Top 10 des performances les plus courageuses de l’histoire des play-offs NBA

Les grands joueurs de basket-ball se caractérisent par deux choses : leur volonté de gagner, et leur capacité à montrer l’exemple. Ils sont conscients de leur valeur au sein de leur équipe et sont prêts à tout pour apporter leur aide à leurs partenaires, même lorsqu’ils souffrent de blessures qui devraient les laisser sur la touche. Comme promis, après le Top 10 des meilleures performances individuelles lors d’un match de Finales NBA, voici le Top 10 des performances plus courageuses de l’histoire des play-offs.

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10. George Mikan (Match 6, Finales NBA 1949)

La première « vraie » courageuse performance de l’histoire ne pouvait qu’être l’œuvre du meilleur joueur de l’époque. En 1949, les Lakers de George Mikan affrontaient les Washington Capitols en Finales NBA. Après trois victoires confortables, ils semblaient se diriger tranquillement vers le titre lorsque Mikan se fractura le poignet lors du Match 4. Les Lakers furent battus et Mikan dut disputer les deux matchs suivants avec la main dans le plâtre. Il se surpassa lors du Match 6, en marquant 29 points malgré sa blessure pour donner aux Lakers leur tout premier titre. Sa moyenne en play-offs ? 30,3 points, une jolie performance quand on pense que trois de ces matchs ont été disputés avec une fracture, mais qui est quand même révélatrice du faible niveau de jeu de l’époque.


Bernard_King

9. Bernard King (Match 5, Premier tour de Conférence Est 1984)

Gros duel lors de ce match entre Isiah Thomas et Bernard King, la star des Knicks. Au premier tour de la Conférence Est 1984, les Knicks et les Pistons étaient à égalité 2 victoires partout. Le vainqueur de la rencontre suivante serait qualifié. En dépit d’une grippe et de deux doigts disloqués, King est présent sur le terrain et fait un match remarquable. Les Knicks pensent tenir le bon bout, mais en fin de match, Thomas marque 16 points en 93 secondes pour arracher la prolongation. King va néanmoins mener son équipe à la victoire, et mettre un point final au match en claquant un énorme dunk au-dessus de quatre Pistons et deux de ses coéquipiers. Il a terminé le match avec 44 points et 12 rebonds. Impressionnant, au vu de son état de forme.


Havlicek_1973

8. John Havlicek (Match 5, Finale de Conférence Est 1973)

Les Celtics de 1973 ont terminé la saison régulière avec 68 victoires et 14 défaites, et avaient l’équipe la plus forte de la décennie. Ils étaient favoris pour le titre, mais John Havlicek s’est démis l’épaule droite dans le troisième match de la Finale de Conférence Est contre les Knicks. Il a raté le reste de la rencontre ainsi que la suivante, qui ont toutes les deux été perdues par Boston. Mais il est revenu pour le Match 5 et il a marqué 18 points, pris 2 rebonds et fait 5 passes décisives, en jouant de la main gauche ! Les Celtics ont gagné d’un point et également remporté le Match 6. Finalement, les Knicks se sont rendus compte que Havlicek ne jouait que d’une seule main et qu’il suffisait de lui mettre la pression chaque fois qu’il avait le ballon ; les Celtics ont subi leur première défaite en Match 7 à domicile et ont raté la finale. Le fait que la seule blessure importante de Havlicek en seize années de carrière ait eu lieu à ce moment précis se classe parmi les plus grands coups de déveine de l’histoire de la NBA.


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7. Jerry West (Match 7, Finales NBA 1969)

La finale NBA de 1969 opposait les Lakers aux Celtics, et ce que West a réalisé durant l’intégralité de cette série a été extraordinaire. Il est arrivé au premier match épuisé par une campagne de play-offs intense, ce qui ne l’a pas empêché de marquer 53 points et de mener son équipe à la victoire. Il a fait le même coup dans le Match 2 avec 41 points. Au Match 3, la fatigue a commencé à se faire sérieusement sentir, et West a dû passer plus de temps à se reposer sur le banc ; les Celtics ont gagné les Matchs 3 et 4, et dans le Match 5, West s’est bêtement blessé aux ischio-jambiers en courant après un ballon alors que les Lakers avaient la victoire en poche. Il s’est bandé la cuisse, s’est injecté une énorme dose d’anti-douleurs et a disputé les Matchs 6 et 7 en boitant. S’il n’a rien pu faire au Match 6, il a failli arracher le Match 7 à lui tout seul avec 42 points, 13 rebonds et 12 passes décisives. Sa performance a tant impressionné qu’il a été élu MVP des Finales malgré la défaite des Lakers. Difficile de croire qu’une telle chose arrivera de nouveau.


