des Bulls qui venaient de remporter leur série de play-offs en écrasant Detroit, et sortit du terrain avec plusieurs coéquipiers à trente secondes de la fin. Cela lui valut les foudres des médias, de ses adversaires, et l’exclusion de la « Dream Team » de 1992, dans laquelle il avait pourtant sa place. Voici ce qu’a déclaré à ce sujet son ancien meilleur ami Magic Johnson, avec qui il s’était brouillé après l’annonce de sa séropositivité.

Isiah a lui-même ruiné ses chances pour les Jeux Olympiques. Personne dans cette équipe ne voulait jouer avec lui. […] Il voulait toujours faire partie du lot lorsqu’il était question des grands joueurs. […] Mais à cause de son comportement mesquin, personne ne lui renvoie les louanges qu’il mériterait.

Je suis triste pour Isiah. Il s’est aliéné tellement de gens dans sa vie, et il ne comprend toujours pas. Il ne comprend pas pourquoi il n’a pas été retenu dans cette équipe olympique, et c’est vraiment trop moche. Tu devrais être capable de voir que tu t’es mis à dos plus de la moitié de la NBA. Sur le seul critère du talent, Isiah aurait dû être dans la « Dream Team ». Mais Michael ne voulait pas jouer avec lui. Scottie n’en voulait pas non plus. Bird n’a pas défendu son cas. Karl Malone ne voulait pas de lui. Qui disait : « On a besoin de ce gars ? » Personne. […]

Ce qui s’est passé avec Isiah est le plus grande déception personnelle de ma vie. Rien d’autre ne peut y être comparé. Voilà un gars avec qui je sortais, avec qui je partais en vacances, que j’ai conseillé, et il m’a conseillé. Et puis il a foutu tout ça en l’air par jalousie. Quand je le vois maintenant, c’est cordial. C’est tout.

(Extrait de Quand le jeu était à nous, Larry Bird et Magic Johnson, éd. Talent Sport, p. 286-287)

Mais le ressentiment envers Thomas ne s’est pas arrêté après sa carrière. Il est probablement aujourd’hui l’une des personnes les plus détestées de la ville de New York suite à sa carrière ratée de dirigeant. Et ne parlons même pas du scandale de harcèlement sexuel dont il a dû se dépêtrer.

MAJ 2017 : à l’approche des fêtes de Noël, une scène émouvante a eu lieu à la télévision entre Magic et Isiah, qui semblent s’être finalement réconciliés. La mise en scène a beau paraître quelque peu suspecte, c’est quand même une belle image.


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4. Bruce Bowen. Bruce Bowen est l’un des meilleurs défenseurs de l’histoire de la NBA ; il a eu l’honneur d’avoir son numéro retiré par les Spurs, et a mérité les trois titres qu’il a remportés avec cette équipe. Mais Bowen était aussi le plus sale joueur du basket-ball organisé. Pourquoi ? Parce qu’il avait la fâcheuse habitude de placer son pied sous ceux de son adversaire direct dès qu’il tentait un tir en suspension. De cette façon, le joueur avait toute les chances de se tordre la cheville en retombant. Demandez à Steve Francis, à Jamal Crawford et Amar’e Stoudemire…

Parmi ses autres méfaits, Bowen a aussi balancé son pied dans le dos de Ray Allen, dans la poitrine de Chris Paul, et dans le visage de Wally Szczerbiak. Il a aussi donné un violent coup de genou dans l’aine de Steve Nash. Bowen était peut-être un défenseur talentueux, mais sa carrière toute entière est fondée sur des coups bas. Si vous passez vos nuits à essayer délibérément de blesser les joueurs adverses, il est certain qu’entre-temps, vous n’allez pas vous faire des amis. Aucun des adversaires de Bruce Bowen n’a aimé jouer contre lui. Et à raison.


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3. Kareem Abdul-Jabbar. Peu de joueurs ont réussi à se mettre à dos autant de monde que Kareem Abdul-Jabbar en son temps. Si tout le monde était unanime pour reconnaître l’immense talent du joueur, l’homme ne trouvait grâce nulle part : les médias, les fans, ses adversaires, ses supporters, et même ses coéquipiers ne l’aimaient pas. Il faut dire que l’attitude générale d’Abdul-Jabbar incitait assez peu à la sympathie. Revêche et maussade, il n’était aimable avec personne, rejetait sèchement les demandes d’autographe, et disait à peu près tout ce qu’il ne fallait pas dire. Sans compter qu’il se plaignait continuellement auprès des arbitres et critiquait les joueurs qui lui mettaient des coups en traître alors qu’il en faisait autant.

