#88 : Connie Hawkins

Pour comprendre la façon dont les joueurs ont été classés, merci de consulter cet article.

Le portrait de chaque joueur se divise en trois parties : le C.V. (qui résume le palmarès et les accomplissements du joueur), le côté pile (ses qualités) et le côté face (ses défauts).

Connie_Hawkins

CONNIE HAWKINS

9 ans de carrière dont 4 de qualité.
5 fois All-Star (4 en NBA, 1 en ABA).
MVP de l’ABA en 1968.
Parmi les 5 meilleurs joueurs de la NBA en 1970.
Pic de forme de 3 ans en saison régulière : 23 points, 9 rebonds et 4 passes décisives de moyenne.
Meilleur joueur d’une équipe championne ABA (Cleveland Pipers, 1968), play-offs : 30 points, 12 rebonds et 5 passes décisives de moyenne (14 matchs).

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Côté face :

Éligible pour la draft de 1963, Hawkins n’a pas rejoint la NBA avant la saison 1969-1970. Lors de sa première année à l’université de l’Iowa, il avait été mêlé à un scandale de matchs arrangés qui a conduit la NBA à blackbouler de manière assez injuste toutes les personnes impliquées, en raison de la règle « d’exemplarité » (même les innocents comme Hawkins, qui n’avait, en fait, jamais arrangé un seul match). Hawkins a passé les quelques années ont suivi à se dépatouiller dans des ligues professionnelles de bas niveau, des ligues mineures et dans des matchs de playground avant de devenir la première superstar de l’ABA et de poursuivre la NBA pour son bannissement.

Lorsque Hawkins a finalement rejoint la NBA, il était déjà trop tard. Ses lacunes tactiques (il avait été exclu de son université après le scandale) et son corps maigre (il pesait au mieux entre 90 et 93 kilos) l’empêchaient de jouer avec intensité et d’assurer en défense. Sa seule chance de réussir quelque chose en play-offs aurait été de jouer avec un gros contreur comme Bill Russell ou Nate Thurmond. S’il avait fait toute sa carrière en NBA, Hawkins aurait probablement ressemblé à Adrian Dantley ou Alex English : de grosses statistiques offensives et des éliminations au premier tour plus nombreuses qu’autre chose.

Côté pile :

Lorsque l’écrivain David Wolf  a fait son portrait pour le magazine Life en 1969, l’opinion publique s’est rangée derrière Hawkins. Il faut dire que le commissionnaire de l’époque, Walter Kennedy, avait géré la situation de manière épouvantable ; il n’avait pas enquêté sur le degré « d’implication » de Connie dans le scandale (on lui avait donné 200 $ de dessous-de-table qu’il avait aussitôt rendus) et aveuglément supposé qu’il était un escroc. La ligue s’est finalement arrangée avec Hawkins pour la surprenante somme d’un million de dollars, puis l’a envoyé à Phoenix, où il a atteint son pic en faisant partie du cinq majeur de la NBA en 1970.

Bien que nous ne saurons jamais le niveau que Hawkins aurait pu atteindre, on peut le définir comme le premier ailier fort moderne, avec de la taille et du physique (et sept à dix bonnes années d’avance sur Gus Johnson et Spencer Haywood). Un précurseur des Kemp et Garnett, qui jouait au-dessus de la jante avant que ses genoux ne commencent à l’abandonner. Ses mains anormalement grandes lui permettaient de mettre dans sa paume le ballon de basket comme des balles de tennis ; il tenait la balle au-dessus de sa tête et trouvait les joueurs qui coupaient dans la raquette avec des passes laser, et quand il attaquait le panier, personne ne pouvait l’intercepter car le ballon collait à sa patte géante. Malgré cela, la carrière de Hawkins reste incomplète, et a un côté tragique. S’il avait pu avoir une trajectoire normale, il aurait figuré à coup sûr bien plus haut dans ce classement.