Wilt_1972

6. Wilt Chamberlain (Match 5, Finales NBA 1972)

Les Lakers ont écrasé la saison 1971-1972, en remportant 69 matchs, dont 33 d’affilée en saison régulière, un record qui tient toujours. En play-offs, après avoir rapidement expédié la concurrence, ils ont retrouvé les Knicks et ont démarré sur les chapeaux de roue, en gagnant trois des quatre premiers matchs. L’espoir est cependant permis pour les Knicks car Chamberlain, le pivot dominant des Lakers et de la NBA, est blessé à la cuisse pour le Match 5. Mais Chamberlain a pris une grosse dose d’anti-inflammatoires, et ses 24 points et 29 rebonds ont permis aux Lakers de gagner leur premier titre depuis leur déménagement à Los Angeles. Sans surprise, Chamberlain a été récompensé par le trophée de MVP des finales, qu’il méritait amplement pour l’ensemble de son œuvre.


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5. Dirk Nowitzki (Match 4, Finales NBA 2011)

Au vu des circonstances, il s’agit de la performance la plus impressionnante de cette liste. En 2011, Dallas affrontait une équipe de Miami largement supérieure sur le papier, avec l’incroyable trio James-Wade-Bosh. Même si l’effectif de Dallas était de qualité (avec Jason Kidd et Tyson Chandler notamment), Nowitzki était l’incontestable leader de son équipe et le joueur sur lequel tout le jeu offensif des Mavericks reposait. On imagine donc parfaitement leur angoisse lorsque Nowitzki se présenta pour le Match 4 avec une grosse toux et 40° de fièvre. Miami menait la série 2 victoires à 1, et le titre aurait sans doute été perdu si Nowitzki avait dû rester sur le banc ou simplement diminuer son temps de jeu. Mais il a joué, emmenant dans son sillage ses coéquipiers qui se sont surpassés durant tout le match. Nowitzki a terminé avec 21 points et 11 rebonds, et a marqué le panier décisif pour la victoire finale. Et Dallas a remporté le titre, provoquant l’une des plus grosses surprises de l’histoire. Chapeau !


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4. Michael Jordan (Match 5, Finales NBA 1997)

Le fameux « flu game » devenu légendaire. Lors des Finales NBA 1997 contre Utah, alors que la série est à égalité (2 victoires partout), Jordan est victime d’une intoxication alimentaire la veille du cinquième match et doit garder le lit pendant 24 heures. Son état est si pitoyable que tout le monde, y compris les médecins, est à peu près sûr qu’il ne pourra pas jouer pas le cinquième match. Mais Jordan est présent malgré la déshydratation et l’épuisement (il pouvait à peine marcher jusqu’au banc pendant les temps morts) et a mené son équipe à la victoire, réalisant une performance magistrale avec 38 points et 7 rebonds. Deux jours plus tard, les Bulls remporteront leur cinquième titre en six ans.


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3. Willis Reed (Match 7, Finales NBA 1970)

Les Finales de 1970 nous ont offert l’un des moments sportifs les plus célèbres du vingtième siècle. Au cinquième match de la série contre les Lakers, le capitaine des Knicks Willis Reed s’est déchiré le quadriceps droit (plus précisément le recteur fémoral, qui contrôle le mouvement entre la hanche et la cuisse). Il a raté le match suivant, permettant aux Lakers de revenir à trois victoires partout. Sans lui, les Knicks n’avaient aucune chance d’arrêter Chamberlain, qui avait écrasé la concurrence lors du Match 6. Avant le Match 7, Reed a donc reçu une injection de 250 milligrammes d’un anesthésique appelé carbocaïne et est arrivé sur le terrain en trottinant, sous les acclamations d’une foule en délire. Il a marqué les deux premiers tirs du match et déclenché l’hystérie de la foule. Pendant une heure, il a traîné littéralement sa jambe droite, mais sa présence a été suffisante pour démoraliser les Lakers et pousser ses équipiers à la victoire. Une rencontre légendaire.