La plupart des reproches adressés à Kareem sont malgré tout injustes. On a critiqué ses prises de position radicales, sa religion, son apparence physique (son crâne chauve et ses lunettes, nécessaires car il prenait sans arrêt des coups dans les yeux), sa demande insistante de transfert lorsqu’il jouait à Milwaukee (justifiée, avec les coéquipiers qu’il avait) et ses migraines qui étaient considérées comme une excuse pour ne pas jouer (les migraines étaient réelles, et Kareem se surpassait sur le terrain quand il en souffrait). Le fait est que personne n’arrivait à le comprendre.

Les fans essayaient sans succès de trouver un moyen de l’apprécier, incapables de soutenir quelqu’un d’aussi prévisible et à l’écart des autres. Cela était peut-être également dû au fait qu’il avait refusé de participer aux Jeux Olympiques de 1968 pour protester contre le climat racial en Amérique, ou qu’il était irrité par la gêne du public vis-à-vis de sa religion et ne pouvait satisfaire des attentes bien trop élevées. À chaque interview, on aurait dit qu’il essayait de désamorcer une bombe. Il était trop intelligent pour des questions stupides, trop sérieux pour plaisanter, trop réservé pour paraître ne serait-ce qu’un tout petit peu sincère. Contrairement à Chamberlain, il n’éprouvait pas le besoin compulsif d’être aimé ; il voulait juste qu’on le laisse tranquille. Et c’est ce que la plupart des fans faisaient. (Bill Simmons, The Book of Basketball)

Injuste ou non, la réputation d’Abdul-Jabbar l’a conduit à ne jamais gagner la confiance des propriétaires et à ne jamais pouvoir entraîner en NBA. Dommage, le Kareem Abdul-Jabbar d’aujourd’hui est un écrivain reconnu, aimable et éloquent. C’en est presque triste.


Laimbeer

2. Bill Laimbeer. Vous pensiez qu’il serait le premier, hein ? Il a failli l’être, mais contrairement au joueur en tête du classement, Laimbeer avait au moins une qualité : tous ceux qui le critiquaient auraient adoré l’avoir dans leur équipe. Laimbeer a probablement été le joueur le plus universellement détesté de la NBA. Il avait du talent, et il est tout proche du top 100 des meilleurs joueurs de l’histoire. Mais c’était surtout le roi des sales coups. Il frappait ses adversaires en traître sous le panier, essayait constamment de les blesser, et n’arrêtait pas de « flopper » (se laisser tomber pour simuler un passage en force). Ne parlons même pas de ses récriminations constantes auprès des arbitres.

Mais le pire était ce qui survenait après le coup de sifflet. Laimbeer n’hésitait pas à balancer des coups de la façon la plus lâche qui soit, ce qui terminait souvent en bagarre générale. Évidemment, les équipes adverses le détestaient ; les fans lui hurlaient dessus tous les soirs, en brandissant des pancartes aux slogans haineux, et quant aux joueurs, leurs opinions le concernant rejoignent celle qu’émettra Larry Bird bien des années plus tard :

Laimbeer était un sale joueur. Il devait faire ce qu’il avait à faire, ça je le comprends. Mais prenons un joueur comme Rick Mahorn. Avec lui, on savait qu’on allait prendre des coups, mais il n’essayait pas de te blesser. Bill essayait vraiment de te faire mal. C’était le genre de gars qui faisait exprès de glisser son pied sous les tiens au moment où tu tires, en espérant que tu te ferais une entorse. C’est arrivé plusieurs fois à Parish. Une fois, Laimbeer m’a fait le même coup mais heureusement, je ne me suis que foulé la cheville. Ce n’était pas trop grave. Deux quart-temps plus tard, il a pris un shoot et j’ai fait exactement comme lui. C’est la dernière fois qu’il a essayé de me faire ça.


Rick_Barry_FT

1. Rick Barry. Voilà le pire de tous, unanimement désigné par ses contemporains comme le plus gros salopard de l’histoire de la NBA. Un joueur qui méprisait les coéquipiers qui lui étaient inférieurs, avait un besoin quasi-pathologique de se montrer désagréable avec tout le monde, et a gagné la réputation (juste ou injuste) de ne pas pouvoir s’entendre avec ses équipiers noirs. D’une prétention et d’une arrogance inégalée, Barry était détesté par tout le monde. Même par ses propres supporters. Même par ses coéquipiers ! Il suffit de voir comment, dans le même article de 1983 paru dans Sports Illustrated, cinq des personnes qui l’ont côtoyé (quatre joueurs et un dirigeant) l’ont descendu.

