#17 : Jason Kidd aux Spurs, combien de titres ?

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Jason Kidd et les Nets en 2002 contre les Clippers. (1)

Au terme de l’année 2003, la franchise des New Jersey Nets ne s’est jamais aussi bien portée. Certes, l’équipe vient de subir deux défaites coup sur coup en finale NBA, mais les Lakers (en 2002) et les Spurs (en 2003) étaient bien supérieurs sur le papier. Si l’équipe parvient à se renforcer tout en gardant des standards élevés, de grands espoirs sont permis pour la suite. Surtout que les saisons régulières ont été magnifiques (52 victoires pour 30 défaites en 2001-2002, 49 victoires pour 34 défaites en 2002-2003).

Avec Jason Kidd, les Nets possèdent un leader incontestable et incontesté, autour duquel se rassemblent d’autres joueurs de qualité : l’ancien numéro 1 de draft Kenyon Martin, les vétérans Kerry Kittles et Keith Van Horn, les jeunes pousses Richard Jefferson et Brandon Armstrong. L’avenir s’annonce donc radieux… Mais comme souvent dans ces moments-là, plusieurs choses vont se passer et le cours du destin va en être modifié.

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Les performances de Jason Kidd avec la modeste équipe des Nets a attiré l’attention d’un grand nombre de franchises. De plus, à l’été 2003, Kidd est agent libre, ce qui signifie qu’il peut partir sous d’autres cieux sans que les Nets lui mettent des bâtons dans les roues. Parmi les équipes intéressées, les Spurs sont sur les dents. Leur meneur titulaire, le jeune Tony Parker, est talentueux, mais son jeu est alors perçu comme étant limité. Entre lui et Kidd, le choix est vite fait.

Une bataille financière s’engage. San Antonio propose à Kidd un contrat à 87 000 000 $, surenchéri par les Nets, qui veulent à tout prix garder leur joueur star. Finalement, après de longs pourparlers, Kidd signe avec les Nets un nouveau contrat de six ans à 99 000 000 $.

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La question qui nous préoccupe est donc la suivante : que se serait-il passé si Kidd avait signé à San Antonio en 2003 ?

Voici ce que l’on sait avec certitude. Si Kidd débarque à San Antonio, les Spurs finissent obligatoirement par céder Tony Parker au cours du même été, ou durant la saison. Déjà, ce n’est pas une bonne chose. Ensuite, les Spurs ne peuvent pas payer le salaire de Ginobili sans déclencher la taxe de luxe, et comme les Spurs ont toujours refusé de payer cette taxe, on peut dire que ce n’est pas du tout une bonne chose, mais alors pas du tout. Enfin, la vie personnelle de Kidd aurait pu flinguer l’alchimie des Spurs dans une certaine mesure parce que son épouse d’alors était une prima donna légendaire, et passer du sympathique Parker à Kidd (lunatique et passif-agressif) aurait mis en péril l’équilibre fragile entre le talent, la personnalité et l’altruisme qui a fait la réussite de San Antonio.

Combien de titres les Spurs auraient-ils gagné avec Kidd entre 2004 et 2007 ? Difficile à dire. Après tout, ils ont remporté les titres de 2005 et 2007 sans lui, et sans une action miraculeuse (le tir à trois points de Fisher en 2004) et une faute stupide (celle de Ginobili sur Nowitzki en 2006), ils auraient pu en remporter quatre de suite. Il est donc peu probable que les Spurs auraient gagné davantage de titres avec Kidd : ils auraient pu remporter le titre de 2006, mais probablement pas ceux de 2004, 2005 ou 2007. De plus, Kidd était au sommet de son art en 2002 et 2003. Il aurait donc été désigné comme responsable en cas de défaite, ce qui n’aurait fait qu’empirer les choses.

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En 2004, la franchise des Nets sera rachetée par l’entrepreneur Bruce Ratner. Son arrivée poussera l’équipe à se séparer de deux joueurs clés (Martin et Kittles) pour réduire les coûts. Ils n’obtiendront en retour que des choix de draft, et aucun joueur significatif. Les vétérans Rodney Rogers et Lucious Harris seront laissés de côté, Ratner refusant de payer le reste de leurs contrats. L’arrivée de Vince Carter ne changera rien. Les Nets ne connaîtront plus jamais le même succès et Kidd devra attendre d’être à Dallas pour remporter enfin un titre NBA en 2011.

Pour résumer le tout, on peut dire qu’entre 2004 et 2006, la mise à niveau de Parker à Kidd n’aurait pas réussi à cause du plafond salarial et la perte de profondeur. Entre 2006 et 2009, il valait mieux dépenser 40 millions de dollars pour Tony Parker plutôt que deux fois plus pour un Jason Kidd sur la pente descendante. Même des personnes aussi avisées que Gregg Popovich et RC Buford ont parfois besoin d’un peu de chance.


(1) Source : http://www.bballchannel.fr