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2. Isiah Thomas (Match 6, Finales NBA 1988)

Au Match 6 des Finales de 1988, les Pistons arrivent à Los Angeles avec un avantage de 3 victoires à 2 sur les Lakers. Au troisième quart-temps, le leader des Pistons Isiah Thomas rentra quatorze points d’affilée avec un répertoire de tirs incroyables, puis trébucha sur le pied de Michael Cooper et s’étala par terre, victime d’une grosse entorse à la cheville. Il essaya désespérément de se remettre debout, mais sa jambe ne voulait pas le soutenir et il ne résista pas longtemps avant d’être ramené à son banc. Mais Thomas n’allait pas laisser sa blessure le faire dévier de son objectif ; il transféra sa douleur sur sa lèvre inférieure en la mordant comme s’il s’agissait d’une chique de tabac, et quand les Lakers prirent huit points d’avance, il revint sur le terrain en boitillant, gonflé à l’adrénaline, essayant désespérément de sauver le titre de Detroit avant que sa cheville n’enfle. Il marqua sur une jambe un tir en suspension. Il mit un panier avec la planche en déséquilibre complet au-dessus de Cooper tout en obtenant la faute. Il rentra un long tir à trois points. Il s’ouvrit la voie pour un double pas en contre-attaque. Et alors que les dernières secondes du quart-temps s’écoulaient, il enquilla un tir en coin à couper le souffle de 6,70 m en pivot pour faire tomber le record des Finales (25 points en un quart-temps) et redonner l’avantage à Detroit. Il terminera avec 43 points et 8 passes décisives, mais ne pourra empêcher la défaite de son équipe, qui perdra également le Match 7 et le titre. L’un des efforts les plus remarquables et les plus mal récompensés de l’histoire de la NBA.


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1.  Kareem Abdul-Jabbar (Match 5, Finales NBA 1980)

Tout le monde se souvient de la performance de Magic Johnson contre les Sixers lors du sixième match des Finales de 1980. Mais plus personne ne se souvient ce qui s’est passé avant. Dans le Match 5, alors que la série était à égalité 2-2, Abdul-Jabbar s’est foulé une cheville et a dû sortir du terrain. Le meilleur pivot du championnat est revenu sur le terrain alors que les Lakers couraient après le score, a terminé en marquant 40 points sur une jambe (vraiment, sur une seule jambe !) et a offert à son équipe une victoire cruciale. Malheureusement, le match est passé en différé et a été éclipsé par la performance de Magic deux jours plus tard. Personne ne se souvient de la finale d’Abdul-Jabbar, ni de sa moyenne époustouflante (33 points, 14 rebonds), ni de ses 23 contres en 5 matchs. Comme il était rentré à Los Angeles avant le Match 6 pour se faire soigner, il n’a même pas pu célébrer le titre avec son équipe. Un vrai crève-cœur. C’était le plus grand moment de la carrière d’Abdul-Jabbar, et tout le monde l’a oublié. Il était vraiment temps de lui rendre justice.

#3 : Abdul-Jabbar, un oubli qui coûte cher

kareem_bucks

Lew Alcindor (Kareem Abdul-Jabbar) rejoint les Bucks. Inespéré pour la NBA (1).

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Au début des années 70, l’ABA et la NBA se livraient une guerre sans merci pour attirer les meilleurs joueurs au sein de leur ligue. L’événement qui va vous être raconté ici est l’un est plus déterminants de l’histoire du basket-ball professionnel américain. Tout ce qui a pu se passer en NBA entre les années 1970 et 1980 – l’organisation, le palmarès, les équipes championnes, l’héritage laissé par les joueurs – aurait pu être changé. Si rien de tout ceci n’a eu lieu, c’est en raison d’une simple décision – ou plutôt d’une absence de décision, aussi insensée qu’incompréhensible (2).