Il avait une sale attitude. Il te regardait tout le temps de haut. (Robert Parish)

Il était comme à la télévision. Toujours à critiquer tout le monde. Comme s’il était parfait. (Phil Smith)

Il n’a aucun sens de la diplomatie. Si on l’envoyait à l’O.N.U., il déclencherait la troisième guerre mondiale. (Mike Dunleavy)

Toute la ligue le considérait comme le type le plus prétentieux du monde. C’était incroyable. La moitié des joueurs n’aimait pas Rick. L’autre moitié le détestait. (Billy Paultz)

On ne verra jamais un groupe de joueurs assis en train d’évoquer le bon vieux temps passé avec Rick. De manière générale, ses coéquipiers et ses adversaires le détestaient cordialement. (Ken Macker, ancien dirigeant des Warriors)

Le sommet fut atteint au cours d’un match de play-offs décisif en 1976, lorsque Barry laissa purement et simplement tomber ses coéquipiers. Durant les dernières minutes, l’entraîneur des Warriors, Al Attles, dut faire pleuvoir un chapelet de menaces sur Barry car il redevint soudain lui-même, mais il était déjà trop tard. Les champions en titre furent défaits par une équipe bien inférieure à eux, et bien entendu, Barry rejeta la faute sur un équipier, Clifford Ray, qui d’après lui n’avait pas pu attraper l’une de ses passes sur une action décisive alors qu’ils étaient en train de remonter.

Auprès des fans, l’attitude de Barry ne passait pas, et celui-ci arrivait toujours à se fâcher avec eux ou à les contrarier. En 1970, alors qu’il jouait en Virginie, Barry a réussi à se faire transférer après avoir déclaré qu’il ne voulait pas que son fils revienne de l’école avec l’accent du Sud. En 1975, il a laissé tomber les Warriors à la dernière minute pour devenir commentateur sur CBS. Après la saison 1977, il a énervé les fans des Warriors une nouvelle fois en signant avec les Rockets en tant qu’agent libre et s’est définitivement brouillé avec le propriétaire de Golden State, Franklin Mieuli. Tout comme Roger Clemens, Barry a pris sa retraite dans l’anonymat le plus complet : pas de tournée d’adieu, pas de cérémonie de départ, rien. Peu de temps après avoir quitté les parquets, il sera mêlé à un nouveau scandale, avec la fameuse affaire du « Watermelongate », un stéréotype raciste adressé à Bill Russell.

Aujourd’hui, toutefois, Barry regrette beaucoup son attitude passée. C’est sur ses mots que l’on terminera :

Beaucoup de gens m’ont tourné le dos à cause de mon attitude. […] J’agissais comme un imbécile. J’ai fait beaucoup de choses stupides. J’ai ouvert ma grande bouche et j’ai dit beaucoup de choses choquantes et blessantes. J’étais une personne facile à détester. Et je peux le comprendre. Je dis aux enfants : « Il n’y a rien de mal à vouloir jouer comme Rick Barry, mais surtout n’agissez pas comme lui. » À mes propres enfants, je dis : « Faites ce que je dis, pas ce que j’ai fait. »


Source photos : http://www.nba.com et http://www.grantland.com

#10 : Where Isiah Happens

Isiah_Thomas

Isiah Thomas : après le joueur, le dirigeant.

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Le 22 décembre 2003, Isiah Thomas a été choisi pour occuper le poste de Directeur des Opérations Basket au sein des New York Knicks. Il a passé trois ans à ce poste (avant de devenir entraîneur pour deux années supplémentaires). Au cours de cette période, il a réussi à devenir l’un des plus mauvais dirigeants de l’histoire, avec une série d’échanges et de transferts qui ont non seulement détruit son équipe, mais aussi considérablement renforcé les autres. À lui seul, Thomas a changé radicalement le destin des Knicks, et il est aujourd’hui largement responsable du déclin de la franchise. Voici un petit récapitulatif de ses « exploits ».

NB : Cet article a été construit à partir d’une colonne publiée en février 2008 par le journaliste Bill Simmons, qui présentait une version détournée de la publicité NBA « Where Amazing Happens » (« Où l’incroyable se produit ») sous le titre « Where Isiah Happens ». Dans les 90 minutes qui ont suivi la parution de l’article de Simmons, un lecteur entreprenant a fait sa propre version de la publicité et l’a postée sur YouTube. Simmons confiera « n’avoir jamais été aussi fier ».

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5 janvier 2004

La saison 2003-2004 est un calvaire pour la jeune équipe des Suns. La direction veut construire autour du jeune Amar’e Stoudemire et de l’excellent Shawn Marion, mais les contrats de Stephon Marbury et Penny Hardaway leur en ôtent la possibilité. L’un est talentueux mais égoïste ; l’autre est continuellement blessé. Personne ne veut se risquer à les engager, jusqu’à ce que Phoenix trouve un pigeon inespéré à qui fourguer les deux contrats. Vous devinez de qui il s’agit. Les Suns reconstruisent une équipe compétitive avec le futur double MVP Steve Nash ; pendant ce temps, à New York, Marbury se dispute avec l’entraîneur Larry Brown et Hardaway joue les utilités en sortie de banc.

24 février 2005

Après la retraite de David Robinson, les Spurs ont besoin d’un pivot efficace pour aider Duncan dans la peinture. De manière inespérée, ils parviennent à refiler aux Knicks le contrat de Malik Rose en échange du solide Nazr Mohammed. Mohammed jouera le reste de la saison régulière avec les Spurs, c’est-à-dire 23 matchs dont cinq en tant que titulaire, pour un total de 9,5 points, 7,6 rebonds et 1,1 contres par match. Il fera de solides play-offs et soulèvera le trophée de champion NBA. Rose, quant à lui, sera cantonné à un rôle mineur sur le banc des Knicks avant son départ en 2009.

3 octobre 2005

Chicago se débarrasse du gros Eddy Curry en l’échangeant à New York contre deux choix de loterie et une grosse quantité de marge salariale. Curry était en conflit avec les Bulls après avoir refusé de passer un test pour savoir s’il souffrait d’une maladie cardiaque ; la direction a été enchantée de trouver quelqu’un pour le prendre. Le fait que Thomas ait souhaité prendre Curry est d’autant plus incompréhensible qu’il avait déjà fait signer (beaucoup trop cher) un joueur lambda, Jerome James, au poste de pivot. Mais il avait l’occasion d’avoir Eddy Curry et Jerome James pour 90 millions de dollars en perdant deux choix de draft. C’est clair qu’il fallait sauter dessus. Pour couronner le tour, James se sentira trahi par ce geste et ne s’impliquera jamais vraiment avec les Knicks.

Janvier 2006

Anucha Browne Sanders, vice-présidente des opérations marketing et économiques des Knicks, poursuit Thomas en justice pour harcèlement sexuel, proclamant que ses protestations à cet égard auraient conduit à son licenciement abusif. Elle remporte le procès et Thomas est condamné à 11 000 000 $ d’amende. Il aurait pu régler l’affaire à l’amiable, mais il n’a même pas réussi ça.

3 février 2006

Toronto trouve un abruti à qui refiler le contrat de Jalen Rose et facilite son processus de reconstruction. Les Raptors iront en play-offs un an plus tard.

22 février 2006

S’il réalise de bonnes performances individuelles, le nouveau meneur du Magic Steve Francis n’est pas heureux à Orlando. Il traîne sa misère pendant une saison et demie, jusqu’à ce que le Magic trouve quelqu’un pour racheter son horrible contrat et libérer 15 millions de dollars de marge salariale. Vous devinez de qui il s’agit. Victime de blessures et d’un ego surdimensionné, Francis s’enterrera rapidement et restera la plupart du temps assis l’air sombre sur le banc des Knicks, qui se sépareront de lui très rapidement.

28 juin 2007

Les Blazers trouvent quelqu’un pour prendre Zach Randolph et deviennent la jeune équipe la plus sympathique de la NBA. Isiah Thomas justifiera son geste plus ou moins en ces termes  : « Tout le monde essaie d’avoir des joueurs petits et rapides. Je veux faire l’inverse. Je veux du lourd. Je veux dominer. » Une stratégie vouée à l’échec que le temps ne fera que confirmer. On obtient du lourd avec McHale et Parish, ou avec Sampson et Olajuwon. Pas avec Eddy Curry et Zach Randolph, deux joueurs lents et sans intelligence de jeu qui ne savent ni défendre, ni protéger le cercle, et coûtent trop cher.

2008

Le Madison Square Garden est presque vide. Le basket-ball professionnel s’effondre progressivement dans une ville où il est tradition depuis soixante ans.

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En résumé, Isiah Thomas a été un directeur général maladroit qui ne comprenait rien au système de la taxe de luxe, aux salaires fixes, ou comment planifier les choses à l’avance. Certes, la critique est facile, et Thomas a quand même fait de bonnes choses (des choix de draft cohérents et un soutien appréciable apporté à ses joueurs quand il était entraîneur). Mais le plus énervant dans son attitude, c’est qu’il défend tous les choix cités au-dessus. Il admet deux erreurs : l’échange de Jalen Rose, et le transfert de Steve Francis (dont il n’était pas responsable car d’après lui, Larry Brown avait insisté pour l’avoir). Il défend tout le reste, alors que rien n’a de sens. Et le procès douteux qui lui a été intenté n’arrange rien. Thomas n’a pas davantage attiré la sympathie en tant que dirigeant qu’en tant que joueur. Pas la mienne, en tout cas.

(Note additionnelle : y a-t-il un seul directeur général dans l’histoire de la NBA qui ait jamais directement modifié le destin de sept franchises pour le meilleur ? Portland, San Antonio, Phoenix, Toronto, Orlando, Chicago, New York… Ça fait presque 25 % de la ligue ! Isiah doit manquer à tous ses collègues.)