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Au printemps 1969, Ferdinand Lewis Alcindor (qui n’a pas encore pris le nom de Kareem Abdul-Jabbar) arrive au terme de sa carrière universitaire. Avec l’équipe de UCLA, il a écrasé tous ses adversaires : trois titres de champion, trois titres de MOP (meilleur joueur du tournoi), des moyennes exceptionnelles, et une dominance telle que les instances universitaires ont interdit le dunk pour lui rendre la tâche plus difficile (sans véritable succès). Les deux ligues professionnelles de basket-ball américaines existantes, l’ABA et la NBA, lui sautent immédiatement dessus : Alcindor est choisi en première position de draft par les Milwaukee Bucks en NBA, et par les New Jersey Nets en ABA. ABA ou NBA, il faut choisir : la famille du jeune homme réunit une équipe d’agents et de conseillers, et passe les mois qui suivent à comparer les deux ligues.

L’ABA et la NBA ont toutes les deux désespérément besoin d’Alcindor. La NBA mettrait la main sur la plus grande star à entrer dans la ligue depuis Oscar Robertson, et son arrivée redonnerait un coup de fouet à une ligue en difficulté face à l’émergence de l’ABA. Les dirigeants de l’ABA, eux aussi, ont de bonnes raisons de vouloir Alcindor : le joueur donnerait une légitimité à leur ligue, qui n’existe que depuis deux ans, leur permettrait d’obtenir un contrat avec une chaîne de télévision, et forcerait la NBA à fusionner avec eux. Les atouts de la NBA ? Son histoire et son prestige. Ceux de la l’ABA ? Une grosse manne financière qui peut leur permettre de faire un pont d’or à Alcindor, tout en espérant récupérer leur argent avec la vente de billets et les droits télévisuels.

Sans jamais donner sa préférence en public, Alcindor avait jeté son dévolu sur l’ABA. Milwaukee possédait ses droits NBA, mais « Big Lew » était davantage intéressé par les Nets : il avait grandi à New York et n’aurait pas été trop éloigné de sa famille, il y avait des musulmans en ville et l’énorme marché de la franchise lui aurait été profitable (3). Mais comme passer l’été à jouer au sein des deux ligues pour se faire une idée précise ne l’intéressait pas, l’entourage d’Alcindor a posé les conditions suivantes à l’ABA et la NBA :

  • Les deux ligues devaient venir les rencontrer et proposer chacune une offre et une seule, la meilleure possible, sans possibilité de marchander ;
  • Alcindor allait prendre sa décision seul : ni son agent, ni son coach, ni même ses parents n’auraient leur mot à dire ;
  • Une fois que le joueur aurait pris sa décision, celle-ci serait définitive.

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Dick Tinkham et Mike Storen, directeurs exécutifs au sein de l’ABA, réfléchissent avec les différents responsables de la ligue pour trouver la meilleure façon de gérer l’affaire. Depuis plusieurs mois, ils préparent l’opération « Kingfish », une stratégie mise en place pour faire signer Alcindor. Ils ont dressé son profil psychologique avec l’aide de professionnels reconnus, ont questionné le joueur ainsi que ses amis de New York et de UCLA, ont étudié ses activités à l’université et l’ont même fait suivre par un détective privé. Tout cela leur a coûté 10 000 $ de frais, mais l’investissement en vaut la peine. Car les informations récoltées permettent aux dirigeants de l’ABA d’arriver à une idée astucieuse :

Lorsque nous rencontrerons Alcindor, nous allons lui donner un chèque d’un million de dollars, encaissable immédiatement, qui fera partie de notre offre. Non seulement ce chèque prouvera que nous sommes sérieux et que nous n’avons pas de problèmes financiers, mais Alcindor va être alléché par la perspective de devenir millionnaire instantanément et il acceptera de jouer pour nous. Et en prime, nous offrirons un manteau de vison à sa mère qui en rêve depuis longtemps.

Ce qui est un très bon plan. Un peu désespéré, mais très bon.

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Personne ne sait exactement si l’entourage d’Alcindor a d’abord rencontré les dirigeants de l’ABA ou ceux de la NBA. Kareem prétend avoir rencontré d’abord les dirigeants de la NBA, Tinkham et Storen affirment le contraire. On s’en tiendra à la version de ces derniers pour plus de clarté.

L’ABA tire en premier. Elle envoie deux représentants pour faire son offre à Alcindor : George Mikan, ancienne légende du basket devenu commissionnaire de l’ABA, et Arthur Brown, propriétaire de l’équipe de New York. Bien que paraissant légitime, ce choix est vu comme inquiétant par diverses personnalités de l’ABA, les talents de businessman de Mikan étant inversement proportionnels à ceux dont il faisait preuve sur un terrain de basket. Mais Mikan était convaincu d’être un bon négociateur et en raison de son statut, il était difficile de le tenir hors de portée de l’affaire. Une grosse erreur, qui va se vérifier tragiquement.

Bon. Mikan et Brown arrivent et commencent à discuter avec Alcindor. Ils parlent de l’arrivée de Lew à New York et proposent même de lui adjoindre éventuellement quelques-uns de ses anciens coéquipiers de UCLA. Des sommes d’argent sont évoquées. Mais pour une raison connue de lui seul, Mikan ne donne pas le chèque à Alcindor. Il reste dans sa poche ! Et au lieu de le lui donner, ils insultent le joueur en lui faisant une offre merdique (un million de dollars, mais sur quatre ans, et pas à la signature). L’équipe de Alcindor quitte la réunion se demandant pourquoi l’ABA ne s’est pas totalement engagée. Et les propriétaires de l’ABA sautent au plafond en apprenant que Mikan n’a pas donné le chèque.

STOREN : Il a été convaincu quand vous lui avez donné le chèque ?
MIKAN : On s’est dit que ce n’était pas la peine de faire notre meilleure offre. Il vaut mieux attendre qu’il nous recontacte, on utilisera le chèque pour la deuxième partie de la négociation.
STOREN : QUOI  ?
MIKAN : Du calme ! Il va nous rappeler. Il reviendra vers nous après avoir écouté l’offre de la NBA.
STOREN : C’est lui qui vous l’a dit ?
MIKAN : Pas exactement. Il a dit que c’était lui qui prendrait la décision.
STOREN : Pauvres crétins ! Pourquoi avoir dépensé tout cet argent pour obtenir des informations sur lui si c’est pour en arriver là ? Pourquoi ne lui avez-vous pas donné le chèque ?

Storen et Tinkham tentent de recontacter Alcindor, mais celui-ci refuse de les rencontrer à nouveau pour réparer la gaffe. Désespérés, les deux hommes interceptent Lew et son père à l’aéroport avant qu’ils ne repartent pour Los Angeles, et lui proposent cette fois le chèque. Le père du jeune homme est tenté, mais il est déjà trop tard. Insulté par l’offre de Mikan et Brown, Alcindor a juré de ne jamais mettre les pieds en ABA et s’est engagé avec les Bucks, qui se sont engouffrés dans la brèche et qui lui ont fait une offre « extrêmement généreuse » (4). Comme promis, il ne reviendra pas sur sa décision. Milwaukee fait signer Alcindor pour un montant record de 1,4 millions de dollars sur cinq ans, et Mikan se fait dégager de son poste de commissionnaire de l’ABA l’année suivante. Comme Kareem l’écrira plus tard : « Les Nets avaient l’avantage et ils ont tout gâché. »

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Alors, que se passe-t-il si Mikan ne gâche pas tout et que « Big Lew » signe avec les Nets ? Peut-être que les Knicks de 1970 ne deviennent pas l’équipe la plus populaire de New York. Peut-être que les Nets récupèrent Rick Barry dans un trade un an plus tard et deviennent une superpuissance. Peut-être que la fusion a lieu plus tôt, peut-être que les Nets deviennent la grande équipe des années 70, et peut-être que Kareem finit par ne jamais jouer avec Magic et les Lakers. Il est en tout cas certain que trois choses n’arrivent pas : les Bucks ne remportent pas le titre en 1971, Oscar Robertson ne rejoint jamais Milwaukee, et le MVP de la NBA en 1971, 1972 et 1974 n’est pas Alcindor ou Abdul-Jabbar. De quoi perdre la tête.


(1) Source photo : http://www.theopenman.com

(2) La plupart de ces informations proviennent du livre Loose Balls de Terry Pluto (2011).

(3) Dixit Kareem lui-même dans son autobiographie Giant Steps (1983).

(4) Pour vous dire à quel point l’offre de l’ABA a vexé Kareem, sachez qu’il n’avait aucune envie particulière de jouer pour Milwaukee. Les Bucks n’ont rien fait pour lui, et il a fui l’équipe dès qu’il en a eu l’occasion après la saison 1975. Il voulait jouer pour les Nets.